Moins d'un an après son annonce durant l'E3, A Way Out est fin prêt à sortir dans nos contrées. Il propose une formule devenue rare dans notre média : pas de solo, aucun multijoueur compétitif, mais un titre misant uniquement sur la coopération entre deux joueurs. Un concept plus risqué qu'audacieux, et qui a su nous charmer malgré une perfectibilité certaine.
Si l'information vous a échappé, il est grand temps de l'évoquer de nouveau : A Way Out est uniquement jouable en coopération et ne peut en aucun cas être parcouru seul avec l'aide d'une IA. Ce choix déplaira forcément à certains, il est toutefois parfaitement justifié par la nature même de l'aventure, puisque la narration et la réalisation sont entièrement pensées autour du concept. Pour la faire courte, le jeu perdrait une grosse partie de son intérêt s'il n'était pas réalisé en coopération. Si vous n'avez aucun second joueur sous la main, le système de pass ami vous permet d'ailleurs d'essayer l'aventure en ligne sans que votre compère ne débourse le moindre centime : une riche idée qui devrait faciliter la tâche des futurs acquéreurs. Pour ce faire, il vous suffit d'inviter un joueur de votre liste d'amis, qui recevra alors toutes les instructions nécessaires pour se joindre à votre partie.
Prison Break
Vous incarnez ici Léo et Vincent, deux personnages au passé criminel qui vont se rencontrer après l'arrivée du deuxième cité en prison. Ceux-ci sympathiseront rapidement pour en venir au vrai premier objectif de l'aventure, à savoir s'enfuir de l'établissement. Ce n'est qu'à ce moment que se déclenche la seconde phase de l'aventure, durant laquelle nos deux compères en cavale s'allient pour mener à bien une quête commune que nous tairons pour éviter de vous gâcher le plaisir de la découverte. Au cours des quelques heures (de 6 à 8 selon votre rapidité) nécessaires pour terminer le jeu, vous aurez ainsi l'occasion d'expérimenter différents types de prise en main allant du QTE le plus sommaire au triptyque infiltration/tir/course-poursuite à la sauce Uncharted.
Good coop, bad coop
Sur ce point, A Way Out répond aux attentes puisqu'il parvient à varier suffisamment les situations pour ne jamais nous ennuyer. Le soft offre même un soupçon de rejouabilité grâce aux quelques embranchements proposés qui changent certaines séquences à court terme, sans influer sur la trame narrative. Malgré quelques bonnes idées et un tableau global absolument pas redondant, les séquences de course-poursuite, de gunfights et d'infiltration évoquées plus haut souffrent toutefois d'un effet cheap : l'absence de sensation dans la physique des véhicules, le manque de pêche des armes et les réactions limitées de l'IA adverse n'y sont pas étrangers. Il est malheureusement difficile d'occulter pleinement ces défauts, bien qu'ils résultent davantage d'un manque de moyen que d'une absence de bonne volonté.
Les premières minutes du jeu
Une question d'attachement
En revanche, A Way Out exploite pleinement son concept du point de vue narratif. L'implication émotionnelle des joueurs est ici bien présente du début à la fin de l'aventure, portée par un duo de personnages certes un brin caricaturaux, mais attachants malgré tout. Si certaines séquences forcent un peu le trait pour émouvoir à tout prix, l'histoire vaut clairement le détour et peut difficilement laisser de marbre les deux joueurs une fois menée à son terme. Quelques mini-jeux facultatifs - allant du puissance 4 au bœuf musical façon Guitar Hero - viennent d'ailleurs s'immiscer dans plusieurs séquences pour apporter une touche de légèreté à l'ensemble. Le titre fait d'ailleurs preuve d'un certain sens du détail, proposant nombre de petites interactions sans intérêt autre que d'apporter une toile de fond à l'univers.
Bruce Splitscreen
A Way Out est évidemment loin d'être la claque de l'année visuellement parlant. Il s'en sort toutefois plutôt bien grâce à un style épuré qui tend à gommer les quelques faiblesses de modélisation. De plus, ses décors extérieurs s'avèrent soignés et proposent quelques jolis panoramas. Le tableau est moins inspiré concernant les personnages, aux styles et aux visages très génériques en dehors de Léo et Vincent. C'est sans doute sur ses choix de réalisation que le titre convainc davantage, puisqu'il fait le choix de proposer un split-screen quasi permanent, ne dérogeant à cette règle que pour mieux adapter sa caméra à l'action. En témoignent cet excellent choix de plan-séquence sur une course-poursuite, ses recours au multiécran façon 24 pour montrer les actions d'un potentiel ennemi ou l'utilisation judicieuse et non abusive du flashback. Le résultat est d'une grande qualité et appuie parfaitement la narration, tout comme la bande-son discrète, mais toujours juste.
Un exemple de course-poursuite d'A Way Out
Points forts
- La dernière partie du scénario
- Un concept entièrement tourné autour de la coop
- De bonnes idées de réalisation
- Mécaniques de gameplay variées…
Points faibles
- … À la qualité fluctuante
- Quelques séquences "émotion" un brin forcées
Avec son concept entièrement tourné sur la coopération, le studio Hazelight nous offre une belle expérience à même d'impliquer pleinement les deux joueurs dans l'aventure. Vous aurez ainsi bien du mal à rester indifférent aux pérégrinations de Vincent et Léo, certes pas toujours subtiles, mais au dénouement convaincant. La variété des situations rencontrées et la présence de quelques choix de réalisation inspirés contribuent aussi au caractère plaisant de l'ensemble. En revanche, A Way Out pêche encore sur quelques points qui l'empêchent d'atteindre l'excellence : outre des phases "Unchartediennes" peu inspirées, nous déplorerons ainsi quelques ficelles narratives un peu trop grosses sur une grande partie de l'aventure. Rien qui ne devrait toutefois empêcher les amateurs du genre d'y passer un bon moment, accompagnés de surcroît.