Tout frais émoulu des nouvelles applications 3D, Prince of Persia tente une percée (hoho !) sur les terres de Lara Croft. Décidément, il est des jeux qui ne s'éteindront jamais, et c'est tant mieux pour les aficionados du jeu vidéal (un jeu vidéal, des jeux vidéo) que nous sommes. On connaît aujourd'hui fort bien le scénario du jeu, inspiré de la magie des contes des Mille et Une Nuits. Au douzième siècle, dans la Perse Antique, un jeune mendiant, embarqué clandestinement sur un navire à destination de contrées lointaines, devient Prince de Perse et coule des jours heureux en compagnie de la belle Princesse, qu'il a épousée pour avoir combattu pour sa liberté contre les nombreux ennemis du Sultan, père de la bien-aimée. Mais la haine du roi Assan, jeune et jaloux frère du Sultan, dont le fils difforme (personne n'est parfait) Rugnor devait épouser la Princesse, manigance un plan. Une invitation diplomatique se transforme rapidement en guet-apens et le Prince se retrouve prisonnier. Faut maintenant sortir de ce cambouis...

En fait, Prince of Persia 3D reprend exactement tous les ingrédients des deux premiers jeux. L'atmosphère est emprunte du parfum de l'Orient, diffusé tout particulièrement par une musique d'ambiance mystérieuse et troublante, d'où surgissent des bruits de tambour, des sons de flûte, des voix féminines enivrantes... Les jolis décors contribuent bien sûr eux aussi à baigner le joueur dans cet univers si particulier. Pas de problème, il s'agit bien d'un Prince of Persia ! Et c'est encore plus vrai quand on se familiarise avec le comportement du Prince : il n'a pas changé ! Les habitués de la série n'auront aucune difficulté à faire évoluer le personnage à l'écran : le pas de côté, arrière, l'accroupissement, le saut, l'escalade etc. pas de surprise et les aptitudes du héros sont très réussies. Toutefois le maniement a pris un coup de vieux, et même s'il demeure de qualité, il n'atteint pas la densité d'un Tomb Raider. Le désagréable temps de réaction du premier Prince of Persia subsiste, et on déplore ici quelques défauts de contrôle au fur et à mesure du jeu. Par exemple, on ne peut pas s'accroupir près d'un mur. Ou encore, le Prince à une fâcheuse tendance à virer très large quand il court et qu'il lui faut "négocier" un virage ; pour tout dire on a l'impression de conduire un deux tonnes (il a grossi, mais quand même !). Qui plus est, l'emplacement de la caméra, placée derrière le protagoniste, n'est pas toujours bien judicieux et la visibilité s'en ressent.

Dans son escapade, le Prince va devoir déjouer tout un tas d'énigmes, amasser des objets (potions, clés etc.), anticiper de nombreux pièges et se battre. Les énigmes consistent la plupart du temps en l'activation de mécanismes, qui, plus loin, ouvrent des portes ou libèrent des passages initialement obstrués. Les pièges sont typiquement issus de l'imagination de Jordan Mechner, avec des plans d'eau maquillant un tapis de pics tranchants, des lames coupantes qui naissent des murs, des crevasses vertigineuses, des lances perforantes etc. Il existe quelques armes : un bâton de combat, un couteau (il est possible d'en posséder deux en même temps), une épée et un arc. Le maniement de celles-ci lors des combats est plutôt intéressant, car il est possible de faire à peu près ce que l'on veut : coups à gauche, à droite, au milieu, esquives etc. Lors des affrontements, la caméra bascule en vue de côté en restant toujours en 3D. Globalement, ces combats sont une réussite.

Quelles sont les rencontres de Prince 3D ? Des gardes et autres ennemis principalement, mais aussi des personnages plus sympas, avec qui on peut discuter et prendre une bonne mousse au coin du feu. Euh ! non pas jusque là, je m'emporte... :o) L'intelligence artificielle est plutôt franchement crétine. En fait, on retrouve le système de jeu par palier : franchissez telle porte, ou telle endroit et le molosse en face de vous se décide enfin à réagir, après vous avoir observé stupidement pendant X temps... C'est dommage, à l'heure où le jeu vidéo s'implémente quasiment systématiquement d'une IA performante. Ca a au moins le mérite de faciliter la tâche. Il y a trente types d'ennemis désireux de vous trancher la boule, pas de raison donc de s'ennuyer. Pour ce qui est des rencontres "amicales", elles sont parfois insolites ! Insolites comme ces prisonniers enchaînés au début du jeu, complètement meurtris et hideux, qui parlent en général de choses complètement inintéressantes avec la voix décidée et fraîche de la jeunesse !!! Signalons au passage que les persos, hormis Mister Prince, ne sont vraiment pas bien faits ! Pour tout dire, ils sont cubiques et ont l'air de pantins qu'ont gigote à l'aide de fils... Mais ces imperfections s'oublient bien vite, ne serait-ce que par la beauté et la diversité des décors et textures. Toute le saveur d'un Prince of Persia est conservée dans ce nouveau jeu, et on ne décolle pas facilement de cet univers.