Enfin ! Après des mois à patienter, à rêver de koalas et déserts de sable rouge, Forza Horizon 3 est enfin là. Après un deuxième opus de haute volée, cette suite était attendue de pied ferme par tous les amoureux de belles carrosseries, mais pas que. Depuis sa première présentation, le titre de Playground Games a semble-t-il envoûté de nombreuses personnes qui salivent à l'idée de traverser l'Australie à plus de 250 kilomètres par heure. Une puissante magie serait-elle à l'œuvre ? Si c'est le cas, alors elle nous a également ensorcelés. Alors on attache sa ceinture, et on fait attention aux kangourous qui traversent sans regarder ni à gauche, ni à droite. C'est bête, un kangourou.
Belle histoire que celle de Forza Horizon 3. Il y a deux ans, le second titre de Playground Games fut largement ignoré par le public, et seuls ceux qui y avaient joué savaient que la Xbox One possédait là l'un de ses tout meilleurs titres. Et probablement l'un des jeux les plus marquants de cette génération de machines qui était alors à l'aube de sa vie. À la rédaction de Jeuxvideo.com, tandis que l'auteur de ces lignes découvrait la bête avec grand plaisir, c'est le ténébreux 87, pourtant peu sensible aux choses de l'automobile, qui se lamentait de ne jamais connaître le chant des V8 au soir d'un bel été toscan. Il faut dire qu'en sortant uniquement sur Xbox One, le titre s'était contraint à une certaine confidentialité (et non, la version Xbox 360 n'existe pas, chut). Les temps changent et en 2016, Forza Horizon 3 accorde la grâce de sa présence aux joueurs PC. Il n'en fallait pas plus pour que ce nouvel opus gagne une popularité au demeurant bien méritée. Car ce n'est que justice, comme le confirmeront ceux qui, depuis des années déjà, vantent les mérites d'une série peut-être restée trop longtemps dans l'ombre de son gigantesque grand-frère. Car avec ce Forza Horizon 3, on atteint quelque chose de rarement vu pour un jeu de course. Pas depuis... au moins 10 ans, en tout cas.
Australie, mon amour
Après le Colorado et l'Europe du sud, direction l'Océanie. C'est en Australie que Playground Games a décidé d'installer son nouveau terrain de jeu. Une zone vaste aux paysages variés, qui multiplie les plaisirs comme une boîte de chocolats. Au menu donc, cités fleuries en guise d'entrée, forêts pluviales en plat principal, et dunes de sable rouge pour le désert. Cette nouvelle carte rappellera aux habitués de la série leurs premiers pas dans le festival Horizon, qui en 2012 prenait donc place dans le Colorado, précisément pour cette belle diversité de décors et de routes. En plus sauvage, toutefois : les artistes du studio se sont amusés à placer ici et là crocodiles, kangourous, coyotes et autres bestioles exotiques qui apporteront un peu de vie à un endroit où les seules créatures mobiles que vous croiserez sont faites de métal.
Un effort tout particulier a été apporté au ciel du pays des Aborigènes. Nuages en mouvement, tempêtes de sable au lointain, tous influent sur l'éclairage et créé un jeu de lumière séduisant. Seul le brouillard matinal peine à convaincre entièrement, mais on l'oublie vite lorsque les premiers rayons de soleil parviennent à percer ce délicat voile de coton. L'Australie de Forza Horizon 3 est un spectacle à elle seule, et si par moments la Xbox One semble peiner un peu, le résultat est vraiment impressionnant. Le jeu n'est pas qu'une réussite technique, car c'est principalement d'un point de vue artistique qu'il impressionne : les panoramas qu'il nous offre à longueur de jeu sont parfois à couper le souffle. Un détail qui a son importance car c'est en partie de là que viendra le plaisir de parcourir ce monde ouvert qui recèle bien des secrets.
Et maintenant, c'est qui le lion ?
Jusqu'à présent, la série Horizon avait l'habitude de vous mettre dans la peau d'un jeune pilote participant au festival du même nom. Après l'avoir remporté haut la main peau d'lapin dans les deux premiers jeux, vous pensiez devoir faire tout refaire ? Eh bien, non. Et oui, en même temps. Dans ce troisième opus, le patron, c'est vous. Vous êtes le boss du festival et vous allez pouvoir décider de nombreuses choses. Mais vos nouvelles fonctions vont également vous imposer quelques obligations. La première n'est pas des moindres puisqu'il vous faudra développer Horizon Australie, en faisant venir toujours plus de fans. La solution ? Participer à des courses, et épater la galerie autant par vos chronos que votre habileté à conduire avec classe. Voilà pourquoi en fin de compte les différences avec les jeux précédents sont finalement assez limitées puisque dans tous les cas, il s'agira avant tout de faire des courses pour gagner de l'argent et acheter de nouvelles voitures. Le jeu laisse de côté les road-trips façon Forza Horizon 2 ; pour passer d'un point à l'autre de la map, il faudra le mériter, en faisant gonfler le nombre de fans. En tant que patron, vous aurez différents outils pour y parvenir mais le plus simple reste encore de participer à des courses, et de les gagner. Lorsque le nombre de fans requis sera atteint, le jeu vous proposera une nouvelle destination, parmi deux au choix. À vous ensuite d'attirer toujours plus de monde pour faire évoluer vos installations et accueillir à chaque spot toujours plus d'événements, de la course simple au sprint, en passant par les épreuves de cross-country, introduites dans le dernier épisode, et qui prennent tout leur sens en Australie.
Si tout cela peut sembler factice, on découvre rapidement l'intérêt d'être le patron, grâce à la possibilité de créer ses propres courses et défis. Tracés, nombres de tours, véhicules, conditions météo... Il y a du choix et forcément, cela ne fait qu'amplifier le sentiment de liberté que cherche à créer chez nous Forza Horizon 3. D'une certaine manière, on aurait peut-être aimé être contraints, par endroits, à devoir utiliser un certain type de voiture, d'une époque, d'un constructeur ou d'une puissance donnés, comme dans les précédents épisodes. Cela donnait une sensation de progression plutôt agréable. Ici les développeurs ont fait le pari de la liberté et il faut dire que cela fonctionne vraiment bien. D'autant qu'il est toujours possible, sur une course, de sélectionner la configuration proposée par défaut.
L'angle est donc différent mais le plaisir ressenti s'en retrouve décuplé puisqu'il est désormais possible de faire un peu tout et n'importe quoi, et de le partager avec les autres joueurs. Titre new-gen par excellence, Forza Horizon 3 est un jeu hyper connecté et vous propose de partager un tas de choses. Mais on en parlera plus tard. Notez également que la fonction de drivatars fait son retour, et est accompagnée d'une feature assez amusante : en tant que patron du festival, vous aurez la mission de recruter des pilotes pour assurer le show ; bien entendu, tous ces pilotes ne sont pas toujours du même niveau et puisque les places sont limitées, il faudra bien faire un choix, à un moment. Et puisqu'il en va du destin de votre business, il ne faudra pas hésiter à éjecter un ami, si son niveau ou sa popularité sont moins intéressants qu'un nouveau candidat. Amusant, à condition d'avoir dans sa liste d'amis Xbox de nombreuses connaissances que l'on pourra ensuite chambrer à volonté.
Le plaisir de conduire
Conduire dans Forza Horizon 2 était un plaisir sans nom. Au volant d'une belle Italienne, vous pouviez filer à toute vitesse dans la campagne toscane, admirant au loin les lumières d'une vieille cité médiévale déchirer la nuit noire. Le tout avec Vivaldi sur les oreilles. On en prenait plein les yeux et plein les oreilles, en profitant des excellentes sensations de conduite qu'avaient à offrir le jeu. Avec Horizon 3, c'est la même chose, en mieux. Si l'Australie est effectivement beaucoup plus brute, plus sauvage, elle n'en est pas moins magnifique et constitue le parfait terrain de jeu pour absolument tous les types de conduites. Horizon 2 avait introduit la possibilité de rouler absolument partout, et donc de dévaster vignes et lavandes sans pitié. Ou de couper à travers champs pour rejoindre quelque ruine romaine, perdue au sommet d'une colline. Imaginez les proportions que cela peut prendre dans un pays comme l'Australie. Sable, terre, asphalte, tous les types de surface possible se livreront à vous en quelques dizaines de minutes. Le moteur physique du jeu peut se faire extrêmement permissif par moments, permettant aux joueurs de rouler à toute berzingue dans le sable et la terre, et se fait subitement beaucoup moins tolérant lorsque l'on roule sur des routes plus conventionnelles. Toujours très typé arcade, le jeu peut se montrer assez exigeant, notamment sur les freinages et les changements de direction. Mais là encore le joueur a le choix, puisque dans les options de difficulté, il peut opter pour une conduite arcade, ou plutôt typée simulation. Chacun fera ses petits réglages en fonction de ses préférences ou simplement de ses capacités.
Le résultat est immédiat : qui que vous soyez, les courses sur goudron sont un plaisir fait de dépassements subtiles et de virages pris à la corde, tandis qu'au volant d'un 4x4 ou d'un buggie, vous aurez tendance à beaucoup utiliser votre frein à main pour profiter d'habiles glissades et triompher de certains obstacles. En ce sens, si l'on adore rouler à bord d'une Nissan GT-R (qui dispose enfin de freins dignes de ce nom), piloter un buggies apporte au jeu cette dose de folie qui a sans doute attiré tant de joueurs pourtant peu intéressés par les jeux de course en temps normal. Dans Forza Horizon 3, les hypercars sont peut-être les voitures les plus belles, les plus puissantes et les plus onéreuses, mais elles n'assurent pas forcément plus de fun que d'autres machines mieux pensées pour affronter les dangers de l'Australie. En cross-country, on prend un plaisir fou à bondir au dessus de ses adversaires, ou de leur faire l'intérieur en passant une balise au frein à main, en préparant bien son coup. Certains tracés sont d'ailleurs pensés en ce sens et demande un pilotage beaucoup plus fin que l'on pourrait le penser, notamment en termes d'improvisation. C'est un véritable plaisir, à la fois simple et immédiat, qui gonflera à chaque nouveau tour de circuit, à chaque obstacle que vous réussirez à passer d'un habile coup de volant, ou d'un dérapage bien placé.
Surtout que pendant qu'il vous en met plein les yeux, Forza Horizon 3 n'oublie pas vos oreilles. Il existe 8 radios, qui couvrent un spectre de genres plutôt large. Rap, hip-hop, électro, dubstep, punk, metal, rock indé, pop, dance, etc. Et surtout, surtout... de la musique classique. Nous vous en vantions les mérites dans notre test de Forza Horizon 2, c'est donc avec grand plaisir que nous avons constaté la présence de Timeless, qui remplace donc Radio Levante. Si vous aviez adoré dévaster des champs de blé au rythme de la Charge des Valkyries, où percer la nuit au son du Duet des Fleurs de Lakmé, attendez de connaître le plaisir de traverser le désert à 250km/h avec l'Hymne à la Joie pour bande-son. Au métal hurlant s'oppose la grâce, la délicatesse, mais aussi la puissance de Brahms, de Mozart, de Beethoven, et une fois encore, cela fonctionne.
Un garage de grande classe
Ce plaisir de conduite passe certes par les sensations de conduite, les paysages et la musique, mais on en oublierait presque le plus important : le garage du jeu. Dans celui-ci donc, plus de 300 autos, allant de la petite citadine jusqu'à la voiture de grand tourisme. Si l'on retrouve pas mal de têtes connues, notamment du côté des marques américaines, on est heureux de voir que Playground Games s'est mis à la page en proposant quelques nouveautés rafraîchissantes : Ford GT 2017, Nissan GT-R 2017, Koenigsegg Regera, Ferrari FXXK, ou encore la dernière Ford Shelby GT350R... On retrouve bien entendu beaucoup de modèles historiques, dont une partie pourra être obtenue grâce aux habituelles granges secrètes. À ce sujet, vous vous doutez bien que les forêts d'Australie sont particulièrement denses et font donc d'habiles cachettes pour de vieilles voitures hors de prix. Bonne chance pour les retrouver, et un conseil, abandonnez votre supercar pour une bonne vieille Jeep au moment de vous mettre en quête de ces lingots d'or à roulettes.
Forza Horizon 3 n'oublie pas un autre élément d'importance, propre à la série Forza. Et pas seulement Horizon, puisque Motosport est également concerné. Il s'agit bien entendu de l'éditeur de livrées, toujours aussi complet, toujours aussi pratique. Il est bien entendu possible de partager ses créations et de récupérer celles des autres joueurs. Puisque le jeu n'est pas encore sorti officiellement, le choix était encore assez limité lors de notre test, mais nos premières trouvailles laissent supposer que d'ici quelques jours, voire quelques semaines, les créations de qualité s'empileront et que vous aurez bien du mal à choisir.
Si vous avez plus les mains d'un mécano que d'un peintre, sachez que l'atelier est toujours là, et qu'il est bien évidemment toujours possible de customiser sa voiture afin d'améliorer ses performances, ou son look. On note d'ailleurs l'introduction de kits larges, une bonne idée qui apportera un peu plus de variété visuelle à un jeu qui n'en manquait déjà pas. Une bonne excuse pour passer des heures et des heures à bosser sur ses bagnoles, pour le plaisir bien sûr mais aussi pour ensuite frimer une fois en course.
Petite nouveauté également, Forza Horizon 3 propose une sélection de voitures tout à fait spéciales qui ne pourront être obtenus que via les tirages, les fameux wheelspin, qui se déclenchent à chaque fois que le joueur augmente de niveau. Parmi les différentes sommes d'argent et voitures qu'il est possible de gagner, se trouve de temps à autre une auto dite « Edition Horizon », qui bénéficie d'un look et de performances un peu à part. Dans notre cas, il s'agissait d'une sublime GT-R de 2012, équilibré d'un kit large. Un cadeau qui fait son petit effet, forcément, et qui a principalement pour but de vous encourager à accumuler de l'XP pour grimper de niveau.
Un online efficace
Ces bolides vous seront particulièrement utiles en online, où vous aurez la possibilité de frimer au volant de vos plus beaux modèles. Franchement chiche dans Forza Horizon premier du nom, il s'était considérablement amélioré dans l'opus de 2014, en proposant de nombreux modes de jeu, dont certains complètement idiots. Si de ce point de vue là, le jeu n'innove pas vraiment, il fait un effort considérable pour impliquer toujours plus les joueurs, notamment en leur permettant de jouer entre amis. Ainsi, il est possible d'inviter des copains et de coopérer afin d'améliorer le festival Horizon, ou simplement de partir en balade à travers le pays. La compétition n'est pas mise au placard puisque vos performances en course et dans les différents défis du titre sont constamment comparées à celles de vos amis Xbox, ce qui devrait ruiner quelques amitiés. Plus ou moins vite qu'une partie de Mario Party ? Cela dépendra probablement de vous et de votre propension à répondre avec talent à ces agressions.
Le jeu online fonctionne plutôt bien mais l'on conseillera en toute logique l'utilisation d'une connexion plutôt solide, auquel cas il pourrait être difficile de rejoindre des parties. En course, en cas de problèmes de latence et afin d'éviter les contacts non désirés, Forza Horizon 3 a l'intelligence de passer les adversaires en « fantôme », ce que l'on constate également en cas d'accident. Reste que le comportement de certains adversaires est toujours aussi déplorable et il n'existe aucune façon de les sanctionner pour cela. De même qu'il est possible de voter pour les épreuves à venir, on aimerait pouvoir soumettre aux votes des participants l'exclusion d'un vilain trublion. Un jour peut-être...
Impossible de conclure sur la partie en ligne sans mentionner l'hôtel des ventes de ce Forza Horizon 3. De nombreux joueurs avaient fait remarquer qu'il était dommage, dans Horizon 2, de ne pouvoir vendre les voitures dont on souhaitait se séparer. C'est désormais possible grâce à cet hôtel de vente particulièrement complet. Il est possible de décider du prix de départ, de la durée de l'enchère, ou pour les plus pressés d'opter pour une vente immédiate. On peut ainsi de procurer des voitures préparées avec soins, à un tarif souvent élevé, ou faire de bonnes affaires en achetant à bas coup une auto vendue plus chère au salon auto. Un concept plus bien vu et vite addictif : on passe son temps à surveiller les dernières annonces.
Points forts
- L'Australie, magnifique
- Un terrain de jeu varié et vivant
- Plus de 300 voitures
- Les différentes radios, et notamment Timeless
- Les courses de cross-country en buggies
- Tellement de choses à faire
- Les fonctionnalités online...
- … et notamment l'hôtel des ventes
- La personnalisation des voitures
- Les sensations de pilotage
- Arcade ou « simu », à vous de choisir
- Un jeu pour toutes et tous
Points faibles
- Les limites de la Xbox One se font sentir par moments
Avant même d'avoir lu ce test ou d'avoir joué à Forza Horizon 3, vous l'aviez compris, la grande force de ce Forza Horizon 3, c'est qu'il parvient à toucher n'importe quel joueur en misant avant tout sur le fun et la liberté. Il ne s'agit pas ici de magie ni de sortilège, mais simplement d'un excellent game design qui fait de ce nouveau Forza non seulement la référence ultime en matière de course arcade, mais aussi l'un des meilleurs titres sortis cette année. Pour la simple et bonne raison qu'avec ses nombreuses qualités, le jeu de Turn10 et Playground Games parvient à séduire même ceux qui s'étaient détournés il y a longtemps d'un genre devenu presque de niche. Il y a 15, 20 ans, tout le monde ou presque possédait dans sa ludothèque un Gran Turismo 2, un Colin McRae 2.0. Dans 15 ans, on fera le même constat avec Forza Horizon 3 qui comme les deux titres mentionnés précédemment, n'est pas qu'un excellent jeu de course : c'est avant tout un objet ludique universel presque parfait. Du très beau jeu vidéo.