Attendu de pied ferme par tous les amateurs de tennis sur écran, Tennis World Tour s’invite dans nos chaumières en même temps que Roland-Garros. Nos premières impressions mitigées à son sujet vont-elles s’envoler avec la sortie de cette version finale ?
Sachez tout d’abord qu’à l’heure où ce test est réalisé, Tennis World Tour ne propose pas encore de mode en ligne ou de matches en double. Il faut donc se contenter pour l’instant de créations de tournois en local, d’une académie de tennis proposant quelques tutoriels ainsi que de matches d’exhibition en plus d’un mode carrière. Un contenu qui doit tout de même offrir un peu d’occupation en attendant que le titre soit pleinement déployé.
Une carrière riche en idées…
Attardons nous donc en premier sur le mode carrière, qui dispose de quelques atouts pour convaincre. Outre un casting masculin plutôt riche (24 joueurs sous licence) malgré quelques absents de marques tels que Djokovic, Nadal et Murray, celui-ci offre de sympathiques éléments de gestion. Vous devrez ainsi gérer votre argent, le choix de votre coach et de votre agent qui confèrent chacun des bonus passifs, mais aussi progresser via un système d’amélioration de vos compétences et vos statistiques. L’ensemble prend la forme d’aptitudes à équiper qui offrent un bonus permanent aux statistiques ou s’activent dans un contexte donné. L’idée est plutôt bonne, puisqu’elle permet de personnaliser votre style de jeu et vient s’ajouter à un plus classique système d’archétype permettant de définir le style préférentiel de votre joueur entre attaque, défense, et service-volée. Autre idée plaisante, l’équipement joue également sur vos statistiques, via le choix des différentes parties de la raquette. En revanche, les tenues de base ne comprennent que des équipementiers fictifs, ce qui reste un point dommageable en terme d’immersion.
… Mais à la finition inégale
Nous regretterons cependant d’autres choix bien plus gênants, comme un casting féminin très limité qui rend toute carrière avec une femme malheureusement moins intéressante, mais aussi la présence de seulement 10 modèles prédéfinis par sexe. Il n’est d’ailleurs pas possible de changer ne serait-ce que la coupe et la couleur des cheveux ou des yeux. Autre choix étonnant, il n’est pas possible de modifier le niveau de difficulté en mode carrière, celui-ci s’indexant automatiquement sur le niveau du tournoi disputé. La conséquence directe, c’est que vous devrez subir un début de carrière plutôt facile et ennuyeux, avant d’avoir un minimum de répondant sur le court.
De même, opter pour un système de jeux et de sets “réaliste” vous oblige à jouer sans les aides : nous aurions apprécié un peu plus de souplesse et de liberté sur ce point. Quelques détails témoignent également du manque de finition du soft, comme la circulation entre les cartes d’aptitude qui ne fonctionne qu’avec les flèches contrairement au reste des menus, l’absence de détails sur les points apportés par les tournois ou le placement parfois curieux des têtes de série. Beaucoup d’éléments annexes, certes, mais qui peuvent agacer une fois mis bout à bout. Dernier point, sachez que même s’ils ne sont pas sous licence officielle, les tournois proposés sont suffisamment variés pour que le circuit s’avère plaisant à parcourir, nous regrettons néanmoins le choix de remplacer deux des tournois du grand chelem (Roland-Garros et l’US Open) par des versions alternatives copiant les Masters 1000 de Madrid et Bercy.
Un petit tour sur le mode carrière
Tennis World tousse
Le coeur d’une simulation sportive reste toutefois le gameplay. Tennis World Tour s’en sort plutôt bien sur vos premiers échanges grâce à sa gestion des timings et du placement avec des joueurs de bas niveau, mais perd en crédibilité à mesure que l’adversité augmente. Concrètement, vous devez ménager votre jauge d’endurance en alternant les coups chargés et les frappes plus sûres, mais aussi profiter des aptitudes évoquées plus haut. Toute la palette de coups classiques du tennis est là, du lift au slice en passant par les lobs et les amortis. La prise en main est bonne, il est possible de claquer quelques volées sans trop d’efforts et la variété semble de mise au premier regard. Alors, qu’est-ce qui cloche ?
Ce qui cloche, ce sont surtout les foules de détails qui rendent certains échanges incompréhensibles ou même frustrants. L’enchaînement entre les animations est par exemple trop souvent manqué et ne permet pas toujours d’anticiper avec exactitude le résultat d’un déplacement. Il est ainsi fréquent qu’un adversaire stoppe sa course sans raison alors qu’il était tout à fait capable d’aller chercher une balle amortie, tandis qu’il pourra ramener une balle à 50 centimètres de sa raquette qu’il était pourtant humainement impossible de récupérer sur ce coup. De même, les joueurs semblent parfois bloqués dans leur course lorsque vous déclenchez un sprint, provoquant une saccade d’animation particulièrement disgracieuse à l’écran.
Avec des joueurs de bon niveau, les erreurs d'animations sont criantes
De même, la jauge d’endurance - qui a une influence considérable sur les échanges - manque encore d’un soupçon de rééquilibrage car elle tend à se vider très vite, même si vous calmez le jeu sur les frappes lourdes. Ajoutez à cela le fait que le titre remplace parfois votre coup par un autre puisqu’il estime, par exemple, que votre lift de revers est impossible à placer du fait de la hauteur de la balle et qu’un slice est plus légitime dans ce cas. Si ce choix est parfois justifiable d’un point de vue réaliste, il peut complètement casser la construction d’un point et s’avère particulièrement contraignant quand il se déclenche dans une situation ou le changement d’effet n’est absolument pas justifié.
Le résultat de tout ça ? Une simulation qui s’avère trop souvent frustrante et remplie de défauts agaçants pour être satisfaisante. C’est d’autant plus dommage que l’aspect "simulation" reste réussi par séquences, comme sur les contrepieds, l’animation de certaines frappes (le revers à une main ou les lifts de coup droit partent plutôt bien) ou la possibilité de sortir assez régulièrement la balle du court, point qui était trop souvent absent des jeux de tennis modernes. Ces éléments restent néanmoins trop souvent éclipsés par les nombreuses carences évoquées ci-dessus.
Roger Federer et David Goffin figurent parmi les gros noms du casting
Un habillage sonore et visuel moyen
Dernier aspect à évoquer avant de conclure, l’habillage sonore et visuel ne parvient pas à relever l’ensemble. La modélisation des joueuses et des joueurs est globalement correcte et suffit à reconnaître d’un coup d’oeil ces derniers, mais le reste ne fait pas vraiment honneur à la nouvelle génération, même si le titre n’était pas forcément attendu sur ce point. Les éclairages permettent toutefois de compenser sur les courts en intérieur. En revanche, l’absence quasi systématique de réaction du public rend l’ambiance particulièrement soporifique sur les courts, celui-ci ne réagissant que sur quelques actions clés. Quant aux commentaires de Guy Forget, ils s’avèrent à la fois répétitifs et pénibles, ce qui nous a rapidement incités à les couper afin de continuer à jouer en silence.
Points forts
- Le casting masculin, varié et nombreux
- Un système d’aptitude intéressant
- L’aspect simulation se ressent sur le placement des balles
Points faibles
- Des animations qui manquent de fluidité
- Ambiance sonore pas au niveau
- La difficulté non-ajustable en mode carrière
- Des problèmes de finition (bugs, écran mal pensé…)
- Casting féminin très limité
- L’IA qui change l’effet de vos frappes
Malgré quelques bonnes idées en mode carrière, un casting masculin qui compense bien les absences de quelques têtes d’affiche et un feeling plaisant sur les premiers échanges, Tennis World Tour dévoile rapidement ses limites. Sa prise en main encore perfectible et brimée par des animations vraiment manquées ne tient pas l’épreuve du temps, tout comme son mode carrière qui souffre de plusieurs choix critiquables. Ajoutez à cela un manque global de finition et une ambiance sonore et visuelle plus que moyenne et vous vous retrouvez avec un titre offrant un résultat final décevant, qui ne peut que s’améliorer avec les mises à jour à venir.