Après s’être intéressé au moyen-âge avec Europa Universalis IV, puis nous avoir permis de conquérir l’univers avec Stellaris, le dernier-né du studio suédois Paradox Interactive, Hearts of Iron IV, nous ramène sur terre, dans l’enfer de la IIème guerre mondiale.
Le retour de la franchise Hearts of Iron nous permettra de diriger nos armées vers la victoire, en commençant aux prémices de la guerre en 1936, ou alors plus tard en 1939, pour s’achever officiellement en 1948. Après avoir choisi votre empire, tous vos choix politiques et économiques seront tournés vers la préparation de cette guerre : faut-il parachever la ligne Maginot sur toute la frontière, ou alors d’abord sécuriser une alliance avec la Grande-Bretagne ? Dans une ambiance de plus en plus stressante, au fur et à mesure que les années passent et que les tensions mondiales croissent, le joueur verra approcher l’inéluctable. Pas de temps à perdre, vous devrez organiser votre industrie civile et militaire, afin d’augmenter votre production et équiper vos armées. Puis, une fois les hostilités déclenchées, vous prendrez la casquette de chef de guerre, et vous mènerez vos unités au front !
Un didacticiel limité...
Pour les néophytes purs, la prise en main de l’Italie fasciste dans le didacticiel est conseillée pour appréhender la richesse du titre, mais ne sera absolument pas suffisante, les explications étant pour le moins succintes. Ainsi, un certain nombre de parties, et quelques défaites cuisantes ("le IIIème Reich défait par l’ogre polonais ?!") seront sans doute nécessaires. Le joueur, néophyte ou confirmé, devra à la fois orienter sa politique intérieure et extérieure, sécuriser les ressources nécessaires à ses industries, augmenter ses capacités de production, tisser des alliances, et enfin faire la guerre.
Des empires peaufinés
Au lancement de la partie, vous pourrez choisir les caractéristiques de jeu : mode “Iron Man” pour les plus expérimentés, avec sauvegardes régulières pour empêcher les retours en arrière ("Pourquoi ai-je attaqué l’URSS en hiver ?!"), mais aussi l’option “Priorités historiques de l’IA”, si vous voulez que les empires suivent dans les grandes lignes les décisions ayant réellement été prises par leur pendant historique. Vous déciderez ensuite du pays avec lequel vous passerez vos prochaines nuits. En théorie, chaque pays existant à l’aube de la IIème guerre mondiale est jouable, mais en pratique, certains pays sont conseillés, parce que jugés plus intéressants à ce moment de l’histoire, et dont les doctrines nationales sont uniques et personnalisées :
Présentation des factions
- La France, plus faible militairement et démographiquement que son voisin outre-Rhin, mais dont la ligne défensive Maginot est réputée infranchissable. En outre, son empire colonial lui apportera quantité de ressources stratégiques...
- Les Etats-Unis d’Amérique, mastodonte industriel, mais isolationniste, avec lequel il ne sera pas aisé d’entrer en guerre pour aider ses alliés de la Ière guerre-mondiale.
- Le Royaume-Uni, lui aussi démographiquement affaibli, mais dont la Royal Navy rayonnera sur les mers, pour protéger son riche empire colonial.
- Le Reich Allemand, immense puissance d’Europe continentale, dont la principale décision sera de d’envahir l’est, l’ouest, ou les deux... Attention tout de même au manque de ressources stratégiques.
- L’Italie, plus faible économiquement que les autres grandes puissances, mais dont les penchants fascistes permettront de sécuriser une alliance avec l’Allemagne
- Le Japon, ayant une bonne industrie militaire, mais dont certaines ressources stratégiques lui font défaut.
- L’Union Soviétique, géant démographique, mais les purges Staliniennes risquent de paralyser votre état...
Après tous ces choix faits, vous découvrirez ensuite une carte gigantesque, bien détaillée, avec de jolis effets visuels représentant l’alternance jour/nuit. En effet, pour avoir une durée de jeu conséquente sur 8 ans de jeu (à comparer aux 400 ans de jeu sur Europa Universalis), l’unité de temps n’est pas le jour, mais l’heure. Les zones de jour et de nuit s’enchaîneront ainsi agréablement à l’écran, au fur et à mesure des tours de jeu, vos villes s’illuminant nuit après nuit. Vous noterez des graphismes sobres mais efficaces, caractéristiques du moteur graphique Clausewitz Engine, réutilisé dans chaque jeu Paradox, avec une topographie de terrain agréable, ainsi qu’avec toutes vos unités modélisées en 3D, et propres au pays choisi. On pourra toutefois regretter un manque d’effets visuels lors des combats, même si ce n’est pas là le but premier du jeu.
Des mécaniques de jeu très riches
Vous utiliserez ensuite la nouvelle interface, bien pensée, avec 7 menus principaux (Recherche, Diplomatie, Commerce, Constructions, Production, Recrutement & Logistique), vous permettant de gérer tous les aspects globaux de votre empire, et naviguer entre les différentes variables macro-économiques, tandis que l’onglet Priorité nationale présente les options diplomatiques et militaires qui vous seront accessibles (remilitarisation de la Rhénanie, Pacte Antisoviétique, ...). L’optimisation de vos chaînes de production ne sera cependant pas chose aisée, mais votre expérience de dirigeant grandira au fur et à mesure des parties !
Venons-en à l’aspect militaire du jeu, lui aussi très riche. Chaque division est dirigeable individuellement, mais il sera aussi possible de donner des ordres globaux à vos armées, via vos maréchaux (tenue d’une ligne front, mise en place d’une ligne de repli si les choses tournent mal, ou bien une ligne offensive pour une pénétration dans les lignes ennemies). Vous pourrez ainsi tracer les ordres de vos troupes directement sur la carte, en attendant de les exécuter au moment opportun ! De même, vos unités aériennes et maritimes pourront être semi-automatisées. Devant les centaines de divisions et de bâtiments militaires à gérer, ainsi que les dizaines de paramètres à prendre en compte (topographie du terrain, climat, heure du jour, ravitaillement, ...), cette assistance au joueur ne peut être que louable.
Ainsi, dans une partie typique de Hearts of Iron IV, une première phase de jeu sera la préparation de la guerre, avec utilisation de tout votre art diplomatique pour échanger des ressources manquantes, et pour sécuriser des alliances, et rejoindre des factions de pays (Axe, Alliés, Komintern,...). Mais aussi une optimisation de votre complexe militaro-industriel, qui sera à même de soutenir le futur effort de guerre : vous construirez le plus d’usines possibles, afin d’équiper et de moderniser vos armées. La deuxième phase de jeu sera l’organisation de vos armées. Vous affecterez vos avions aux bons aérodromes, préparerez des ordres de combat pour vos troupes sur le front, et tiendrez en alerte votre flotte…. Enfin, la 3ème et dernière phase de jeu sera le dénouement de toutes ces tensions, le choc des factions et des alliances sur un champ de bataille planétaire...
Pour terminer, nous pointerons un point faible du jeu à l’heure actuelle : l’IA n’est pas encore forcément très équilibrée, avec certaines erreurs de jugement de la part de l’ordinateur (Par exemple notre allié britannique s’évertuant à faire débarquer ses divisions deux par deux sur les côtes italiennes, les troupes mussoliniennes retranchées les décimant vague après vague….) Gageons que des futurs patchs et DLC viendront corriger ces quelques problèmes, et pourquoi pas nous offrir du contenu additionnel… (couverture de la période de la guerre froide ?)
Points forts
- Bande-son militaire de bonne facture
- Une durée de vie potentiellement infinie, aucune partie ne ressemblant à une autre
- Mécaniques de jeu très riches, permettant une gestion d’empire très fine
- Un système de gestion des troupes efficace
Points faibles
- Didacticiel un peu léger
- IA pas encore équilibrée
Hearts of Iron IV est ainsi un “wargame” très complet, et par là même relativement complexe pour les non initiés, mais il serait dommage de passer à côté de ce titre majeur de Paradox Interactive. Les amateurs de jeu de grande stratégie, après une première phase de prise en main, sacrifieront leurs nuits, afin de défendre le sol français, d’imposer l’URSS sur l’Europe, ou encore de créer un Reich de 1000 ans.