Depuis la sortie de son premier épisode en 2013, la saga Toukiden s’est peu à peu affranchie de ses origines “Monster Hunteresques” (pardonnez cet infâme barbarisme) en mettant l’accent sur son univers issue du Japon médiéval et ses mécaniques spécifiques de combat. Après une seconde version étendue labellisée Kiwami, Koei Tecmo et le studio OMEGA Force reviennent à la charge avec une suite tout simplement baptisée Toukiden 2. Désormais placée sous l’égide d’un simili “monde ouvert”, la chasse aux Oni est de retour avec une poignée de nouveautés dans sa besace pour le plus grand plaisir des amateurs de farm en équipe.
Pimp my Slayer
Toukiden 2 donne au joueur les outils nécessaires pour se façonner un personnage, les choix d’apparence sont nombreux, tout comme les réglettes de personnalisation capables de transformer votre adorable personnage d’anime en adorable personnage d’anime avec un très gros front et des yeux rigolos. C’est riche, varié et ça colle finalement plutôt bien à l’éventail de gameplay offert par les 11 armes du jeu. Deux petites nouvelles rejoignent notre arsenal, un combo épée bouclier au moveset mi-défensif, mi-offensif et re-mi-défensif derrière et une épée fouet que le personnage d’Ivy de Soul Calibur doit en ce moment même chercher un peu partout. Les deux armes bénéficient d’un gameplay solide et complètent un panel d'armes déjà riche en possibilités (des lances, des épées, double épées, kusarigama, etc.)
Prendre les démons en grip
L’ajout le plus intéressant de cet épisode concerne l’introduction d’une fonctionnalité propices aux galipettes en tout genre : la main du démon. Ce grappin inventé par le professeur du village de Mahoroba propulse votre personnage dans les airs avec un certain style. Mieux, sa mécanique est parfaitement intégrée aux combats puisque l’on peut littéralement s'agripper à un Oni pour lui retomber sur le coin du museau avec force et précision. Après avoir rempli l’une des multiples jauges de l’écran, la main du démon permettra aussi de réaliser une puissante “chop” capable d’arracher sans vergogne une partie entière de votre malheureux adversaire. Le grappin démoniaque est aussi diablement utile pour vous rapprocher rapidement d’un adversaire, vous agripper à certains éléments du décor et explorer tout en verticalité les vastes zones du jeu. Bref, la fonctionnalité remporte haut la main (pardonnez cette blague douteuse) la palme de la feature dont la licence aura bien du mal à se passer par la suite !
Émincé d'Onis
Comme toujours dans Toukiden, il s’agira avant tout de focaliser vos assauts sur certaines parties des démons afin de les trancher nettes. Pattes, cornes, griffes, tout doit disparaître ! Comme dans son homologue Monster Hunter, le chasseur en herbe s'évertuera à cibler de manière méthodique les parties craquantes des adversaires afin de récolter de précieux composants indispensables à l’artisanat. Pas de niveau dans Toukiden, la montée en puissance ne dépend que de l’équipement de votre personnage forgé à grand renfort de morceaux d'Onis auprès des différents forgerons du coin. Aidé par la vision infernale permettant de mettre en évidence les points faibles des ennemis et par un gameplay simple, mais précis, cette dynamique fonctionne toujours aussi bien dans cette suite à la prise en main des plus plaisante.
Un challenge correct
Je m'attarde un peu ici sur la difficulté globale du titre. Tout comme le premier volet, Toukiden 2 ne représente pas spécialement un énorme challenge pour le joueur, même face aux Onis les plus puissants de fin d’aventure. L’échec est plutôt rare en combat, car contrairement à un Monster Hunter, vos alliés peuvent vous relever en cas de K.O. Ajoutez à ça une palette de sorts de soins assez fournie et des monstres dont le comportement vous accorde souvent de grandes fenêtres de répit entre deux attaques et vous obtenez un jeu moins punitif que son modèle made in Capcom. Le titre d’Omega Force n’en devient pas moins une course de santé puisque l’étendue de son casting démoniaque renouvelle régulièrement les stratégies de combat à mettre en œuvre pour les terrasser.
S’il est tout à fait possible de partir à la chasse en solitaire, la plupart des joueurs arpenteront les étendues corrompues de Toukiden 2 accompagné de plusieurs compagnons contrôlés par l’IA du jeu (nous parlerons bien entendu de l’aspect multijoueur un peu plus loin dans le test). Habitués à nous coltiner des boulets dans beaucoup de titres faisant intervenir des combattants alliés, l’intelligence artificielle de la production d’Omega Force livre ici une prestation plus que correcte. Ils se placent bien, nous aident à canaliser les énergies sombres pour récolter les morceaux de démon préalablement découpés et prodiguent même moult améliorations temporaires bien utiles lors des rencontres les plus velus. Vous pouvez leur donner quelques ordres basiques (direction, attente, attaque) afin de renforcer l’aspect stratégique du jeu en groupe.
Esprits à la carte
De retour du premier volet, les Mitama offrent toujours une importante personnalisation de l’expérience du jeu. Ces âmes d’anciens héros tombés face aux Onis confèrent différentes capacités à notre personnage et servent en quelque sorte de constructeurs de builds. Ces âmes s’obtiennent toujours en complétant certaines quêtes spécifiques à travers le monde. Le pacte spirituel étend désormais ses racines non plus à un Mitama comme cela pouvait être le cas dans Toukiden premier du nom, mais à trois âmes à équiper sur notre avatar. Un esprit se loge toujours dans l’arme afin d’influencer notre style de combat (agilité, force, défense, etc.), un second vient trouver refuge dans notre armure et se déclenche sous conditions comme un vilain coup, une mort imminente et autres situations un brin tendues. Ce trio d’âmes déchues place son dernier représentant dans notre nouvelle main démoniaque afin de nous conférer une puissante capacité d’attaque. Les amoureux d’optimisation auront de quoi s’occuper durant des heures entières à chercher les combinaisons les plus puissantes de Mitama ou encore à réveiller leurs techniques supplémentaires.
Un monde vraiment ouvert ?
L'aventure de Toukiden 2 débute une nouvelle fois par l'éveil, soit l’arrivée dans le monde d’une horde d’Onis bien décidés à détruire l’humanité. En pleine possession de ses moyens, notre “Slayer” s’en va trancher de l’être démoniaque à la chaîne avant de tomber nez à nez sur un adversaire un peu plus costaud que les autres. Ni une ni deux, l'affreuse créature nous éjecte à travers un portail démoniaque qui nous propulse une quinzaine d’années plus tard dans le petit village de Mahoroba. Amnésique (comme c’est étonnant !), privé de sa puissance, le héros devra donc venir en aide à un monde désormais largement envahi par les forces des ténèbres. Le village constitue toujours le centre d’opération au sein duquel vous retrouverez les habituels PNJ marchands, artisans et autres prêtresses avec qui discuter pour augmenter les aptitudes de votre personnage ou de vos esprits gardiens.
La formule habituellement très cloisonnée des jeux du genre évolue vers plus d’ouverture avec ce Toukiden 2. Omega Force mise sur un simili “Open World” à explorer avec plus ou moins de liberté. Les abords du village constituent en réalité une zone de chasse libre dans laquelle on dénichera à la fois des matériaux, des quêtes et bien entendu des démons à affronter. Ce monde en apparence ouvert est en réalité délimité par des certaines barrières s'ouvrant à mesure de notre progression dans le scénario principal. Le joueur est ainsi invité à explorer différents âges (ou zones) afin de les purifier les uns après les autres de l'épais miasme qui les recouvre. Le titre se dote d’une histoire bien plus copieuse que par le passé et n’hésite pas à faire intervenir un large casting de protagonistes au cours de (très) longues séquences de discussions avant chaque mission. Si certains PNJ se distinguent par leur humour, la plupart font office de figurants bavards un brin clichés dont les dialogues s’étalent à l’écran sur des dizaines de panneaux pas forcément palpitants à lire.
Chaque zone reste pourtant assez vaste pour briser la traditionnelle formule établie par la série Monster Hunter de sous zones de combat entrecoupées de temps de chargement. Le personnage accompagne cette nouvelle liberté d’exploration avec un agréable sprint, la capacité de se téléporter auprès de stèles placées un peu partout sur les cartes ou encore par la possibilité d’utiliser sa main démoniaque pour franchir certains fossés. Les combats contre les plus gros Oni se déroulent toujours dans des zones aux allures d’arène, mais dénuées cette fois de temps de chargement. Toukiden 2 parvient donc à transposer sa philosophie de progression avec une certaine réussite au sein d’un monde moins confiné.
Le titre n’en oublie pas non plus de proposer des missions à la carte en passant par l’habituel comptoir de quêtes. Idéales pour farmer des composants spécifiques et profiter des combats en mode multi, ces missions, totalement dissociées de l’histoire principale, se déroulent dans des environnements fermés au sein desquels vous serez téléporté directement sur place. Le titre se dote d’un nouveau mode donjon où le joueur devra, au choix, gravir dix étages de démons ou parcourir les lieux jusqu’à ce que mort ou lassitude s’en suivent en mode “survival”.
Multi et qualité des différentes versions
Comme son aîné, ce Toukiden 2 s'avance accompagné des traditionnelles fonctionnalités multijoueur tant prisées par les joueurs. Vous jouerez en local ou en ligne pour peu que vous ayez opté pour la version Vita ou uniquement en ligne sur PS4 et PC. Les paramètres de recherche sont suffisamment variés pour éviter de partir à la chasse avec trois autres joueurs d’un niveau bien plus faible ou élevé que le vôtre. Les zones d’exploration libres s’explorent si vous le souhaitez accompagné par d’autres joueurs, entre PCistes sur la version Steam ou en mode serveur commun entre joueurs PS4 et PS Vita.
Cette sortie simultanée sur différentes plateformes (à saluer) limite forcément les ambitions techniques du titre. Les variations graphiques d’une version à une autre sont toutefois assez visibles avec une qualité des textures et une distance d’affichage plus faibles sur PS Vita ou encore un aliasing plus prononcé sur PS4 que sur PC. Aidé par une direction artistique réussie ainsi que par une modélisation convaincante des personnages et des Onis, Toukiden 2 parvient à faire oublier ses décors souvent génériques et linéaires, son aliasing un peu trop présent même sur PC et ses quelques ralentissements sur la console portable de Sony. Koei Tecmo répond enfin aux critiques adressées au portage PC de la licence en débloquant l’affichage en 60 fps (contre 30 fps sur PS4). Malgré une résolution maximale limitée à du bon vieux 1080p, le portage PC fait montre d’une certaine attention de la part de l’éditeur.
Points forts
- Des combats toujours aussi nerveux
- La main du démon, un grappin utile en toutes situations
- Exploration plus libre
- Riche en contenus et en personnalisation
- Toujours aussi efficace à plusieurs
- Un effort de scénario…
Points faibles
- … Mais de PNJ vraiment trop bavards
- Technique en retrait (quelques ralentissement à noter sur la version Vita)
- Toujours uniquement en anglais dans le texte
- On aurait aimé un poil plus de challenge
En conservant les bases de son ainé, Toukiden 2 raffine une formule déjà fort plaisante grâce à l’ajout de nouveautés qui font mouche. Le titre se forge une personnalité plus distincte en adoptant une progression dans des zones plus ouvertes où les affrontements avec les Onis s’entrecoupent de quêtes et de phases d’exploration. Plus accessible qu’un Monster Hunter, la production d’Omega Force renforce son approche hack’n slash avec des combats encore plus nerveux (merci la main du démon) et un panel d’aptitudes plus étoffé. Toujours plus agréable à parcourir en multi qu’en solitaire où une certaine répétitivité inhérente au genre pourra s’installer, Toukiden 2 n’en promet pas moins de très longues heures de jeu, de farm et de découpage en règle de démons.