Les tirs fusent, les balles sifflent, les douilles cliquettent. Dans une ville meurtrie par un coup d’Etat, deux soldats luttent pour leur survie face à un adversaire présent dans chaque ruelle. Bravo Team nous fait incarner un des guerriers acculés en plein territoire ennemi. Armé d’un PSVR sur la tête et d’un Aim Controller dans les mains, le titre développé par Supermassive Games demande de passer de couverture en couverture pour éviter le sommeil éternel. Si les situations nécessitent parfois que l’on ferme un oeil pour viser plus précisément avec la mire, peut-on pour autant fermer les yeux sur les défauts de l’aventure ?
Cover-field
Notre reporter de guerre spécialiste VR était revenu quelque peu dubitatif à la suite de son expérience en compagnie de la Bravo Team au mois de novembre dernier. Il avait particulièrement regretté une immersion frustrante due au système de déplacements choisi. Il faut avouer que le titre publié par Sony fait des choix drastiques dans ses mécanismes de jeu et plus particulièrement dans sa jouabilité. Plutôt que de laisser le choix au joueur, Bravo Team oblige un système de téléportation (déguisé) d’une zone de couverture vers une autre zone de couverture. Aucun déplacement plus direct n’est possible, il va littéralement falloir passer d’une planque à une autre pour progresser. Ce que le joueur perd en mobilité, il le gagne dans les sensations de visée véritablement satisfaisantes. Caché derrière une voiture ou un muret, il peut s’accroupir comme se relever et se pencher physiquement pour dénicher un ennemi ou éviter les tirs. Il y a un petit côté Time Crisis pas forcément désagréable qui se dégage des sessions de jeu, mis en exergue par une gâchette qu’il faut maintenir pour viser par-dessus un obstacle. Si l’on met de côté les déplacements qui coupent l’action, les sessions de tir à l’Aim Controller sont satisfaisantes, particulièrement lorsqu’il faut s’aligner avec la mire pour faire mouche. On se prend alors rapidement au jeu de fermer un oeil pour viser plus précisément et de rester attentif à tout mouvement hostile.
Le joueur doit garder un oeil sur ses munitions, qui peuvent être ramassées en se plaçant sur des caisses prévues à cet effet. S’il se retrouve à sec, il a la possibilité d’équiper son arme de poing, accessible à tout moment en appuyant sur triangle. Bravo Team se parcourt accompagné d’un camarade, via la coop en ligne ou grâce à une intelligence artificielle. Un système d’ordre simple est de ce fait disponible pour aiguiller son fidèle compagnon. En cas de mise au tapis à cause de trop de balles encaissées, il est possible de continuer à faire feu avec son pistolet en attendant que notre collègue vienne nous requinquer. Si un joueur réussit à se mettre à couvert près d’un adversaire qui ne l’a pas repéré, il peut alors effectuer un assassinat silencieux. Il est cependant regrettable de ne pas avoir à mimer cette action, la mise à mort s’effectuant automatiquement dès que la zone de couverture près de l’ennemi est sélectionnée. Il s’agit d’un point critiquable du titre édité par Sony : si les sensations à l’Aim Controller sont bonnes lors des sessions de tir, les actions annexes à exécuter pour progresser dans l’univers (comme recharger, activer un appareil, ouvrir une porte, etc.) ne demandent pas d’actions particulières. Il suffit la plupart du temps d’appuyer sur un simple bouton de l’Aim Controller pour réussir une manipulation qui aurait pu être plus immersive en effectuant un mouvement particulier.
Aim Control, et guide mes pas !
À la manière d’un Call of Duty, les ennemis reviennent régulièrement dans la zone de combat une fois le ménage effectué lors d’un premier passage. L’idée de maintenir une pression constante est compréhensible, mais cela a malheureusement pour effet de rendre certains passages laborieux, en plus de rallonger un peu trop artificiellement le temps de jeu passé dans une arène. L’intelligence artificielle adverse, efficace à longue distance, perd étrangement ses moyens en combat rapproché. Il nous est effectivement arrivé de nous retrouver près d’un soldat sans que celui-ci ne nous remarque, en plein feu de l’action. Enfin, il est toujours un peu ridicule de voir le ballet qui se déroule lorsque les joueurs comme les opposants se déplacent d’une couverture à une autre, se croisant sans que cela n'occasionne une réaction particulière.
Bravo Team est pensé pour l’Aim Controller. Il est néanmoins possible de jouer au titre de Supermassive Games avec les PS Move et la Dualshock 4. La manette est utilisée de manière intéressante, puisqu’elle est à manier comme un pistolet devant son écran.
Le défaut le plus important de Bravo Team réside dans sa mise en situation qui manque drastiquement de variété. Le scénario, d’un classicisme désarmant, peine à amener des séquences suffisamment remarquables pour renouveler l’intérêt du jeu une fois la découverte des bonnes sensations à l’Aim Controller passée. Les chapitres s'enchaînent avec des ennemis qui arrivent dans tous les sens sans qu’à aucun moment un élément ne vienne apporter un peu d’originalité à une situation déjà vécue des dizaines de fois. Et ce ne sont pas les quelques armes mises à la disposition des joueurs qui peuvent prétendre apporter un soupçon de variété. Enfin, le level design dans ses grandes lignes n’étonne pas par la richesse de sa construction, ce qui est compréhensible par rapport au système de contrôles peu permissifs mis en place. En définitive, Bravo Team aurait sans doute eu besoin de quelques mois supplémentaires pour mieux doser son rythme et mettre en valeur ce qu’il expose, en plus de corriger ses quelques bugs visuels.
Points forts
- De bonnes sensations de tir à l’Aim Controller
- Jouable en coopération en ligne
Points faibles
- Progression sans temps fort et sans variété dans les situations
- Durée de vie courte et artificiellement rallongée par des adversaires qui reviennent trop souvent
- Système de déplacements qui casse le rythme
- Des bugs visuels
Les visages crient, les corps tombent, Les armes refroidissent. Bravo Team apporte de bonnes sensations de tir à l’Aim Controller, mais il peine à créer une aventure plaisante autour de son concept. Son univers bourré de poncifs peine à intéresser alors que le système de déplacements casse tout le rythme des rencontres. À l’image des zones de couverture à dénicher, le titre de Supermassive Games se heurte à trop d’obstacles pour délivrer une mission recommandable. Les passionnés d’armes qui souhaitent tirer sans se poser trop de questions en compagnie d’un ami peuvent néanmoins tenter la destination.