Après nous avoir émerveillé avec un premier opus superbe, mais non sans défauts, Level-5 revient avec un Ni No Kuni II particulièrement attendu. L’aura qui entoure ce nouveau titre est bien plus palpable, ce qui engendre une attente indéniable. Voyons si Revenant Kingdom est à la hauteur.
Ce test est garanti sans spoil, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Non seulement les éléments scénaristiques principaux ne sont pas dévoilés, mais certains éléments de gameplay, lorsque nous considérons que leur découverte fait partie de l’expérience de jeu, ne sont pas détaillés. Vous ne saurez donc pas tout après avoir lu cet article : nous considérons que c’est la meilleure façon pour vous d’apprécier le jeu, tout en ayant conscience du nécessaire pour vous forger un avis. Nous vous conseillons aussi de ne pas vous rendre sur la visionneuse d’images si vous ne voulez pas trop en savoir. Les visuels présents sur le test ne divulguent aucun élément important.
Le petit Evan est le prince du Royaume de Carabas, prêt à être couronné Roi après la mort subite de son père. Malheureusement, le conseiller Ratoléon réussit un putsch politique, Evan ne devant sa survie qu’à l’arrivée inexpliquée de Roland, le président d’un pays téléporté d’un autre monde. Exilé, le jeune garçon doit alors reconstruire un Royaume tout en apprenant à devenir un souverain aimé et respecté.
Voici le pitch de Ni No Kuni II, qui pour une fois dans un J-RPG, est une vraie vision de l’expérience complète. Revenant Kingdom est une sorte de quête initiatique, qui voit Evan apprendre peu à peu à diriger un pays, bien aidé par Roland, le «fish out of water » de l’histoire. La politique, le social, l’économie et la défense sont des thèmes qui reviennent donc régulièrement. Rassurez-vous, Ni No Kuni II baigne constamment dans une douce naïveté qui lui évite de rentrer dans des discours barbants. La plus grande force du J-RPG de Level-5 est de réussir à mélanger ses thèmes en mariant, avec réussite, trois gameplay diamétralement opposés.
Espérance
Commençons par la gestion de votre nouveau Royaume, Espérance, que vous construisez à partir de deux bouts de ficelle. Peu à peu, vous avez de nouveaux sujets qui peuvent travailler dans les différents bâtiments que vous installez. Chaque citoyen a des compétences qui le destinent à un domaine précis, voir un don spécial nécessaire à un ou plusieurs domaines de recherche. Il vous faut aussi gérer l’économie, les finances vous aidant à améliorer vos structures et créer de nouveaux bâtiments. Vous pouvez aussi ouvrir des marchés, potagers, jardins, guildes de chasseurs et autres secteurs afin d’avoir constamment accès à des produits utiles, que ce soit pour l’économie ou pour vos besoins personnels. Chaque citoyen gagne en expérience et peut monter de niveau pour devenir plus efficace, ce qui peut débloquer de nouvelles recherches. Ce qui surprend, c’est de voir que ce système de gestion est loin d’être anecdotique : complet et complexe, il fait partie intégrante de l’histoire et peut, à lui seul, vous procurer des heures de jeu particulièrement plaisantes. Certes, il aurait fallu affiner un peu les menus pour faciliter les échanges de travailleurs entre les secteurs, mais dans l’optique, on voit vraiment son Royaume grandir et l'on comprend de mieux en mieux l’impact sur le reste de l’aventure.
STR-ance
Mais ce Royaume, il va falloir le protéger, et c’est en cela qu’interviennent les Batailles, qui font intervenir un tout autre gameplay. Vous vous retrouvez sur la carte du monde en mode STR, au contrôle d'Evan. Autour de vous, jusqu’à quatre bataillons gravitent et vous pouvez faire tourner tout le groupe avec les gâchettes. Chaque bataillon dispose d’une couleur, qui représente leur type d’armes tout en les plaçant dans le système de Pierre-Papier-Ciseaux qui régit chaque affrontement. En gros, le rouge a l’avantage sur le vert, qui domine le bleu, qui a le dessus sur le rouge. Puisqu’il s’agît d’un bonus de stats, le résultat n’est pas aussi catégorique, cependant si vous avez déjà joué à Fire Emblem, vous comprenez parfaitement l’idée. Lorsque vous attaquez une base adverse, il faut souvent détruire des canons et des tours d’archers, que vous pouvez rapidement reconstruire pour en faire des bâtiments alliés ! Toutefois, le gameplay tourne autour de deux jauges distinctes. D’une, la puissance militaire permet de déclencher les attaques spéciales de chaque bataillon, de reconstruire les bâtiments ennemis détruits et d’appeler des renforts. De l’autre, la jauge militaire permet de donner des ordres rapides pour accélérer la vitesse de déplacements ou haranguer les troupes pendant un court instant. Considéré comme un tout, ce mode Bataille se définit comme stratégique, à tel point qu’il est sans doute l’élément le plus difficile à maitriser de Ni No Kuni. Il faut être habile pour opposer le bon bataillon à l’ennemi, tout en restant en mouvements pour éviter les tirs de canons. Néanmoins, il reste le moins intéressant des gameplays proposés, la faute à un manque d’évolution malgré des missions d’escorte et de défense de base.
EXP-érance
Comme nous le disions précédemment, ce n’est pas seulement la qualité des gameplays de Ni No Kuni II qui façonne l’expérience de jeu, mais aussi la façon dont ils s’incorporent parfaitement à la dimension J-RPG. Car bien évidemment, en dehors des phases de gestion du Royaume et des Batailles, le titre de Level-5 est un J-RPG dans le sens classique du terme. Vous voyagez de région en région pour découvrir de nouvelles cités, et combattez des monstres de plus en plus coriaces, pour faire avancer la trame principale. C’est justement là que la magie opère, puisque ce que vous faites dans le mode Royaume et le mode Batailles (mais surtout dans le mode Royaume) a un impact sur le gameplay général. Dans les villes, vous pouvez effectuer des quêtes pour « recruter » de nouveaux sujets, ce qui se résume souvent à du massacre de monstres ou de la récupération d’objets. Si vous êtes du genre pointilleux, à vouloir tout faire avant votre prochaine étape scénaristique, autant dire que vous allez avoir du mal à vous en sortir parce que vous risquez d’enchaîner les allers-retours entre Espérance et vos lieux de quêtes. Heureusement que vous pouvez vous téléporter facilement, malgré quelques zones plus pénibles à atteindre que d’autres !
Ni No Kuni 2 : Dix minutes de gameplay avec Roland
Malheureusement, il faut l’avouer, les quêtes de Ni No Kuni II ne sont pas des plus intéressantes, et bien qu’elles s’accompagnent souvent de petites saynètes clichées, elles finissent par devenir redondantes à la longue. C’est d’autant plus notable que le scénario principal dispose des quêtes similaires, dont la présence ne sert qu’à rallonger disgracieusement la durée de vie. Certes, il y a quelques passages plus intéressants, mais on vous laisse les découvrir par vous-même. Puisque l’on parle de redondances, sachez aussi que l’exploration comporte quelques éléments paresseux, comme les nombreuses grottes clonées qui constituent une belle partie des donjons dès qu’on sort du scénario principal. Des environnements ternes, sans originalité, qui s’écartent totalement des magnifiques lieux dans lesquels le scénario nous guide, comme les villes qui fourmillent de détails. Une direction artistique en dents-de-scie, même s’il est difficile de se plaindre la plupart du temps.
Epéerance
Mine de rien, tout ce blabla nous laisse avec un gros morceau : les combats. Ni No Kuni II prend une dimension bien plus action que son prédécesseur et offre des affrontements d’un dynamisme surprenant. Les ennemis apparaissent parfois par grappes de quinze, les compétences s’accompagnent d’effets impressionnants et il faut jongler entre les attaques faibles et puissantes, les attaques à distance et les magies. Les deux premières servant à remplir la jauge dans laquelle puisent les deux suivantes, il faut veiller au grain pour ne pas manquer de PM au moment opportun. Comme si cela ne suffisait pas, vous êtes accompagnés de Mousses, des petits compagnons mignons à trouver partout dans le monde, qui vous épaulent avec leurs capacités propres. A vous de jouer avec les éléments pour remporter la bataille. Bref, le système de combat est fun et aurait même pu s’avérer excellent… Si Ni No Kuni II n’était pas aussi facile. A vrai dire, à moins d’affronter un ennemi 10 niveaux au-dessus du votre, ce qui n’arrive jamais dans le scénario principal, vous n’avez absolument aucun mal à occire tout ce que le jeu essaie de vous balancer sous l’épée ! C’est un défaut loin d’être anecdotique dans un jeu du genre, qui va jusqu’à vous offrir un Egaliseur qui vous permet de booster vos capacités face à certains types d’ennemis ou d’éléments à la volée ! Si l’outil est pratique, il reste mal équilibré, vous autorisant à affronter des monstres bien trop forts pour vous et ainsi profiter de leur butin. Pour vous donner une idée, nous nous sommes rapidement retrouvés avec des équipements disposants de 200 points d’attaque là où les butins des ennemis n’offraient que 80-90 points à ce moment de la trame principale. Et cela, sans suer une goutte.
Ni No Kuni II : Combat Trailer
Malgré ces quelques errements, Ni No Kuni II propose un autre bon point : les Labyrinthes. Certes, encore une fois, il va falloir être indulgent d’un point de vue direction artistique, mais puisqu’il s’agît de donjons générés de manière procédurale, on l’excusera exceptionnellement. L’idée est de descendre les étages sans l’aide d’aucune carte, pressé par une jauge de danger qui augmente chaque seconde. Cette jauge dispose de cinq niveaux, et à chaque fois qu’un nouveau niveau est atteint, les monstres deviennent plus forts. Il va donc falloir aller vite pour trouver la porte de chaque étage, ce qui va bien évidemment à l’encontre de l’envie de fouiller pour trouver des trésors. De plus, la récolte d’orbes roses permet d’ouvrir des coffres spéciaux, mais aussi de faire baisser la jauge de danger si vous trouvez une statue prévue à cet effet. On ne pense pas vous gâcher quoi que ce soit en vous disant qu’il y a un boss à la fin… Bref, ces donjons ont l’avantage d’offrir une expérience nouvelle à chaque fois, une chose que l’on ne refuse pas dans un titre qui s’avère quelquefois répétitif.
Vous avez maintenant tous les éléments nécessaires pour comprendre Ni No Kuni II. Vous a-t-on tout dit ? Non. On vous laisse par exemple découvrir le Mécabook, une sorte de Facebook interne qui nous a bien fait rire. Le mode Royaume regorge aussi de bonnes surprises, notamment dans son impact sur l’aspect sur le reste de l'aventure. Peu importe, vous l’avez compris, Ni No Kuni II est un très bon J-RPG qui manque juste parfois d’audace, malgré un mariage des genres réussi. S’il n’a pas l’aura artistique du premier opus, il garde une patte magnifique quand il ne s’égare pas, et l’inspiration Ghibli reste forte, même en dehors du chara design. Les musiques Joe Hisaishi accompagnent parfaitement ce conte, avec des thèmes forts qui poussent l’idée de voyage et de découverte.
Ni No Kuni II : Trailer de lancement
Points forts
- Une direction artistique singulière, surtout dans la trame principale
- Des combats ultras dynamiques
- Follement dépaysant, un vrai conte
- Le mode Royaume, complet et prenant
- La variété des gameplay, le mariage des genres
- Le chara design
- Les musiques de Joe Hisaishi
- Les Labyrinthes en mode procédural
- Beaucoup d'à-côtés
Points faibles
- Les quêtes répétitives
- Bien trop facile
- Les grottes et donjons annexes, laids et inintéressants
- Le mode Bataille est un petit peu en déca, bien que stratégique
Ni No Kuni II est un véritable conte, rapportant le rite initiatique du jeune Evan qui apprend à devenir roi. Volontairement naïf, il présente des personnages hauts en couleur dans un paysage artistique souvent enivrant, malgré quelques erreurs de parcours. Son mariage des genres, entre J-RPG, gestion et STR, est une vraie réussite, avec une inter-dépendance maitrisée. Rien que le mode Royaume peut vous amuser des heures durant ! Si le titre de Level-5 était plus inspiré au niveau des quêtes, et surtout moins facile, il aurait vraiment pu mettre la barre très haut. Il reste une expérience que l’on vous conseille sans crainte.