Cela fait plus d’une décennie que Square Enix s’est porté expert en portages de JRPG de consoles de salon sur consoles portables, avec des résultats plus que probants. La série Dragon Quest fait évidemment partie des bons candidats et quelques mois seulement après le septième opus, c’est Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit qui fait le voyage sur 3DS.
Dragon Quest VIII est un jeu cher au coeur de nombreux fans de JRPG en Europe. Alors que la série avait jusqu’alors fui le Vieux Continent pendant une bonne vingtaine d’année, il fut le premier à daigner tenter la version PAL, en 2006 sur PS2. De nombreux joueurs ont alors pu découvrir les musiques de Koichi Sugiyami et le design de Toriyama à l’oeuvre dans un jeu de rôle coloré rempli d’humour et de combats épiques. Dragon Quest, c’est un style indémodable qui subit sans problème le poids des années et ce portage 3DS nous le prouve une fois de plus. Malgré un aspect légèrement plus cell-shadé et les limitations techniques de la console, le résultat final est plus qu’honnête et s’avère proche de l’original. Forcément, tout cela a un coût et on vous conseille d’acheter la version cartouche du jeu, pour éviter d’occuper pratiquement tout le stockage de votre console avec la version digitale… Oui, DQ8 pèse lourd.
Il faut dire que Dragon Quest VIII dispose d’un voice-over plutôt bavard qui ajoute un dynamisme certains à la plupart des phases de dialogue. On peut d’ailleurs féliciter un acting anglais de grande qualité, le même qu’à l’époque pour ceux qui avaient fait la version PS2 (avec quelques ajouts).
A l’aventure !
Dans Dragon Quest VIII, on joue le Héros, qui n’a pas de nom, parce que c’est Dragon Quest. Au début de l’aventure, on accompagne le Roi Trode, transformé en crapaud par un vil sorcier nommé Dhoulmagus. Avant l’intro, on a fait la rencontre d’un bandit nommé Yangus, qui s’avère loyal à au héros après que ce dernier lui ait sauvé la vie. Si l’idée principale est de retrouver Dhoulmagus pour inverser le sort qui touche le Roi (et sa douce Médéa, apparemment transformée en jument), le groupe fera de nombreuses rencontres et devra sauver la veuve et l’orphelin, soit pour avancer dans leur quête, soit par pure gentillesse. Comme toujours dans la série, la narration est fort bien maîtrisée, avec de multiples petits scénarios à la fois drôles et touchants et des personnages annexes charismatiques. Même si comme tout JRPG, il offre une longue durée de vie (50h pour le scénario principal à peu près), la division de la narration en petites histoires permet de jouer des sessions courtes plus facilement sans se retrouver paumé.
En termes de gameplay, on peut voir les choses de deux façons. Oui, Dragon Quest VIII est résolument classique dans sa structure. Les combats sont au tour par tour avec les choix habituels du genre et le système d’évolution qui permet de distribuer des points dans des compétences d’armes n’est pas des plus originaux, surtout aujourd’hui. Toutefois, il reste maîtrisé et efficace, ce qui n’est pas donné à tous les jeux. Parmi les particularités, il y a la possibilité de charger sa puissance pendant plusieurs tours pour décupler l’efficacité des attaques et compétences. Cela est d’autant plus important pour les compétences qui utilisent des PM, vous permettant de faire des économies pour les combats les plus longs. Puisque les compétences disponibles dépendent de l’arme équipée par le personnage, il est nécessaire de bien gérer les PC (points de compétences) à chaque prise de niveau. Booster une seule arme n’est pas toujours la meilleure idée car cela tend vers un manque de diversité, d’autant plus que le joueur est limité sur le nombre de points qu’il peut mettre dans les armes déjà haut-niveau.
Du passé au futur
En matière de difficulté, Dragon Quest VIII peut s’avérer ardu si on essaie de tracer en ligne droite. Malheureusement, il fait partie de ces jeux qui imposent, par moments, du leveling forcé pour passer des boss obligatoires. Si ce système était encore à la mode à l’époque de la sortie du jeu en 2004 au Japon, il faut bien avouer qu’il est de moins en moins usité à cause de son côté rébarbatif. Cela dit, si vous n’êtes pas réfractaire à l’idée de tuer du monstres pendant une heure ou deux dans le seul but de prendre des niveaux, vous ne devriez pas avoir de problème. La bonne nouvelle, c’est que contrairement à l’original, les combats ne sont plus aléatoires : vous voyez les ennemis se balader sur la carte et pouvez donc les esquiver si vous le souhaitez. C’est toujours une bonne chose.
Parmi les nouveautés, on profite aussi de quelques nouvelles features ajoutées dans le but de faciliter la tâche des joueurs. Par exemple, la vitesse des combats peut maintenant être multipliée par 1,5, rendant les phases de leveling moins pénibles. De son côté, le système d’alchimie, qui permet de mixer des objets pour en obtenir des nouveaux, a été grandement simplifié et amélioré, ce qui est loin d’être un mal. Le contenu n’est pas en reste puisque deux « nouveaux » personnages jouables vous rejoignent dans l’aventure. En effet, Morry et Rubis s’ajoutent à Angelo, Jessica, Yangus et au héros pour un total de six, un nombre largement suffisant vu le système de combat et d’évolution. Un nouveau donjon bien hardos est de la fête histoire de prolonger l’expérience, en plus d’un mode Caméra et d’un système de quêtes associé qui permet de récupérer des tas d’objets bonus. Bref, cela ne fait aucun doute, Dragon Quest VIII n’est pas un portage fainéant même si on aurait apprécié des menus plus ergonomiques, un défaut du jeu initial qui n’a malheureusement pas été corrigé entre temps malgré quelques tentatives de raccourcis.
Si une chose est sûre, c’est que L’Odyssée du Roi Maudit est un must-try pour tout fan de JRPG old-school, et cette version 3DS est une excellente occasion de vous y mettre, avec un portage de qualité. Bref, vous l’avez compris, on ne peut que vous conseiller l’achat !
Points forts
- Un JRPG massif dans notre 3DS
- Des personnages charismatiques
- Un voice-over de qualité
- Les musiques de Koichi Sugiyama, comme d’habitude...
- Le chara-design et les animations, au top
- L’alchimie, bien plus simple qu’auparavant
- Accélérer les combats, c’est bien pratique
- Du contenu supplémentaire (donjon, personnages)
Points faibles
- Mécaniques de jeu un peu old school
- Le leveling forcé par moments
- Les menus manquent parfois d’ergonomie
- Absence des musiques orchestrales de la version japonaise
- La version digitale pèse lourd. C’est un détail, mais bon
Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit sur 3DS est le portage de qualité d’un JRPG adulé par de nombreux joueurs. Digne épisode d’une série à l’univers incomparable, le titre offre des dizaines et des dizaines d’heures d’aventure ponctuées par de multiples petits scénarios qui ne manquent pas d’humour. Le titre propose des améliorations bienvenues et du contenu supplémentaire de bon aloi, et personne n’osera s’en plaindre. Quelques mécaniques de jeu à l’ancienne risquent de rebuter les joueurs les moins patients mais l’expérience vaut largement le coup.