C’est avec la créativité en porte-étendard qu’Ubisoft a abordé les derniers mois, mettant au monde deux nouvelles licences coup sur coup. Nous avons ainsi eu Steep, titre revisitant les sports d’hiver à sa sauce et c’est désormais à For Honor de faire son entrée dans les magasins. Explorant l’ère médiévale en proposant un gameplay bien à elle, cette nouvelle production du studio français se démarque radicalement de la concurrence en mixant les genres. Un peu de jeu de combat, un peu de beat’em all, un soupçon d’aventure, la recette est originale, mais fonctionne-t-elle réellement ?
Le solo pour apprendre
Effectuons une rapide présentation. For Honor vous propose d’incarner au choix l’une des trois factions suivantes : chevaliers, vikings ou samuraïs. S’appuyant sur une vue à la troisième personne, le jeu vous plonge ensuite au beau milieu d’un champ de bataille avec deux types d’unités, des sbires très faibles contrôlés par l’ordinateur et des héros, comme vous. Bien plus coriaces, ces derniers ont à leur disposition toute une palette de coups bien utiles pour remporter la victoire. Comme vous allez le découvrir au fil de ce test, le tout est relativement technique, mais rassurez-vous les développeurs ont mis sur pied un mode solo faisant office de tutorial géant que nous allons aborder maintenant.
Toutes nos aventures se déroulent dans l’univers fictif d'Ashfield, dans une version évidemment fantasmée de l’histoire. Tous les territoires sont dévastés et les différents ordres régnant sur ces terres se retrouvent fractionnés en petits clans belliqueux peu tournés vers le rassemblement. Divisé en trois grandes parties, ce mode campagne nous présente tour à tour chacune des factions. Comme le font désormais beaucoup de jeux, nous incarnons ainsi différents personnages aux motivations bien différentes, mais avec une objectif commun : rassembler les leurs afin d’assoir une domination synonyme de gloire et de puissance. Nous commençons ainsi notre aventure dans la peau d’un chevalier qui rejoint rapidement la mystérieuse Apollyon, figure emblématique du jeu et dirigeante de la Legion d’Obsidienne.
Nous aurons ainsi six missions pour imposer notre puissance sur celle des Vikings, chose qui se fera petit à petit grâce à l’aide de phases de tutorial bien construites. Capturer des points, manier la garde, effectuer des combos, tout nous est expliqué grâce à une mise en scène plutôt habile. Même chose du côté des guerriers nordiques et des samouraïs pour un total de 18 missions que vous mettrez entre 6 et 9 heures à terminer. Pour les amateurs de défis, Ubisoft propose tout de même quatre niveaux de difficulté offrant ainsi une rejouabilité correcte.
Malgré le côté "tuto géant" de cette campagne, nous prenons un certain plaisir à accomplir les différents objectifs qui nous sont imposés. Sans être un exemple d’originalité, le scénario qui se déroule au fil des heures reste prenant, s’inspirant notamment des grands récits mythologiques mettant en avant un héros prêt à tout pour mener son peuple à la victoire. Notez que le tout nous est présenté par l’intermédiaire de cinématiques de fort bonne facture, bien que légèrement entachées par des doublages français pas toujours justes.
Mode solo : À l'assaut des déserteurs !
Simple à comprendre, mais difficile à maitriser
Mais comme l’a clairement fait comprendre Ubisoft à travers ses différentes présentations, For Honor est avant tout un jeu multijoueur. Il faut dire que son gameplay technique et difficile à maîtriser totalement s’adapte particulièrement bien au jeu compétitif, donnant naissance à des batailles intenses que ce soit en duel sur des cartes resserrées ou lors de gigantesques conflits à travers l’immensité d’un domaine japonais.
Disons-le clairement, le système de combat est l’un des plus gros points forts de For Honor. Simple à comprendre, mais difficile à maitriser, celui-ci se base sur trois axes : gauche, droite et haut. Lorsqu’un ennemi vous assène un coup, vous devez rapidement incliner votre joystick dans la même direction que lui pour le bloquer. Bien sûr, le concept ne se limite pas à ça puisqu’il est également possible de briser la garde, projeter son ennemi, effectuer des roulades d’esquive ou encore utiliser des aptitudes. À choisir avant de commencer une partie, ces dernières font office de power-ups que vous pouvez utiliser à tout moment pour vous soigner ou augmenter certaines de vos caractéristiques.
L’autre point important à prendre en compte est la variété des classes qui nous sont proposées. Au nombre de quatre par faction, celles-ci possèdent chacune un équilibre entre vie, dégâts et vitesse d’exécution bien différent. Cela fait donc un bon nombre de paramètres à prendre en compte, faisant de For Honor un titre éminemment stratégique et technique. Toutes ces composantes s’accordent parfaitement et offrent ainsi des combats très rythmés et jouissifs. On sent qu’un réel effort a été fait pour peaufiner ce gameplay et c’est réussi !
Lorsque vous vous retrouvez face à face avec un ennemi, un sentiment de tension naît rapidement et se surprendrait presque à dire à haute-voix « Vas-y, frappe si tu l’oses ! ». Brise-garde ou coup direct, une fois que l’adversaire lance une attaque, le temps de réaction et la concentration restent primordiaux pour prendre le dessus. Il faut également reconnaître qu’asséner un coup de Fléau à un ennemi procure un certain plaisir, les sensations sont là. Côté précision, peu de reproches, si ce n’est l’action qui peut devenir légèrement confuse lorsque l’on se retrouve acculé dans un recoin ou au milieu d’une foule de sbires. Même constat du côté de l’équilibrage, le tout est correct même si nous avons constaté que certaines classes telles que l’Orochi semblent avoir un léger avantage sur leurs semblables.
Le multi pour passer aux choses sérieuses
Certainement conscients que les joueurs apprécient de plus en plus les petites sessions de jeu courtes, mais intenses, les développeurs proposent cinq grands modes pour ce multi. Le premier baptisé Duel, vous propose de guerroyer en 1v1 ou 2v2 en cinq manches. Très basique, mais en même temps très efficace, le mode Duel s’avère idéal pour gagner en maîtrise. D’un autre côté, nous avons le Dominion, jouable en 4v4. L’action se joue sur des cartes bien plus larges avec un but différent, celui de capturer des objectifs et tuer les sbires et héros adverses pour arriver en premier à 1000 points. Enfin, nous avons les modes Escarmouche et Elimination qui reprennent le principe précédent en retirant les objectifs à capturer.
La question est maintenant de savoir si un sentiment de lassitude ne risque pas de s’installer après une trentaine d’heures de jeu. Il faut bien reconnaître que même s’ils sont très différents, les personnages, cartes et modes de jeux proposés ne sont pas très nombreux et l’on se retrouve vite à revivre les mêmes scénarios. Si cela ne sera certainement pas un problème pour les hardcore gamers fans de jeu compétitifs, les joueurs plus casuals pourraient se lasser. Pour éviter cela, nous pouvons toujours compter sur les développeurs qui ont d’ores et déjà prévu d’ajouter de nouveaux personnages et modes de jeu dans les mois à venir. Espérons donc que ceux-ci seront suffisamment intéressants pour renouveler l’expérience.
Baston en multijoueur sur le mode Dominion
Personnalisation et modèle économique
Mais évidemment, se limiter à ces trois modes de jeu rendrait l’expérience vite répétitive et vide. Ubisoft nous propose un système de progression qui risque de tenir en haleine une bonne partie des acheteurs. Comme beaucoup de jeux compétitifs modernes, For Honor comporte un système de customisation du personnage. Mais en plus de modifier l’apparence de ce dernier, celui-ci vous permet également de booster ses caractéristiques. Il faut pour cela remplacer les différents composants de votre arme ou de votre armure par celles que vous gagnez en fin de partie ou à force d’ouvrir des coffres. Tout comme dans Overwatch, la monnaie in-game baptisée Acier vous permet d’obtenir des lots d’objets au hasard.
Comme dans le jeu de Blizzard, il est également possible d’utiliser l’argent réel pour s’offrir de l’Acier plus vite et engranger du stuff vitesse grand V. Etant donné que l’aspect customisation n’affecte finalement qu’assez peu le gameplay, cela n’est pas foncièrement dérangeant, mais il y a tout de même un hic. En plus des coffres, il est possible de débloquer plusieurs packs de costumes facturés entre 45.000 et 36.000 Aciers, soit l’équivalent de 30-40 € de cette monnaie en boutique. Chacun de ces packs contient trois ou quatre costumes et autant vous dire qu’économiser l’Acier gagné en fin de partie en espérant s’offrir l’un d’entre eux s’annonce laborieux. Autre constat du même niveau, le statut Champion proposé à 2.000 Aciers les trois jours améliore votre progression. Gain d’expérience augmenté de 25 %, butins plus nombreux, emblèmes de champions exclusifs, le tout est relativement intéressant pour progresser plus vite que les autres, mais le fait même que ce genre de services payants existe reste quelque peu dérangeant. Pour compenser un peu cette boutique dont certains prix sont à la limite de l’indécence, Ubisoft nous promet que tous les futurs DLC seront gratuits. Un bon point.
Très joli, mais pas tout à fait optimisé
Sans être une référence absolue, For Honor offre un rendu très solide. Les modèles de personnages jouissent de nombreux détails et sont très bien modélisés. Même constat du côté des effets et notamment de la météo qui a fort belle allure aux côtés des décors médiévaux que nous offre le titre. Le travail des Level Designers est remarquable avec une petite mention spéciale pour la carte marécageuse que nous sommes invités à visiter. Dans l’ensemble For Honor appelle au dépaysement.
Là où le titre est clairement en avance en revanche, c’est du côté des animations. La fluidité des enchaînements force le respect et c’est probablement l’une des productions proposant les déplacements les plus propres du marché. Vous ne verrez que très rarement des saccades entre les animations de votre héros, de quoi vous plonger un peu plus dans l’enfer du champ de bataille.
Au rayon des mauvais points, nous avons également les serveurs qui sont encore chancelants à l'heure de publication de ce test. Il nous est arrivé d'être déconnecté en plein milieu de partie ou d'avoir du mal à trouver des parties en ligne. Enfin, même si nous n’avons pas éprouvés de ralentissements sur le jeu, il est à noter que le fait de laisser le jeu tourner en tâche de fond à peine cinq minutes a régulièrement provoqué des crashs une fois de retour en jeu. Sur PC, For Honor mérite donc encore un peu d'optimisation même si ce n'est pas catastrophique.
Points forts
- Visuellement très réussi
- Un gameplay globalement précis
- Des mécaniques parfaitement huilées
- Les 12 héros, tous très différents
- La personnalisation vraiment poussée
- La mise en scène au poil
- Le Level Design remarquable
Points faibles
- Des serveurs et un client encore un peu instables
- Certains articles de la boutique, bien trop chers
- Les modes multi on ne peut plus classiques
À la fois technique et accessible, la nouvelle licence d’Ubisoft risque de scotcher un bon moment les amateurs de jeu compétitif. Car il est clair que c’est avant tout cette catégorie de joueurs que le studio français cherche à atteindre, même si les éléments d’un AAA classique sont bien au rendez-vous, à commencer par l’écriture. En effet, on aurait pu la craindre au premier abord, mais l’idée de mélanger les univers des chevaliers, des vikings et des samuraïs fonctionne finalement très bien, notamment grâce à une narration armée de très jolies cinématiques. Clairement secondaire, le solo se résume plus à une expérience sympathique faisant office de gigantesque tutorial permettant aux nouveaux arrivants de découvrir l’univers et les mécaniques mises en place par les développeurs. En définitive, en dehors de quelques soucis d'optimisation et de la boutique qui pourrait en agacer certains, For Honor et ses mécaniques bien huilées délivrent une expérience grisante et originale. Espérons donc qu’Ubisoft saura renouveler le plaisir avec de nouveaux personnages et modes à la hauteur dans les mois à venir.