Pionnière en son temps, la série V-Rally n’avait plus donné de nouvelles depuis un troisième épisode sorti il y a maintenant 16 ans. Elle n’a néanmoins pas été oubliée par beaucoup de fans nostalgiques que compte séduire Kylotonn en l’exhumant pour un 4ème opus sobrement intitulé V-Rally 4. Voyons ce qu’il vaut.
Sortie trois semaines après son homologue consoles, cette version PC de V-Rally 4 lui est en tout point similaire au niveau du contenu. On sent néanmoins que des patchs sont passés par là et quelques soucis et bugs ont depuis été corrigés. On pense notamment à celui de progression dans la Carrière évoqué un peu plus bas et qui n'est désormais plus un problème. Pour le reste on retrouve les mêmes lourdeurs dans la progression et la répétitivité reste toujours bien présente.
Au niveau de l'optimisation, ce test a été réalisé sur un PC plutôt modeste aujourd'hui (processeur i5-4460 et carte graphique Nvidia GTX 970) et pourtant V-Rally 4 tourne plutôt correctement avec tous les curseurs à fond en 1080p. Le framerate est malheureusement limité à 60 fps, mais ne descend jamais en dessous, ce qui est plutôt positif pour un jeu finalement loin d'être moche avec des effets de lumière très réussis et des graphismes un poil plus fins que sur consoles. Il ne s'agit donc pas d'une version au rabais, bien au contraire !
La suite du texte porte sur la version console, très proche de cette mouture PC.
Quitte à décevoir les fans, autant le dire d’emblée : ce V-Rally 4 n’a pas grand-chose à voir avec ses prédécesseurs. Kylotonn est à l’origine des derniers WRC et c’est plutôt de ce côté qu’il va falloir lorgner pour trouver des similitudes. D’ailleurs le moteur physique a directement été importé de WRC 7, et n’a que très peu été modifié. Il faudra donc oublier les virages à fond en glissade puisque les voitures sont globalement très tatillonnes et partent dans le décor à la moindre petite erreur, surtout quand on commence à augmenter leur puissance. On n’est pas dans la simulation pure et dure mais la prise en main nécessite tout de même un peu de temps et de délicatesse. Les débuts sont d’ailleurs d’autant plus compliqués que la plupart des voitures sont un poil trop survireuses et ont tendance à nous faire partir en tête à queue sans trop de raison. Selon les surfaces pratiquées (sur les graviers notamment) on se retrouve même parfois avec une savonnette entre les mains. Et pour couronner le tout, la gestion des collisions est loin d’être parfaite en sachant qu’il existe même quelques murs invisibles. On finit néanmoins par s’y faire et même à prendre plaisir à jouer avec le train arrière pour prendre des virages parfaits, ce qui est plutôt gratifiant, surtout compte tenu du faible nombre d’aides proposées : ABS et contrôle de traction uniquement et aucun rewind. On n'est pas au niveau d'un DiRT Rally, mais la formule n’est finalement pas désagréable bien que surprenante quand on connaît le passé très arcade de la licence.
5 jeux en 1
Autre surprise, on n’a pas droit uniquement à des épreuves de rallye, mais bien à 5 types de courses distinctes. Outre les spéciales chronométrées, on trouve du Gymkhana et du Hillclimbing ainsi que du Rallye cross et des courses de Buggy en présence d’adversaires IA. Ce choix de la variété est louable, mais avant de rentrer dans le détail, notons tout de même que cela se fait au détriment de la quantité puisqu’on a simplement droit à 4-5 environnements différents à chaque fois ce qui induit une certaine répétitivité après quelques heures de jeu, surtout quand on souhaite se spécialiser. Mais commençons donc par le Rallye qui s’avère plutôt efficace dans le genre. Les tracés sont piégeux et offrent des panoramas sympathiques, le copilote faisant globalement bien son travail malgré quelques travers ou informations données à contre temps. La sensation de vitesse est quant à elle plutôt bonne. Ce dernier point est d’ailleurs une des grandes forces du Hillclimbing qui consiste à escalader des pentes au volant de voitures extrêmement puissantes. En l’absence de copilote on retient souvent son souffle, la tension est grande et les sensations sont grisantes. Pour ce qui est du Gymkhana ou plutôt de l’Extreme-Khana, on doit enchaîner les courbes serrées, épingles, donuts et autres sauts le plus rapidement possible afin de battre les temps de référence. Attention toutefois, une utilisation des freins est la plupart du temps synonyme de blocage des roues suivi d’un beau tout droit. Il faut donc jouer avec le frein à main et le frein moteur et essayer de rester entre les plots, ce qui n’est pas toujours facile.
Le V-Rally Cross et le Buggy se déroulent sur circuit en sachant que dans le premier nommé il y a toujours un chemin alternatif un peu plus long à emprunter sur le tour de son choix, ajoutant une petite dimension stratégie pas désagréable à la chose. Quoi qu’il en soit ces deux disciplines font appel à une IA très agressive, pour ne pas dire pénible. Si par malheur on se trouve sur sa trajectoire elle n’esquisse même pas un semblant de freinage et nous percute de plein fouet, quitte à aller dans le décor ensuite. Chose sympathique, elle peut faire des erreurs lorsqu’on lui met trop la pression, mais elle peut aussi en contrepartie être complètement buggée et sortir sur chaque virage avant d’atteindre les 300 km/h dans la ligne droite suivante. Lorsque tous les adversaires courent ainsi, ce qui m’est arrivé, la course devient totalement surréaliste et chaotique puisque bien sûr on se fait percuter de toute part. Fort heureusement, la gestion des dégâts est très permissive et même si la voiture est en piteux état, les pertes de performance ne sont pas rédhibitoires et permettent tout de même de jouer les premiers rôles. On peste néanmoins très souvent quand on sort à cause d’une bêtise sans nom d’un adversaire, surtout lorsqu’on allait lui prendre un tour et que le crash en question nous fait passer de la première à la 4ème place.
Un mode Carrière un peu brouillon
Pour ce qui est du contenu, le mode de jeu principal est le mode V-Rally qui se distingue par son système de progression un peu particulier. On gagne de l’argent en course qui permet d’acheter des voitures pour chacune des 5 catégories d’épreuves puis un peu plus tard permet d’embaucher et payer les salaires de mécaniciens et chercheurs dont les qualités permettront de débloquer plus rapidement les améliorations de nos bolides. Chose surprenante, lorsqu’on achète notre première voiture, on nous laisse le choix entre deux types différents (rallye et rally-cross) sans nous prévenir que la prochaine course sera du rallye-cross et qu’on se retrouvera bloqué si on achète une voiture qui ne correspond pas. C’est d’autant plus rageant qu’une machine capable de faire l’un doit pouvoir figurer correctement sur l’autre. Espérons que ce souci sera corrigé rapidement.
Pour la suite, on se retrouve face à une carte du monde sur laquelle notre agent nous propose un certain nombre d’épreuves. Chacune est disponible quelques jours uniquement donc il est impossible de participer à toutes. Il faut par conséquent essayer de choisir celle qui permettra de gagner un maximum d’argent sans pour autant se retrouver face à des adversaires trop véloces puisqu’on nous propose en permanence des courses sur lesquelles il est impossible ne serait-ce que de figurer correctement. Le problème est que malgré la présence d’un système d’étoiles indiquant la difficulté, il est totalement impossible d’anticiper le niveau réel de l’adversité. Les voitures sont regroupées en plusieurs catégories de niveau et on peut très bien tomber face à des adversaires disposant de machines avec 1 voire 2 classes d’écart. Dans ce cas il est plus rapide d’abandonner immédiatement.
Autre lourdeur de la progression : il est impossible d’acheter la voiture qu’on souhaite directement, même si on dispose de l’argent nécessaire. Par exemple, si vous voulez une DS3 WRC, il faut impérativement prendre au préalable une voiture parmi chacune des 8 classes précédentes et laisser dans la manœuvre une quantité astronomique d’argent. Il faut donc faire des choix et celui qui est le plus valable semble être de se spécialiser dans une catégorie afin de disposer d’une voiture performante permettant de faire face à tout type d’adversaire. L’argent coule alors à flots et permet de se lancer dans les autres catégories après avoir acheté les meilleures voitures. Le problème est que pour rappel le nombre de tracés disponibles par type d’épreuve est très limité et on se retrouve à faire en boucle les mêmes courses. Finalement on se lasse assez vite, surtout en l’absence de réel objectif à long terme, le but étant simplement de gagner un championnat (les courses de niveau maximum) dans chaque catégorie. Et cette lassitude n’est pas arrangée par la seule musique disponible qui se répète encore et encore jusqu’à l’overdose.
Pour faire varier les plaisirs, on a droit à quelques éléments multijoueurs, à commencer par de l’écran splitté, ce qui est toujours appréciable. En outre, on trouve un multi en ligne assez classique dans lequel on peut participer à toutes les épreuves du jeu avec des adversaires humains. Mais la principale spécificité vient de l’intégration d’une composante en ligne dans le mode V-Rally. On ne parle pas d’affrontements directs ici, mais plutôt de défis que la communauté réalise simultanément et qui peut rapporter de l’argent à ceux qui figurent bien dans les leaderboards. Cela ne corrige pas les soucis de ce mode mais permet au moins de progresser un peu plus vite. Pour le reste, avant de conclure évoquons rapidement les graphismes qui sont globalement satisfaisants. Les textures des voitures sont correctes tout comme les effets de lumière. L’ensemble est donc plutôt plaisant à regarder bien qu’on ne soit tout de même pas au niveau des références du genre.
Points forts
- 5 types d'épreuves : le rallye, le rallye cross, le buggy, le hillclimbing et le gymkhana
- Pilotage plutôt agréable malgré des voitures souvent trop survireuses
- Graphismes corrects
Points faibles
- Trop peu d'environnements différents
- IA bien trop aggressive et buggée
- Difficulté mal dosée dans le mode Carrière
- La musique trop répétitive
Si ce V-Rally 4 n'a de V-Rally que le nom, il s'agit tout de même d'un jeu correct qui s'appuie sur un pilotage globalement plaisant et exigeant ainsi qu'une certaine variété dans les épreuves proposées. Malheureusement son IA catastrophique, sa gestion de la difficulté très aléatoire, son faible nombre d'environnements et son mode Carrière un peu brouillon font parfois pester et l'empêchent d'atteindre les références du genre.