Dévoilé pendant la conférence PlayStation de l’E3 2017 lors d’un medley de titres VR, The Inpatient est une invitation à retourner sur les terres gelées d’Until Dawn afin d’y découvrir l’origine du mal qui hante Blackwood Pines. Cette préquelle propose en effet d’incarner un personnage amnésique qui subit des soins particuliers administrés par l’hôpital psychiatrique du coin. Il est cependant dommage de constater que ce sont sûrement les développeurs qui ont oublié que derrière chaque patient se cache un joueur. La pilule risque d’avoir du mal à passer.
Wendigogo gadget
Les premiers pas dans l’hôpital psychiatrique de Blackwood Pines se font assis, sur une chaise roulante pour être précis. Face à un docteur qui enseigne, tout d’abord, les choix de dialogue à exécuter à la manette ou via la reconnaissance vocale. Dans les couloirs de l’hôpital ensuite, où le jeune infirmier qui ressemble trait pour trait au légiste d’Hidden Agenda pousse le fauteuil jusqu’à une chambre dont l’état de salubrité laisse à désirer. Un lieu parfait pour retrouver l’usage de ses jambes et se familiariser avec les quelques commandes à mémoriser, comme le fait de pouvoir saisir un objet avec R2 pour ensuite le manipuler en bougeant sa DualShock. Une ouverture de porte se fait tout simplement en saisissant la poignée, puis en effectuant une petite rotation avant de la pousser. Les items ramassés débloquent des souvenirs qui lèvent petit à petit le voile sur le passé trouble du protagoniste incarné. Le Sixaxis du pad PS4 est par ailleurs utilisé pour diriger le faisceau de la lampe torche à l’écran. Pendant notre test, ce dernier avait malheureusement tendance à partir dans différentes directions, nous obligeant à tenir la manette de travers pour éclairer droit devant nous. La compatibilité avec les PS Move est un plus pour l'immersion malgré des collisions étranges à cause des bras qui se bloquent contre le décor.
Le joueur doit choisir au début de l’aventure son sexe et sa couleur de peau. Cela ne change pas le déroulement de l’aventure, mais détermine le sexe du patient avec qui la chambre sera partagée.
Le jeu est découpé en deux sections distinctes. La première partie place le joueur dans sa chambre, accompagné d’un ou d’une camarade d’infortune que la démence envahit jour après jour. Quelques choix de dialogue suffisent généralement à passer à la suite, ce qui engage une séquence de délire sur filtre verdâtre, permettant de déambuler dans l’asile et de se faire surprendre par de multiples jump-scare. La seconde partie se passe hors du dortoire, en compagnie de quelques survivants souhaitant fuir les lieux. Le titre de Supermassive Games n’est pas un survival-horror à la Resident Evil VII qui mélangerait angoisse et action. Il n’est pas non-plus un titre à énigmes comme l’est Paranormal Activity : The Lost Soul. Non, The Inpatient est un simulateur de marche semblable à Virginia, sauf qu’il déroule un scénario comportant peu d’éléments surprenants et se révélant d’un classicisme désarmant.
Deux de tension
Dépourvu d’énigme à déchiffrer et d’ennemi à combattre comme à fuir, le titre de Supermassive Games se laisse tranquillement parcourir, rythmé par des portes qui claquent et des visions qui, surprise, font apparaître des individus menaçants à quelques centimètres du visage du joueur. La courte durée de vie (2 heures) aurait pu être partiellement pardonnée si les réponses aux dialogues avaient vraiment influencé le déroulement de l’histoire. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Lors de notre second run pendant lequel nous avons pris d’autres décisions, choisi des embranchements annexes et réagi plus rapidement lors de situations critiques, nous avons noté quelques changements dans le nombre de rescapés en plus d'une fin modifiée. Tout le reste était majoritairement identique. Enfin, les choix et les situations sont peu voire pas implicants, la faute à des personnages pour lesquels on n’éprouve aucun intérêt. La progression est donc aussi peu savoureuse que ce croûton de pain poussiéreux trouvé sous le lit de notre copain/copine de chambrée lors d’une de ses nombreuses jérémiades.
Il est possible d’activer les commandes vocales pour répondre à voix haute aux PNJ en lisant les phrases affichées à l’écran. Cela ne créé pas pour autant un lien de proximité particulier avec les protagonistes.
On en vient à se demander ce qui a bien pu pousser Supermassive Games à sortir cette production. La réalité virtuelle est ici utilisée de façon sommaire car jouant sur des codes vus et revus du genre. Le soft ne tente rien ni dans son propos, ni dans ses mécanismes. Il se laisse entraîner à l’image de ce que doit faire le joueur pendant 70% de l’aventure, à savoir suivre des avatars sans âme dans de longs corridors sombres qui peinent à cacher une architecture peu inspirée. On n’apprend rien de plus quant aux origines des Wendigos, et seul le clin d’oeil final de la mauvaise fin devrait ravir les fans de l’univers façonné par le studio anglais. Coupé par de trop nombreux chargements déguisés, le jeu aurait mérité des séquences plus tendues ainsi qu’une vraie ambition dans ce qu’il montre et raconte, surtout pour la quarantaine d’euros qu’il demande.
Points forts
- Techniquement plutôt réussi
- Belle ambiance
Points faibles
- Un simulateur de marche sans originalité
- Scénario et personnages peu captivants
- Des choix sans trop de conséquences sur le déroulement de l'aventure
- Très court (2 heures)
- Quelques bugs visuels et de maniabilité
The Inpatient déçoit en n’étant qu’un simulateur de marche à tendance horrifique qui ne propose ni affrontement, ni fuite, ni énigme. Son scénario est, de plus, aussi plat que l’électro-cardiogramme d’un cadavre trop flemmard pour se relever. Dans cet étrange purgatoire où se côtoient les clones des acteurs d’Hidden Agenda, il est difficile d’éprouver de l’empathie pour qui que ce soit. Très court, le titre peine à créer des embranchements différents selon les choix, hormis à la toute fin. À l’image de la tragédie ayant engendré l’arrivée de la terrible malédiction qui frappe Blackwood Pines, The Inpatient est un titre mineur.