La longue attente touche à sa fin. 2 ans et demi après une annonce en fanfare pendant l'E3 2013, Tom Clancy's The Division a enfin pointé le bout de son nez dans nos consoles et PC favoris, s'appuyant sur son concept ambitieux de Shooter en vue objective aux mécaniques lorgnant du côté des MMORPG pour s'attirer les bonnes grâces du public. Après avoir reçu un accueil globalement convaincant suite aux premières bêtas, le soft doit encore confirmer ces bonnes premières impressions sur sa version finale.
Présenté comme un TPS/MMORPG par ses concepteurs, The Division nous permet de créer notre propre personnage, un agent dormant attendant d'être appelé au sein de la Division. Ce groupuscule est une unité d'élite chargée de protéger la ville de New York, dévastée par un virus et en proie au chaos. Petite particularité qui ne doit d'ailleurs certainement rien au hasard, vous serez par défaut positionné sur le choix d'une femme. Anecdotique certes, mais la pratique reste rare dans la majorité des AAA occidentaux. Le reste de la création s'avère basique, un peu léger même, les principaux outils de variation résidant dans la présence d'une barbe, la coupe de cheveux et quelques éléments annexes tels que des piercings, tatouages ou lunettes. Sitôt cette phase passée, le soft se présente via une introduction à Brooklyn faisant office de tutoriel, avant que l'on soit enfin débarqué à Manhattan.
New York 1997, le retour
Nos premières impressions sur The Division allaient dans ce sens, elles sont désormais confirmées sur cette version finale : si le titre n'atteint évidemment pas le degré de qualité de la vidéo de présentation, il reste très riche en détails et propose régulièrement des plans magnifiques. Les effets de fumée et de lumière particulièrement bien sentis ne sont pas étrangers à cet état de fait, sans oublier la foule de détails qui construisent l'atmosphère de ce New York post-apocalyptique : les chiens errants, les rats, le son des corbeaux qui s'envolent sur notre passage, quelques appartements éclairés - pourtant non accessibles - où des survivants discutent, sans oublier une variété des décors bien plus présente qu'il n'y paraît. Ainsi, vous serez régulièrement amené à descendre dans les égoûts de la ville ou à en écumer certains toits, via des échafaudages, échelles ou passages dérobés entre les appartements. Plaisante à parcourir, la ville est modélisée avec soin et propose de fait une expérience immersive et crédible au doux parfum de fin du monde.
Notre premier Gaming Live consacré à l'ambiance de The Division
On ne peut pas en dire autant du scénario, qui ne brille pas par son écriture et qu'on aura tôt fait de zapper pour se concentrer sur l'exécution des missions. Le choix de rendre notre personnage principal muet n'est pas étranger à cette absence de conviction dans les dialogues qui ont plus des allures de monologues un peu gênants. C'est davantage dans les fichiers audio et vidéo à collecter dans l'environnement que l'on trouvera matière à s'imprégner de l'ambiance, tandis que l'intérêt des missions principales réside dans la richesse de leur contenu. Plus copieuses, souvent plus corsées et positionnées dans des décors plus travaillés, intérieurs ou extérieurs, celles-ci figurent parmi les séquences les plus intéressantes du jeu.
Une formule MMO avec un contenu de shooter connecté
Le game design tire clairement du côté des MMORPG et divise la carte en zones : outre une base principale proposant 3 ailes (médicale, sécurité, technologique), chacune dispose d'une planque dans laquelle vous pourrez notamment vous ravitailler en munitions, acheter et vendre de l'équipement, mais aussi chercher des compagnons d'infortune via un système de matchmaking. C'est aussi par le biais de ces planques que vous pourrez glaner différentes missions annexes pour gagner expérience, équipements mais aussi des points spécifiques à l'amélioration des différentes ailes évoquées plus haut. Malheureusement, les missions annexes souffrent de l'habituel syndrome du copié/collé et l'on retrouvera régulièrement les mêmes objectifs consistant à libérer des civils, nettoyer un checkpoint, aider la police locale ou réparer des antennes en crapahutant sur les toits. Le constat est toutefois moins fort à mesure que l'on progresse, certaines variantes venant s'insérer parmi les formules pré-définies, sans oublier la présence de quelques missions moins orientées action qui ont le mérite de casser un peu le rythme du jeu. Beaucoup de fusillades, c'est sûr, un brin d'exploration, parfois, mais l'on retrouve aussi quelques bonnes idées comme la présence de pièges ou de zones contaminées, auxquelles vous n'aurez accès qu'avec le niveau de protection au virus adéquat.
L'appréciation de votre progression dans l'aventure dépendra majoritairement de votre envie de le parcourir en solo ou par équipe. Dans le premier cas, vous vous lasserez nettement plus vite du game design dirigiste : débloquer une planque, boucler des missions secondaires, finir une mission principale puis relancer le même cycle sur la zone suivante. Dans le second cas, le recours au jeu en équipe suffira à relancer l'intérêt sur une séquence un peu plus longue. Construire son personnage n'a ici rien de de bien complexe : on peut modifier d'une part certains éléments purement cosmétiques (pantalon, veste, bonnet, etc...) mais aussi récupérer toutes sortes d'équipements boostant les statistiques de notre avatar. Le DPS influe sur les dégâts infligés, la santé sur votre niveau de vie et enfin la puissance de la compétence joue sur la rapidité du cooldown de celle-ci ainsi que son efficacité en combat : par exemple, la distance d'affichage du scan ou le total de santé restauré par la compétence de soin.
Un exemple de quête annexe en vidéo
Une dimension RPG bien présente
S'il dispose d'un gameplay orienté action, le soft mise toutefois sur sa dimension RPG pour prendre en compte le calcul des dégâts infligés. N'espérez pas tuer un ennemi en un coup avec un tir à la tête, car si vous infligerez bien un critique dans ce cas, les dégâts ne dépendront que de votre DPS et de la santé de votre adversaire. Autre exemple, en placant certains de vos coéquipiers d'un côté pendant que vous prenez les ennemis à revers, vous bénéficierez de "l'aggro" générée par vos compagnons pour canarder joyeusement les adversaires. Principal regret qui découle de ce point, l'intelligence artificielle des ennemis s'avère bien trop sommaire, ne comptant que sur ses statistiques pour espérer se débarasser de vous. Le soft est donc clairement orienté MMORPG sur ce point, d'autant plus que les armes peuvent être customisées avec différents mods : poignée, viseur, crosse, embout ou skin qui vous permettent de différencier votre héros. On n'atteint pas le niveau de précision d'un Ghost recon, mais l'initiative reste appréciable. A plus haut niveau, vous commencerez aussi à trouver certaines pièces d'équipements de corps capables d'accueillir elles aussi des mods, et commencerez à tirer davantage profit du craft : les composants se récupèrent autant en fouillant les éléments du décor, casiers, tiroirs et même frigos en tête qu'en démantelant d'autres équipements. Il s'agit d'un bon moyen d'éviter de trop dépenser votre argent durement amassé au cours des missions.
Dans le même ordre d'idées, vous pouvez équiper un certain nombre de compétences à votre personnage, 3 maximum avec des slots se débloquant à mesure que vous gagnez en niveaux. Au premier coup d'oeil, les 3 arbres de compétences (Médical, technique, sécurité) semblent bien pauvres, puisqu'ils ne proposent que 3 compétences chacun avec une 4ème "ultime" que vous pourrez assigner au dernier slot. Toutefois, chacune des 3 premières compétences des arbres respectifs dispose de plusieurs variantes, soit 3 mods supplémentaires ainsi qu'une version maître faisant office de version optimale de la compétence. En marge de ces atouts actifs, des talents passifs sont également accessibles avec un déblocage progressif des slots d'assignations pendant que vous montez en niveau. Une fois rendu au palier ultime que constitue le niveau 30, vous pourrez ainsi "équiper" 4 de ces talents rendus accessibles avec l'amélioration des ailes de la base. Dernier point, une bardée de bonus divers et variés pointent également le bout de leur nez durant votre amélioration des 3 ailes. Toutefois, l'ensemble des bonus débloqués s'active cette fois sans que vous ayez à choisir entre l'un ou l'autre. Pour faire le tour de l'interface, on regrettera principalement son côté très fouilli, qui ne favorise pas une lecture optimale et s'avère clairement pensé pour faciliter la navigation des joueurs consoles, sans que le résultat soit complètement à la hauteur des attentes. Dommage, car le style visuel des interfaces versant dans la réalité augmentée est globalement très séduisant.
Dark Zone
La Dark Zone n'est autre que la caution PvP du shooter développé par Massive, mais il serait réducteur de la résumer ainsi. Divisée en 5 sections avec chacune son palier de niveaux, celle-ci vous permet d'explorer une section de New York désignée comme incontrôlable, le virus ayant trop profondément marqué l'endroit pour que l'on puisse le réguler efficacement. Concrètement, les ennemis situés dans la zone sont de niveau élite, donc mieux équipés et plus coriaces, mais aussi susceptibles de générer du loot de meilleur qualité. Seulement, vous ne pourrez repartir de la zone avec ce loot qu'à une seule condition : rejoindre une zone d'extraction (souvent peuplée des mêmes mobs évoqués précédemment), demander celle-ci par hélicoptère et tenir bon jusqu'à l'arrivée de ce dernier. Vous pourrez alors attacher votre petit paquetage et récupérer le stuff directement dans votre réserve un peu plus tard.
Notre Gaming Live d'exploration de la Dark Zone
Histoire d'ajouter un peu de sel à l'ensemble, les autres joueurs sont suceptibles de vous attaquer et donc de profiter des derniers moments avant l'extraction pour voler votre loot. Toutefois, en agissant ainsi, un agent passera en position de renégat et se retrouvera fiché comme tel dans la zone dès lors qu'il croisera un autre joueur. De plus, abattre un agent renégat procure un bonus en expérience de la Dark Zone, qui dispose de son propre système de grade et de sa monnaie nécessaire pour obtenir des équipements spécifiques à cette section. Si la zone est pour le moment moins remplie que lors des bêtas, on devine qu'elle sera déjà bien plus garnie une fois que les joueurs auront atteint le niveau 30 et seront prêts à en découdre... ou coopérer avec leurs compères. C'est étonnament davantage vers cette seconde solution que se tournent la majorité des joueurs pour le moment, ce qui témoigne d'un équilibre plutôt bien senti de la part des développeurs. Le maître atout de cette zone réside dans la tension qu'elle procure, notamment lorsque vous vous retrouvez face à un autre joueur ou un groupe sans connaître leurs intentions.
On conclura donc ce test avec l'habituel point technique et artistique. Outre la foule de détails plaisants déjà évoqués plus haut, on ne peut que difficilement nier l'attrait visuel d'une ville modélisée avec soin. On adressera ainsi un bon point au faible nombre de chargements demandés, puisqu'en dehors de certaines caches de la Dark Zone vous n'aurez tout simplement jamais à attendre entre deux endroits spécifiques. La plupart d'entre eux sont efficacement masqués lors du passage dans un couloir, dans un sas - on pense à la base, qui est instanciée - et l'on regrettera seulement la longueur de ceux-ci lors de la téléportation du groupe. Quelques bugs sont encore présents tels que le problème d'accès à l'ordinateur de la base de Brooklyn, qui a déjà fait le tour du net, mais le titre reste stable et ne souffre que d'un léger clipping sur consoles lors de certaines phases. Enfin, malgré quelques déboires lors des premières heures du 8 mars, les serveurs sont rapidement revenus au calme et les déconnexions intempestives se font désormais rares.
J'aime / j'aime pas - The Division
Points forts
- New York et son ambiance immersive
- Level Design bien fichu
- Contenu dense pour un shooter connecté...
- Vraie complémentarité des classes
- Missions principales copieuses
- La tension de la Dark Zone
- Certains plans de toute beauté
Points faibles
- Scénario à l'écriture convenue, sans intérêt
- Menus un peu trop chargés
- ... Mais léger pour un MMORPG
- World Design linéaire
- IA pas bien finaude
The Division met l'accent sur son immersion et son ambiance soignée pour nous attirer dans ses filets et s'appuie sur son côté addictif pour nous empêcher d'en sortir. L'expérience est surtout très plaisante en groupe, ou l'on peut aisément s'amuser en enchaînant des missions principales bien servies par un level design assez riche pour varier les escarmouches. La Dark Zone figure aussi parmi les points positifs du soft, proposant de vrais moments de tension au sein d'un titre plutôt accessible de base. On regrette principalement une IA qui ne compense ses faiblesses de placement qu'avec une puissance accrue, un scénario à l'écriture pauvre qui n'est pas au niveau du reste de l'univers et une structure un brin répétitive en solo, qui nous poussera à déconseiller le titre aux détracteurs du jeu à plusieurs.