Il y a des histoires d’amour qui prennent aussi bien la forme de balades dominicales main dans la main que de courses palpitantes, pied au plancher. Celle racontée par Playground Games pour les grosses cylindrées, à destination des joueurs, dure depuis six ans et se révèle être à chaque chapitre une ode retentissante à l’exploration motorisée. Premier fruit du travail fourni par le studio après son mariage avec Microsoft, Forza Horizon 4 part en lune de miel sur plusieurs saisons en compagnie de tous les pilotes souhaitant s’adonner, ensemble, à l’ivresse des pointes de vitesse. S’il faut souffler dans le ballon, cependant, c’est pour mieux remplir le nouveau festival de sa présence légère et colorée.
S’il y a bien un genre qui fait office de vitrine technologique au lancement d’une nouvelle console, c’est bien celui du jeu de course. De ce fait, quoi de plus normal que de revoir Forza Horizon 4 pour fêter le lancement de la Xbox Series X ? Le patch next-gen développé par Panic Button, l’entreprise qui s’est occupée de porter Doom et Wolfenstein 2 sur Switch, efface les quelques rayures visibles sur la carrosserie du bolide après 2 ans d’utilisation. FH4 tourne en 4K/60fps pour atteindre graphiquement ce qui se fait de mieux sur PC.
À l’instar de Gears 5, nous retrouvons des modèles plus détaillées, des textures plus fines, et des effets mieux gérés. Lorsque la nuit tombe et que le HDR illumine l’écran, la fluidité et la précision ont de quoi impressionner. Oui, la beauté et la fluidité du soft sont impressionnantes sur la nouvelle console de Microsoft. L’autre bonne nouvelle, c’est que les temps de chargement ont drastiquement raccourci. Il ne faut désormais attendre qu’une vingtaine de secondes pour passer de l’écran d’accueil au jeu. Il était nécessaire d’attendre une minute supplémentaires lorsque cette manipulation été enclenchée sur One X. Au rayon des regrets, nous notons que le Level of detail (LOD) est encore assez perceptible dans certaines zones chargées du jeu comme Édimbourg. Néanmoins, le résultat reste globalement impeccable. Il est à noter que Forza Horizon 4 tourne aussi en 60fps sur Series S, mais que certains effets spéciaux ne sont pas activés (ombres projetées durant la nuit).
Libéré pour bonne conduite
Les moteurs vrombissent, la musique électronique résonne de toute part et, au loin, les panoramas brumeux laissent entrevoir un terrain de jeu propice au plus sauvage des hors pistes. Inutile d’y aller par quatre chemins, Forza Horizon est bien de retour. À l’image du pilote qui effectue ses tours de circuit, la vie est un éternel recommencement. L’époque de l’ascension du jeune prodige devenu après trois épisodes organisateur du festival Horizon est révolue. C’est une fois de plus dans les baskets d’un petit nouveau que le joueur va devoir s’atteler à gravir les échelons en vue de recevoir le bracelet d’or, à savoir le sésame convoité confirmant le statut de champion ultime du grand événement. Dans les faits, cela ne change pas vraiment la routine instaurée depuis le troisième volet. Il est toujours question de parcourir à bord d’un des 450 véhicules proposés une île, ici la Grande-Bretagne, afin de participer à des épreuves variées ayant pour point commun la course (au score ou contre d’autres candidats).
La difficulté demeure aussi adaptative qu'à l'accoutumée, laissant le choix de désactiver tout un tas d'aides afin de gagner plus de crédits. En simulation, Forza Horizon 4 est plus exigeant sur les distances de freinage, un point en partie contrebalancé par une meilleure adhérence que par le passé. En attendant l’outil de création de tracés qui devrait arriver lors d’une future mise à jour (gratuite), l’option Blueprint donne accès à l’édition de circuits, exactement comme durant le trip australien. Le système de progression roule lui aussi dans les traces de ses aînés, puisque l’influence glanée à chaque mission terminée débloque du contenu et fait gagner des niveaux d’expérience.
Bien que le joueur n’incarne pas le patron du festival, il a tout de même le pouvoir de sélectionner le tracé de diverses épreuves, le type de véhicules pouvant concourir, la météo, et même la saison. Il est donc possible via ce procédé de participer à des courses au printemps, en été ou encore en hiver quand la saison en cours est le printemps. Pratique.
Gameplay : Trois petits tours et une pole position
Il y a néanmoins quelques spécificités mises en place dans l’accession au titre suprême de cette épopée britannique. Pour commencer, les points d’avantage récupérés ne sont plus à dépenser dans le profil général du joueur, mais directement sur les voitures. Cela signifie que chaque voiture a son propre arbre de compétences, que le joueur peut nourrir en dépensant les jetons gagnés. Ce procédé incite évidemment à chérir ses modèles préférés et assure d’ores et déjà une durée de vie exceptionnelle aux complétistes compulsifs. Ensuite, les collisions sont automatiquement désactivées avec la circulation dans les épreuves de drift et de zones de vitesse. Nous notons enfin la disparition des chansons de prouesse et des défis photo. Les épreuves collector et l’endoctrinement de Drivatars ont été mixés dans le commerce à acheter, lequel rapporte quotidiennement des crédits tout en proposant des défis au volant de véhicules légendaires. Plus le pilote fait monter le niveau de son commerce, plus ce dernier lui rapporte de l’argent. Dommage que Playground n’ait toujours pas trouvé la bonne formule en ce qui concerne les qualifications, puisque le joueur commence toujours à la traîne.
La Grande-Bretagne dans l’espace
Le nouveau terrain de jeu de cet épisode se révèle être la patrie de Playground Games, à savoir la Grande-Bretagne. Malgré tout l'amour des développeurs se dégageant forcément des campagnes brumeuses environnantes, la carte n'atteint pas le niveau de variété phénoménal aperçu au pays des kangourous deux ans auparavant. Là où l'Australie comptait des zones rapidement identifiables avec la jungle, le désert et la ville, la Grande-Bretagne est principalement composée de plaines et de prairies. Un rapide coup d’œil à la carte expose d'emblée cette campagne dominante baignant dans de grands espaces. Ce que la zone de jeu perd légèrement en variété, elle la gagne cependant en cohérence. Les décors sont majestueux, les panoramas sont impressionnants et les villages traversés sont crédibles. Le souci du détail est tel qu'une fois la nuit tombée, les intérieurs des bâtisses s'éclairent, laissant transparaître une partie du domicile observé. Le trafic routier est plus diversifié que précédemment, mais il est toujours aussi peu fréquenté : la visite d'Edimbourg fait se remémorer la ville fantôme de Nice du second opus. Cela a au moins pour avantage d'encourager les pointes de vitesse sans avoir à se soucier réellement des chauffeurs traînant sur la voie de gauche. L’exploration est facilitée par un nombre plus important d’objets destructibles et déplaçables.
Les défis qui inondent ces grands espaces ruraux demeurent proches de ceux déjà concourus. On retrouve les épreuves connues de circuits en trois tours, de cross-country, de rassemblements ou encore de duels nocturnes. Les contrées britanniques recèlent également de nombreux challenges de drift, de radars, de zones de vitesse, de panneaux danger ainsi que d'une quinzaine de trésors de grange, qu'il est possible de rénover plus rapidement moyennant finance. Rien de bien nouveau, en d'autres termes, pour les habitués de la série. Nous notons l'arrivée d'épreuves de dragster à l'intérêt limité, puisqu'il s'agit d'une grande ligne droite qui incite à la vitesse pure, et celle de jobs allant du cascadeur au loueur de voiture. Ces métiers se font par chapitres et, bien que rappelant énormément les défis collector d'antan, apportent un peu de folie à la progression tout en donnant accès aux meilleurs véhicules du jeu. Il y a aussi les objectifs “Laracer” invitant le joueur à revivre des scènes mythiques de jeux vidéo de voiture. Cette surabondance de défis toujours amusants assure de nombreuses heures de découverte sur les terres britanniques, dont la taille de la map est semblable à celle de Forza Horizon 3 : une dizaine de minutes est nécessaire pour la traverser d'est en ouest.
Sur Xbox One X, Forza Horizon 4 permet de jouer en 4K/30fps ou en 1080p/60fps. En mode fluidité, la perte graphique est réelle mais donne accès à un confort de jeu sans précédent pour la série. La Xbox One S propose du 1080p à 30fps. Enfin, les joueurs PC peuvent bénéficier d'un résultat sans compromis entre les graphismes et la fluidité s'ils disposent de la bonne configuration.
Gameplay : Une course contre un train, quoi de plus normal ?
Oui, la Grande-Bretagne est moins exotique que l'Australie, mais la topologie mène à des courses nerveuses servies par une technique éblouissante. Effectivement, ce quatrième épisode est extrêmement beau, en plus d’être fluide. Les effets spéciaux de fumée, d'eau ou de boue sont convaincants, tandis que les véhicules creusent le sable et la neige. Les lumières gagnent encore en précision, et la lune éclaire suffisamment pour qu'aucun duel nocturne ne s'annonce trop sous-exposé. Forza Horizon 4 en jette, et il est rare de constater des jeux qui arrivent à mélanger si habilement un terrain aussi vaste avec autant de précision dans sa technique malgré la vitesse de défilement. L’œil aguerri remarquera néanmoins quelques impairs techniques, comme certains détails dans le décor qui se chargent trop brusquement, ou le trafic qui apparaît soudainement au loin, sur une ligne droite. Des petits soucis qui peinent à ternir le rendu global presque parfait du titre. Seuls les écrans de chargement un peu trop réguliers cassent parfois le rythme de l'aventure, d'autant qu'ils peuvent être longs (particulièrement au lancement de la partie, et lors du changement de saison en Blueprint).
Quatre saisons, en pâte fine
Une des deux grosses nouveautés du bébé de Playground Games largement mises en avant vient du système de saisons, promis comme étant un “game changer” par les développeurs. Il est tout d’abord introduit par une course mémorable où s’enchaîne automne, hiver, printemps et été en moins d’une dizaine de minutes, histoire d’attirer toute l’attention du joueur. Les premières minutes des Forza Horizon ont toujours été particulièrement réjouissantes, mais la barre est encore montée d’un cran. Lors des quelques heures de jeu qui suivent, les saisons s’enchaînent selon le souhait du joueur, à partir du moment où il a atteint le nombre suffisant d’influence pour passer à la suivante. Cet astucieux procédé permet d’introduire avec parcimonie les règles qui régissent cet univers. Arrivés au bout du cycle, tous les pilotes sont invités à se retrouver sur le Monde Partagé. C’est à partir de ce moment que les saisons s’enchaînent universellement toutes les semaines, et que divers championnats saisonniers à la durée limitée apparaissent. Chaque mois de jeu représente une année virtuelle passée à faire les fous en Grande-Bretagne, que Playground Games prévoit de fêter en distribuant gratuitement du contenu bonus.
Afin de rouler des mécaniques à bord des bolides, Playground Games propose de quoi customiser son avatar au fil des saisons. Après avoir choisi un modèle parmi les 14 disponibles, le joueur dispose de tout un tas d’éléments pour personnaliser les vêtements du personnage, mais pas que. Les danses de célébration et d’attente sont également à sélectionner, ainsi que le klaxon allant du simple sample à la mélodie de thèmes connus de jeux vidéo. Les maisons à acheter au bord des routes britanniques sont autant de repères donnant accès à du contenu bonus.
Les campagnes anglaises varient donc en fonction des saisons. Lorsque le pays passe de l’été à l’automne, les feuilles rougissent, les chemins de terre se font plus boueux, et la faune comme la flore changent. Le résultat à l’écran est une fois de plus bluffant, et les grands espaces qui font la part belle à la nature sont magnifiés par ces changements fréquents. La carte n’est pas fondamentalement différente, manette en main, d’une époque à une autre, mais les spécificités des saisons apportent bien quelques différences appréciables. Une zone de drift pose problème ? Pourquoi ne pas attendre, par exemple, la saison des neiges afin de perdre un peu d’adhérence ? Si nous notons bien les différences entre l’été et l’hiver, par l’intermédiaire de certains cours d’eau qui peuvent geler et par l’omniprésence de la neige, il est plus difficile de noter les variations liées au gameplay au printemps et en automne. Ces deux époques restent, en effet, très proches dans leurs conditions météorologiques globales. Bien que les rassemblements soient disponibles sur la carte à n’importe quel moment, ils mènent vers une saison imposée une fois lancés. Cela signifie qu’il est malheureusement impossible de tenter le combat contre l’hovercraft sur les lacs gelés hivernaux, ou de foncer contre le train avec le vent printanier dans le dos. Dommage, d’autant plus que ces rassemblements, tous absolument géniaux, auraient mérité de gagner en rejouabilité en ne tournant pas le dos au propre concept du titre.
1 + 1, ça fait 72
En plus du système de saisons, l'autre fonctionnalité inédite dans l'univers de la saga est le Monde Partagé. Un peu à la manière de Test Drive Unlimited en son temps, jusqu’à 72 joueurs peuvent se retrouver en même temps sur la carte. Cette hybridation entre le MMO et le jeu de course apporte tout d’abord de la vie, puisque l’on rencontre régulièrement des camarades motorisés qui vaquent à leurs occupations. Les collisions sont désactivées de base, assurant ainsi des comportements qui ne peuvent pas gêner la progression des autres. Le temps d’échanger quelques coups de klaxon, les rencontres se terminent souvent aussi furtivement qu’elles ont débuté, à moins évidemment d’avoir proposé aux inconnus rencontrés de rejoindre un convoi, via un menu dédié. Le jeu intègre par ailleurs un système de mini-chat contenant des phrases pré-enregistrées immédiatement traduites, dans le but de faciliter la communication au sein de ce monde désormais totalement connecté. Le jeu incite régulièrement à partir à la rencontre d’autres joueurs. Rien qu’au moment de lancer une épreuve en solo, le titre rappelle qu’il est possible de la vivre en coop, contre d’autres joueurs ou en faisant face aux fantômes des rivaux. Les artistes en herbe seront ravis de retrouver tout ce dont ils ont besoin pour créer des livrées puis les partager avec le monde entier.
Forza Horizon 4 récompense les joueurs fidèles de la série phare de Microsoft. Ceux qui ont passé du temps sur les précédents Forza (Motorsport comme Horizon) recevront de multiples éléments cosmétiques, des super tirages, ainsi que des voitures.
Le Forzathon est de retour avec son lot de défis quotidiens et hebdomadaires particulièrement utiles à l’obtention d’un peu de monnaie. Jouissant de son nouveau châssis MMO, Forza Horizon 4 intègre même un Forzathon Live semblable aux événements mondiaux que l’on retrouve dans d’autres jeux en ligne. Ici, un ballon dans le ciel attribue des défis à réussir en groupe avant la fin d’un compte à rebours. En cas de succès, de la monnaie virtuelle à dépenser dans un magasin dédié est octroyée. Plus que jamais, les équipes de Playground Games ont sorti une aventure à l’intérieur de laquelle il est aisé d’être distrait par les nombreux défis qui interviennent régulièrement. La mission choisie sur le GPS est rarement celle qui est accomplie dans les minutes qui suivent tant le joueur est tout le temps sollicité, qu’il soit seul ou accompagné.
Points forts
- Des défis toujours aussi nombreux, variés et amusants
- Splendide graphiquement, tout en restant fluide
- Le Monde Partagé et le Forzathon Live apportent un vrai plus
- Les rassemblements sont géniaux
- Le cycle des saisons est une nouveauté intéressante
- Très bon choix musical pour les radios
Points faibles
- Une Grande-Bretagne dont les trop nombreuses prairies laissent peu de place à d'autres décors
- Les épreuves n’ont pas beaucoup évolué, au final
- Des saisons qui ne changent pas vraiment le gameplay
- Quelques minimes impairs techniques
Des brumes du Derwentwater aux lumières d’Edimbourg, Forza Horizon 4 est grandiose. La campagne britannique devient avec cette édition un terrain de jeu inondé d’épreuves variées faisant la part belle à la nature, à la beauté des saisons, et bien sûr aux courses effrénées. Que les adversaires soient à bord de bolides légendaires ou d’engins défiant l’entendement, le joueur est placé au centre d’une expérience où la frustration fond comme neige au soleil. Au printemps de sa vie, l’œuvre façonnée par Playground Games se dote en plus d’un monde connecté lui assurant un foisonnement d’âmes bienvenu. La carte un peu trop sage et les défis qui peinent à innover sont autant de regrets que nous aurions souhaité voir ensevelis sous les feuilles mortes, mais les qualités sont trop nombreuses pour nous faire lever le pied. Un titre d’exception.