Quasiment un an, jour pour jour, après la sortie de l’excellent Guilty Gear Xrd Revelator, voici que déboule sa suite très attendue par de nombreux férus de baston en 2D. Même si le cœur du gameplay reste toujours aussi solide que spectaculaire, le résultat en revanche s’avère une véritable déception tant le contenu inédit fait défaut…
UN CASTING ENRICHI
C’est la bonne nouvelle de ce nouvel épisode de Revelator : le casting accueille quatre combattants supplémentaires pour atteindre désormais un total de 25 combattants. Toutefois, il est nécessaire de relativiser car ce casting apparaît assez faible en nombre comparé aux autres sagas (Blazblue Central Fiction affiche par exemple 33 héros jouables). Mais surtout seul Answer est véritablement inédit dans le roster. Car si sa première apparition date du volet Sign, c’est tout de même la première fois que le joueur peut incarner ce ninja-homme d’affaires, endossant ici le rôle de secrétaire personnel de Chipp Zanuff. Le résultat est d’ailleurs surprenant car Answer se révèle aussi technique que stratégique et ne devrait clairement pas convenir à un joueur débutant. Concrètement, le ninja en col blanc use et abuse de ses cartes de visites qui lui permettent tantôt de se téléporter – lorsqu’elles sont plantées par terre via l’attaque « Business Ninpo » – tantôt de se suspendre en l’air temporairement quand elles flottent au-dessus du sol.
De son côté, si Baiken est un des personnages favoris des joueurs de la saga Guilty Gear, ce n’est pas pour rien. D’abord, cette version féminine du samouraï se révèle aussi charismatique qu’attachante avec son caractère bourru qui ne s’en laisse pas compter. Il suffit d’ailleurs pour cela de suivre son histoire personnalisée dans le mode Episode pour apprécier sa verve fleurie et ses répliques pleine d’humour cinglant. Ensuite, elle est présente au sein de la saga Guilty Gear depuis le tout premier épisode, soit presque 20 ans ! Enfin, grâce à son katana destructeur et ses déplacements éclairs, elle offre un gameplay très stratégique. Tant et si bien d’ailleurs qu’elle devrait contenter les joueurs relativement aguerris et laisser au bord de la route les débutants.
En raison d’un référencement peu clair sur le PlayStation Store, l’Upgrade Package - qui permet de transformer Revelator 1 en Revelator 2 – n’apparaît pas aisément. Pour en profiter, il est d’abord nécessaire de posséder le premier volet de Revelator. Ensuite il faut aller dans l’onglet « Recherche » du PlayStation Store puis former le mot « GUILTY » en sélectionnant les lettres les unes après les autres. Puis, sur l’écran de droite, à l’aide du joystick, faites défiler les divers DLC puis arriver à la troisième page à celui intitulé « REV 2 Upgrade Package (CROSS-BUY) ». Il suffit enfin de le valider et de passer à la caisse (16,99 €) pour avoir accès au final à l’intégralité du contenu de Revelator 2. ATTENTION : avoir accès à l’intégralité du contenu ne signifie pas pour autant que tout est gratuit. Car si Baiken et Answer apparaissent effectivement sur l’écran de sélection des personnages et peuvent donc être joués directement après l’upgrade, en revanche – arnaque ! – Kum Haehyun et Dizzy font toujours office de DLC et doivent être achetés en plus ! Soit, pour le joueur désirant le roster complet, une facture qui s’alourdit considérablement !! Peut-être alors vaut-il mieux ajouter une petite poignée d’euros et acquérir directement la version boîte, d’autant que la version numérique de Revelator 2 atteint scandaleusement les 50 € sur le PSN…
QUELQUES RÉÉQUILIBRAGES ET AJUSTEMENTS
Disponibles sous forme de DLC dans le premier Revelator, les personnages Kum Haehyun et Dizzy se retrouvent enfin accessibles gratuitement dans cette nouvelle version (sauf pour « l’Upgrade Package » transformant Revelator 1 en Revelator 2 – lire encadré). Le premier arbore un petit côté Gouken de Street Fighter IV non seulement à travers son aspect physique mais aussi par l’intermédiaire de quelques-unes de ses attaques (boules de feu, coup de pied…). Bonne nouvelle : sa prise en mains, quasi immédiate, devrait contenter tous les types de joueurs, y compris les novices. A l’opposé, Dizzy apparaît assez difficile à maitriser pour effectuer des enchaînements. Et il faut aussi de la pratique pour tirer profit savamment de ses projectiles lents qui permettent de tenir un minimum l’ennemi à distance.
Outre son lot de personnages supplémentaires, Guilty Gear Xrd Rev.2 apporte également trois décors inédits, aboutissant ainsi à un total de 22 environnements sélectionnables. Si les animations présentes sont parfois minimes au sein de ces trois nouveaux décors, ils n’en restent pas moins joliment réussis. A commencer par Area 42 qui se compose de ruines et de statues envahies par une nature verdoyante et où règne un petit parfum de Miyazaki. De son côté, Jeon Ryok Residence prend la forme d’un quartier traditionnel coréen essentiellement féminin, tandis qu’Ogre Valley joue la carte de l’originalité en propulsant les personnages sur une embarcation très stylisée qui vogue au fil de l’eau.
Suite oblige, les développeurs en ont profité pour opérer de très légers changements à la fois sur le gameplay général mais aussi sur les personnages. Certes, il s’agit de modifications parfois mineures et très pointues, mais celles-ci peuvent faire néanmoins toute la différence aux yeux des fans de la première heure (comme le fait que l’ultime mouvement de défense Purple Roman Cancel mette cette fois à peine moins de temps à se déclencher). Par rapport au premier Revelator, la plupart des personnages a également subi ici certains réajustements, tantôt au niveau de leur hitbox, tantôt du point de vue de leurs animations ou de certaines attaques spéciales ne touchant plus tout à fait de la même manière. Que les puristes se rassurent néanmoins car il est toujours possible de choisir, dans le menu System Settings, entre l’équilibrage des personnages de Revelator 1 ou celui du 2.
DES MODES STORY ET ÉPISODE PAUVREMENT COMPLÉTÉS
Si Guilty Gear Xrd Revelator proposait des affrontements spectaculaires, il offrait également de longues séquences d’animations aussi superbes que passionnantes à travers les modes Story et Episode. Le mode Story était segmenté en neuf chapitres et, à l’aide de plusieurs heures de cinématiques sans interaction possible, racontait brillamment l’histoire générale. Les développeurs ont ajouté ici un tout nouveau chapitre intitulé « After Story », accessible uniquement après avoir visionné l’intégralité de l’histoire principale. Hélas, non seulement ce dernier ne dure qu’une trentaine de minutes mais surtout il se révèle particulièrement anecdotique. Ainsi, au fil des séquences, pendant que Raven se fait philosophe à la petite semaine, Sol et Ky entament une longue discussion amicale qui tourne finalement à l’affrontement.
Certes, il est fort probable que d’autres chapitres soient ajoutés gratuitement au fil des prochaines semaines mais, en l’état, l’intérêt de ces scènes supplémentaires reste proche du néant. Comme si les développeurs brodaient jusqu’à plus soif - le napperon complet de mémé n’est d’ailleurs pas loin - sur une poignée de faits insignifiants. Ce manque d’intérêt se retrouve hélas également dans les nouveaux « Episodes » présents dans le mode éponyme. Ces histoires personnalisées offrent un scénario agrémenté de séquences animées, en guise d’introduction et de fin, et entrecoupé de combats. Bonne nouvelle : Revelator 2 propose six nouveaux épisodes, puisqu’outre Dizzy, Kum Haehyun, Answer et Baiken, le joueur peut également découvrir ceux de Jam et de Raven qui n’en bénéficiaient pas auparavant !
Mauvaise nouvelle néanmoins : ces épisodes ajoutés ne se révèlent guère intéressants et même, pour certains, minimalistes en terme d’animation. Reste que ces différents scénarios servent de prétexte et constituent même une bonne motivation pour le joueur désireux non seulement de s’entrainer avec ses héros favoris, mais surtout d’en apprendre davantage sur eux. Il est à noter enfin que si le joueur possède une sauvegarde du premier Revelator, alors tout le contenu qu’il a précédemment débloqué dans le jeu se retrouve accessible directement dans cette suite. Et cela est valable pour les scénarios personnalisés du mode Episode mais aussi les chapitres du mode Story, ainsi que tous les bonus (couleurs, artworks, voix, cinématiques…) débloqués à l’aide de la monnaie du jeu, les World Dollars.
GALLERY ET LOBBY MEME COMBAT
Le constat est hélas le même vis-à-vis des lobbys et du menu Gallery : ils sont désertés, les premiers par les joueurs et le second par les bonus inédits. En effet, d’un côté, la probabilité de combattre en ligne reste peu élevée en raison du faible nombre de joueurs disponibles (quelques dizaines de joueurs situés au Japon et une maigre poignée aux USA). D’ailleurs, cela est d’autant plus dommage que le net-code semble avoir été un poil amélioré. Et d’autre part, les nouveaux éléments inédits à débloquer dans le menu Gallery se comptent sur les doigts d’une main (ou presque). Toutefois, cela ne retire rien au fait que la pêche aux bonus – via le menu Fishing – reste rigolote et qu’elle aboutit à découvrir au hasard des choses sympathiques (davantage de personnages, couleurs et poses) permettant d’agrémenter les dioramas du menu Figure. Seul regret ici : l’impossibilité de placer plus de deux personnages sur un socle. Au final, le constat est amer pour Guilty Gear Xrd Rev2 qui présente un contenu inédit beaucoup trop rachitique pour être séduisant…
Points forts
- 4 personnages supplémentaires et 3 nouveaux décors
- De la baston toujours aussi spectaculaire
- Rééquilibrage de certains personnages
Points faibles
- Trop peu de nouveau contenu vis-à-vis du premier Revelator
- Un complément du mode Story aussi pauvre qu’inintéressant
- Combats en ligne désertés
- Tous les textes sont en anglais (menus, tutoriaux ou encore sous-titres des voix japonaises)
- L’Upgrade Package de Revelator qui fait les choses à moitié
Bien entendu, pour les quelques nouveaux venus découvrant la série Revelator avec cette suite, le jeu apparaît incontournable puisqu’il offre une baston en 2D très spectaculaire truffée de séquences animées, de coups dantesques et de personnages charismatiques. Toutefois, il s’agit ici de juger avant tout cette suite par rapport au précédent volet. Et là, inutile de se leurrer : dès lors qu‘il possède la version précédente, le joueur n’en a clairement pas pour son argent ! A tel point d’ailleurs que le jeu fait carrément office de pseudo DLC vendu au prix fort, même si les férus de bastons les plus hardcore pourront peut-être se contenter de l’ajout de quelques personnages.