Après plusieurs années de mise en place du projet, le développement d'Aurion : l'Heritage des Kori-Odan a commencé fin 2013 avant de s'achever récemment. Fraîchement sorti, le premier titre du studio camerounais Kiro'o Games nous emmène dans un contexte neuf d'African Fantasy, qu'il agrémente de mécanismes déjà connus et éprouvés des amateurs de RPG. Un mariage qu'il nous tardait de découvrir et dont nous pouvons désormais juger de la solidité après avoir écumé le soft en long, en large et en travers.
Constitué d'une succession de plateaux en 2D dans lesquels vous vous déplacez librement, Aurion alterne entre phases de combats dynamiques, séquences de plates-formes et chapitres narratifs. À ce titre, il puise son inspiration des Shonen (Naruto, DBZ…) dans sa représentation très aérienne et nerveuse des combats, mais va plutôt lorgner du côté des Tales Of pour son système de jeu avec tout ce que cela implique : équipements, achats et reventes d'objets, accomplissement de quêtes et même exploration d'une mappemonde sur laquelle les combats peuvent être déclenchés au bon vouloir de la personne tenant la manette.
Fou d’Érine
Aurion nous permet d'incarner le prince de la contrée de Zama, Enzo Kori-Odan, dont le mariage avec Érine et le couronnement sont imminents. Malheureusement, le plus beau jour de la vie du jeune homme va tourner au cauchemar quand ses terres seront attaquées et son trône contesté par l'armée de son beau-frère. Battu puis exilé avec sa compagne, il part alors en quête de son héritage - celui des Kori-Odan – pour gagner en puissance et revenir récupérer ses terres. D'une base simple et manichéiste, l'histoire du soft parvient progressivement à s'émanciper pour nous surprendre en s'appropriant des thématiques plus sombres ou dramatiques liées à l'esclavage, la géopolitique ou même aux relations de couples.
Riche en rebondissements, bien rythmé grâce à la présence régulière de cut-scenes d'affrontements qui s'enchaînent parfaitement avec les combats que vous prenez vous-même en main, Aurion conclut également son aventure avec brio. Le tout au bout d'une bonne vingtaine d'heures, total honorable pour un A-RPG qui n'a ni l’envergure ni les moyens d'une grosse production. Il n'oublie pas pour autant de garder une certaine légèreté dans sa forme, parfois matérialisée par des personnages trop portés sur la bouteille ou un dicton exotique capable de casser une ambiance lourde en quelques mots. Le seul véritable regret autour de la narration d'Aurion reste ses dialogues, tout à fait corrects au premier abord, mais parfois ponctués de quelques erreurs de syntaxe (absence de points ou de virgules) ou maladresses de langage qui restent cependant bien anecdotiques au regard des qualités scénaristiques de l'ensemble.
Les premières minutes de jeu
« Grand contrôle de mes Aurions »
En dehors des séquences d'exploration au cœur des différents environnements proposés, Aurion vous mettra régulièrement aux prises avec des hordes d'ennemis, créatures et humains confondus. Enzo combattra alors aux côtés d’Érine, dont vous pouvez utiliser les pouvoirs de soin ou de soutien via une pression sur la gâchette gauche et le déclenchement de la seconde touche associée au pouvoir voulu. Vous contrôlez librement Enzo, qui peut donc sauter, frapper, lancer des combos interminables et utiliser un pouvoir annexe ou choisir de déclencher l'un de ses aurions. Ces derniers sont des pouvoirs que vous pourrez récupérer à mesure de votre progression et qui vous permettent de disposer d'une palette de coups plus puissants, mais aussi plus énergivores.
Enzo doit en effet faire attention à sa vie, à ses points d'Aurion (AP), mais aussi à son endurance en utilisant régulièrement les objets à sa disposition. Il est toutefois possible de tirer profit d’Érine pour se soigner et de concentrer son personnage pour regagner progressivement des AP. En se concentrant assez pour dépasser son total maximal d'AP, Enzo peut même sacrifier un peu de sa vie pour gagner en puissance et pouvoir déclencher le troisième pouvoir de son Aurion. Plein de bonnes intentions, le système de combat se révèle toutefois redondant sur la durée tant les mécanismes cités dans la phrase précédente s'avèrent systématiquement être les plus efficaces. On aurait apprécié d'être parfois plus mis à mal par certains boss afin de devoir se creuser les méninges pour changer de tactique.
Un exemple de combat de boss
Plein de bonne volonté, mais parfois brouillon
Les moments plus délicats de l'aventure se situent lors de certaines phases d'escalade : On ne blâmera pas l'envie de varier les situations ou le système utilisé, mais davantage les Hitbox difficiles à cerner et la précarité de la jauge d'endurance, qui nécessite d'utiliser systématiquement plusieurs potions pendant la grimpette pour éviter la mauvaise chute. D'originales, ces sessions deviennent brouillonnes et mal pensées, un constat qui peut d'ailleurs s'étendre à l'interface des combats où plusieurs boutons peuvent être affiliés à une même action selon la gâchette déclenchée en même temps. Autre point regrettable, les phases de plates-formes pures souffrent d'une rigidité évoquant les productions du début des années 90, avec l'obligation d'atterrir exactement au centre des plates-formes pour éviter de passer au travers. Sans être particulièrement punitive, la mécanique peut s'avérer frustrante après quelques échecs répétés. Malgré une tentative indéniable de varier les situations, Aurion échoue donc à proposer des mécanismes léchés et peaufinés et souffre sans doute du manque d'expérience d'un studio qui, on le rappelle, nous livre ici sa première production. L'attrait de la nouveauté et de la fraîcheur n'a pas que ses avantages.
C'est beau, ça brille
Aurion jouit en revanche d'une direction artistique inspirée qui fait honneur au contexte d'African Fantasy qu'il dépeint : le style dessiné convient parfaitement à l'ensemble, y compris les animations minimalistes ajoutant un petit charme retro indéniable à la production. Seuls quelques décors plaqués donnent l'impression d'avoir été rentrés avec une résolution un peu faiblarde, constat qui peut s'étendre aux menus et aux boîtes de dialogues dont les contours ne sont pas toujours affinés avec soin. Le jeu a toutefois le bon goût d'être techniquement stable et abordable pour les petites configurations. On vous conseillera également d'en profiter manette en main, la jouabilité n'étant pas vraiment adaptée au clavier.
Notre Gaming Live découverte d'Aurion : L'héritage des Kori-Odan
Points forts
- Combats pleins d'énergie
- L'African Fantasy
- Enzo et Erine
- Conclusion réussie
- Scénario intéressant et plein de surprises
- Bande-son réussie...
Points faibles
- … mais l'on retombe toujours sur les mêmes pistes
- Trop d'imprécisions dans les déplacements et sauts
- Interface de combat à repenser
- Erreurs de syntaxes, maladresses de vocabulaire
- Affrontements répétitifs à la longue
À l'image du studio Kiro'o Games dont il est la première œuvre, Aurion est un titre plein de fraîcheur qui parvient à capter notre attention par sa direction artistique colorée, ses affrontements dynamiques, son univers African Fantasy original et porté par une histoire très réussie aux personnages attachants. Mais là aussi à l'image du studio Kiro'o Games dont il est la première œuvre, Aurion est un soft au gameplay imprécis, qui souffre encore de quelques problèmes de finition – bugs de collision, erreurs de syntaxes et maladresses de vocabulaire – et donc de la relative « jeunesse » de l'équipe derrière le projet. Le résultat reste toutefois encourageant et devrait satisfaire les amateurs d'action-RPG désireux d'explorer un univers encore peu exploité. Quant à nous, nous attendrons avec curiosité un éventuel second projet de l'équipe de Kiro'o Games, qui s'offre avec ce premier essai une entrée prometteuse dans notre secteur fétiche.