Bien que le phénomène « indépendant » soit en perte de vitesse depuis ces dernières années, les projets de qualité continuent d’affluer, portés par les plates-formes de financement participatif du type Kickstarter ou encore le programme Greenlight de Steam. Développé par le studio Awaceb situé en Nouvelle-Calédonie et ne comptant que 2 employés, Fossil Echo a su attiser la curiosité des joueurs et recevoir l’aval d’une communauté avide de jeux de Plate-Forme exigeants. Une tour en ruine gardée par des soldats belliqueux se dresse devant vous et côtoie de par sa grandeur les cieux. Armé de votre seul courage, votre salut ne se fera qu’une fois au sommet.
Les vents de l’exigence
Imaginé et réalisé par 2 compères, Fossil Echo applique une recette vieille comme le monde vidéoludique, à savoir un jeu d’aventure prenant la forme d’un platformer dans la plus pure tradition pimenté par la présence d’ennemis et pièges mortels. De tableau en tableau notre héros gravira chaque étage de cette tour perçant les nuages. Des simples sauts aux enchaînements les plus complexes, les situations se renouvellent régulièrement aidées par un héros diablement agile. Sans s’autoriser le célèbre double saut, notre bambin peut s’accrocher un temps au mur, prendre appui sur ces derniers pour atteindre une plate-forme située plus haut ou encore se suspendre à une corniche.
Fort de ces mouvements accordés aux joueurs, Fossil Echo joue la carte de la pluralité lorsqu’il s’agit de concevoir ses niveaux. Tandis que certains se donnent des airs de jeu d’infiltration et se résument à éliminer ou éviter les gardes et autres drones en leur sautant dessus ou en se cachant dans l’ombre, d’autres lieux s’apparentent tout simplement aux bons vieux jeux d’antan et leurs lots de plates-formes mobiles, planchés dérobés et autres mécanismes tortueux à même de vous sortir de votre torpeur habituelle, au point de vous arracher les cheveux. Le jeu du studio Awaceb est exigeant à plus d’un titre. Au-delà de la réflexion nécessaire à votre survie, vos réflexes et votre patience seront mis à rude épreuve durant les 3 heures nécessaires pour venir à bout de cette aventure. Avec près de 300 morts au compteur (soit 1,5 morts par minutes), celle-ci fut sanglante, notre héros mourant plus souvent qu’à son tour. Chute mortelle, armes à feu, couteau… rien ne lui est épargné, l’écran se couvrant de rouge encore et encore.
Malheureusement, l’exigence requiert la perfection. Afin de rendre justice aux joueurs, les contrôles ainsi que l’environnement ne peuvent souffrir d’un manque d’attention. Malgré les indications apportées à l’aide de peintures rupestres, certains tableaux vous feront perdre patience. En cause, la propension du héros à ne pas s’accrocher au / ne pas prendre appui sur un mur, avec pour effet immédiat une mort évitable et surtout frustrante. Et l’arythmie dont souffrent plusieurs passages contribue à énerver le pauvre bougre, doigts crispés sur sa manette. La force d’un jeu de plate-forme réside dans son inventivité certes, mais également dans le rythme qu’il nous impose et Fossil Echo, fort de cette idée, s’amuse à changer le rythme au sein même d’un tableau avec pour finalité de perturber la dynamique des sauts. Malgré tout, Fossil Echo reste une valeur sûre.
Les débuts d'une ascension
Un ascension minimaliste
Un jeune héros tente de gravir une tour se dressant sur son passage. Voici en quelques mots le synopsis d’un périple se concentrant sur le ressenti. Minimaliste dans son approche, le récit ne s’embarrasse d’aucune fioriture et se contente de cinématiques prenant la forme de dessin animé. Cette narration aphone n’est en aucun cas dénuée d’intérêt, préférant véhiculer son onirisme par le visuel et l’utilisation parsemée de Flashbacks. Articulée autour de rêves transportant notre héros dans ses souvenirs, l’histoire se dévoile par bribes et lève le mystère couvrant cette ascension périlleuse à mesure que ce dernier s’endort au pied d’un feu de camp de fortune.
Par ces songes, Fossil Echo nous invite au voyage et à l’exploration d’un monde victime d’un « clan » représenté par une araignée. Chaque rêve est une invitation au cœur de cet univers. Forêt, désert… notre héros arpente ces environnements tout en se remémorant les raisons l’ayant poussé à entreprendre un tel périple. Et la direction artistique n’a rien à envier aux cadors du genre. Traits fins et palettes de couleurs sélectionnées avec soin, les décors deviennent dès lors de véritables peintures vantant les qualités des artistes derrière ce projet. De simples oiseaux prenant leur envol à votre arrivée, des papillons virevoltant, la poussière décollant à chaque saut… ces environnements prennent vie sous nos yeux. Le studio Awaceb a également porté son attention sur le héros. Simples dans leur approche, ce personnage et son apparence enfantine restent sobres. Et les animations lui permettant de se mouvoir vont de pair avec cette sobriété offrant une réactivité nécessaire au gameplay.
La narration par le rêve
Les amateurs de jeux de plate-forme y percevront probablement une pointe de Limbo autant dans la forme que dans le fond. Narration lapidaire, progression linéaire et plates-formes ardues sont autant de preuves de cet héritage de fait. Et les niveaux en contre-jour accentuent cette impression donnant à ce Fossil Echo un soupçon d’œuvre culte.
Points forts
- Un jeu de plate-forme exigeant
- Une narration visuelle omniprésente
- Des situations variées, entre phases de plate-forme et infiltration
- Une réalisation visuelle et sonore de haute volée
Points faibles
- Des contrôles et des interaction parfois approximatifs
- Une durée de vie courte : 3 heures
Avec son onirisme de fait et sa narration timide n’osant prononcer le poindre mot, Fossil Echo joue la carte du ressenti pur et simple avec succès. Le jeu du studio Awaceb est l’héritier des jeux de plate-forme ayant pris leur essor à l’ère des 8 et 16 bits et compte bel et bien raviver la flamme engendrée par ses aînés. Gameplay exigeant à juste titre, cette aventure nous invite au voyage 3 heures durant pour un périple muet garantissant un dépaysement de chaque instant malgré quelques approximations quant aux contrôles du héros et à ses interactions avec le monde qui l’entoure.