Dire que le développement de Resident Evil 4 fut tourmenté est un euphémisme. Tout comme Resident Evil 2, abandonné à une version finalisée à 65%, le titre a été modifié à différentes reprises avant de voir le jour sur Gamecube. Conçu par le père de la série, Shinji Mikami, il a fait l'objet d'une exclusivité temporaire sur la console de Nintendo, avant d'être adapté sur PlayStation 2. Pour beaucoup, Resident Evil 4 représente la quintessence du jeu d'action, tout en amenant le survival-horror à un niveau rarement atteint. Belle à se damner, dotée d'une trame scénaristique captivante et conçue avec un rythme d'enfer, l'aventure de Leon Kennedy a littéralement renversé l'industrie lors de sa sortie. Ces dernières mois, la saga de Capcom a fait l'objet d'une avalanche de remastérisations et Resident Evil 4 intervient donc à point nommé pour clôturer la vague de portages. Avec le poids de l'âge, le jeu de Mikami est-il toujours aussi fantastique ? La réponse dans le test qui suit.
Resident Evil 4 HD : Un remaster de qualité ? Notre avis en deux minutes !
Six années ont passé depuis l'atomisation de Racoon City et Leon S. Kennedy n'est plus un bleu de la police. À 27 ans, le héros a gagné en reconnaissance et il est devenu l'un des meilleurs agents secrets du gouvernement américain. La fille du Président, Ashley Graham, a été kidnappée par un groupuscule et le seul espoir du père de la demoiselle est de confier la mission au rescapé de Racoon. Ses investigations le mènent en pleine cambrousse espagnole, dans un village perdue au fin fond d'une forêt. Alors accompagné de deux policiers locaux, il va vite se rendre compte de l'immensité de la tâche à accomplir...
DU NEUF AVEC DU VIEUX
S'il y a bien une chose qu'on ne peut enlever à Resident Evil 4, c'est son ambiance. En réinventant la série, les développeurs ont fait le pari de remplacer les zombies par des villageois aux rites d'un autre temps et la recette fonctionne immédiatement. En matière de rythme et de mise en scène, Resident Evil 4 est toujours aussi prenant et on ne s'ennuie pas une seule seconde, tant les personnages, les séquences d'anthologie et les bouleversements scénaristiques s'enchaînent. À l'époque, la rencontre avec les autochtones du village a posé les nouvelles bases de la saga : décors en vraie 3D (et non plus fixes), environnements plus ouverts, visée à l'épaule et équilibre parfait entre action et survival horror. On avait la sensation que tous les éléments avaient été peaufinés à l'extrême. Aujourd'hui, l'ensemble est moins spectaculaire et on peut avoir une impression de "cloisonnement", la faute à certains lieux peu étendus. À cela, il faut ajouter des textures d'époque (oui, lissées mais d'époque quand même) et un aliasing persistant qui fait montre d'une certaine paresse de la part de Capcom. Mais le plus gros "choc" vient incontestablement de la maniabilité du jeu. Les déplacements et le système de visée respirent vraiment la caducité. Outre l'impossibilité de courir en tirant, il faut vraiment se battre avec la caméra dans les moments chauds et Léon a constamment l'impression d'avoir un balai coincé dans le fondement. Il faut donc un petit temps d'adaptation, y compris pour les personnes qui ont découvert le jeu en 2005, mais l'effort en vaut la chandelle. Le demi-tour est, en revanche, sacrément utile, surtout face à des créatures comme El Gigante.
UN JEU D'EXCEPTION
En arrivant sur PlayStation 4 et Xbox One, Resident Evil 4 a aussi la bonne idée de proposer une fluidité de tous les instants (en 60 images par seconde), tout en éradiquant les chargements d'origine. Tout est instantané - ou presque - et ce confort est un plus indéniable. Côté options, on apprécie également la possibilité de désactiver le flou de mouvement. Ce ne sont que des détails mais ces ajustements permettent au jeu de ne pas trop pester contre ses rides. Malgré ses errances, le titre de Capcom demeure un indispensable et on ne peut qu'envier les joueurs qui ne l'ont jamais fait et qui pourront le découvrir sous son meilleur jour. Les Illuminados, les boss gigantesques, les protagonistes charismatiques... la folle aventure de Léon vous réserve de sacrées surprises. Et si le solo ne vous suffit pas, sachez que tous les contenus additionnels (des anciennes remastérisations) sont présents. Ainsi, en dehors des tenues et armes inédites, vous pouvez vous défouler dans le mode The Mercenaries, qui consiste à dézinguer du méchant dans des arènes, ou vous essayer au mode de difficulté ultime. Après une quinzaine d'heures passées sur le mode solo, vous pourrez également vous adonner à la mission Assigment Ada. Toutes ces friandises ne changent pas le visage du jeu mais elles viennent compléter une histoire principale inoubliable.
Points forts
- Un jeu d'exception reste un jeu d'exception
- Rythme et mise en scène
- L'ambiance ultra immersive
- 1080p et 60 images par seconde
Points faibles
- La fête à l'aliasing
- Gameplay vieillot
- Textures d'une autre époque
- Forcément moins spectaculaire
À moins de posséder un téléviseur cathodique, relancer Resident Evil 4 sur Gamecube (ou PlayStation 2) n'est pas donné à tout le monde. Pour un petit prix, vous pouvez (re)découvrir la bombe de Capcom, tout en profitant du 1080p et d'une fluidité parfaite. S'il est indéniable que le jeu a vieilli sur le plan technique, il garde pour lui une ambiance géniale, des combats grandioses et une intrigue qui ne manque pas de rebondissement. Son sens du rythme et sa narration démontrent que le titre était vraiment en avance sur son temps. Pour ce portage, on aurait aimé un lifting plus marqué et la présence d'un anti-aliasing mais c'est sans conteste la meilleure adaptation console à ce jour. Par conséquent, si vous ne l'avez jamais fait ou que vous voulez redécouvrir ce mythe du survival horror, ne faites pas la fine bouche et partez à la conquête du secret des Illuminados.