Après l’avoir vu en long en large et en travers au cours de la seconde moitié de 2016, nous voici enfin face à la copie complète de Titanfall 2, laquelle comprend un multi plus pêchu que jamais ainsi qu’un mode solo que l’on espérait secrètement être à la hauteur, contrairement à ce que proposait le premier opus de la saga. Cette nouvelle mouture arrive-t-elle à se faire une place dans une fin d’année bien chargée côté FPS ? C’est ce que nous allons tenter de voir durant ce test…
Précisons pour celles et ceux qui auraient pris le train en route que Titanfall est une licence développée par Respawn Entertainement, studio fondé par d’anciens membres d’Infinity Ward. Ces ex-développeurs de Call of Duty ont en tête de proposer avec leur nouvelle franchise une épopée nerveuse, sous forme de FPS, en introduisant au passage une grosse dose d’asymétrie dans les affrontements. Les joueurs sont ici des pilotes, ultra-mobiles et redoutables, qui peuvent faire appel à leur titan, mechas massifs et destructeurs, afin de mener à bien les missions solo et renverser la vapeur lors des combats en multijoueur.
La caution « verticale » du FPS moderne est de retour
Commençons donc notre analyse par le gameplay de Titanfall 2, directement hérité de son grand frère. Le titre édité par EA réutilise donc habilement la recette de l’opus sorti en 2014 et l’agrémente au passage de nombreux ajouts, comme nous vous le disions durant nos Gaming Live et Preview réalisés ces derniers mois. Nous sommes ici sur un FPS ultra dynamique, mimiquant les sensations des fast-FPS d’antan, en donnant l’opportunité aux joueurs de se la jouer parkour avec des wallrun, walljump, glissades et autres joujoux pour aller toujours plus vite et surprendre l’ennemi avec classe.
Notre GL dédié au solo
Le tir en lui-même et la dynamique de touche est similaire à celle d’un Call of Duty ce qui n’est sans doute pas étranger au fait que les développeurs en aient produit 4 durant leur carrière. On rappellera d'ailleurs que, depuis 3 années, la licence d’Activision est partie dans la même direction que Titanfall en termes de déplacements et de verticalité exacerbée. Nous restons donc ici sur un gameplay qui a initié une nouvelle dynamique dans l’écosystème des FPS, et pour voir véritablement la nuance avec le premier Titanfall, il faudra se rendre premièrement dans les menus de loadout, cruciaux pour définir quel équipement vous souhaitez emmener, avec vous, pour la bataille.
Pas assez de contenu ? Très bien…
L’un des principaux reproches fait à Titanfall fut son manque de contenu et ce dernier se traduisait aussi par le nombre assez restreint d’armes, d'ajours d'accessoires à ces dernières et d’équipements. Les développeurs ont semble-t-il entendu les plaintes de la communauté puisque l’on compte désormais en moyenne 4 modèles pour chaque catégorie d'armes, chacune disposant de plusieurs viseurs, grips et chargeurs. La bonne chose qui accompagne cette constatation est que l’on conserve ici l’aspect « unique » des armes de Titanfall.
A l’inverse d’un Batlefield 1, lui aussi édité par EA, chaque fusil est reconnaissable et s’avère assez « marqué », avec son propre feeling, si bien que l’on changera très souvent de favori en fonction de la situation, du mode de jeu ou du type de joueur qui nous affronte. Ces différentes armes se débloquent au fur et à mesure que l’on progresse à travers les grades du multijoueur et l’on est donc très vite rassuré de remarquer que l’envie d’aller toujours plus loin est bien présente, même après plusieurs dizaines d’heures de jeu en multi.
Un excellent nouveau mode de jeu : Bounty Hunt
Au niveau des modes de jeu, là encore Respawn a été à l’écoute de ses joueurs. Si les classiques du genre sont toujours là sous des noms plus ou moins reconnaissables (Attrition, Capture the Flag, Team Deathmatch avec ou sans IA ou titans, sans oublier Free For All), on remarquera de nouveaux entrants, comme l’excellent et très stratégique Bounty Hunt. Ce mode, que nous vous avions déjà présenté, propose aux joueurs de s’affronter pour ramener des primes dans des « banques virtuelles » qui ouvre à la fin de chaque vague.
Ces fameuses vagues sont constituées d'IA toujours plus costaudes (grunts, robots, mais aussi titans) qui débarquent et rapportent des gros sous aux joueurs qui en viennent à bout. Une fois les banques ouvertes, les deux équipes chercheront à « déposer » leur argent durement gagné et n’hésiteront pas à tuer les membres de l’équipes adverse, venus eux aussi se délester de leurs primes. A chaque mort, vous perdez 50% de votre porte-monnaie : autant dire que les retournements de situation ne sont pas rares et que le tout tient parfois à très peu de chose… Ce nouveau mode de jeu est particulièrement savoureux et s’avère être l’un des meilleurs ajouts du titre.
Du neuf avec du vieux ?
Pour autant, les anciens modes ne sont pas en reste et l’on retourne avec plaisir sur Amped Hardpoint, un mode domination qui s’offre avec TF2 une variante où les joueurs présents sur un point allié peuvent le faire compter double, ce qui génère une dynamique agressive et défensive aux ramifications intéressantes. Last Titan Standing, un mode en apparence anodin où chacun débute avec un titan et opère de telle manière à ce que l’équipe adverse n’en ait plus aucun, refait lui aussi son apparition. Seulement voilà, Respawn a repensé les mécaniques de son concept et s’offre, comme vous l’avez sûrement remarqué grâce aux trailers et présentations du jeu, un nouveau système de Titans. Ces derniers ne sont plus de simples châssis légers, moyens et lourds auxquels se greffent quelques outils offensifs. La sélection de mechas comporte désormais 6 châssis uniques, dotés de leurs propres compétences et styles de jeu. Une nouvelle dimension qui rend le mode Last Titan Standing (et le reste du jeu) particulièrement appréciable et stratégique.
Un multi costaud
Qui dit nouveaux châssis uniques dit évidemment spécialisation des titans, et à ce niveau-là, on remarque très vite « qui fait quoi ». De Northstar le sniper volant qui utilise des câbles pour bloquer ses adversaires à Legion, la grosse brute qui joue du bouclier et de la gatling, en passant par Ronin le Mecha-Ninja léger et ultra mobile : les joueurs vont avoir l’embarras du choix. Ils pourront donc utiliser les Titans en tant que contre idéal face aux forces en présences ou face aux objectifs. Grâce à ces nouveaux modes et types de parties revisités, enrichis par un solide éventail des possibles en matière de customisation des loadouts et par la variété des boosts (hologrammes, grappins, stim etc.), Titanfall 2 parfait déjà sur d’excellentes bases. Respawn pousse le vice un peu plus loin en ajoutant à tout cela un système de duels uniques en arène fermée pour qui souhaiterait se faire un petit 1V1 avec un ami.
Notre second GL dédié à Titanfall 2
Ce mode, nommé Coliseum, est plutôt efficace et mériterait d'apparaître plus souvent dans la sphère des FPS compétitifs, même si l’on regrettera l’absence de roulement dans les armes proposées. Côté features intéressantes, on citera également le Network, un réseau de chat et de matchmaking entre communautés qui a suffisamment de bonnes idées pour être une réussite. Pour faire simple, disons qu’il s’agit d’un système de canaux de discussion qui permettent deux choses très utiles : lancer des parties et les proposer rapidement aux membres, mais aussi définir des happy hours, qui permettent aux joueurs de gagner plus de crédit si ils prennent part aux combats à heures fixes, ensemble.
Ces fameux crédits, mentionnés plus haut, font partie du système économique du titre, et offrent la possibilité aux joueurs de déverrouiller compétences et armes pour parfaire leurs configuration de jeu. Notez par ailleurs que Respawn et EA ne prévoient aucun DLC payant pour cet épisode, comme nous vous l’avions annoncé plus tôt cette année. Les cartes et modes de jeux seront donc livrés aux joueurs gratuitement, ce qui pour un FPS multi mérite d’être salué. Pour autant, avec un multi aussi bon, il demeurait avant le test une interrogation : que vaut la campagne solo, elle qui manquait tant au premier opus ?
Une campagne réussie ?
Avec ses 9 missions, la campagne solo de Titanfall 2 s’avère courte (5 à 6 heures) mais très agréable. Aucune longueur, une narration simple mais efficace, de l’humour et de très bonnes idées de gameplay sont donc à prévoir pour ce nouvel entrant dans la catégorie des triple A multi et solo. On y explore les faits d’armes de Jack Cooper, simple soldat de la milice, pris sous l’aile du pilote Lastimosa qui lui apprend les rudiments du métier. Après une première bataille, notre homme se voit malgré lui en charge de BT 7274, le titan de son mentor.
Commence alors une épopée au scénario relativement classique à mi-chemin entre Star Wars et Avatar, qui nous fera explorer en long en large et en travers la planète Typhon, occupée par l’IMC, belliqueuse corporation d’industriels avides de ressources. Face à eux, la Milice, composée de fermiers, de soldats et d’hommes libres avant tout. Une faction qui lors du premier Titanfall a fait ses armes et traque désormais efficacement l’IMC à travers la Frontière, zone où se situe Typhon.
La superbe cinématique d'intro du jeu
Du premier contact avec BT jusqu’à l’issue de notre campagne, nous allons ici passer du temps à pied comme en titan, jouant sur l’interdépendance entre le pilote et son mecha. L’IA de BT, ses réponses et réflexions donnent un peu de vie au cheminement relativement dirigiste de l’aventure. Cependant, on est régulièrement surpris par les bonnes idées de gameplay exploitées par Respawn Entertainement, idées que nous ne spoilerons pas pour conserver la surprise. Bien pensée, efficace et très plaisante, cette campagne est donc une réussite honnête qui vient compléter un quasi sans-faute.
Mais qu'est-ce qui cloche ?
Au rang des reproches que l’on peut faire à ce Titanfall 2, on notera tout de même le côté un peu daté de la réalisation, tournant sur une "base Source" qui nous rappelle parfois son âge canonique par des enchaînements d’animations incertains ou par des graphismes un peu trop plastiques. Néanmoins, ces soucis n’enlèvent rien à l’ambiance ou à la nervosité exemplaire de l’action. De même, certaines maps paraissent un peu vide et manquent de détails, mais ce n’est pas si grave et nous avons hâte de voir ce que réserve l’équipe aux joueurs pour les prochains ajouts gratuits de contenu. Notez par ailleurs que malgré ces quelques limitations techniques, le jeu affiche du 60FPS régulier sur consoles et s’offre même quelques panoramas somptueux. Chapeau bas à l’équipe et espérons que l’aura du premier épisode ne pénalisera pas la suite, qui sort dans une période bigrement chargée dans la catégorie FPS.
Les images qui accompagnent le test sont issues de captures vidéo sur la version PC du jeu.
Points forts
- Un gameplay à la verticalité exacerbée, ultra dynamique et jouissif
- Une aventure solo plutôt réussie, sans temps morts, parfois drôle, et doté de très bonnes idées de gameplay
- Un renfort efficace en matière de contenu au niveau du multi (armes, équipements, customisation esthétique, capacités, classes de titans).
- Une bonne sensation de progression sur le long terme
- Certains modes de jeu incontournables et stratégiques : Bounty Hunt, Last Titan Standing, Amped Hardpoints…
- Pas de Season Pass et du contenu gratuit prévu côté support à court et moyen termes
- Un mode Coliseum intéressant pour le 1V1 mais qui aurait mérité d'être plus poussé
Points faibles
- Le moteur graphique commence à dater malgré de beaux panoramas (enchaînements des animations un peu trop brutes, certaines maps un peu vide et parfois ternes)
- Des IA un peu limitées dans le mode solo (surtout lorsque l’on joue la carte de l’infiltration et de la furtivité)
Titanfall 2 est une vraie réussite. Grâce à son multi surboosté, auréolé de modes de jeux variés (dont l’excellent Bounty Hunt), ou encore grâce à ses classes de titans et à son éventail d’armes et de capacités, le titre s’assure une bonne durée de vie en ligne. De plus, Respawn entend bien garder sa communauté sans ajout de contenus payants post-sortie, ce qui est une excellente chose si le support arrive à suivre. On notera également la présence de matchs privés et des Networks pour organiser les parties avec sa bande. Loin de n'être qu’un jeu multi, Titanfall 2 réussit là où son grand frère avait échoué, en proposant une vraie épopée solo intéressante, drôle et plutôt efficace grâce à de très bonnes idées de gameplay. Une campagne et un multi qui prouvent que les développeurs disposent d’une véritable expertise sur les deux pans du FPS.