Far Cry Primal est cette proposition originale de faire vivre aux joueurs la Préhistoire d'une manière ludique et incarnée. En s'engageant sur le créneau de l'exotisme avec cette période de l'histoire qui reste assez marginale dans le paysage du média, Primal semblait trancher radicalement avec l'univers typique de la licence. Beaucoup s'interrogeaient alors sur la portée de cette adaptation, sa pertinence ou encore son but dans la généalogie d'une franchise de plus en plus populaire auprès des joueurs. Far Cry Primal réinventait-t-il la licence ou ne proposait-t-il finalement qu'une simple copie des épisodes passés ? Une réponse nuancée que nous pouvons apporter aujourd'hui à la lumière de notre expérience du soft sur la PlayStation 4 de Sony.
C'est Cro-mignon
Takkar est le protagoniste de cette nouvelle aventure, un membre émérite de la tribu Wenja. Une tribu de chasseurs qui aura traversé l'ère glaciaire sans jamais se désolidariser. Eloigné des siens après une traque aux mammouths à l'issue incertaine où finalement les chasseurs se sont retrouvés chassés, Takkar se redressera face à lui même et un avenir entre parenthèses. Cette donnée agira comme un fil rouge tout au long de l'aventure, une sorte de témoin du sentiment d'insécurité qui peut naître quand un individu quitte un groupe. L'union fait la force et notre héros devra l'apprendre avec rudesse.
Seul et impuissant face aux meutes d'animaux sauvages arpentant la nature, Takkar rencontre une jeune femme après avoir échappé à quelques situations périlleuses posant en douceur le décor sauvage et néolithique du jeu. C'est en découvrant Oros, ce monde imaginé par les développeurs que l'on situerait aujourd'hui au niveau de la Slovaquie, que l'aventure s'amorce. Far Cry Primal propose un univers cohérent aux joueurs. Un tout répondant nécessairement à une vision tranchée et précise d'une projection dans un passé "fantasmé" mais documenté. Cette fiction imaginée afin d'intégrer les joueurs à une épopée antédiluvienne est personnifiée par cette aire de jeu : un monde naturel, brutal, abritant les interactions multiples de ses habitants et de sa flore.
Oros Bourros
Oros est cet écrin dans lequel, hommes et animaux cohabitent parfois avec douleur. Un monde fait pour les têtes brûlées n'hésitant jamais à placer un bon coup de massue et son silex dans le crâne de tous ceux qui pourraient se mettre sur leurs routes. La nature y est impitoyable même si dans ses modes de difficultés « normaux », certaines localités de Primal ressemblent à des super-marchés à ciel ouvert où la viande de phacochère est toujours en solde. Far Cry Primal aurait pu donner un rythme Western made in Stonehenge à son déroulement mais Ubisoft Montréal a préféré lui concéder cette patte « hyperréaliste », très en vogue chez les créateurs de jeux aux budgets lourds comme des cargos. Pas de souci pour autant, niveau duels Primal en a sous la corne de mammouth. Il les triangule même, paradoxalement, pour donner un peu de consistance à sa recette.
Oros est aussi peuplé par des hommes aux mœurs et religions singulières. Mais ces derniers se ressemblent tous au final malgré les différences éthniques. Ils ont cette vocation carnassière : celle de briller au somment de la chaîne alimentaire. En plus de la tribu dont Takkar est issu : les Wenjas, les joueurs pourront apprécier la valeur de deux autres clans aux profils antagonistes.
La famille Udams
Les Udams sont représentés comme des hommes sous-développés, aux cheveux hirsutes, grimés et exhibant les colliers d'ossements comme des bijoux, peintures de guerre sur le visage. L'archétype simple du barbare qui agit avant de réfléchir en somme. La tribu est dirigée par Ull : une montagne sanguinaire au visage difforme ravagé par la colère, les cicatrices arborées comme des trophées. On pourrait penser la tribu puissante tant elle met en avant ses signes extérieurs de force. Comme une sorte de parallèle facile de leur physique imposant et leur stature d'ogre sur patte. Pourtant les Udams sont fragiles.
L'extinction de leur tribu est proche. Ce déclin mystérieux les a transformés. Enragés par cette situation subie sans la comprendre ni la maîtriser vraiment, ils véhiculent ce sentiment d'un peuple conscient de leur désintégration sans pouvoir y apporter de réponses. Depuis, la génétique nous a appris que les risques encourus par les enfants nés de parents d'une même famille étaient élevés. En marge de ce petit contentieux avec les malformations héréditaires, ils ont aussi développé cette passion pour les poisons. Une lubie qu'ils partagent volontiers avec leurs ennemis. Tout autant que la chair humaine d'ailleurs, puisqu'à travers leur dégénérescence ils ont recours à des séances de cannibalisme pour parfaire leur réputation si elle n'était pas déjà faite. Les Udams et les Wenjas ne sont pourtant pas si différents que ça puisqu'ils parlent la même langue. Preuve s'il en est que si un jour ils ont été frères, des événements particuliers les ont poussés à choisir des chemins différents.
Easy Life
L'autre tribu que les joueurs rencontreront lors de leurs pérégrinations dans le vaste monde d'Oros a tous les traits du profil de tortionnaire à tendances psychopathes. A leur tête, une impératrice règne en maître sur un peuple sûr de lui, hautain et bien plus avancé culturellement que leurs congénères des plaines. On a presque l'impression d'être dans l'Apocalypto de Mel Gibson, les pyramides en moins. Maîtrisant les techniques d'agriculture ou encore d'architecture, les Izila ont mis le monde à leurs pieds. Habiles lanceurs et archers, appuyés par des colosses aux masques protecteurs, l'armée de la tribu sait se faire entendre quand elle hausse le ton.
Et ils ne font jamais dans la demi mesure. Le savoir et les armes n'en ont clairement pas fait des pacifistes ou des sages. Bien au contraire, leur volonté de puissance s'affirme dans la façon dont ils traitent les autres hommes : comme du bétail. Esclavagistes nés, les Izilas se pensent au sommet de la chaîne alimentaire.Ces derniers se sont convaincus que si les dieux anciens les avaient choisis, eux en particulier, c' est simplement parce qu'ils avaient une tâche mystique à accomplir. En plus d'adopter cette posture dominatrice, ils s’expriment dans un langage différents des autres hommes, histoire de marquer un peu plus leur suprématie et leur extravagance. Un choix parfaitement assumé des développeurs afin de hiérarchiser verticalement cet univers.
C'est ainsi que le monde d'Ordos est polarisé. Ce sont ses flux et ses accrocs entre tribus qui animent la substance narrative particulière de ce Far Cry. Ça, et cette volonté des développeurs d'inventer une langue sur laquelle des linguistes ont travaillé de longs mois afin d'immerger les joueurs dans ce Games of Thrones de la pampa 10 000 ans avant Jésus Christ. Plus de problème de synchro labiale, Oros se consomme de la même manière par les joueurs du monde entier. Finalement les utilisateurs se confronteront à la nature du jeu aussi brutalement que ce dernier impose à la licence Far Cry un univers déviant. Une première victoire.
Le son et la forme
A travers ces différents prismes de lectures selon le point de vue de chaque tribu, il se dégage cette idée du rapport à la survie. Du bienfait que le confort peut engendrer, ou encore cette recherche partagée "d'un chez soi" commun. Entre les glaciers, les plaines, la toundra et bien sûr les forêts luxuriantes, Oros se met en scène sous les auspices d'un cycle jour / nuit rythmant les sessions de jeu avec malice. Un rythme qu'il faut cependant contraster au regard de l'uniformité de cet espace s'amusant de l'homogénéité de ses décors parfois trop identiques d'une zone à l'autre. Alors pour amoindrir le mal d'un voyage trop long et ce paysage presque monotone qui ne cesse de défiler. Les développeurs l'ont constellé de vie animale.
Et là, c'est la grosse baston. Avec des créatures féroces qui font trois fois votre taille, dont les dents mesurent un bras et qui, si elles le pouvaient seraient phosphorescentes la nuit, Primal se découvre un peps inattendu dans les zones parcourues. Cette animation constante d'Oros a tout de la poupée russe voire même de la poupée proto indo-européenne. Au niveau macroscopique Oros est homogène, au niveau de sa micro, il est électrique.
La nature fourmille de bêtes apeurées, de prédateurs affamés et de chasseurs agiles ou barbares. Leurs rencontres fortuites sur votre chemin (ou même celui des IA du jeu) donnent lieu à des scénari parfois hilarants. Comme à l'inverse, vous pourrez faire l'objet de cette même farce cruelle si par mégarde vous vous trouviez connectés à ces micros événements qui sont les battements de cœur du jeu. A la fois réguliers et chaotiques. Exemple typique : quand vous voyez un troupeau de biches courir vers vous, ce n'est pas parce que vous avez du sex-appeal ou que vous portez le cuir comme personne, mais simplement parce que la mort leur court aux trousses. Et dans le jargon de Primal, la mort s'appelle souvent tigre à dents de sabre. Croyez nous sur parole vous pouvez déjà aménager une stèle sous le chêne où sont enterrés vos ancêtres si vous voulez jouer avec le chaton.
En arpentant le monde sauvage, les joueurs découvriront vite la volonté de Takkar : partir à la recherche d'une nouvelle tribu. Une tribu dont il sera le leader et le gardien. Dans ses voyages il rencontrera bien des personnages dont un chaman à la personnalité d'un autre monde qui lui révélera une empathie presque magique pour 17 animaux avec lesquels il peut établir un lien psychique. Mais il faudra mériter ces animaux. Pas question de descendre de la liane et de grimper à califourchon sur un ours. Cet aménagement du gameplay et de l'histoire donnent des buts motivants aux joueurs en plus d'apporter des sensations intéressantes à la franchise Far Cry.
D'abord émotionnellement, car ce ne sont pas toujours les animaux les plus puissants auxquels vous ferez appel mais bien les plus efficaces selon la situation. Car chacun d'eux dispose de talents particuliers. Qui aurait à l'idée de s'attacher les services d'un blaireau même si le ratel est certainement la bestiole la plus badass sur terre ? Ou bien encore d'un dhole ? C'est simple, en plus de leurs 3 attributs changeant d'une espèce à l'autre : discrétion, force et vitesse. Les joueurs pourront optimiser chacune de leurs approches. Un dhole par exemple pourra dépecer des carcasses pour vous et vous en rapporter les ressources. Un ours sera plus efficace pour créer des diversions puisque son imposante stature attire les regards sur lui, en plus d'être chevauchable comme d'autres créatures du jeu. Oui l’hyperréalisme dans le jeu vidéo a bon dos !
« Pet » de l'esprit
Soigner son animal en le nourrissant, le faire revivre quand il se fait aplatir au sol comme une crêpe par un mammouth, définiront des routines et une proximité entre le joueur et sa bébête. D'ailleurs il est aussi possible de caresser son animal. Ne riez pas. Cette action n'a aucune incidence sur le caractère de votre boule de poils. Elle ne procure à aucun instant une quelconque rétribution ou récompense pour le joueur et pourtant vous y passerez du temps. Et on peut même prédire que vous aimerez ça. Parfois même en parlant tout seul devant votre écran et en vous sentant honteux. Le plaisir coupable.
Second point, cet accompagnateur utile introduit une asymétrie au gameplay de Far Cry Primal. Une plus-value indéniable pour la franchise tant en termes de réactivité pour multiplier les actions, qu'en flexibilité. Le joueur peut ainsi prioriser certaines actions en ordonnant à son familier d'attaquer du gibier ou même un membre d'une tribu adverse, pendant qu'il décide soit de prendre part au combat, comme il peut ne rien faire et attendre que l'animal invoqué d'un simple sifflement fasse le travail avant d'en récolter les fruits. Après une séance de dépeçage comme dans tout bon Far Cry moderne qui se respecte, ce sont des ressources qui viennent là encore récompenser le joueur. Et de la viande il va en falloir, car c'est un des moyens les plus efficaces de se remettre sur pied après avoir rencontré le chemin d'un lion, lui même chassé par un ours, lui même chassé par un mammouth, lui même chassé par un groupe d'Izila...bref vous connaissez le scénario chaotique d'Oros.
En plus de ces 17 animaux que l'on peut considérer comme 17 armes potentielles, votre animal totem le hibou, vous accompagnera depuis les hauteurs. Sorte de drone archaïque à plumes, ce dernier pourra marquer à distance les cibles pour vous de la même manière que vous le faîtes en temps normal grâce à votre vision de chasseur. Voyant à travers ses yeux, votre esprit métamorphosé sera aussi en situation de donner des ordres à votre familier depuis le ciel. Un moyen efficace de juger du nombre probable d'ennemis dans une zone ou de dangers éventuels. La surbrillance est à la mode dans le jeu vidéo, mais croyez nous, le mode difficile du soft vous permettra d'apprécier cette option. En glanant de l'expérience, des points de compétences et des ressources naturelles, minérales ou organiques, vous entreverrez une des réussites du jeu : son système de crafting. Vous pourrez d'ailleurs à loisir transformer votre hibou en bombardier via les bénéfices de ce système ou disposer d'une attaque rase motte fulgurante pour neutraliser vos cibles. Ce high end hibou, même la Nasa ne saurait l'inventer...
Un peu de gameplay en combat, allez attaque médor, attaque !
Sans Fard et sans hyène
Far Cry Primal n'essaie pas de définir une nouvelle forme de gameplay, au contraire, il accepte sa condition et entreprend de trouver un ton, un équilibre, entre ce qu'il revendique en terme d'expérience originale et ce qu'il promeut à travers un dispositif plus académique lié à la nature même de la marque Far Cry. Le jeu mise sur la sédentarisation de la communauté autour de la licence en proposant ses missions "emblèmes" de type : « avant poste », « quête secondaire », « quête fedex », comme un tapis roulant pour atteindre les 40 heures de jeu sans trop de problèmes. La redondance est parfois inhérente aux modèles des open world mais il faut avouer que certaines quêtes sont particulièrement ratées. Mon double cosmique, ici présent sur cet article a d'ailleurs versé une petite larme sur les missions que propose Tensai par exemple.
Associons à ça la « collectionnite » que certains chopperont à coup sûr après avoir capturé leurs 17 Pokemons et dont les premiers symptômes seront révélés lorsqu'ils se diront « tiens il y a 200 gemmes de ce type à récupérer dans Oros ». Des personnages clefs, sortes de lieutenants de votre tribu de barbus et chevelus vous proposeront eux aussi des challenges spéciaux. Rien d'extravagant sauf pour de furtives et très précises scènes où ils pourraient laisser apparaître l'extrémité de leur caractère impudique dirons-nous. La pudeur est à la Préhistoire ce que le végétarisme est au prédateur, et donc évidemment l'humour est toujours présent sur le soft . Il est juste un peu plus primitif et poilu. Pour finir, vous deviendrez chasseurs de trésors. Certaines ressources sont rares et sont cachées dans différentes cavernes spéciales qu'il faudra débusquer dans Oros. Niveau contenu donc, pas d'inquiétude c'est généreux et très complet..
Ces « lieutenants » (dont nous tairons le nom pour éviter tout risque de spoil) vous octroieront par ailleurs la capacité de faire évoluer vos équipements et vos compétences. En acceptant leurs défis et en réalisant leurs voeux ils vous rejoindront dans votre lutte pour la liberté de votre tribu. La galerie de personnages est haute en couleur et les profils assez pittoresques. Un bon point car c'est une mécanique RPG bienvenue sur ce Far Cry qui rappellerait presque la satisfaction que l'on a de recruter un nouveau compagnon dans un Suikoden (comparaison entre un Far Cry et un Suikoden, done).
Recruit, join the army
Sur la carte sélectionnable depuis les menus du jeu sont recensés : les nouvelles localités découvertes, les animaux que l'on peut majoritairement y trouver, les missions, leur niveau de difficulté, leurs bénéfices nets ,les ressources et les points de voyages rapides. Une information importante, car si vous n'avez pas de tigre à dents de sabre, le temps que vous mettrez pour atteindre certaines destinations va vous paraître longuet.
De toutes façons ça vous donnera l'occasion de parfaire votre art du combat avec les armes conventionnelles de Takkar. Massue, arc, sagaie, ruches servant de bombes, possibilité d'enflammer vos projectiles ou utiliser votre torche, histoire de mettre le feu aux poudres. En déployant sa roue d'armement le temps se fige un court instant pour le joueur. Cette roue permet bien évidemment de choisir ses armes à la volée, mais aussi de crafter des munitions pour son arc par exemple, de crafter de nouvelles armes si elles venaient à se briser, ou encore d'en enflammer les projectiles.
La nuit c'est pratique puisque les animaux réagissent viscéralement à l'utilisation du feu (même vos familiers). Et si on aime les barbecues et qu'on est un brin pyromane, la gestion physique du feu permet de tout faire brûler tant que ça porte assez de poils ou que c'est aussi sec que du bois mort.
D'une violence rare, Far Cry Primal pousse constamment à l'affrontement au corps à corps. D'abord parce que tout ce qui passe autour de vous veut vous sauter à la gorge, vous mettre un petit coup de granit au coin du visage, un coup de canine à la carotide, vous piétiner à vous en faire vomir vos trippes, vous arracher la tête ou vous amputer des mollets. Et secondement, et c'est implicite, cette urgence créée sert la structure du jeu. L'immédiateté du danger est un curseur actif du gamedesign permettant de favoriser cette emprise directe du soft sur les joueurs. L'agression est constante.
Le pot oros
Au niveau de ses armes Far Cry offre une customisation appréciable mais que nous avons jugée de surface. Nous en voulions évidemment plus. Des coups spéciaux multiples, une évolution des techniques de combat bien plus poussée surtout quand on ressent la puissance des coups portés à l'écran durant des animations précises usant de ragdoll. Peut être était-ce là une solution pour ne pas déprécier la valeur du gameplay asymétrique du jeu. Jouons les candides. Car rappelons le, les bêtes sauvages qui accompagneront les utilisateurs durant leur aventure sont aussi létales qu'un arc double flèches ou une sagaie. En comparaison des autres Far Cry, Primal joint l'utile à l'agréable sur ce segment particulier. Notamment dans sa démonstration à utiliser son scénario et sa restitution « physique » ingame : la constitution de la tribu de Takkar et son village.
Cette base évolutive, tant au niveau de son apparence que de sa capacité à produire des ressources pour le héros du jeu, est aussi un révélateur de la quête positive qu'entreprend le joueur. Cette satisfaction qu'un complétiste peut ressentir lorsqu'il parvient à l'harmonie recherchée est présente sur le jeu, comme sur les autres Far Cry. En augmentant sa population grâce aux personnages secondaires recrutés, en développant son village au niveau de son architecture, en s'attachant la sympathie de ses lieutenants, pour chaque camp que vous visiterez et proportionnellement à votre avancée vous disposerez toujours de plus de ressources de secours s'il venait à vous en manquer. Car les Udams, les Izalis et les animaux qui peuplent Oros se feront une joie de vous rappeler que l'équilibre de ce monde est fragile.
Techniquement la version du jeu que nous avons testée sur PS4 tournait sans aucun souci. Avec son travail léché au niveau de la motion capture, les animations assez réalistes de certains animaux, le niveau de détails très convenable pour un open world sur console de salon, des effets de blur ou de lensflare bien sentis et propres, Far Cry Primal est un jeu séduisant. Il a su aller plus loin que le simple travail esthétique en offrant des gestions d'interactions dynamiques entre IA plutôt intéressantes, densifiant de cette manière cet espace de rencontres dans le but d'en bonifier et dynamiser l'expérience pour le joueur.
Ce dernier peut d'ailleurs a tout moment utiliser la végétation luxuriante des zones qui le permettent pour se fondre dans le paysage et ainsi jouer de manière plus passive. Lors de ces séquences furtives qu'il peut initier sur le pouce. Un doigt jamais bien loin de la croix directionnelle gauche en vue de se créer une décoxion lui permettant d'augmenter sa vitesse ou de se soigner plus rapidement, le monde d'Oros est presque calme. Les feedbacks utilisés rendant compte d'une possible détection par un ennemi sont lisibles et entretiennent cette cohérence quand bien même le jeu est punitif. Dernièrement, car c'est un moteur de ce système immersif. Le travail sur les bruitages ou l'aspect sonore du jeu sont assez exceptionnels, car ce sont eux qui agrègent cette dimension oppressante d'Oros en l'habillant de rugissements, de couinements, de cris barbares et de brisements d'os. Un vibrant hommage au monde sauvage.
J'aime / J'aime pas - Far Cry Primal
Points forts
- L'intention de créer un jeu à l'époque de la Préhistoire
- Un mode difficile bien punchy
- Un habillage sonore assez flippant
- Devenir le Beastmaster ultime
- Les petits à côté RPG, crafting, gestion de village
- Le monde d'Oros : une belle réussite
- Des combats dynamiques et puissants
Points faibles
- Un mode multijoueur aux abonnés absents
- Les mécaniques éculées de Far Cry au niveau des quêtes
- Un gameplay dont la redondance pourra en rebuter certains
Far Cry Primal pourra dérouter les fans traditionnels de la série tant son contexte historique est éloigné de sa base, tout comme il pourrait rebuter les joueurs intéressés par son univers mais complètement hermétiques aux mécaniques de jeu de la franchise Far Cry. C'est cet entre-deux que Far Cry Primal gère de façon remarquable. Avec sa vision et son propos pour lesquels il a fait renaître une langue morte, le jeu d'Ubisoft Montréal développe son concept en l'habillant de visuels soignés, de combats brutaux ou plus furtifs suivant la personnaité du joueur. Grâce à son approche asymétrique du gameplay où le jeu fait cohabiter les manoeuvres complémentaires de Takkar et ses familiers, le jeu trouve sa propre profondeur. Certaines quêtes pour le moins bancales, les redondances cycliques que nous sert la série à chaque épisode, sont malheureusement encore présentes. Au niveau de sa narration et ce malgré des personnages assez hauts en couleurs, là aussi le jeu manque de liant entre sa trame principale et ses quêtes annexes imposées. Immersif, racé et chaotique, le soft parvient pourtant à séduire à l'aide de dispositifs ingénieux : les interactions entre les IA du jeu, la motion capture soignée des cut-scenes, les animations des animaux à nos côtés et leurs comportements bigarrés, ainsi que cet habillage sonore très impactant sur l'expérience globale du joueur. Bien plus qu'un jeu sur la préhistoire ou un jeu de survie, le titre convie à cette recherche d'un foyer dans un monde dangereux. Une proposition originale qui a du composer avec la nécessité de l'adapter aux mécaniques de Far Cry. Un beau jeu d'aventure, très dépaysant.