Ceci est un avertissement. Si South Park n'a jamais rien évoqué d'autre chez vous que l'idée d'une série bêtement vulgaire et mal animée, passez immédiatement votre chemin, ce jeu ne s'adresse pas à vous. À l'image du Bâton de la Vérité, l'Annale du Destin s'adresse avant tout aux fans de la série enfantée il y désormais 20 ans par Parker et Stone, aussi ce jeu sera-t-il évalué en fonction du public auquel il s'adresse.
Acheter South Park : L'Annale du Destin sur Switch chez Amazon
Il ne sera pas nécessaire de faire très long pour vous parler du portage Switch de South Park : L'Annale du Destin. Bien entendu, vous retrouverez exactement le même contenu que celui proposé dans les précédentes versions, mais profiterez du plaisir d'emporter partout avec vous un généreuse dose d'impertinence. Côté maniabilité, la version s'exécute sans grande originalité, mais avec sérieux. La prise en main est immédiate et, adaptation oblige, vous pourrez vous servir de l'écran tactile pour naviguer dans l'inventaire et taper des objets en jeu. Autant dire que cette fonctionnalité n'est clairement pas indispensable, la navigation par les moyens traditionnels étant largement suffisante.
Concernant l'affichage, le titre en version portable offre un rendu similaire à n'importe quelle autre version, mais en revanche, comme c'est souvent le cas sur la Switch, l'affichage sur téléviseur semble étiré, donnant un effet de flou général à l'ensemble. Rien de franchement dramatique, mais il faut reconnaître que le jeu paraît plus terne sur grand écran qu'en mode tablette. Enfin, nous avons noté à de rares occasions quelque temps de chargement un rien trop long entre deux scènes, là où l'ensemble était plus fluide sur PC ou PS4 et One.
En somme, ce portage Switch est tout à fait correct et le jeu reste évidemment une option de choix si vous aimez South Park et que la perspective de prendre activement part à un long épisode de la série où bon vous semble vous met en joie. Si vous désirez découvrir en détail les différents éléments du jeu, nous vous invitons à consulter notre test ci-dessous.
Ceci est un avertissement. Si South Park n'a jamais rien évoqué d'autre chez vous que l'idée d'une série bêtement vulgaire et mal animée, passez immédiatement votre chemin, ce jeu ne s'adresse pas à vous. À l'image du Bâton de la Vérité, l'Annale du Destin s'adresse avant tout aux fans de la série enfantée il y désormais 20 ans par Parker et Stone, aussi ce jeu sera-t-il évalué en fonction du public auquel il s'adresse.
Il n'est pas nécessairement évident d'évaluer un jeu tel que celui-ci. Effectivement, que faut-il prendre en compte ? Les qualités intrinsèques du titre ? Les évolutions par rapport au Bâton de la Vérité ? L'humour ? La profondeur de jeu ? Un peu de toute ça, à vrai dire,
L'Annale du Destin se déroule à peine quelques jours après les événements du Bâton de la Vérité. Les gamins troquent rapidement leurs costumes du Seigneur des Anneaux au profit d'une panoplie de super-héros dans le but de retrouver un chat disparu. L'objectif ? Toucher une récompense de 100 dollars destinée à financer une franchise basée sur les personnages du Coon et sa bande, qui a maille à partir avec un autre groupe de super-héros, les Freedom Pals, qui désirent également établir une série de film inspirée de leur univers. De votre côté, vous êtes toujours « le nouveau », fraîchement débarqué à South Park et vivant dans une famille pour le moins dysfonctionnelle. Mais là où le Bâton de la Vérité ne laissait que peu de place à la personnalisation, L'Annale du Destin autorise plus de liberté, même si dans les faits, cela ne change pas grand chose au déroulement de l'intrigue.
Trash, impertinent, drôle
La création de personnage est toujours d'actualité, certes, et oui, en début de partie, vous pouvez choisir la couleur de votre peau dans un menu affiché comme sélection d'un mode de difficulté. Ainsi, si vous choisissez d'incarner un gamin noir, il faudra pousser la jauge jusqu'au mode difficile. Mais dans les faits, il ne s'agit là que d'une manière particulièrement pertinente de dénoncer certains travers un peu trop présents de notre société. La difficulté du jeu n'est en aucun cas conditionnée par votre apparence, et si nous aurions forcément aimé que le titre aille jusqu'au bout de cette excellente idée, nous pouvons toutefois saluer l'intelligence avec laquelle la couleur de peau de votre personnage doit être choisie. South Park, c'est ça, c'est l'impertinence, la capacité à être corrosif, à dénoncer sous une grosse couche d'absurdité et L'Annale du Destin est parfaitement représentatif de l'esprit de la saga. Le jeu ne se contente pas de jouer sur les couleurs, il joue aussi sur le sexe. Même s'il est délicat d'expliquer le choix de votre genre sans vous dévoiler la manière dont il se déroule, sachez qu'il est inscrit d'une très belle manière dans l'histoire et vire carrément à l'hilarant. Les auteurs de la série sont terriblement en accord avec leur temps et savent parfaitement taper là où ça fait mal. Les Social Justice Warriors en prendront d'ailleurs pas mal pour leur grade tout au long de l'épisode.
L'Annale du Destin est corrosif, trash, stupide et intelligent à la fois et est donc parfaitement représentatif de ce à quoi est en droit d'attendre un fan de South Park s'il doit jouer à un jeu vidéo basé sur cet univers. Tous les personnages ou presque sont présents, tous parfaitement brossés, écriture réalisée par les papas de la série oblige. Il est inutile de douter de la qualité de l'enrobage : il est simplement impeccable. Le sentiment d'incarner un personnage à part entière est omniprésent, et même si l'ensemble du scénario reste assez dirigiste, la sensation de prendre activement part aux événements toujours hallucinants qui rythment la ville est tout simplement grisante. Alors, en effet, nous aurions aimé que le choix du sexe ou de la couleur de peau impacte davantage sur le scénario, mais il n'en est rien. La langue anglaise ayant pour avantage de ne pas s'encombrer de genre, que vous soyez un homme ou une femme, les personnages se réfèrent à vous en tant que « trou du cul » ou de « new kid », petite pirouette permettant d'esquiver des arbres de dialogues trop volumineux.
Promotionné et largement vendu comme étant détenteur des voix françaises officielles, l'Annale du Destin ne profite finalement pas, vous le savez, du casting FR original. Principal reproche invoqué à l'encontre du Bâton de la Vérité, l'absence de VF est ici résolue, mais autant vous avertir que si vous êtes mordus de South Park depuis les premiers jours, le choc sera rude. Effectivement, la VF du jeu multiplie des erreurs peu excusables. Si certains comédiens de doublage font ce qu'ils peuvent pour coller aux voix officielles, la mayonnaise ne prend pas vraiment, et certaines voix ne font même pas l'effort de coller à l'esprit des voix d'origine. Ainsi, Craig troque sa voix nasillarde pour une voix de crooner, tandis que Stan, dont la voix française originale est proprement excellente, se trouve affublé d'un timbre fluet, ce qui dénature complètement son esprit. Nous vous avons compilé une petite vidéo, que vous pouvez voir ci-dessous, et qui vous permettra d'écouter les voix françaises du jeu. Vous l'aurez compris, nous vous recommandons immédiatement de passer à la VOSTFR, les voix américaines étant de leur côté respectées. Cependant, autre bémol : l'adaptation est parfois un peu timorée, certains sous-titres ne collant pas avec la virulence de certains propos. Étonnant et forcément un peu décevant.
Quelques exemples de la VF
L'illusion de la tactique
Une fois que l'on a accepté qu'il est préférable de jouer en version anglaise, South Park : L'Annale du Destin remplit très bien sa fonction d'épisode interactif, en se montrant d'ailleurs plus généreux que son prédécesseur. Côté combat, si le tour par tour est toujours de rigueur, une grille tactique fait sont apparition. Vous êtes ainsi désormais plus ou moins libre de vous déplacer sur la grille, et de tenter de jouer de votre positionnement pour infliger plus de dégâts. Par exemple, utiliser un pouvoir de repoussement afin d'envoyer un adversaire percuter un mur permettra de profiter d'un bonus de dégâts. Sur les 10 classes du jeu au total (qui ne sont dévoilées que progressivement), il existe un large panel de sorts, mais il faudra choisir seulement trois d'entre eux ainsi qu'un ultime. Le pouvoir ultime a un usage soumis à une jauge qui se remplit progressivement au fil du combat. Reprenant le système du Bâton de la vérité, les combats de l'Annale du Destin demandent d'appuyer sur des touches dans un timing précis pour infliger un critique ou esquiver des dégâts, ces actions permettant également de remplir la jauge ouvrant la porte aux sorts les plus puissants.
Dans les faits, on déplorera la trop grande facilité du jeu et l'absence réelle de portée tactique offerte par la nouvelle mobilité des personnages. Même en mode difficile, L'Annale du Destin n'offre qu'un challenge très mesuré et la mort ne viendra clairement pas souvent vous faucher. Il suffira simplement de bien choisir la composition de votre groupe et d'avoir des classes suffisamment complémentaires pour que la portée de l'ensemble de vos pouvoirs couvre toute la grille tactique. En outre, vous disposerez à terme d'un pet terriblement puissant, permettant de figer le temps ou de voler un tour à l'ennemi, rendant la plupart des combats encore plus accessibles. Seuls quelques combats de boss vous donneront un peu de fil à retordre, mais pas de quoi vous faire perdre patience.
Côté RPG pur, l'Annale du Destin ne fait qu'effleurer le sujet. Vous n'aurez dans cet épisode pas la possibilité de récolter de l'équipement, votre gain de puissance et celui de votre groupe étant assujetti à un système d'artefact, que vous pourrez greffer sur votre personnage. Chaque artefact offre un ou plusieurs boost spécifiques, mais malheureusement, il n'existe pas vraiment de sensation de gain de puissance au fil de l'aventure. Le constat est le même pour le crafting, qui n'offre pas vraiment de plus-value par rapport à ce que vous pouvez récolter après les combats. À l'image du Bâton de la Vérité, ce n'est pas de ce côté qu'il faudra chercher de la profondeur.
Des combats scénarisés originaux et variés
En revanche, L'Annale du Destin pousse le concept de « combat narratif » à son paroxysme. Effectivement, la configuration du combat et la nature de vos adversaires peuvent à tout moment changer en fonction des exigences du scénario. Ce qu'il y a d'assez formidable dans le jeu est que presque jamais Parker et Stone nous font oublier qu'il ne s'agit pas de super-héros qui s'affrontent, mais bien des gamins qui jouent au super-héros. Par exemple, lorsque vous affrontez le cousin de Kyle, ce dernier choisira parfois d'annuler l'un de vos coups voire l'un de vos tours, tandis qu'en cas de victoire, il appellera Sheila Brovlosky à la rescousse. C'est en réalité davantage le contexte qui déclenche le combat que le combat lui-même qui est un régal à suivre, et la mise en scène tout comme la diversité des affrontements permet de largement compenser l'absence de portée tactique. Un énorme soin a également été apporté à la personnalisation des coups : la police utilisera des tasers, les vieux vous enverront des poches d'urine à la tronche... bref, là aussi, il est toujours agréable de se laisser surprendre par l'imagination de Parker et Stone.
Et justement, les auteurs de South Park n'ont clairement pas été avares en contenu sur cet épisode. Effectivement, il existe de très nombreux objets à récolter, dont certains ne seront accessibles qu'après avoir résolu des petites énigmes environnementales, en faisant appel notamment à certains pouvoirs spéciaux de vos camarades. Les interactions avec l'univers sont assez nombreuses, et les fans prendront sans aucun doute plaisir à explorer les moindres recoins de la ville, qui renferment à tous les étages des clins d'oeil à de nombreux épisodes de la série. Comptez donc environ 15h du jeu, doublez la mise si vous voulez tout voir et tout récolter. L'avantage du jeu est qu'il récompense clairement les fans sans pour autant appuyer à l'excès sur le fan service. Effectivement, l'univers est suffisamment cohérent pour que chaque élément fasse sourire le néophyte, sans jamais qu'il sache qu'il est en présence d'une allusion à tel ou tel épisode. C'est pourquoi South Park L'Annale du Destin, avec son histoire terriblement drôle, son gameplay sympathique et l'acidité de son propos est encore une fois indispensable pour les férus de l'univers de Parker et Stone.
Acheter South Park : L'Annale du Destin sur Switch chez Amazon
Points forts
- Proprement hilarant
- 0 censure
- Des combats "narratifs" variés et bien amenés
- Respect scrupuleux de l'esprit et de la lettre de la série
- Scénario absurde et malin
- Interactions assez complètes avec l'univers
- Présence de très nombreux personnages de la saga
- L'intégration intelligente de références aux saisons de la série
- Bonne durée de vie (15-25h)
- Indispensable pour les fans
Points faibles
- Ne s'adresse quasiment qu'aux fans, justement
- Temps de chargements parfois longs sur Switch
- Manque de finesse en mode docké
- Trop facile
- Dimension RPG survolée
- Pas vraiment d'aspect tactique dans les combats
- Le doublage français de qualité variable qui ne colle pas toujours aux personnages
- Adaptation française pas toujours parfaite
Comme c'était le cas avec le Bâton de la Vérité, South Park : l'Annale du Destin est indispensable pour les fans de la série. Si on regrettera l'absence des voix originales auxquelles se sont substituées des doublages de qualité discutable, la trop grande facilité du titre ou encore le manque de profondeur de l'aspect RPG, le titre se déroule dans un enrobage d'une telle qualité que passer à côté de son histoire rocambolesque et de son humour corrosif serait franchement regrettable. Avec ses combats franchement variés et bien scénarisés, la grande fidélité à l'esprit de la saga et le plaisir ressenti à prendre part activement aux drames de la petite ville du Colorado, L'Annale du Destin vous donnera la sensation d'écrire vous même un épisode d'une quinzaine d'heure, qui ne manquera pas de bousculer la bienséance et de vous faire pleurer de rire. C'est bien là ce que l'on attendait de lui et c'est pour cela qu'on y joue.