Psygnosis a donc décidé de surfer sur la vague des jeux d'action aventure à la troisième personne utilisant une héroïne aux formes généreuses. Ils se sont même amusés à embaucher une actrice pour jouer le rôle de la pulpeuse Rynn, comme chez Eidos. Alors, Drakan est il un simple clone de Lara ou mérite t il un peu plus d'attention ? Réponse.
Depuis l'avènement de Tomb Raider, les jeux d'action-aventure sont en constante augmentation, atteignant maintenant le niveau des Quake-like. Pour aller plus loin dans l'analyse, il faut dire que les jeux mettant en scène des héroïnes sont eux aussi en augmentation. Et pour conclure cette parenthèse, je remarque que cette propension à l'augmentation touche aussi de plus en plus les mensurations de ces belles demoiselles. Drakan : Les Chevaliers Du Feu vous met dans les bottines de Rynn, une jeune guerrière dont le village vient de se faire mettre à sac par une horde de Wartoks. Ce ne serait pas trop grave si la population du village n'avait pas été décimée et que Delon, le frère de Rynn, n'avait pas été enlevé sous ses yeux. C'est donc d'un pas très énervé qu'elle décide de retrouver son frère. Grâce à l'aide du dragon Arokh, elle tentera de redonner vie à l'Ordre de la Flamme et de mettre un terme au règne de l'infâme Navaros, immonde sorcier ayant fait corps avec son propre Dragon. Digne du scénario d'un Conan le Barbare, Drakan utilise toutes les ficelles du médiéval-fantastique : Dragons, guerriers, magiciens, monstres et trésors. L'univers très riche dispose d'une topographie détaillée et d'un background soigné peuplé de légendes et de mythes.
Le jeu utilise donc un système de caméra à la troisième personne et il se scinde en deux modes de jeu. L'un vous place dans une aventure à la Tomb Raider tandis que l'autre vous posera délicatement sur le Dragon Arokh afin de le mener au combat ; un simulateur de Dragon en quelque sorte mais très orienté arcade. Les deux modes sont imbriqués sans discontinuité et vous pouvez passer de l'un à l'autre comme vous le voulez, le tout étant de poser le dragon. Dans la partie exploration, vous ferez avancer Rynn à travers des niveaux énormes, vous battant contre les nombreuses créatures qui peuplent Drakan, résolvant des énigmes et évitant des pièges sordides de haches sortant des murs ou de dalles qui se dérobent sous vos pas. Afin d'y arriver, Rynn possède un assortiment de mouvements et d'attaques très honorable. Vous utilisez la souris pour la faire tourner et regarder partout mais elle est aussi capable de sauter dans tous les sens, de se baisser, de courir, galipettes et compagnie. En outre, Rynn possède aussi 8 attaques permettant de donner aux combats des allures de duels de maîtres d'armes. Les monstres sont très bien faits et dotés d'une IA digne de ce nom, bien qu'on ne s'en rende pas trop compte au début... En effet, les premières créatures à occire sont des Wartoks, l'intelligence d'un orque avec le faciès d'une baudroie. En tout cas, le mode exploration est phénoménalement attractif de part la beauté qui s'en dégage mais aussi grâce aux multitudes d'énigmes, de pièges et d'ennemis. J'avoue que je prends encore du plaisir à tailler les chairs et vider les entrailles.... comme au premier jour ! Rynn possède aussi un inventaire pour y placer ses indices et un système d'armes, d'armures et d'objets magiques donne des allures de jeu de rôle à l'ensemble.
L'autre mode de déplacement qui s'avérera rapidement très utile avec la taille des niveaux est donc le Dragon. Vous le récupérez rapidement et le piloter s'avère une vraie sinécure. Les touches de mouvements correspondent à peu de choses près à celles de Rynn et sa maniabilité est hors-paire. Vol inversé, vous pourrez tout faire avec ce dragon et même l'utiliser pour attaquer vos ennemis grâce à ses difficultés gastriques qui le poussent à éructer des flammes... Le mode Dragon permet en même temps de se rendre encore mieux compte de la qualité du moteur 3D. Pouvant voler à très haute altitude Arokh, plonge littéralement vers le sol à une vitesse prodigieuse. Évidemment, un effet de brouillard est là pour que vous ne puissiez pas voir trop loin mais la vision est parfaite. Ce mode est tout aussi intéressant à jouer car l'aspect arcade donne un très bon challenge. Le fait de passer à toute allure dans des ravins alors que des sortes de tourelles lance-feu vous crachotent méchamment dessus est un vrai bonheur. De voir ses ennemis tomber de très haut dans un "plouf" très éloquent est sympa aussi.
Accompagnées d'une bande sonore de bonne qualité, les voix des différents personnages valent le coup d'oreille, surtout celle du Dragon qui me fait définitivement penser à celle de Philippe Noiret dans Coeur de Dragon. Autour de ça, une atmosphère riche en bruitages puisque toutes les bestioles grognent ou hurlent. En fait, Drakan a été conçu avec le souci du détail : chaque élément des décors peut être utilisé pour l'interaction comme casser, pousser... Par exemple, au début du jeu, un ennemi vous attend et pousse à votre approche une grosse pierre pour vous écraser. La géométrie et le Wartok faisant deux, celle-ci roule sur un de ses congénères surpris. Ceci pour vous expliquer que quand vous pensez avoir tout vu dans Drakan, une nouvelle scène ou surprise vous attend.
- Graphismes19/20
Un moteur 3D surpuissant et bluffant pour Drakan. Doté des derniers effets 3D, il est fluide et très joli. On pourra reprocher un côté un peu carré dans les décors mais une impression de vie s'en dégage, ce qui est loin d'être l'apanage de tous les jeux. Ainsi une multitude de petits détails graphiques jalonnent Drakan pour que l'immersion soit complète, et c'est réussi haut la main !
- Jouabilité19/20
Les amateurs de jeux comme Heretic II ou Tomb Raider retrouveront rapidement leurs marques et après ça roule tout seul. Une panoplie d'attaques différentes permet d'éviter de rendre les combats trop lassants et répétitifs. Enfin, l'interface et le système de raccourcis ont oublié d'être lourds et complexes. D'ailleurs une petite carte est fournie dans la boîte, bien vu.
- Durée de vie18/20
Le mode multijoueur bugge un peu mais il est très intéressant car varié. Vous pourrez faire des deathmatches, des duels rien qu'en dragon et même un mode novateur, vous êtes au sol et un seul dragon est disponible sur la carte... Le mode solo a assez de pièges et d'énigmes à résoudre pour vous aider à passer les nuits blanches que vous passerez dessus.
- Bande son17/20
Des voix professionnelles et qui portent même si certains acteurs ont des fois l'air de se réveiller. Le jeu utilise aussi des effets sur ces voix comme quand vous descendez dans une cave et que votre voix se met tout à coup à résonner... Bonnes musiques et pas mal de bruitages. Le seul hic, des dialogues quelquefois un peu longs.
- Scénario17/20
Classique mais fédératrice, la quête d'objets magiques se combine à la haine du vicieux nécromant et à la volonté de retrouver le frère de Rynn. Un gros effort sur le background et certaines (longues) scènes animées entre les niveaux vous la feront découvrir dans un beau slideshow. Durant l'exploration, la carte rappelle les principaux endroits à visiter ainsi que les objectifs qui restent encore à accomplir. Résultat, le scénario oscille dans une non-linéarité contrôlée... Concept compliqué, je l'admets.
Drakan s'avère être véritablement une très bonne surprise. Doté de quasiment deux jeux en un, il offre un défi aussi intéressant pour les neurones que pour les réflexes. Sa réalisation excellente et son degré de finition devraient finir de convaincre les plus réticents... Une perle !