Pour son grand retour sur console et PC, Hitman a choisi la voie périlleuse du modèle épisodique. Tout au long de l'année 2016, vous avez ainsi pu explorer Paris, Bangkok, Marrakech ou encore Hokkaïdo, des terrains de jeux complexes et riches pour les esprits les plus fertiles d'entre vous. S'il faut attendre janvier 2017 pour poser nos mains sur une version boîte, le titre nous propose d'ores et déjà l'intégralité de sa première saison en version dématérialisée, l'occasion idéale de faire un tour d'horizon des qualités et défauts de ce nouvel opus.
Comme nous venons de vous le rappeler, Hitman adoptait cette année un format épisodique proposant aux joueurs d'acquérir le jeu de base avec son prologue et les missions de Paris, avant de commander les niveaux suivants à la carte. Plutôt que des grandes paroles, on vous propose de retrouver ci-dessous un récapitulatif du prix des différents contenus proposés.
- Pack d'intro (15€ sur consoles / 12,99€ sur PC) – Contient le prologue et les missions se déroulant à Paris.
- Nouvelle destination (9,99€ sur consoles / 7,99€ sur PC) – Il est nécessaire de posséder le pack d'introduction pour acheter l'une des destinations suivantes.
- Le pack de mise à niveau (49,99€ sur consoles / 40,99€ sur PC) – Les joueurs ayant acheté le Pack d'intro pourront accéder à l'expérience complète avec ce pack.
- L'expérience complète (59,99€ sur consoles / 49,99€ sur PC) – Ce pack vous permet de débloquer tous les contenus et est désormais entièrement disponible.
Pour rappel, l'édition boîte de Hitman ne sortira qu'en janvier 2017 : l'expérience complète n'est pour le moment disponible qu'en version dématérialisée.
À la recherche du top modèle
Hokkaïdo enfin déployé, la première saison de ce Hitman nouvelle génération est donc bouclée et prête à être écumée de long en large par ceux qui l'avait laissée de côté pour le moment. Commençons donc avec le point qui a tant fait tiquer les joueurs, soit le modèle épisodique adopté par la franchise pour cet opus. Loin d'être un scandale financièrement puisqu’acheter l'ensemble des épisodes revient à payer un jeu complet neuf, le modèle pose surtout question pour une partie des joueurs habitués à « butiner » en errant de niveau en niveau. Tomber sur un stage un peu moins intéressant pouvait ainsi s'avérer frustrant pour le joueur, qui devait alors attendre quelques semaines supplémentaires avant de pouvoir de nouveau tâter de la corde à piano. De même, la structure du jeu l'oblige à boucler entièrement un épisode s'il veut continuer à jouer, sans possibilité de break salvateur sur une autre map. C'est sans doute davantage cette dernière donnée qui nous faisait tiquer avant que l'ensemble du contenu soit disponible : imposer un modèle ne convenant qu'à une seule façon de jouer. Un problème qui appartient au passé pour cette saison 1 du moins, puisque l'arrivée de la prochaine devrait s'accompagner d'un retour à la même structure.
Peaufinage de raison
Il faudrait faire preuve d'une bonne dose de mauvaise foi pour ne pas saluer le suivi exemplaire du jeu par les équipes d'IO Interactive : en plus de l'arrivée de niveaux inédits chaque mois, le titre a été régulièrement approvisionné en contenu additionnel gratuit tout en s'affinant dans ses mécanismes. On notera ainsi de nets progrès dans les comportements de l'IA, mais aussi une foule de petits détails tels que des indications supplémentaires sur le caractère prohibé d'un objet dans un niveau. Le résultat est convaincant : Hitman a gommé les carences de son pack d'introduction pour nous proposer un tableau d'ensemble propre et peaufiné. S'il reste quelques moments de frustration, ils ne pourront être imputés qu'à votre impatience face à une situation, le soft ne nous gâchant que rarement une situation par un bug ou l'absence malvenue d'une mécanique.
Un exemple d'assassinat dévoilé en vidéo.
Le cas 47
On aurait bien du mal à reprocher grand-chose à cette première saison. Outre deux niveaux d'introduction aussi anecdotiques sur leur contenu qu'intéressants en tant que tutoriel, Hitman nous propose 6 destinations vastes, diverses, bien remplies et artistiquement très inspirées, tout en parvenant constamment à se renouveler. Parfois par le biais d'un mécanisme changeant l'exploration d'un niveau – Système d'ouverture de porte lié à la tenue dans Hokkaïdo, environnement totalement hostile dans la ferme du Colorado – ou plus simplement par la nature de l'assassinat à réaliser. Le renouvellement vient également du joueur lui-même, qui peut toujours choisir son approche dans des environnements regorgeant d'opportunités et d'éléments cachés parfois franchement difficiles à trouver. Malgré un ton global sérieux, le soft est d'ailleurs toujours capable de nous décocher un sourire par un dialogue savoureux ou un défi décalé, balançant quelques références avec subtilité. Un terme qui colle plutôt bien à la série.
Toujours aussi exigeant, le titre ne s'adresse en effet clairement pas aux amateurs d'action nerveuse. De la patience, de l'observation et un brin d'agilité seront vos principaux alliés pour boucler l'ensemble des objectifs proposés de toutes les manières possibles. On notera surtout qu'à défaut d'avoir une mise en scène soignée – comme le prouve l'histoire principale, inintéressante et bâclée en quelques successions de cinématiques – Hitman brille par son level design ingénieux, fouillé, qui en fait un modèle de rejouabilité. Afin de gonfler encore un peu plus son potentiel, il a d'ailleurs le bon goût de nous offrir de nouvelles caches, armes, entrées dans les niveaux à mesure que l'on réussit celui-ci et progresse dans l'expérience dédiée à la zone, sans oublier de nous gratifier de contrats temporaires pour dynamiser l'expérience. Pour les challenges encore plus touffus, un tour par le mode contrats permet même d'intensifier la dimension scoring d'un titre parfaitement taillé pour une telle pratique.
Hitman ne brille pas par son histoire et sa mise en scène, finalement bien peu intéressantes.
Hitman of the year ?
Hitman s'adresse donc surtout aux joueurs patients et méthodiques, voire jusqu'au-boutistes dans leur façon d'aborder un titre : pour ces derniers, l'expérience pourrait aisément atteindre et même dépasser la centaine d'heures tant les niveaux proposés regorgent de possibilités. Les débutants ne sont pour autant pas laissés de côté, en témoignent la présence d'outils facilitant la découverte du titre tels que les opportunités. Une prise en main abordable donc, mais pas infantilisante pour autant puisqu'elle ne permet que d'effleurer le potentiel du titre et laisse au joueur le choix de plonger davantage dans l'expérience ou de se contenter d'un tracé basique. Au regard des qualités de cet épisode, on aurait tendance à vous orienter sur le premier choix, qui reste la meilleure façon d'apprécier un titre de la saga.
Points forts
- Des niveaux vastes et visuellement très réussis
- Accessible pour les débutants...
- ...mais riche pour les initiés
- Contenu copieux et régulièrement mis à jour
- Un soupçon d'humour savamment dosé
- Rejouabilité exemplaire
Points faibles
- Histoire totalement anecdotique
- La longueur des temps de chargement sur consoles
- Modèle épisodique qui ne convient qu'à une frange de joueurs
Désormais « débarrassé » de son modèle épisodique pas vraiment rassembleur, Hitman nous propose une expérience complète, portée par un level design soigné et taillé pour les joueurs créatifs. Il pêche sur son histoire franchement anecdotique et ne brille jamais par son IA, mais qu'importe : c'est avec plaisir que l'on parcourt ses niveaux aussi immenses que truffés d'opportunités. En mixant la prise en main d'Absolution avec la construction d'un Blood Money, Hitman récolte le fruit de ses expériences passées et parvient même à convenir autant aux experts qu'aux débutants, s'appuyant pour cela sur une formule à la carte et un menu aussi varié que copieux. Si vous avez un minimum de goût pour l'infiltration et la liberté d'action et que vous ne souffrez pas d'alopophobie, vous auriez tort de passer votre chemin.