'Edgar Torronteras Extreme Biker' ('Extreme Biker' pour les intimes), c'est une occasion en or de tester son agilité au guidon d'une moto, sur une pléiade de circuits aussi beaux que délirants ; un 'Motocross Madness' puissance dix !
En cette fin de décennie, de siècle et de millénaire, la mode est aux sports eXtrêmes, avec un grand X comme, euh... Xylophone (ouf !). Certaines chaînes de télévision en ont même fait leur fer de lance pour séduire les auditeurs. Ces disciplines offrent le double avantage d'être spectaculaires et pas chères, le coût des droits TV étant encore peu élevé. A l'instar du snowboarding ou du rollerblade, le motocross a le vent en poupe en ce moment, et le dernier jeu de Sierra vient conforter cette idée.
A la base, on achète un jeu Sierra un peu comme si on achetait une BM ou une Mercedes. On connaît le prestige et le savoir-faire de la firme... on attend beaucoup du produit. Et en général, on n'est pas déçu. Extreme Biker ne se dérobe pas à cette règle, et se place d'emblée en leader du genre. Tout d'abord grâce à la densité du soft. Quatre modes de jeu sont proposés : Motocross, Supercross, Freestyle et Tournoi, avec trois déclinaisons pour chaque (entraînement, course et baja). Les courses de Motocross se déroulent sur pas moins de dix circuits en plein air, pour autant d'environnements différents (champs boueux, forêts, déserts glacés de l'arctique, tropiques, toits de Paris...) ; les courses Supercross ont lieu dans sept arènes torturées ; le Freestyle permet d'effectuer un quinzaine de cascades excellentes sur des terrains complètement dingues (un chantier apocalyptique, des gouffres souterrains, une oasis...) ; et enfin le Tournoi est une sorte de mix, challenge ultime qui teste les compétences des pilotes dans toutes les épreuves. Le mode baja, qui existe déjà dans le jeu de Microsoft, consiste pour le pilote à rallier des points de passage un à un dans le temps le plus rapide.
La surface moyenne des circuits est très grande, les dénivellations du terrain sont parfois saisissantes, et d'une façon générale la topographie est magnifiquement travaillée. Malgré la présence du moteur 3D, les rondeurs du relief sont parfaitement douces. Sur ces terrains accidentés, il est bien souvent délicat de maintenir sa bécane sur deux roues. C'est pourquoi les développeurs ont voulu faciliter les choses, en mettant à disposition un didacticiel, et de nombreuses aides au pilotage. En plus des trois catégories (125, 250 et 500 cc), les trois degrés de difficulté bien dosés font varier le comportement de la moto d'un niveau 'arcade' à un niveau 'quasi-simulation'. Par ailleurs, pour chaque difficulté, on peut demander à l'ordinateur de gérer plus ou moins les sauts et réceptions, éléments clés du motocross. Ainsi donc, Extreme Biker conviendra aux débutants comme aux spécialistes des deux roues. Vous l'aurez compris, la jouabilité est très bonne, et c'est là le deuxième gros atout du jeu. Ce n'était pas évident à priori, car on se souvient que Motocross Madness était moyen de ce côté là. Ici, le juste équilibre semble être trouvé, même pour la réalisation des figures qui, bien que demandant de l'entraînement, reste attractive. Attention tout de même, dans le domaine des jeux de moto, Motoracer demeure la référence en maniabilité, mais le produit de Delphine Software est exclusivement orienté arcade, contrairement au jeu présent.
Troisième argument en sa faveur, ETEB jouit de graphismes somptueux et d'une impression de vitesse appréciable. En fait, les décors ressemblent fort à ceux de Microsoft, à ceci près qu'ils sont plus chargés et plus colorés. Il n'y a qu'à voir les dégradés au sol pour en juger. Les parcours sont même parfois assez loufoques. En freestyle, je me suis retrouvé à l'intérieur d'un igloo tagé de dessins débiles, et en baja, après un joli saut, je me suis réceptionné à l'intérieur d'un réacteur d'avion ! :o) Tout arrive dans Extreme Biker, y compris l'inattendu. D'une façon générale, le jeu ne se prend pas au sérieux ; la preuve en est quand, par exemple, on se gaufre lamentablement et que notre motard pousse des cris de taré ! Tant mieux, on est là pour s'amuser.
Passons maintenant aux désagréments. Ils ne sont pas bien nombreux, mais il faut les signaler. Si les décors sont superbes, en revanche, tout n'est pas très bon côté graphique. Première surprise, aucune fumée, aucune auréole de poussière ne succède au passage de la moto. Tout juste perçoit-on un léger effet au dérapage. Curieux pour du cross, non ? Idem, quand on traverse une flaque d'eau, aucune gerbe n'apparaît... Le son, quant à lui, n'est pas exceptionnel. Quelques musiques saturées mettent dans le bain, mais elles sont trop peu nombreuses. Et les bruitages sont pas franchement évocateurs, on dirait parfois un concert de mouches. Autre manque, dans les arènes, on a l'impression que le public est endormi. Hormis ces retouches nécessaires, 'Edgar Torronteras Extreme Biker' est un vrai jeu comme on les aime, pour lequel on consacre volontiers des heures entières d'affilée, parce que regorgeant de surprises et de possibilités en tous genres...
- Graphismes17/20
Les décors sont magnifiques, et ultra variés. Tellement que l'on pardonne sans broncher l'absence d'effets relatifs à la moto. La rapidité est elle aussi très bonne. Attention peut-être à la fluidité, le jeu demande une belle machine.
- Jouabilité16/20
26 acrobaties sont faisables, chaud devant ! Certaines sont carrément dures à réaliser, mais la plupart sont intéressantes. La foultitude de niveaux de difficulté, aides au pilotages, paramétrages de la bécane et autres catégories moto, rendent Extreme Biker accessible à tous.
- Durée de vie18/20
Là bravo... Tout est multiplié par dix dans ce soft ! N'oublions pas le réseau et l'internet, permettant de jouer à 8 en simultané. Avec un éditeur en plus, c'eût été parfait !
- Bande son13/20
Les musique pulsent à donf', mais elles ne sont pas nombreuses. Et les bruitages ne sont pas suffisamment prenants pour convaincre, malheureusement. Cela dit, ça reste honnête.
- Scénario/
-
Motocross Madness est battu, Motoracer aussi, car Extreme Biker est hyper dense, et il ne prend pourtant pas énormément de place sur le disque dur (70 mégs). C'est beau, c'est rapide, c'est très jouable... bref, on s'amuse comme des fous ! Quelques lacunes, comme il y en a partout, viennent à peine contre balancer notre enthousiasme. Et pourquoi se priver d'un jeu aussi bon coûtant moins de 250 F dès sa sortie ?