Deux ans après avoir effectué un retour convaincant dans Hitman (2016), l’Agent 47 sort de sa retraite. IO Interactive et Warner, nouvel éditeur de la franchise, en profitent pour peaufiner une formule qui a fait ses preuves. Le célèbre assassin vidéoludique reprend du service dans une aventure sobrement intitulée Hitman 2. Prenez garde… la mort frappe toujours deux fois.
"Il tient le monde…
… dans ses mains il tient le monde." Le plus redoutable des assassins est de retour et vous invite à le suivre aux quatre coins du globe. Hitman 2 est synonyme de road trip sanglant et l’Agent 47 voit du pays. De la ville de Bombay en Inde à une plage de Nouvelle-Zélande en passant par une banlieue américaine typique et un village colombien… six nouvelles destinations assurent un dépaysement total et constant. Ces lieux de vie grouillent de passants, d’autochtones vacant à leurs occupations et sont suffisamment étendus pour pousser à l’exploration et donner le goût de la découverte.
Loin d’asséner une claque technique et graphique, Hitman 2 ne dévie pas de la trajectoire prise par son aîné. Cet épisode mise sur des environnements riches et un moteur solide pour bâtir ses niveaux et insuffler la vie. Le studio danois a tout de même revu partiellement sa copie en améliorant notamment des effets de lumières désormais dynamiques et en densifiant les décors via de multiples éléments disposés ici et là. Deux destinations criantes de vérité foisonnent de détails et tirent leur épingle du jeu. Néanmoins, le rendu “plastique” des êtres humains ainsi que la rigidité des animations détonnent et réduisent l’impact du visuel.
La réputation de la franchise de IO Interactive ne s’est pas faite par la plume, même si plusieurs épisodes ont su par le passé sortir du lot. Le scénario du Hitman de 2016 était anecdotique et celui de Hitman 2 lui emboîte le pas, malgré quelques fulgurances et une maîtrise des codes de l’espionnage. L’Agent 47 et Diana Burnwood, tous deux membres de l'ICA, s’associent une nouvelle fois pour traquer et éliminer le Client de l’Ombre à la demande de Providence. Cette organisation secrète promet en échange des services de l’agence américaine de révéler le passé et les origines de notre héros.
Trahison, complot et conspiration internationale jouent des coudes dans ce récit inspiré des grandes sagas cinématographiques, littéraires et vidéoludiques du genre. La mise en scène brille dans le cas présent par sa discrétion. Plusieurs cinématiques en 2D lient les missions entre elles, auxquelles s’ajoutent des introductions en 3D réalisées avec le moteur du jeu. Sans faire d’étincelle, les nouvelles aventures de 47 se veulent sobres et efficaces à l’image de son agent principal. A noter que le titre est disponible uniquement en anglais sous-titré français et dispose de l’ensemble des contenus de Hitman (2016) à condition de posséder l’épisode en question ou le Legacy Pack.
Gameplay : Le soulèvement des machines
47 ou la menace universelle
Après un détour par la case Action avec Absolution, Hitman revient aux origines de la franchise en misant sur une approche calme et réfléchie de l'assassinat. L’Agent 47 se fond dans le décor et transforme le monde en arme. Le champ des possibles n’a jamais été aussi vaste pour éliminer son prochain que dans Hitman (2016) et Hitman 2 enrichit la formule sans la dénaturer. Le concept ne bouge pas d’un iota. Parachuté dans une zone semi-ouverte, notre tueur à gages cherche à abattre ses cibles sans se faire repérer et tente de faire passer ces meurtres pour des accidents.
IO Interactive pousse le vice jusqu’à créer plusieurs morts scénarisées appelées intrigues par cible. Tuer par un robot, écraser sous une statue, éliminer par un autre contracteur, tir lointain, électrocution… l’Agent 47 n’a que l’embarras du choix pour mener à bien ses missions. La rejouabilité et l’exploration sont les piliers d’une aventure conçue pour être traversée à maintes reprises afin de compléter la longue liste de défis et d’assassinats disponibles. La durée de vie ne peut se mesurer sur le premier run, mais une fois chaque destination 100% maîtrisée, et sur ce point le studio ne lésine ni sur la créativité ni sur l’originalité.
L’Agent 47 répond présent sur le terrain et s’équipe du nec plus ultra en matière d’infiltration et d’assassinat. Se déguiser, se jouer des gardes, cacher un corps, interagir avec l’environnement, faire diversion… les mécaniques de jeu inhérentes au genre se donnent rendez-vous. Et IO Interactive peaufine là où c’est nécessaire. Parmi les ajouts se trouvent l’opportunité de se camoufler dans la végétation ou dans la foule. Mais la vraie nouveauté se reflète dans un miroir. Arriver dans le dos d’un individu face à une surface réfléchissante révèle enfin votre présence... une fonctionnalité loin d’être gadget qui participe au réalisme des situations.
Les faiblesses du gameplay sautent malgré tout aux yeux. L’intelligence artificielle profite d’une mise à jour notable avec un système de suspicion-recherche fignolé, mais souffre de certains maux historiques de la franchise. La mémoire de poisson rouge des gardes et leur comportement kamikaze lors des affrontements laissent une fois de plus à désirer. Et ces combats, certe secondaires, manquent toujours autant d’explosivité et de punch. Les animations des corps à l’impact, le ressenti arme en mains et le système de couverture nécessitent de nombreux ajustements sans pour autant ruiner l’expérience.
Gameplay : Meurtre par procuration
Fantôme contre fantôme
Hitman 2 n’est pas avare en contenu, bien au contraire. La seule rejouabilité des six missions assurent aux complétistes des dizaines d’heures de jeu et IO Interactive ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Le mode Contrat autorise les joueurs à créer et partager leurs propres missions au coeur des 12 destinations présentes dans Hitman et Hitman 2. Simple et accessible, cet éditeur de niveaux garantit à lui seul une durée de vie conséquente, sans oublier les contrats éphémères à éliminer dans un laps de temps donné ainsi que le mode Sniper dans lequel l’Agent 47 voyage en Autriche avec pour seuls compagnons son fusil à lunette et ses trois cibles.
Bien que codifié à l’extrême, Hitman 2 parvient à nous surprendre avec la manière en intégrant un mode multijoueur (en Bêta au lancement), versus qui plus est, nommé Ghost. Dans ce dernier, deux assassins s’attaquent aux mêmes cibles dans deux réalités distinctes avec pour objectif d’abattre celles-ci sans se faire repérer. Une fois le meurtre confirmé pour l’un des deux tueurs à gages, l’autre ne dispose alors que de 20 secondes pour remplir l’objectif sous peine d’accorder un point à l’adversaire. Puis une autre cible apparaît et ainsi de suite. La discrétion est une nouvelle fois la clé de la victoire.
Les Agents 47 disposent des mêmes mécaniques et équipements que dans la campagne solo, les intrigues et autres plans complexes en moins. Étrangler, empoisonner, poignarder, électrocuter… tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. Les tueurs peuvent bien entendu emprunter l’identité d’un PNJ et faire diversion pour atteindre leur cible. Mais attention ! Ce mode Ghost est régi par les mêmes lois que l’aventure principale. Un costume compromis devient tout bonnement inutilisable. Cela met en lumière le principal défaut de ce multijoueur, le nombre limité d’apparences. Griller une ou plusieurs identités transforme une expérience au demeurant intense en chemin de croix.
Bande-annonce de Hitman 2 avec Sean Bean
Points forts
- 6 nouvelles et vastes destinations à découvrir
- La beauté des environnements visités...
- Un gameplay sandbox toujours aussi plaisant et libertaire
- Une durée de vie colossale via une rejouabilité exemplaire
- Les modes Sniper et Ghost
- L’éditeur de mission
Points faibles
- Le scénario prétexte
- … malgré un retard technique
- Une intelligence artificielle perfectible
- Le manque d’intensité des phases de combat
L’Agent 47 nous revient plus fringuant et meurtrier que jamais. IO Interactive ne prend que très peu de risques c’est un fait, mais peaufine la formule du parfait jeu d’assassinat en transformant le monde qui nous entoure en arme. Hitman 2 conserve toute l’efficacité d’un concept qui a fait ses preuves, gomme plusieurs défauts de l’épisode précédent et fourmille de contenus en intégrant un mode multijoueur ainsi qu’un éditeur de mission. Le manque de nervosité des combats, les failles de l’I.A et le scénario prétexte nous paraissent anecdotiques face à la générosité et la précision de cette simulation de tueur à gages.