Quand les rats t’attaquent, soit tu te barricades dans une taverne, soit tu prends les armes pour aller les découper en petits morceaux. C’est justement la seconde option que la troupe de héros de Warhammer The End Time Vermintide a choisi. Quatre personnages, chacun doté d’un arsenal particulier, lâchés dans une immense cité et ses alentours avec pour seul but d’avancer et de survivre face à une horde de monstres assoiffés de destruction. Un pitch qui pourrait vous faire penser à un certain Left 4 Dead non ? Bingo, les deux titres partagent bel et bien un esprit commun avec cependant des gameplay et une philosophie de progression différente. Affûtez vos lames, rechargez vos fusils, les Skavens sont en colère !
La fin détend
Pour faire simple, Vermintide est un jeu en coopération très inspiré de la série Left 4 Dead. Il y emprunte énormément de mécaniques, mais aussi son esprit et d’une certaine façon son casting d’ennemis. Ce dernier est cependant transposé d’une bien belle manière dans l’univers de Warhammer. Si les zombies vous lassent, peut-être est-il temps de passer aux gros rats ?
Bonne nouvelle pour les néophytes, il n’est pas nécessaire de connaître l’univers de Game Workshop pour apprécier Warhammer The End Time Vermintide. Et pour cause, nous avons affaire ici à un titre en coopération à quatre joueurs sur des maps à objetif à nettoyer en une trentaine de minutes pour la plupart. Comme le laisse supposer le très long titre du jeu, le monde connaît ses heures les plus sombres, la fin des temps est imminente, une menaçante et pâle lune verdâtre se rapproche inévitablement du monde. Les Skavens, ces impitoyables hommes-rats, émergent par millier des profondeurs pour semer chaos et destruction sur la cité d’Ubersreik. Tout semble perdu, à moins qu’une bande de héros ne tente le tout pour le tout pour sauver ce qu’il reste des meubles. Une tâche périlleuse à réaliser à quatre joueurs en coopération sur 13 cartes sous forme de missions à faire et à refaire pour tenter de looter du meilleur équipement.
Left 4 Dead dans la peau de Warhammer
On l’a dit, les mécaniques du jeu sont très similaires à celles de Left 4 Dead : une troupe de quatre héros devant jouer collé-serré pour bien avancer, des vagues régulières d’ennemis se ruant se nous, des potions et des kits de soin disponibles au compte goutte et la possibilité de venir en aide aux alliés tombés à terre. Les amateurs du shooter de zombies devraient évoluer ici en terrain connu. Mais de par son gameplay orienté corps à corps et son ambiance Dark Fantasy réussie, l’équipe de Fatshark est parvenue à adapter la formule à sa sauce pour nous offrir une expérience coopérative de très bonne tenue. Notez aussi que le titre peut se jouer en solo accompagné de bots, mais que l’expérience sera dans ce cas très vite limitée par l’IA de nos coéquipiers.
Vermintide tire une bonne partie de sa richesse des différents gameplay introduits par son panel de classes et d’armes disponibles. Jouer à l’épée à deux mains où à la hache et au bouclier ne s’envisage pas de la même façon que de manier l’arc ou le bâton. Chaque type d’arme offre dans les faits des caractéristiques différentes, certaines seront plus efficaces contre les lourdes armures, d’autres plus dévastatrices contre les groupes d’ennemis. Il importe au final que votre équipe dispose d’assez d’atouts dans sa manche pour faire face à la plupart des situations. Rajoutez à cela la possibilité de gagner du meilleur équipement à la fin de chaque partie et vous comprendrez pourquoi Vermintide nous motive à braver les dangers pour avancer.
Cinq personnages au gameplay différent sont disponibles en jeu. L’elfe Forestière tout d’abord se spécialise dans l’élimination à distance des Skavens, ses dagues ou épées lui offrent tout de même de bonnes capacités offensives au corps à corps. Le Ranger Nain alternera entre un gameplay défensif au bouclier et à l’arme à une main et un côté plus bourrin avec de bonnes grosses masses et haches à deux mains. Il reste cependant puissant à distance avec son arbalète ou son fusil, bien utiles pour dégommer quelques commandant Skaven en plein dans la caboche. La Sorcière flamboyante déchaînera les volées de boules de feu au risque toutefois de s’enflammer elle-même en cas d’utilisation abusive de son bâton. Pour contrer ce désagrément, la bougresse se débrouille plutôt pas mal à l’épée ou à la masse. Il faudra aussi compter sur le rusé Répurgateur armé de base de sa rapière et de son pistolet pour percer les armures Skaven. Concluons ce tableau avec le Soldat impérial, imposant guerrier partageant un gameplay proche de celui du nain, mais avec la possibilité de porter une épée à deux mains. L’équilibrage entre les personnages se révèle satisfaisant, personne ne se sent trop faible ou trop puissant et chacun devrait trouver un héros à sa convenance.
Mais on s'en fout on les défonce !
Tout comme dans Left 4 Dead, il faudra travailler de concert pour éviter de se faire submerger par les vagues de Skavens. Il est en effet très facile de se retrouver encerclé par une horde d’ennemis alors que vous vous êtes un peu trop éloigné de votre groupe. Pire encore, au delà des unités de base, petits et rapides, mais peu résistants, se pointent régulièrement des Skavens spéciaux. Les Commandants possèdent par exemple une solide armure et son armés d’une grande hallebarde. Dangereux en solitaire, il deviennent particulièrement mortels en escouade de six. On retrouve aussi des cracheurs de poison à l’attaque de zone bien vicieuse dans les endroits exigus (ils rappellent les Spitters de Left 4 Dead), des assassins capables de neutraliser un joueur jusqu’à ce que mort s’en suive ou qu’un allié ne vienne l’aider (proches des Hunters de L4D), des perchistes dont le rôle sera de vous agripper par le cou pour vous traîner à distance (des Smokers de L4D) ou encore des Skavens dotés d’une puissante gatling. Et comment ne pas mentionner les effroyables Rats Ogres ! Cet ennemi représente la créature la plus puissante et solide du jeu, un simili tank dont l’arrivée sur fond de musique de bataille s’accompagne de belles sueurs froides pour votre équipe. Si chacun de ces adversaires représente une sérieuse menace, tous les personnages disposent en contrepartie d’avantages particuliers contre ces Skavens spéciaux en fonction de leurs armes.
Extrait de gameplay du jeu
Le système de combat de Vermintide n’est pas aussi profond que celui de la précédente production de son développeur : War of the Roses. Il n’en demeure pas moins très agréable à prendre en main grâce à de bonnes sensations d’impact et de puissance des coups. Les différentes armes au corps à corps sont toutes dotées de deux attaques spécifiques, l’une, rapide, associée au simple clic gauche de la souris et l’autre, plus lente et plus puisante au clic prolongé. Le clic droit permet de parer les attaques en fonction d’un score de blocage propre à chaque arme. Qu’on se le dise, Vermintide ne possède pas la richesse des mouvements d’un Dark Messiah avec ses attaques à angle, il est plus simple sur ce point puisqu’on y alterne entre attaques normales et attaques chargées, blocages au bon moment tout en repoussant les ennemis lorsque la situation l’exige. Mais cette relative simplicité ne nuit pas au fun immédiat que procurent les affrontements. Ces derniers se révèlent solides, brutaux et bénéficient d’un très bon feeling appuyés par des effets visuels et sonores convaincants. On ressent bien l’impact des coups, un élément très important dans un jeu où l’on passe le plus clair de son temps à charcler du Skaven.
Mon royaume pour un jet de dés chanceux
Vermintide offre aussi divers objectifs à remplir pendant la progression du groupe sur ses 13 différentes cartes. Un peu redondants, ces derniers demandent souvent par exemple d’apporter des barils explosifs à un endroit particulier pour le faire sauter, defendre une zone pendant un laps de temps prédéfini ou encore apporter des provisions dans un charriot. On note toutefois quelques séquences bien plus inspirées comme la défense de pilonnes magiques dans une tour des mages à l’architecture eschérienne barrée. Mais tout le sel d’une mission de Vermintide réside réellement dans la recherche de différents tomes et grimoires magiques disséminés à travers les niveaux. Si certains sont plutôt faciles à trouver, d’autres sont planqués dans des endroits bien retors (en haut de certains toits, derrière des parois amovibles etc.).
Le jeu en vaut toutefois la chandelle car récupérer ces collectables représente le seul moyen d’augmenter ses chances de loot de matériel de bonne qualité en fin de mission. Revers de la médaille, chaque tome ramassé apporte son lot de malus au joueur, voire même à toute l’équipe ! Les tomes prennent dans notre inventaire l’emplacement des objets de soin (pack ou potions), mais ils peuvent être posés à terre de façon à se soigner avant de les ramasser à nouveau. Les grimoires en revanche sont liés à votre personnage et empêchent de récupérer des objets de soin. Plus vicieux encore, si chaque chaque grimoire garantit un succès critique sur vos lancés de dés en fin de partie, le fait d’en porter un réduit de 33% le montant de vie total de toute l’équipe. On peut en ramasser deux sur la plupart des maps, soit une barre de santé réduite de 66% pour au moins un bon tiers de la mission.
Si la chose se gère dans les modes de difficulté classiques, votre escouade devra être parfaitement préparée pour aborder un run full grimoires en mode cauchemardesque ou cataclysme où le tir ami s’active sur les attaques à distance. Vermintide récompense donc un certain sens de la prise de risque avec cet ingénieux système. Car l’accès au loot est garanti si et seulement si les joueurs parviennent à boucler une mission. On ne gagnera aucune récompense (hormis un chouilla d’expérience) en cas d’échec... cruel, mais motivant ! Une fois une carte terminée, chaque membre de l’équipe accède à une fenêtre de lancé de dés. Sept dés à faire rouler pour obtenir une chance de gagner l’un des sept objets proposés à l’écran, armes ou bijoux. Leur qualité (de normal à légendaire) dépend de votre lancé et donc pour beaucoup des grimoires et tomes ramassés en cours de partie. Toutefois rien ne peut assurer le joueur de repartir avec un objet de bonne facture et/ou utilisable par sa classe favorite. Un patch à venir prochainement devrait arranger ce "problème" en permettant au joueur de choisir sa catégorie d'objets à looter. En l'état donc, le système peut donc se révéler un brin frustrant car réaliser une partie parfaite avec beaucoup de prise de risque peut très bien se conclure par un bon vieux lancé de dés poissard, de quoi rager derrière son écran. Bien s’équiper demandera donc de farmer les missions ce qui pourra induire à la longue un sentiment de répétitivité chez certains joueurs. Un sentiment qui aurait pu être amoindri par l'introduction d'un mode versus autorisant les joueurs à incarner les Skavens.
Le repos des braves
Entre chaque mission, le joueur et ses compagnons profitent d’une pause bien méritée dans une taverne dont le tenancier fait office de narrateur à la campagne du jeu. Outre l’aspect RP de la chose, ce sombre boui-boui sert en fait de HUB à Vermintide. C’est ici que le chef de groupe choisira la mission à lancer et son niveau de difficulté. Chaque joueur aura loisir de changer de classe, de tester ses armes sur les jambons suspendus aux poutres (les joueurs me comprendrons) et surtout d’accéder à l’interface de craft du jeu. Car le loot inutile récupéré en fin de partie ou à chaque prise de niveau peut servir à créer de nouvelles armes ou des pierres d’enchantement. Il suffit de combiner cinq objets du même type pour en obtenir un autre de qualité supérieure. Si la chance est de votre côté, vous pouvez aussi tenter de combiner des items différents pour en fabriquer un autre au hasard. Le système d’amélioration permet quant à lui d’activer différents bonus sur vos armes de qualité supérieure. Ces passifs font toute la différence entre un équipement commun, rare et légendaire.
Vermintide fait un admirable travail du côté de sa direction artistique. Baignés dans la pâle lueur verdâtre de la lune menacante, les environnements parviennent à retranscrire le côté apocalyptique de l’univers gothique de The End Time. À forte tendance urbaine, les maps de Vermintide évitent néanmoins de tomber dans la répétition excessive des ruelles et bas quartiers d’Ubersreik. Si on passe pas mal de temps à arpenter la ville et ses égoûts, Fatshark a tout de même pris soin de nous faire explorer les alentours de la sombre cité : marécage puant, petit village de pêcheurs, tour de mage (un niveau vraiment intéressant au passage), ambiance champêtre et cimetière délabré complètent un tableau de missions pas avares en jolis paysages chaotiques. Le chara design des Sakvens est lui aussi réussi, proche de leur version figurine Warhammer à l'exception peut être des Rats Ogres un peu trop sâges côté difformité.
Mention spéciale au sound design global du titre qui parvient à nous faire ressentir le côté sanglant des affrontements tout en nous donnant de précieuses indications sur l’arrivée de certains Skavens spéciaux (le chant de guerre des Commandants est d’ailleurs particulièrement bien fichu, Clic Clac, Clic Clac !). Les doublages en anglais complètent cet agréable tableau avec des accents marqués et un jeu d’acteur convaincant. Plutôt bien optimisé sur une configuration gamer dotée d’une GTX 970 et de 8Go de ram, Vermintide propose des réglages graphiques suffisamment nombreux pour tourner sur des machines moins puissantes au prix de quelques sacrifices. Au fil des nombreuses mises à jour déployées par Fatshark (que l’on salue pour leur admirable suivi du jeu), les différents bugs de collision rencontrés ici et là en jeu tendent à se faire plus rares sans pour autant disparaître encore totalement.
Points forts
- Un Left 4 Dead à la sauce corps à corps avec sa propre personnalité
- Très plaisant entre amis
- La mêlée, brutale et sanglante
- Un panel d'armes varié aux avantages différents
- Ambiance sombre et gothique à souhait
- Un bon suivi de la part des développeurs
Points faibles
- Système de loot un brin frustrant (mais un patch arrive !)
- Quelques bugs de collision
- Le système même du jeu peut induire une certaine répétitivité
- On aurait pas dit non à un mode Versus permettant d'incarner les Skavens
Si Warhammer The End Time Vermintide emprunte beaucoup des mécaniques de Left 4 Dead, le jeu de Fatshark réussi à justifier son existence grâce à ses choix en matière de gameplay et son univers Dark Fantasy maîtrisé. L’introduction de classes dotées de différents types d’armes combiné à un système de progression et de loot motivent le joueur à avancer arme levée pour trancher du Skaven encore et encore. Parfois frustrant sur ses récompenses, impitoyable dans certaines configurations, Vermintide n’en demeure pas moins un vrai bon jeu en coopération qui prendra tout son sens une fois joué en vocal avec une bande de potes. Tremblez vermines !