En 2015, Obsidian donnait naissance à Pillars of Eternity, fruit d'une campagne de financement participatif couronnée de succès et qui avait pour vocation de remettre au goût du jour le C-RPG. Alors que Pillars of Eternity 2 est sur les rails et que le jeu de base s'est enrichi du DLC White March, le titre d'Obsidian débarque sur PlayStation 4 et Xbox One dans une Complete Edition qui vaut le détour.
En terme de contenu, Pillars of Eternity : Complete Edition propose l'expérience de base agrémentée des deux parties du DLC The White March. Si du point de vue de la durée de vie, vous vous posiez la question de savoir si l'achat du jeu valait le coup, autant dire que oui, l'extension et le jeu d'origine pouvant facilement vous occuper plus d'une centaine d'heures.
Le contenu du jeu étant identique à la version PC, nous nous attarderons ici sur la qualité du portage, qui s'avère plutôt réussi et qui permet de profiter de toute l'expérience Pillars confortablement installé dans son canapé. Bien naturellement, l'interface a été refondue pour fluidifier la navigation au pad et le travail a été soigné par les équipes d'Obsidian. Qu'il s'agisse du passage d'un onglet de l'inventaire à un autre ou de la recherche des (nombreux) sorts à votre disposition, l'ergonomie est au rendez-vous et passées les quelques petites hésitations en début de partie, le coup de main est rapidement pris.
Il en va de même pour la sélection des membres de votre groupe, de vos cibles bref... toutes les fonctionnalités du jeu se trouvent et s’exécutent assez facilement. Côté optimisation, nous n'avons pas trouvé grand chose à redire. Le jeu sait faire preuve d'environnements assez jolis et détaillés sans jamais pour autant relever de la claque technique. En somme, si l'expérience RPG occidental dit « à l'ancienne » vous tente sur console, vous pouvez vous ruer les yeux fermés sur cette édtion complète de Pillars of Eternity, qui reproduit certes les défauts du jeu d'origine mais conserve aussi ses vraies qualités, en grande partie narratives. Toutefois, si vous avez le choix, on vous recommandera plus chaudement le clavier et la souris pour le système de combat en temps réel avec pause active, plus fastidieux qu'un système au tour par tour.
Notre test PC de Pillars of Eternity
Plus de 70.000 backers ont placé leur confiance et leurs étrennes dans la campagne Kickstarter menée par Obsidian pour son initial « Project Eternity ». Quelques années et 4 millions de fonds récoltés plus tard, Pillars of Eternity voit le jour. Avec ses allures d'hommage au C-RPG et son ton résolument old-school, les backers comme de nombreux autres joueurs attendaient avec une religieuse attente de savoir si Pillars pouvait être considéré comme le successeur légitime d'un certain Baldur's Gate... eh oui, rien que ça.
Avant même d'aller plus loin, il convient de rappeler qu'en dépit de ses qualités indéniables, Obsidian Interactive, pourtant responsable de joyaux tels que Fallout New Vegas, était au bord de la faillite et que la campagne Kickstarter pour Pillars of Eternity a clairement sauvé le studio de la liquidation judiciaire. Une excellente nouvelle qui permettra notamment à Chris Avellone (Fallout 2, Planescape : Torment) ou encore Tim Cain (Vampire: The Masquerade - Bloodlines, Fallout) de mettre à profit leur talent et leur créativité pour accoucher d'un Pillars of Eternity attendu comme le messie pour les fans de RPG occidental à l'ancienne. Ces derniers seront-ils déçus ? Sans doute pas.
Je vais vous prendre un RPG tradition complet s'il vous plaît
Il ne vous faudra pas longtemps pour simplement entrevoir l'ampleur du travail réalisé par Obsidian pour offrir un jeu complet à ses joueurs. En effet, les premiers clics effectués sur la feuille de création de personnage permettent de prendre la mesure de l'étendue des possibilités offertes par Pillars of Eternity pour façonner un avatar à son image. Si la personnalisation visuelle de votre personnage est réduite à sa plus simple (et franchement vilaine) expression, ses différentes capacités sont nettement plus paramétrables. Le panel de possibilités passe par un éventail de 6 races, 11 classes et 7 cultures différentes. Ajoutez à cela les traditionnels sorts inhérents à chaque classe et les attributs classiques (volonté, connaissance, etc.), chacun étant assorti d'un texte fourni et agrémenté de bulles d'aide bien pratiques pour les néophytes, et vous comprendrez que vous passerez déjà un certain temps simplement consacré à l'élaboration du personnage qui vous convient.
En outre, avant de vous jeter dans le grand bain, sachez que Pillars of Eternity vous propose 5 modes de difficulté différents (de Facile à Voie des damnés), chacun pouvant être assorti de handicaps supplémentaires qui ne seront pas modifiables en cours de partie. Le mode Expert désactivera une généreuse part d'aide en jeu, tandis que les plus masochistes pourront se frotter à l'Epreuve de fer, qui n'autorise qu'une seule sauvegarde et dans laquelle la mort est définitive. Compte tenu du défi que représente le jeu rien qu'en mode Normal, nous saluons le courage des aventuriers qui viendront à bout de ce mode, mais nous y reviendrons plus tard, car une fois tous ces paramètres choisis, il est temps pour vous de vous plonger dans les terres d'Eora, dans la nation de Dyrwood, théâtre des tragédies pas très jouasses qui tourmentent Pillars of Eternity.
Une science de l'écriture exemplaire
Le héros que vous incarnez n'est pas tout à fait une page blanche. Ayant récemment intégré une caravane en vue de vous rendre dans un petit village qui propose des lopins de terre à moindre coût, vous serez témoin de l'arrivée d'un « bîawac », sorte de tempête surnaturelle dévastant tout sur son passage. Après vous être réfugié dans une grotte et avoir arpenté quelques chemins, vous découvrirez votre pouvoir de Gardien, qui donne la faculté de voir les vies passées et sonder les âmes des autres, découvrir leurs craintes, leurs remords, ce qui donnera lieu à autant de quêtes intrinsèquement liées à ce don et toutes plus palpitantes les unes que les autres.
Un peu dérouté par votre nouveau statut, vous partirez en quête de vérité afin de comprendre ce qu'il vous arrive et tenter de contrer un mal qui affecte les femmes de Dyrwood, ces dernières ne donnant naissance qu'à des enfants sans âmes qui ne survivront que quelques jours après la naissance. Si le postulat de départ est en lui-même intrigant, c'est l'ensemble de l'univers de Pillars of Eternity qui immerge pleinement le joueur dans l'aventure, essentiellement grâce à la science d'écriture d'Obsidian, studio qui s'est toujours illustré par la complexité et l'intelligence de ses histoires. Sombre, mature et désespéré, le scénario de Pillars of Eternity sera riche en quêtes, en choix cruciaux et en rencontres.
Un peu à l'instar d'un Fallout New Vegas, la magie Obsidian a encore opéré. Si la quête principale est formidablement écrite, il en va de même pour les très nombreuses quêtes secondaires que vous aurez l'occasion de glaner auprès des personnages que vous croiserez au cours de vos pérégrinations. Effectivement, là où certains titres se contentent de soumettre au joueur des quêtes typées MMO, Pillars of Eternity propose une quantité astronomique d'aventures annexes qui s'inscrivent systématiquement dans l'intrigue, de telle sorte que l'on peine parfois à distinguer si l'on accomplit une quête secondaire ou si l'on progresse dans la trame principale. Toutes les quêtes profitent du même soin d'écriture et il vous sera difficile de ne pas vous laisser tenter par l'accomplissement des multiples objectifs à remplir, pour le plaisir d'en connaître les ramifications et d'explorer l'univers d'Eora.
De la lecture, encore de la lecture
Bien évidemment, comme nous l'évoquions plus haut, Pillars of Eternity exhale de prime abord un délicieux parfum old-school et la seule interface du jeu suffira à vous en convaincre. Pour conserver cet esprit « à l'ancienne », la narration du jeu se fera essentiellement par des pages et des pages de dialogues, dont seules quelques lignes seront doublées. Alors certes, si vous n'êtes pas franchement porté sur la lecture, il y a fort à parier que vous soyez rebuté par cet aspect très bavard et finalement très littéraire du jeu. Ceci étant, négliger la pléthore de dialogues reviendrait à amputer Pillars of Eternity d'une grande partie de son intérêt et vous empêcherait de parfaitement saisir les enjeux d'une histoire riche et complexe. Si l'on peut tiquer sur la qualité de la traduction française, qui est parfois imprécise ou émaillée de quelques fautes, nous saluerons humblement encore une fois la pertinence des interactions que vous aurez avec les PNJ, jamais les conversations ne tombant dans le cliché ou la facilité, bref, les drames vécus par le peuple d'Eora sonnent vrai et dramatique si l'on prend la peine de s'y attarder. En outre, vos interactions ne seront pas vaines puisqu'un système de réputation impactera directement votre aventure et la perception que le monde aura de vous et de votre groupe, car non, vous ne ferez pas cavalier seul longtemps dans Pillars of Eternity.
Vous pourrez recruter dans vos rangs jusqu'à 6 mercenaires, que vous croiserez au fil de votre aventure si vous prenez la peine de parler aux nombreuses personnes que vous croiserez. Si la quantité de compagnons que vous pouvez emmener dans votre périple est limitée, vous aurez à court terme la possibilité de constituer le groupe qui vous convient le mieux grâce à un système de forteresse, sorte de fief qu'il vous faudra améliorer au fil du temps et dans lequel vous pourrez « stocker » les compagnons superflus, les envoyer en missions non jouables pour récolter un peu d'expérience ou quelques pièces d'or. Bien qu'assez dispensable, il est agréable d'améliorer son fief et de bénéficier des bonus correspondant à chaque construction : améliorer une auberge vous donnera par exemple un bonus de dextérité si vous vous reposez sur place. En outre, si la constitution de votre groupe ne vous plaît pas, vous aurez la possibilité de recruter des mercenaires, façonnés de toutes pièces, dans les auberges des villes d'Eora afin d'obtenir le groupe le plus complémentaire possible entre DPS distance, DPS corps-à-corps et autres magiciens, tout en laissant aux aventuriers « scénarisés » le soin de remplir des quêtes sans vous.
A l'exception des mercenaires « faits maison », certains membres de votre groupe bénéficient eux aussi d'une véritable profondeur, chacun ayant leurs propres tourments, avec différentes quêtes pour le moins passionnantes et de longue haleine, qui donneront lieu autant à de l'exploration qu'à de nombreux combats.
Car l'exploration est grandement encouragée dans Pillars of Eternity, offrant de nombreuses possibilités de découvrir de nouvelles quêtes, de l'équipement rare ou de juteux butins pour acheter la dernière cape à la mode auprès des marchands. Vous évoluerez dans une carte segmentée par zones, chacune séparée par des temps de chargement qui seront malheureusement un peu trop nombreux, bien qu'assez courts. Effectivement, les différentes zones, très jolies et détaillées, sont assez petites et les écrans de chargement interviennent même lorsqu'il est nécessaire de passer d'un étage d'une auberge à un autre. Ces temps de chargement deviendraient vite frustrants et décourageraient l'exploration si Obsidian n'avait pas eu l'excellente idée d'implanter un système d’accélération de la vitesse du jeu. Si les déplacements en vitesse normale peuvent paraître assez lents, surtout lorsque vous devez rebrousser chemin pour valider une quête, une simple pression de touche vous permet de doubler la vitesse du jeu, rendant les allers-retours nettement moins pénibles. La vitesse peut également être réduite, ce qui sera particulièrement nécessaire en combat.
Avant, j'étais un bourrin, mais ça, c'était avant...
Vous vous en doutez, Pillars of Eternity propose un généreux lot d'affrontements aux mécaniques certes simples mais dont l’efficacité n'est plus à démontrer. Fonctionnant sur un système de pause active, permettant d'une simple pression de la barre espace de mettre l'action en suspens afin d'étudier le terrain et de disposer stratégiquement vos aventuriers, les affrontements de Pillars of Eternity sont particulièrement retors, même en mode Normal. En premier lieu, le Friendly Fire est de mise quel que soit le mode de difficulté. Ainsi, même si vous préférez vous laisser bercer par l'histoire en faisant passer les combats au second plan, sachez que même le mode Facile inclut les dégâts alliés. Et lorsque l'on sait que les DPS magiques ont énormément de sorts à effet de zone, autant dire qu'il faudra bien exploiter les capacités d'entrave des ennemis pour positionner convenablement tout votre petit monde avant de commencer à balancer à tout-va des AoE de flammes qui pourraient tout à fait rôtir davantage vos alliés que vos ennemis. Oubliez donc toute possibilité de bourrinage en mode "tête dans le guidon", la stratégie est de mise, la microgestion de votre groupe absolument indispensable, d'autant plus que le titre d'Obsidian n'a fait sur ce point que peu de concessions à la modernité.
Effectivement, alors qu'un Dragon Age, plus récent, a insufflé à vos compagnons une intelligence artificielle qui leur permet tout de même de prendre part au combat en l'absence d'ordres de votre part, ce n'est presque pas le cas dans Pillars of Eternity. En effet, il sera tout bonnement indispensable d'user et d'abuser de la pause active pour donner des ordres à vos compagnons sous peine de les voir gentiment attendre les prochaines directives pour prendre part aux affrontements. Si les classes de corps-à-corps ont tout de même bénéficié d'un certain esprit d'initiative les enjoignant de continuer à frapper une cible une fois le premier ennemi tombé, les classes à distance quant à elles n'ont pas profité de la même prérogative. Ainsi, dès qu'un sort sera lancé, vous devrez passer directement par la pause pour l'exécution du prochain mouvement, et ce n'est malheureusement pas le système de file d'attente, peu lisible et peu efficace, qui viendra arranger ce matraquage de la barre espace.
Les plus puristes apprécieront sans aucun doute cette absence de permissivité, les autres seront très certainement agacés à terme de cet excès de microgestion qui, après de longues heures, devient assez indigeste. Fort heureusement, cette ode à la nostalgie est contrebalancée par un système de combat très bien pensé, dont les dégâts reposent davantage sur la résistance aux dégâts que sur la barre de vie de vos personnages. En effet, les dégâts subis de front sont pour partie absorbés par votre valeur de résistance qui peut être augmentée par des consommables, de l'équipement ou des statistiques. Une fois cette barre de résistance tombée à 0, votre avatar s'effondre au sol, et les dégâts subis ensuite viendront grignoter sa barre de vie. Si votre groupe parvient à terrasser vos adversaires avant que la vie du compagnon à terre ne se réduise à néant, tout ou partie de la résistance du groupe sera récupéré, à la différence de la vie du personnage qui, elle, ne pourra être récupérée qu'avec un petit roupillon dans une auberge, dans votre forteresse ou grâce à votre matériel de camping, que vous ne pouvez emmener avec vous qu'en quantité limitée, variable selon le niveau de difficulté choisi.
La régénération de la barre de vie n'est d'ailleurs pas la seule vertu du repos, puisque certaines classes de personnage, à l'instar du magicien ou du prêtre, ne peuvent invoquer leur sorts les plus puissants qu'un certain nombre de fois entre deux moments de repos, nombre qu'il sera possible d'augmenter sensiblement en fonction de l'expérience des personnages soumis à cette contrainte. Ainsi, si vous ne prenez pas garde à la gestion de vos sorts et à votre repos, vous pourrez vous retrouver avec trois casters condamnés à exécuter leurs sorts les plus faibles, eux-mêmes soumis à un nombre limité entre deux combats. Si votre groupe est essentiellement composé de DPS magiques et que le combat est engagé, autant dire que vos chances de réussite sont maigres eu égard à l'exigence des combats et du positionnement de votre groupe.
Une grande liberté d'évolution des personnages
Qui dit combat tactique dit également obligation de penser à la complémentarité de son groupe. Obsidian a eu l'excellente idée d'accorder une certaine liberté de choix au joueur tant et si bien qu'il sera moins facile à ce dernier de rater complètement un personnage et ainsi de le contraindre à reprendre l'aventure depuis le début pour mieux parfaire son groupe. Dans les faits, même si de grands archétypes restent à respecter (ne négligez pas la résistance de votre première ligne par exemple), vous pourrez accorder quelques points de statistiques d'habitude réservées aux tanks à un mage afin qu'il ne soit pas totalement démuni au corps-à-corps, donner à votre robuste guerrier de solides capacités d'infiltration, de détection et de désamorçage de pièges ou encore de crochetage de serrure. Ainsi, quand bien même la spécialisation serait nécessaire, il vous sera nettement plus délicat de rater la constitution de votre groupe au point de reprendre l'intégralité de l'aventure.
En outre, si une portion de l'aventure est un peu trop compliquée et qu'une statistique venait à manquer pour terrasser un ennemi un peu trop puissant, vous pouvez vous adonner à d'autres quêtes pour faire grimper l'expérience de votre groupe ou, plus rapide, vous adonner à un système de craft très simple et efficace. Il suffira de presser la touche de votre choix au gré de votre exploration pour mettre en surbrillance les objets interactifs, récolter les plantes ou le contenu des coffres et les ingrédients nécessaires à la confection de potions, de parchemins ou d'enchantements dont les recettes sont déjà connues mais réparties par niveaux. Un menu fort simple vous décrit les bonus octroyés par votre future confection et le tour est joué. Cela est parfois préférable à l'expérience du groupe qui ne pourra pas être uniquement basée sur le farming de mobs.
Dans Pillars of Eternity, la progression en niveaux de vos personnages est lente, très lente. Si venir à bout d'un groupe d'ennemis puissants sera toujours plus rémunérateur que de balayer des petites créatures, c'est essentiellement par le biais de résolutions de quêtes que vous pourrez accéder à la répartition des points de talents entre les différents membres de votre groupe, qui bénéficient chacun d'une barre d'expérience individuelle. Ce point ne fera sans doute pas l'unanimité, essentiellement auprès de ceux qui préfèrent accomplir la quête en ligne droite sans se préoccuper du reste. Pourtant, ce parti pris d'esquiver les quêtes fedex et le pur bashing de mob renforce à nouveau l'immersion incroyable de Pillars of Eternity et ce n'est pas pour nous déplaire.
Une mélodie sans fausse note ?
Alors c'est certain, si vous êtes arrivé jusqu'à ce paragraphe, vous pourriez penser que Pillars of Eternity a tout du jeu parfait. Ce n'est pas le cas et le titre d'Obsidian a encore une marge de progression pour plus de confort de jeu. Outre l'éventuel agacement qui pourra s'emparer de certains joueurs au bout d'une trentaine d'heures de jeu à force de ne pouvoir passer un seul affrontement sans gérer chaque déplacement et chaque sort, c'est aussi dans la confusion handicapante des combat qu'arrive la frustration. Vous le savez, Pillars of Eternity propose une vue isométrique, et votre seule marge de manœuvre possible réside dans un zoom avant / arrière, sans possibilité de faire pivoter la caméra.
Parfois, certains décors faussent totalement les perspectives. Alors que vous aviez méticuleusement planifié votre affrontement, vous vous rendrez régulièrement compte – non sans effroi -, une fois la pause désactivée, que le goulot d'étranglement que vous aviez stratégiquement pris d'assaut ne pourra pas laisser passer autant de membres de votre groupe qu'escompté, vous forçant en plein affrontement à porter votre escouade vers une zone plus vaste pour obtenir davantage d'amplitude de mouvement. Par ailleurs, si les effets de sorts visuellement sont très réussis, autant dire qu'ils sont très nombreux. Il ne sera donc pas rare pour vous de passer à nouveau par la pause active uniquement pour cibler un ennemi à l'aide du zoom, pas toujours avec succès dans la mesure où sa microscopique hitbox se mêle souvent avec celle de vos frères d'armes.
De plus, nous l'évoquions plus haut, l'intelligence artificielle de votre groupe n'est clairement pas extraordinaire que ce soit au niveau de la prise d'initiative, vous l'avez compris, mais également au niveau du pathfinding, proprement catastrophique par moments. Tandis que, stratège que vous êtes, vous avez placé vos corps-à-corps en première ligne et vos distances à l'arrière avec la certitude visuelle que vous pourrez, une fois l'aggro solidement fixée par vos tanks, demander à vos mages de contourner le groupe adverse pour le prendre à revers ou de flanc, vous constatez avec rage que votre (prétendument) savant magicien n'est pas capable de contourner un allié ou d'emprunter un sentier que l'on croyait pourtant dégagé : il se trouve alors bêtement planté là, proprement incapable de faire quoi que ce soit. Il est alors nécessaire de déplacer les personnages entravant votre progression pour dégager de l'espace, mettant ainsi à mal la stratégie que vous pensiez infaillible. Ce genre de défauts ne pardonne pas lorsque l'on connaît l'exigence de Pillars of Eternity et croyez bien que la récurrence de ce genre de situations risque de faire hurler de rage plus d'un joueur. Si l'on tient compte du nombre de combats et d'ennemis (là encore variable en fonction du niveau de difficulté), il faut reconnaître que le handicap passe du banal à l'important... mais...
…gardons à l'esprit qu'Obsidian a réalisé quelque chose de grand avec Pillars of Eternity en dépit des imperfections et des bugs plus ou moins majeurs qui jalonnent le titre et qui constituent aussi la marque de fabrique du studio et que l'on finit toujours par pardonner tant le jeu transpire la passion du C-RPG et le respect des joueurs, mais aussi des personnes ayant participé au financement du titre. Vous en avez pour une bonne soixantaine d'heures si vous y allez franc du collier, doublez la mise si vous aimez explorer, tout lire et tout voir.
Points forts
- Une aventure riche et complexe
- Une écriture exemplaire
- Grande liberté d'évolution des personnages
- Décors variés et soignés
- Excellente durée de vie
- De très bonnes mécaniques de gameplay
- Bande-son réussie
- La présence de l'intégralité de The White March
- Interface bien adaptée au pad
- Des combats très tactiques...
Points faibles
- ... qui usent et abusent de microgestion
- De nombreux problèmes de pathfinding
- Cruel manque de lisibilité en combat
- Chargements un poil nombreux et un peu trop longs
- Système de combat à pause active qui reste parfois fastidieux à la manette
Même s'il faut bien reconnaître que l'arrivée de Divinity : Original Sin a donné à Pillars un léger coup de vieux, le portage console de titre d'Obsidian est suffisamment solide pour recueillir les faveurs des joueurs désireux de se laisser tenter par un RPG à la narration et à la profondeur qui forcent le respect. Avec une refonte intelligente de l'interface et la présence d'emblée des deux parties du DLC The White March, Pillars of Eternity : Complete Edition reste un choix de roi qui vous occupera de longues heures durant même si naturellement, le combo clavier / souris restera toujours plus recommandé dans un jeu proposant des combats en temps réel avec un système de pause active.