Après nous avoir gratifié d’un portage mobile relativement réussi, Square Enix nous a livré il y a quelques temps la version PC de Final Fantasy IX. Une bonne nouvelle donc pour nos amis PCiste qui n’avaient jamais pu profiter (légalement dirons-nous) de ce petit bijou de l’ère PlayStation. En apparence du moins, car après quelques heures manettes en main, difficile de rester positif face au travail accompli par Square Enix sur cette version. Prix trop élevé, framerate poussif, refonte graphique faite à moitié et autres pratiques honteuses viennent en effet ternir ce qui aurait dû être une célébration nostalgique du J-RPG.
Bande-annonce de Final Fantasy IX sur PC
Est-il vraiment nécessaire de présenter une nouvelle fois Final Fantasy IX ? Troisième et dernier épisode de la franchise sorti sur PlayStation, il offrait une véritable rupture par rapport à ses prédécesseurs en revenant aux racines de la série. Signant le grand retour d’Hironobu Sakaguchi aux commandes, ce neuvième épisode nous propulsait dans un univers médiéval fantastique aux côtés de chevaliers, mages noirs et autres chocobo. Et si tout cela paraît un brin cliché de prime abord, la narration mise en place par Sakaguchi et ses potes était loin d’être aussi banale qu’il n’y paraît, dévoilant au fil du temps une histoire prenante qui abordait au final des thématiques assez sombres, tranchant radicalement avec la direction artistique enfantine et colorée. Histoire de compléter le tableau, ce neuvième épisode pouvait aussi compter sur un système de jeu très solide (en dépit de quelques ratés comme les transes), des quêtes annexes rudement bien conçues, et un petit jeu de carte, le Tetra Master resté dans les mémoires de nombreux joueurs. Autant d’éléments qu’il est encore aujourd’hui possible d’apprécier, malgré les 16 bougies du jeu.
Si le portage va... tout va ?
Avant toute chose, précisons quelque chose d’excessivement important. La présente critique ne porte absolument pas sur les critiques intrinsèques de Final Fantasy IX. Le cœur même du jeu, son histoire et ses mécaniques de jeu demeurent aussi bonnes qu’en 2000. Si jamais vous voulez vous en convaincre, il vous suffit d’aller lire le test réalisé à l’époque de sa sortie française. Ce que nous allons juger en revanche, c’est la qualité de cette version PC, les efforts réalisés par Square Enix pour rendre justice à ce titre devenu un classique du RPG japonais. Et c’est sans doute là que les choses vont se gâter, car peu importe sous quel angle on le prend, cette mouture PC de Final Fantasy IX est loin d’être satisfaisante. Et quelque part ce n’est pas étonnant lorsque l’on regarde un tantinet en arrière. Final Fantasy IX s’inscrit en effet dans la politique de Square-Enix qui consiste à capitaliser sur ses anciennes licences, et qui a débouché sur l’arrivée de titres comme Final Fantasy VII & VIII sur PC, ou le portage de nombreux jeux de leur catalogue sur support mobile. Autant d’itérations qui ont laissé un goût amer à de nombreux joueurs en raison d’une politique tarifaire un brin honteuse d’un côté, et de leur relative fainéantise de l’autre. Une règle à laquelle n’échappe malheureusement pas ce neuvième épisode.
Extrait de gameplay de Final Fantasy IX sur PC : Combat
Avant de souligner tous les travers de ce portage PC, commençons par lister les quelques réussites qu’il propose. A commencer par le large choix de résolution offert au lancement du jeu. Il sera en effet possible d’apprécier Final Fantasy IX en 800x600 tout comme en 1920x1080, de quoi admirer le travail effectué sur les modèles des personnages. Car à l’instar de la version mobile, cette itération PC propose une refonte complète des modèles de nos héros et de leurs ennemis dans une 3D éclatante, le tout avec des textures extrêmement fines qui permettent d’apprécier le character design à sa juste valeur. Côté graphique toujours, on notera avec intérêt le travail effectué sur l’interface qui a gagné en clarté grâce à des polices larges et claires, même si du coup, les menus de combat empiètent un peu trop sur l’action. Divers boosts (désactivation des combats aléatoires, compétences montées au maximum, qui permettent d’apprécier le jeu sans se prendre la tête à améliorer ses personnages, ainsi que la sauvegarde automatique ont fait le voyage depuis la version mobile. Cette dernière s’avère d’ailleurs très utile notamment en cas de plantage impromptu. Terminons enfin en évoquant la possibilité de jouer au jeu au clavier et à la souris de manière simple et fluide, même si le jeu à la manette reste un brin plus efficace. Si ces ajouts restent sympathiques, difficile cependant de se satisfaire de si peu, surtout lorsque l’on regarde le portage dans sa globalité.
En effet, ce Final Fantasy IX PC souffre de nombreux défauts particulièrement honteux. Si l’on pouvait se réjouir du travail effectué sur les modèles des personnages, difficile de ne pas verser quelques larmes lorsque l’on s’attarde sur les décors du jeu. Là où la version PlayStation offrait de magnifiques tableaux, cette version nous noie sous une bouillie de pixels particulièrement affreuse qui ne rend pas honneur au matériau d’origine. Square Enix n’a en effet opéré aucun changement sur cette partie du jeu, et le rendu visuel est absolument horrible, surtout lorsque l’on joue dans les résolutions les plus élevées. Pire, on pourra bien souvent noter la présence de tearing lorsque l’on se promène, tandis que l’ensemble du jeu se trimballe un framerate ridicule. Et c’est loin d’être le seul problème technique. On pourra à de nombreuses reprises noter des temps de latence entre une action et sa réalisation, des décalages entre un dialogue et une action (qui donnent l’impression que le jeu a tout simplement planté) ainsi que des temps de chargements longuets avant qu’un combat ne se lance. Autant de problèmes qui viennent gâcher la fête et dénotent une absence de travail sur ce portage. Et c’est loin d’être étonnant au final, car en étudiant un peu les fichiers Steam du jeu, il est possible de se rendre compte que le jeu nécessite la présence d’un SDK Android pour tourner correctement, faisant de ce jeu non pas un véritable portage, mais bel et bien une version mobile rentrée au forceps dans un moule PC. Une pratique que l’on qualifiera allégrement de « limite » (pour ne pas dire honteuse) lorsque l’on sait que Square Enix nous vend le portage une bonne vingtaine d’euros.
Extrait de gameplay de Final Fantasy IX sur PC : Exploration
Points forts
- Final Fantasy IX enfin sur PC
- Les Boosts pour avancer rapidement dans l'histoire
- Les sauvegardes automatiques, très pratiques
- La refonte des modèles des personnages
Points faibles
- Une version Android camouflée en portage PC
- De nombreux soucis techniques
- Des arrière-plans absolument horribles
- Un prix exorbitant
Nous ne le dirons jamais assez, Final Fantasy IX est un bon jeu. Un grand jeu même, qui a su traverser les années avec brio. Si la nouvelle de son arrivée sur PC avait de quoi réjouir, le résultat est pour sa part plus que décevant. Square Enix s’est une fois de plus moqué de ses fans en proposant un produit fait en dépit du bon sens et bien loin de rendre justice au matériau original. Version mobile rebrandée en catastrophe pour PC, ce portage de Final Fantasy IX montre bien les limites de la politique actuelle de Square-Enix qui repose essentiellement sur la nostalgie aveugle de ses fans. Avec un prix affiché dépassant les 20 euros et un travail effectué confinant au ridicule qui souffre encore de nombreuses errances techniques, difficile de s’estimer satisfait. Et c’est d’autant plus rageant lorsque l’on voit le travail effectué sur les modèles des personnages, et que l’on se prend à imaginer que ce travail ait été étendu aux arrière-plans et à la partie technique du jeu. Ne reste donc, au final, qu’un intense sentiment de frustration et de rage face à la paresse de Square-Enix.