Objection ! Il aura fallu d’une simple expression et d'un concept unique en son genre pour que la série juridique de Capcom devienne culte. Depuis 2001, date de son apparition sur Game Boy Advance au Japon, la saga de Shu Takumi, d’abord connue sous son nom original Gyakuten Saiban, s’est développée sur de nombreux supports et compte désormais une douzaine d’épisodes canoniques et de spin-offs. Si la licence n’a plus la même aura que par le passé, elle demeure tellement originale et décalée dans son approche qu’elle ne peut laisser indifférent. En 2008, après une trilogie inoubliable, Phoenix Wright a laissé la place à Apollo Justice, un jeune premier découvrant les couloirs des tribunaux. Après dix ans d’une longue carrière sur Nintendo DS, ce dernier revient sur 3DS plus fringuant que jamais.
Justice doit être rendue !
La série des Ace Attorney a vraiment une histoire étonnante. Alors qu’il termine son travail sur Dino Crisis 2, Shu Takumi reçoit la visite de Shinji Mikami, son supérieur et créateur de la saga des Resident Evil, et lui demande de réaliser un nouveau jeu en six mois. Pris au dépourvu, l’homme qui a rejoint Capcom en 1994 réfléchit alors à une aventure narrative. Au départ, il est question d’un jeu d’enquête mettant en scène un détective privé prenant l’apparence d’un... hamster. L’idée est rapidement mise de côté et la petite équipe (ils ne sont que 7) poursuit son travail d’investigation. Au fil des jours, Takumi s'aperçoit que son scénario gravite autour de déductions, d'interrogatoires et d'informations à analyser. La panoplie du détective est alors zappée pour être remplacée par la toge de l'avocat et la concept inititial va s'étoffer pour devenir Ace Attorney. Durant sa création, la cartouche a failli être annulée après que deux membres de l'équipe aient quitté Capcom mais un renfort, provenant de l'équipe de Resident Evil, leur a donné le coup de pouce nécessaire pour boucler le titre. Le premier d'une longue saga...
IGIARIIII
Difficile de passer après le maître du barreau. C’est pourtant la lourde tâche qui attend Apollo Justice, nouvel avocat de la défense devant marcher sur les traces d’une légende de la profession. L’histoire prend place plusieurs années après que Phoenix Wright se soit éloigné de la scène juridique pour s’occuper de sa fille Trucy. Devenu joueur professionnel de poker, il est soudainement rattraper par son passé et se retrouve au cœur d’une affaire criminelle. Comme un symbole, l’élève se retrouve face au maître pour un premier acte servant de tutoriel. Dès le début, on retrouve l’intensité des joutes verbales de la licence, avec une écriture excellente, beaucoup d’humour et des retournements de situation fréquents. Pour une première, c’est un baptême du feu pour Apollo Justice !
Comme d’habitude avec Ace Attorney, le gameplay mélange la recherche d'indices sur le terrain et les séquences au tribunal où il est question d'interrogatoires. À l’instar des autres épisodes de la saga, le joueur doit, dans un premier temps, enquêter sur les lieux du crime pour récolter preuves et pièces à conviction. Vient ensuite la phase du procès où il est question de recouper les témoignages des témoins avec les indices obtenus. On s’amuse ainsi à analyser les dépositions et à lancer l’interrogatoire et le contre-interrogatoire pour percer le mystère. Se précipiter ne sert à rien car la moindre erreur est sanctionnée par un affaiblissement de votre barre de vie. Quand cette dernière est vide, votre protégé est accusé et c'est le Game Over. Par conséquent, le joueur doit prendre le temps de lire chacune des dépositions, scruter les pièces à conviction et faire les déductions qui s'imposent. En somme, un vrai jeu du chat et de la souris !
DE VRAIES NOUVEAUTÉS ?
Pour son arrivée sur 3DS, le quatrième épisode de la série méritait plus de nouveautés. Au-delà de la refonte graphique, le jeu supporte la 3D stéréoscopique de la portable et il est désormais possible d'accélérer les textes sans avoir à terminer les différentes affaires. Le stick circulaire, quant à lui, donne plus de souplesse aux investigations sur les scènes de crime, dans le sens où il est plus aisé de relever les empreintes digitales ou de regarder les objets à 360° pour y découvrir des éléments dissimulés. Mais pour le reste, l’épisode reste fidèle à ce qu’il était en 2008. À une exception près, et ça change beaucoup de choses. Capcom a en effet choisi de se baser sur la dernière version parue sur smartphones et tablettes et la traduction française, auparavant disponible, a disparu au profit de l'anglais et du japonais. Alors, certes, c'est toujours sympa, si vous comprenez la langue nippone, de faire le jeu dans son enveloppe d'origine mais ça diminue sérieusement l'intérêt de cette édition.
Points forts
- Des enquêtes prenantes
- Refonte visuelle efficace
- Le côté naïf d'Apollo qui traduit son inexpérience
- Qualité d'écriture
- Les retournements de situation
Points faibles
- Pas de traduction française
- Trop peu de nouveautés
- Uniquement en dématérialisé
Si vous avez la possibilité de vous procurer la version Nintendo DS, cette dernière suffira et vous pourrez profiter d’une véritable traduction française. Si vous êtes parfaitement à l’aise avec l’anglais et le japonais, cette mouture 3DS vous offrira, quant à elle, un meilleur confort visuel et quelques ajustements pour profiter d’un des meilleurs épisodes de la saga. Drôle et doté de personnages géniaux, Ace Attorney : Apollo Justice est un jeu formidable mais son absence de traduction vient porter un sérieux coup à son intérêt.