Index et Canal + Multimédia ont conjugué leurs efforts pour nous convier à une fresque moyenâgeuse dans Paris à l'époque de Philippe le Bel, en l'an de grâce 1313. Malheureusement, seuls l'esthétique et la richesse historique revêtent un certain intérêt.
En cette belle journée de printemps, alors qu'une fête est donnée sur le parvis de Notre-Dame, un drame survient. Adam de Douai, talentueux orfèvre en plein ouvrage sur les hauteurs de la cathédrale, tombe des tours de celle-ci. Emmené au Palais Royal, il en disparaît mystérieusement. Adam cachait-il un secret ? Son frère, Jacques, lui aussi orfèvre, la comédienne Rosemonde et le jeune écuyer Pierre de Cinq-Ormes, se mettent tous trois en quête de la vérité...
C'est à ce moment que le joueur entre en scène, avec la possibilité de contrôler ces trois personnages, chacun se trouvant dans une situation différente. Jacques a retrouvé son frère, agonisant dans les bas fonds du Palais. Il va dans un premier temps jouer les espions pour essayer d'éclaircir l'affaire. Rosemonde, quant à elle, est sous le joug du Père Jean, qui l'a attachée à une chaise et la soumet à un interrogatoire des plus inquisiteurs... Enfin, Pierre s'est introduit clandestinement dans le Palais, où il rencontre Guillaume de Nogaret, porteur de précieuses indications. Chaque héros se voit ainsi proposer une épreuve, relevant le plus souvent du défi physique plutôt qu'intellectuel : escalader une paroi, dénouer des liens, faire du tir à l'arc, jouer aux dés... le jeu consiste en une série de tableaux et d'épreuves la plupart du temps infaisables ou ridicules. Rares sont les moments où l'on se démène pour élucider le mystère du malheureux orfèvre, l'action de jeu se perd dans des détails.
Vous aurez à faire progresser au moins deux personnages dans les neuf chapitres constitutifs du scénario pour avancer, ce qui promet une petite quinzaine d'heures de jeu. De jeu et de savoir. En effet, Paris 1313 est conçu en collaboration avec la Réunion des Musées Nationaux et le conservateur du Musée National du Moyen-Age, car le soft reprend le concept du jeu-encyclopédie, si cher à Cryo. Cent vingt fiches documentaires sont à consulter, à l'aide d'un index où grâce à la navigation hypertextuelle dispensée en parallèle. Ce chapitre pédagogique est, somme toute, assez classique, propre, bien illustré, facile d'accès... de quoi ravir les papas et mamans désireux d'offrir un cadeau intelligent à leur enfants pour Noël ! :o)
Ainsi, au delà de la magnificence qui se dégage du graphisme des quelque treize lieux à visiter, l'éditeur nous assure que les modélisations, les décors, les tenues vestimentaires affichés durant la partie sont l'expression rigoureuse d'une documentation historique et scientifique poussée, et que l'époque du bon roi Philippe le Bel est fidèlement recréé. C'est en effet remarquable du précision et de pittoresque, chaque écran étant une merveille visuelle. Une fois de plus, la "french touch" a encore frappé ! Car la "french touch", c'est aussi le faible 'gameplay', malheureusement...
- Graphismes19/20
Incroyable, on en prend plein la vue pendant toute la partie. Historiquement irréprochables, les décors sont à tomber par terre, les animations des personnages qui jalonnent Paris 1313 inspirent, quant à eux, toute la noblesse passée, ce paraître de la bourgeoisie que l'on retrouve dans les postures notamment.
- Jouabilité11/20
C'est principalement là que le jeu montre ses limites. L'activation des mécanismes, les actions en tout genre, se font d'un simple clic, mais leur réalisation est imprécise et lente. Enfin, pour les passages faisant appel à l'habileté du joueur (comme l'escalade du mur en début de partie), c'est proche de la catastrophe tant c'est rigide et difficile !
- Durée de vie14/20
On nous promet 15 heures de jeu, ce qui n'est pas énorme dans l'absolu ; la difficulté dans les épreuves techniques allongera cependant le temps de jeu.
- Bande son15/20
Musiques de circonstances, voix en pleine santé... pas grand chose d'intéressant à annoncer de ce côté là. C'est propre.
- Scénario12/20
Le mode de fonctionnement à trois personnages, qu'il est possible de diriger quand bon nous semble, est assez intéressant puisqu'il permet de zapper d'une épreuve à une autre et de choisir sur quel aspect de l'enquête mettre l'accent. Malheureusement, plutôt qu'une enquête rondement menée, on croirait participer à Intervilles, avec une succession d'épreuves peu intéressantes et rendues stressantes par le manque de précision des contrôles.
Ne soyons pas trop trop sévères, le niveau graphique étant exceptionnel, et l'aspect documentation suffisamment chargé. Mais on ne s'amuse pas avec Paris 1313, car la jouabilité est affreuse et la succession des épreuves n'a souvent ni queue, ni tête. Paris 1313 est à classer au rayon instructif mais peu jouable, à déconseiller pour les 'pro-gamers' (et hop ! encore une expression passe-partout ! ;o).