Après un break d’une année, le temps de réaliser un jeu dédié à la légende Valentino Rossi, les spécialistes de Milestone sont revenus avec une volonté de fer pour imposer MotoGP 17. Plutôt joli et agréable à piloter, le titre avait tout de même tendance, une nouvelle fois, à se reposer sur les acquis des précédentes éditions. Aussi, pour MotoGP 18, nous étions en droit d'attendre des avancées significatives en matière de gameplay, de réalisation et de contenu. Malheureusement, les développeurs ont fait des choix et ça ne plaira pas à tout le monde...
Avec MotoGP 18, Milestone reprend sa marche en avant et promet monts et merveilles. Pour cette édition, le moteur Unreal Engine 4 – une première pour la série – est appuyé par du scan laser et de la photogrammétrie, ce qui offre des circuits d’une précision chirurgicale pour un réalisme visuel, il faut bien le dire, assez épatant. Sur les 19 pistes (dont l’inédit Buriram International Circuit en Thaïlande) que contient le jeu, leur modélisation à l’échelle 1:1 est remarquable et cette recherche de fidélité par les développeurs transalpins est tout à fait honorable. Même les pilotes ont été modélisés (c’est plus ou moins réussi selon les intéressés) et le rendu global des bécanes est franchement un succès. Le problème, c’est que l’utilisation de scan à l’aide de drones et de toutes ces techniques modernes a visiblement pris un temps conséquent dans la création du jeu et cela se traduit par des coupures qui ne passeront sans doute pas auprès de certains.
DÉLESTAGE DE L’EXTRÊME
Avec MotoGP 17, et comme l’a justement souligné Epyon l’an passé, la base était suffisamment solide pour s’appuyer dessus. On pouvait donc espérer que l’immersion, le mode carrière ou la section management soient optimisés ou améliorés. Et dans l’immédiat, un effort a bel et bien été consenti sur l’ambiance avec un florilège de nouvelles séquences avant la course, de victoire, de performance ratée, etc. C’est loin d’être parfait avec des poses parfois peu réalistes, mais ça passe. En revanche, et c’est totalement incompréhensible, le mode multijoueur en écran splitté, la saison en coopération, les motos de légende et le mode management… ont totalement disparu ! Vous avez bien lu, il n’y a plus rien de ce côté-là ! Que MotoGP 18 soit annoncé comme un reboot complet de la série, c’est une chose, cependant nous sucrer toute une partie du contenu ne peut décidément pas être passé sous silence ! En plus d’envoyer un message négatif, l’absence de tous ces éléments met une pression immédiate sur le gameplay du jeu. Avec un tel délestage, il est évident que celui-ci a intérêt à assurer…
FOCUS GAMEPLAY
Par rapport à son prédécesseur, et comme expliqué un peu plus haut, MotoGP 18 fait dans le minimum syndical. Outre le MotoGP eSport Championship qui fait son retour, le joueur peut s’adonner à des sessions en ligne, s’amuser immédiatement avec les modes dits rapides (Grand Prix, Contre-la-montre, Championnat et Didacticiels plus ou moins difficiles) ou bien se lancer dans une carrière. Comme attendu, c’est dans ce mode que vous passerez le plus clair de votre temps. Enfin, sachez que vous pouvez, avant de chevaucher votre superbe cylindrée, passer par la personnalisation de votre pilote. Plusieurs styles de conduites (neutre, coudes hauts, épaules dehors…) sont disponibles ainsi que 81 modèles de casques, 90 de gants et 50 de bottes, il y a donc de quoi faire. Les puristes regretteront toutefois l’absence de combinaisons. Une fois que votre pilote est prêt, il est temps d’aller brûler le bitume et de gravir les échelons, de la Rookie Cup au grand prix MotoGP.
Milestone, conscient de se passer de plusieurs modes importants, a donc choisi de se focaliser sur le gameplay et la différence est palpable dès les premiers tours de pistes. Même si le changement de direction nous semble toujours un peu brusque, le poids de la moto est mieux retranscrit, les collisions sont moins permissives (même si les animations de chute sont toujours aussi stéréotypées) et l’engin ne chasse pas de façon anormale sur les freinages importants. D’entrée, on sent que MotoGP 18, pour quiconque mise sur les sensations, est ce qui se fait de mieux dans le genre. Le débat existera toujours avec l’arrivée récente de TT Isle of Man mais l’approche des deux titres est différente. MotoGP 18 prône les tracés fermés et la physique des différents modèles et catégories (Moto2, Moto3, MotoGP) est calculée dans cette optique. Les sensations de vitesse sont au rendez-vous et les réactions du bolide sont plutôt fidèles à la réalité. On sent d’ailleurs une belle avancée en matière de freinage et la gestion du grip dans les courbes est excellente. Prendre chaque virage procure un vrai plaisir et la présence de fumigènes dans les tribunes rend les courses encore plus immersives. Sautillements, glissades, décrochages, rien ne doit être laissé au hasard sous peine de vite déchanter. Et en temps de pluie, sous les trombes d'eau, le constat est encore plus implacable.
WEEK-END DE COURSE
Même s’il est possible de passer à la course immédiatement en mode carrière, l’intérêt de cette section réside dans le week-end complet. C’est véritablement en prenant le temps de participer à ces longues sessions que vous tirerez toute la quintessence de MotoGP 18. Si les réglages habituels de la moto sont de la partie, c’est surtout le lien qui unit le pilote à ses mécaniciens qui est important. En participant aux différents essais, vous prenez conscience des améliorations à apporter au bolide et vous pouvez utiliser une option « réglages auto » en participant à un système de questions. Type de problème, comportement de la moto, pneus, adhérence… rien ne doit être négligé, surtout en cas de météo capricieuse. En fonction des indications que vous fournissez aux ingénieurs, ils agissent en conséquence afin que votre cylindrée soit la plus efficace possible. En fonction des performances et des victoires acquises, les points de compétence servent ensuite à paramétrer la moto à votre guise. À vous de choisir les réglages adéquats ! Par ailleurs, pour plus de réalisme, il est plus que conseillé de paramétrer l’IA afin d'éviter le syndrome « je suis un rail bêtement ». Mais accrochez-vous, car elle devient alors redoutable en mode difficile et fait des temps de l’espace. À noter que les pénalités ont été renforcées, ce qui va s’avérer très utile pour les petits malins qui jouent trop souvent à la tondeuse en ligne.
QUELQUES ERRANCES VISUELLES
Sans être d’une beauté hypnotique, MotoGP 18 s’en sort assez bien, notamment lors des courses sous la pluie. Les effets d’humidité sont réussis et les tracés sont plutôt détaillés. En revanche, ils manquent de vie et certains éléments font vraiment tache comme le public ou certaines textures. Il y a aussi une cassure assez nette entre les modèles proches et les modèles éloignés. Lorsque la caméra est près de la moto, la modélisation est vraiment de qualité, que ce soit le bolide ou le pilote. En revanche, dès que la focale s’éloigne, les textures deviennent floues et on a parfois l’impression de voir une bouillie de pixels. On a aussi noté des glitches graphiques et des chargements tardifs de textures. Il semblerait également que le jeu soit plus terne, malgré de sérieux progrès en matière d’éclairage, que son homologue de l’an passé. Dans l’ensemble, c’est donc correct cependant il ne faut pas s’attendre à être surpris visuellement. En même temps, Milestone, ce n’est pas l’équipe de Forza. Côté son, les améliorations sont perceptibles, notamment lorsqu’on rétrograde avant d’attaquer un virage et certains sont criants de réalisme. Pour ne rien gâcher, les musiques des menus sont plutôt sympathiques.
Points forts
- Le moteur Unreal Engine 4
- Les courses sous la pluie
- Gameplay encore amélioré
- Meilleure reproduction sonore (motos, spectateurs...)
- Bonne impression de vitesse
- Les week-ends complets
- Pénalités renforcées
- Le circuit thaïlandais assez technique
Points faibles
- Plus de saison coop'
- Plus d'écran splitté
- Plus de section management
- Pas de vieilles machines
- Chargements trop longs
- Imperfections visuelles
- Manque d'ambitions
- Météo fixe
Considéré comme un reboot de la série, MotoGP 18 mise sur son gameplay pour s’imposer et le résultat est convaincant. Malheureusement, toutes ces avancées se sont faites au détriment du contenu. Cette édition a littéralement été sevrée par rapport à son prédécesseur et il apparaît évident que la qualité du pilotage et le mode carrière ne suffisent pas à combler ce manque. Alors que MotoGP 18 est sans doute le meilleur épisode en termes de sensations, les coupures dans son contenu risquent de passer difficilement inaperçues.