Cela fait un mois que le PlayStation VR est sorti et nombreux sont les joueurs à se poser des questions quant à l'intérêt du casque de Sony. Avec Robinson : The Journey, Crytek compte bien attirer les indécis, en prouvant que la réalité virtuelle peut être synonyme d'aventures longues et captivantes. Profitant de leur expérience acquise avec The Climb, les développeurs allemands nous téléportent sur une planète luxuriante peuplée par des dinosaures et diverses créatures. Seul, face à l'immensité d'un monde aux mille curiosités, le jeune héros s'accroche à un minuscule espoir : celui de briser à jamais cette solitude qui l'étreint depuis de long mois.
S'il y a un constat à dresser après ces quelques semaines placées sous le signe du PS VR, c'est que les concepteurs aiment l'espace. Sur la quarantaine de titres disponibles, on ne compte plus les écrans-titre et univers à base de galaxies, d'étoiles lumineuses et de planètes inexplorées. La recette est toujours aussi efficace et ce n'est pas le dernier né des studios Crytek qui va nous contredire. Alors que la vie menait son cours sur l'Esmeralda, un incident a entraîné le crash de l'immense aéronef sur la planète Tyson III. Par miracle, un garçon nommé Robin est parvenu à s'en tirer grâce à une capsule de survie. Cela fait maintenant plus d'un an que le gamin n'a pas parlé à un autre humain mais il peut compter sur le soutien indéfectible de Higs, une sorte de HAL 9000 pacifique, et Laïka, une petite tyrannosaure très affectueuse. La première séquence du jeu s'intéresse d'ailleurs à la naissance de la créature et permet de créer un lien avec ce drôle d'animal de compagnie. En matière d'immersion, Crytek sait y faire. Et ce n'est que le début...
SEUL AU MONDE
Sans explication, le joueur se retrouve au sein de son abri de fortune. L'intérieur de la capsule 309-16-59 témoigne de l'adaptation du héros à sa nouvelle existence et des efforts entrepris pour survivre. Malgré l'étroitesse de l'endroit, Robin s'est constitué un environnement lui rappelant sa vie quotidienne au sein de l'Esmeralda. Moyens de communication, affiches, ballon, peluches, boite à outils, livres... tous ces objets font état des conditions précaires du garçon. À l'intérieur, il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à faire, si ce n'est d'utiliser la radio d'urgence ou d'écouter, pour la énième fois, le message compilant les règles de survie. Dans ces conditions, la première sortie est un véritable choc. La porte coulissante s'ouvre sur une jungle qui s'étend à perte de vue avec la carcasse du vaisseau spatial qui croupit au loin. Pour tenir le coup, Robin a confectionné un campement pour se nourrir et se protéger (grâce à des barrières électriques qui empêchent les prédateurs de s'approcher). En début d'aventure, le joueur est un peu paumé, il découvre le monde qui l'entoure, fait ses premières interactions et finit, petit à petit, par comprendre ce qu'on attend de lui.
Pour réaliser ce test, nous avons débuté l'aventure avec la PS4 Standard avant de la poursuivre avec la PS4 Pro. Nous avons ainsi pu remarquer quelques différences visuelles, sans que le gap ne soit spectaculaire. Le nouveau modèle de la machine de Sony permet une plus grande netteté des textures, un aliasing et un clipping moins prononcés et des effets d'éclairage améliorés. De là à changer de console pour ce titre, non. Tous les outils ont été conçus et réalisés sur PS4 Standard et on ne parle ici que de timides optimisations, rien de plus.
À CHAQUE SPOT SON ACTIVITÉ
Robinson : The Journey est construit sous la forme d'un jeu d'aventure mâtiné d'énigmes et, comme nous le verrons plus tard, de séquences d'escalade. Chaque secteur du camp permet au joueur de participer à une activité ou à un mini-jeu. Cela peut aller d'une partie de cache-cache avec Laïka à la reconstitution d'un épouvantail (pour faire déguerpir les ptérodactyles) jusqu'au lancer de ballon. Après avoir rétabli le courant et retrouvé votre bébé tyrannosaure, vous êtes fin prêts à arpenter les zones des alentours. Pour évoluer, les développeurs ont opté pour un déplacement fluide au sein de l'environnement. Plusieurs options s'offrent d'ailleurs au joueur afin d'éviter/atténuer le motion-sickness (soit une progression "coulée", soit par à-coups). Nous ne sommes donc pas en présence d'un titre à la Myst avec une succession de plans et l'immersion en sort gagnante.
Comme tout le monde le sait, le motion sickness varie d'une personne à une autre. Et autant vous l'avouer de suite, Robinson : The Journey risque d'être problématique pour pas mal de monde. Alors que votre serviteur n'a eu aucun problème avec les jeux PS VR (ni de maux de transport, ni mal de mer), l'expérience avec le jeu de Crytek s'est révélée déstabilisante (pour ne pas dire plus). Pour atténuer les effets du motion sickness et comme dit dans l'article principal, les développeurs ont intégré des options permettant de choisir entre un déplacement fluide ou un peu haché. Malgré cela, la sensation de mal de mer fut quasi omniprésente. On finit par s'y habituer mais il est difficile d'expliquer pourquoi ce jeu fait un tel effet et pas d'autres qui utilisent pourtant le même procédé de déplacement.
JE SUIS UNE LÉGENDE
La progression se montre plutôt limpide. Grâce à son étrange dispositif, Robin peut faire léviter les objets, les lancer, scanner les bestioles qu'il croise ou encore cibler un élément du décor avec son laser afin de donner des ordres à Laïka. Cette dernière pourra notamment rugir pour apeurer les brachiosaures et autres diplodocus qui bloquent le passage. Dans l'ensemble, les énigmes sont plutôt simples (même s'il faut pas mal cogiter vers la fin du jeu) et on prend un certain plaisir à retrouver les différents Higs. C'est d'autant plus vrai que le périple est parsemé de séquences d'escalade assez réussies mais qui peuvent s'avérer redoutables pour les cervicales. Et si le constat est vrai en virtuel, une chute à haute altitude étant mortelle, il l'est également dans la réalité. Le fait de lever le cou sans arrêt, de tourner la tête pour apercevoir les parois à agripper, ça peut causer certaines douleurs au bout d'un temps de jeu prolongé. On s'y habitue bien sûr mais c'est tout de même important de le souligner. Quoiqu'il en soit, avec ses 5 à 7 heures de jeu (tout dépend si vous prenez le temps de scanner toutes les espèces, de faire les mini-jeux, etc.), Robinson : The Journey est une expérience dépaysante. Bien qu'un peu lente (on ne peut pas courir) et manquant parfois de précision, elle n'en demeure pas moins très bien réalisée.
D'un point de vue graphique, le titre est assurément l'un des plus beaux de la gamme PS VR. Les environnements sont fouillés et vivants, les animations sont très soignées et on a véritablement l'impression d'être seul au milieu de nulle part. Bien sûr, les textures sont parfois floues, on dénote du clipping et il y a quelques bugs (Laïka qui plonge dans une eau en fusion sans prévenir) mais ça ne gêne pas tant que ça. Il est en revanche un peu étrange que les PS Moves ne soient pas compatibles, ça aurait vraiment fait sens durant les séances de grimpette. Même le dispositif de Robin ressemble à un PS Move, et pourtant... Par contre, il n'y a strictement rien à redire sur le plan des doublages et de l'ambiance. Même si la voix féminine de Robin peut surprendre, il faut bien avouer que les acteurs sont excellents. Il en est de même pour les "jappements" et des rugissements de Laïka ou des bruits de la jungle. C'est indéniable, Robinson : The Journey a fait l'objet d'un certain soin, même si tout n'est pas parfait.
Trailer de lancement de Robinson the Journey
Points forts
- Tyson III est belle et mystérieuse
- Le lien unissant le héros à ses deux compagnons
- Les dinos !
- Mix entre énigmes et escalade
- Réalisation très convaincante
- La durée de vie, surtout si vous scannez toutes les espèces
Points faibles
- Les effets du motion sickness
- Rythme un peu lent
- Quelques bugs
- Un peu d'aliasing et du clipping
- Pas compatible avec le PS Move
- Attention au cou durant l'escalade
- On aurait aimé plus de rebondissements
Attendu au tournant, Robinson : The Journey ne déçoit (presque) pas. Si les accrocs techniques et le manque de rythme pourront en gêner certains, le titre devrait ravir tous les amateurs de science-fiction et de dinosaures. Très prenant, il offre une aventure agréable, à condition d'aimer ce type d'expérience posée. Ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve au pied d'un brachiosaure de 12 mètres de haut ou à crapahuter sur des falaises abruptes. Malgré l'effort technique que demande la réalisation d'un tel jeu sur PS VR, les équipes de Crytek ont assuré. C'est beau, bien animé, détaillé et on a véritablement l'impression d'évoluer sur Tyson III. Sans les soucis liés au motion sickness, c'est l'un des meilleurs titres de la gamme PS VR.