La toute jeune société Cantaloupe Kids présente son premier titre : The Spiral Scouts, un jeu de Réflexion/puzzle dans lequel le design adorable des personnages n'a d'égal que la brutalité de son humour. Les grossièretés vont pleuvoir comme les plaies sur l'Égypte et les blagues sont envoyées sans aucune forme de filtre, vous voilà prévenus.
Bande-annonce de The Spiral Scouts
Avant toute chose, sachez que The Spiral Scouts est entièrement en anglais. Si la langue de Shakespeare vous rebute, mieux vaut repousser votre passage sur ce jeu jusqu'à une éventuelle (et improbable) traduction ou jusqu'au jour où vous maîtriserez le parler de la perfide Albion.
L'univers habituellement paisible de The Spiral Scouts est en crise, les puissants fondateurs des "scouts spirale" ont été scellés dans leurs mondes respectifs à l'orée d'une cérémonie de la plus haute importance à laquelle ils doivent participer. Tout juste invoqué par un mystérieux portail et recruté manu militari parmi les scouts, vous voici chargé de voyager d'un monde à l'autre afin de les libérer.
Un jeu sacrément mal élevé
Sous ces prémices solennelles se cache en fait un jeu qui élève l'irrespect au rang de religion. Ne vous laissez pas attendrir par l'aspect arrondi et sucré du titre, dans The Spiral Scouts, les thèmes abordés sont adultes et les dialogues sont incisifs. Quand l'humour n'est pas noir comme les côtes bretonnes après le passage de l'Erika, il est aussi trash que cet oncle qui embarrasse tout le monde pendant les dîners de famille avec ses blagues dégoutantes.
Le titre n'a aucune intention de se prendre au sérieux. Pour utiliser son niveau de langage, on pourrait même dire que le sérieux, il s'en badigeonne les couilles avec le pinceau de l'indifférence (si cette phrase vient de vous choquer le jeu n'est pas pour vous). Lors des rares occasions où l'on vous fait croire que l'intensité va monter d'un cran, c'est toujours dans le but de vous balancer une énormité encore plus grosse que la précédente avec un gigantesque « gotcha » . On pourrait presque entendre les scénaristes essayer de se retenir de glousser derrière leurs dialogues et ça aurait un côté attendrissant si l'on n'était pas occupé à vomir en repensant à la dernière blague.
De badge en badge
Vous aurez trois mondes à visiter : le monde de la vie, celui de la mort et celui du chaos. Dans chacun d'entre eux, une flopée d'Autochtones hauts en couleur vous attendent, chacun avec son lot de problèmes loufoques à résoudre. Il vous sera pêle-mêle demandé de concocter un antidépresseur pour un arbre, d'envoyer un jeune garçon sur la lune ou encore de synthétiser du crack. Votre héros n'étant ni botaniste, ni ingénieur, ni chimiste, toutes ces tâches peuvent être effectuées en résolvant des puzzles. La vie fait quand même sacrément bien les choses.
Chacun de ces puzzles est accompagné d'un bout de narration et on ne vous demandera jamais de faire tourner vos méninges sans vous récompenser avec un semblant d'histoire, une mini-cinématique ou juste une blague. Cette manière qu'a eue Cantaloupe Kids d'entremêler gameplay et narration est probablement la plus grande réussite du titre. Comme les dialogues sont souvent hilarants, on se surprendra à persévérer sur un problème juste dans le but de savoir ce que le PNJ concerné aura à dire à la fin.
Une fois un puzzle terminé vous serez récompensé par un badge. C'est le nombre de ces petites merveilles que vous possédez qui détermine votre progression dans l'aventure principale. Aussi simple soit-il, ce système de badge est lui aussi une franche réussite, ils sont mignons, ils ont des noms rigolos et ils sont brodés d'un petit dessin qui vous rappellera l'histoire accompagnant la résolution dudit puzzle. La fibre du collectionneur qui sommeille en chaque joueur aura tôt fait de vous pousser à ne pas quitter un monde jusqu'à ce que votre écharpe de scout n'arbore fièrement tous les badges du coin, alors même que seule une partie d'entre eux est nécessaire afin de continuer l'aventure.
Sans être brillants, les puzzles remplissent leur office , à une ou deux répétitions près ils reposent sur des mécaniques variées et savent la plupart du temps se montrer complexes sans être impossibles. On précisera « la plupart du temps », car on n'est malheureusement pas épargné par l'apparition de problèmes plus ardus que la moyenne dans le premier monde et à contrario, par quelques puzzles bien trop enfantins durant les dernières heures. Il y en a une trentaine à résoudre pour faire le tour de l'aventure, une entreprise qui devrait vous demander une petite dizaine d'heures, une durée de vie honnête considérant les 8 euros contre lesquels s'échange le jeu.
On regrettera au final peu de choses : une ambiance sonore qui s'avère malheureusement trop peu variée, surtout lorsqu'on reste 30 minutes sur place bloqué sur un même puzzle. Mais aussi des mondes de moins en moins grands au fur et à mesure que l'on avance et un dénouement en deçà de la qualité générale du titre, autant en termes d'écriture que d'intérêt des puzzles.
Points forts
- Dialogues corrosifs et surprenants
- Personnages attachants
- Une envie bien entretenue de retourner les différents mondes de fond en comble
Points faibles
- Une progression pas assez homogène de la difficulté des puzzles
- Une fin pas exactement au niveau du reste du jeu
- Bande-son assez peu inspirée
The Spiral Scouts reste une bonne surprise, une aventure courte mais divertissante qui peut vous faire recracher votre verre d'eau et vous gratter la tête dans la même minute. L'enfant illégitime du Professeur Layton et d'une crackhead échappée de la pire banlieue de Baltimore n'est certes pas parfait, néanmoins il mérite l'attention des amateurs de jeux de réflexion.