Quand le créateur de World of Goo s'attaque à un autre jeu, on est forcé de s'y interesser. Il est inutile de rappeler que World Of Goo est un jeu au principe extrêmement simple, reposant sur des puzzles avec des petites bouboules gluantes. C'est en majeure partie pour cette raison que la presse l'a critiqué avec bienveillance et en à au final tiré les conclusions que le jeu était absolument génial. Aujourd'hui, nouveau jeu, nouveau style, mais toujours autant de qualité. Place à Human Resource Machine.
Le principe de Human Resource Machine est très simple, et son titre donne presque la réponse. Nous incarnons un programmeur s'accomplissant dans une grande entreprise, qui, sur une durée de 50 ans in game, va faire le même travail, c'est-à-dire triller et travailler sur des lignes de codes. Même si le principe à l'air rudimentaire ludiquement parlant (et pour dire un peu chiant), il n'en n'est rien.
TU AIMES RÉPÉTER INLASSABLEMENT LA MÊME CHOSE SUR DES DIZAINES DE NIVEAUX ? OUI ? ALORS BIENVENU.
Comme l'indique ce merveilleux titre, HRM base tout son gameplay sur l'automatisation d'une tâche, aussi simple ou complexe soit-elle. Vérifier la viabilité d'une ligne de code, si tous ses symboles appartiennent bien à un même type, modifier des anomalies qui empêcheraient le code d'être utilisable, piocher ou résoudre telle ou telle information : Voilà ce qui sera votre besogne. Bien au-delà du principe de jeu vidéo, HRM inculque à quiconque si intéresse des méthodes de travail et quelques bases bien senties en programmation. N'étant pas dans le domaine, je ne pourrai pas dire si elles sont réelles, mais je pense que le principe fondamentale est respecté. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à un obscur tuto programmation pour voir Lara Croft nue, pioché au fin fond de YouTube. L'équipe a volontairement adouci les angles, je vous rassure, vous ne ferez pas de la programmation pure et dure. HRM reste avant tout un jeu.
Vous n'aurez donc pas face à vous de barbares lignes de codes sur fond noir et blanc. Vous n'aurez pas non plus des obligations très précises et pointues sur la qualité de travail. Les codes sont ici représentés sous formes de jolies boites aux couleurs attrayantes, qu'il faudra modifier et faire interagir. Cela rappelera à pas mal d'entre vous les sombres heures de cours de technologie au collège et pas mal d'heures de maths au lycée. En effet, malgré une volonté, comme préciser plus haut, "d'adoucir les angles", le jeu est obligé de respecter le fondement de la programmation, l'algorithmie. Rien de bien complexe, mais les allergiques aux maths vont dérouiller un peu plus que les autres, c'est certain. En plus, pour faciliter les choses, le jeu énoncera en début de niveau l'instruction (pour ceux qui dormaient au fond de la classe pendant les cours, une instruction est un ordre qui sera répété autant de fois que nécessaire pour l'obtention d'un résultat, par la machine sur laquelle il est codé) à utiliser, ce qui permet de ne pas être trop perdu. Ajoutons à cela des objectifs bonus se cachant dans chaque niveau, histoire de corser pour ceux qui ne sont pas rassasier.
MAIS POURQUOI ACHETER UN JEU SUR LEQUEL JE RISQUE DE ME PRENDRE LA TÊTE ?
Et bien pour le plaisir de la belle pensée ma bonne dame. Même si vous êtes le dernier niveau maths, ce jeu est vraiment faisable. La logique n'est pas une science inée et inacessible pour le commun des mortels, réfléchir un peu et se creuser les méninges est à la portée de tout le monde (enfin je l'espère ?). Ceux pour qui la réflexion est facile vont très vite prendre leurs marques et rentrer dans le système, les autres vont devoir s'accrocher un peu et être très attentifs aux indications du jeu qui, dans tous les niveaux, délivrent les bagages pour s'en sortir. Bon, je l'avoue, avoir quelques notions algorithmiques est une aide non négligeable, mais pas forcément nécessaire. Puis, rien ne vous oblige à viser le 100% en complétant d'un air narquois tous les objectifs optionnels, qui eux par contre vont sacrément vous labourer la cervelle, surtout vers la fin. Pour faire simple, si vous vous concentrez et avancez de façon relativement fluide sans s'acquitter d'objectifs bonus, vous en aurez pour 6-7 heures. Et quand même, 6 heures pour faire un peu de bien à son cerveau et à sa logique, ce n'est pas cher payer. En parlant du prix (10€), il est tout à fait correct pour la durée de vie, pour peu que l'on abandonne pas.
PETIT MOT SUR LA TECHNIQUE
Comme pour World Of Goo, l'équipe nous rend une copie esthétiquement très soignée. C'est un style très simple, un poil Tim Burtonesque, mais pas du tout déplaisant. La musique, très discrète, ne vous marquera pas par sa mémorable mélodie, mais elle fait le taff d'accompagner sans géner, ce qui est déjà pas mal. Pour parler d'un sujet aussi rébarbatif et effrayant que la programmation, il fallait au moins ça.
Points forts
- Plutôt joli
- Intéressant et stimulateur
- Rapport durée de vie / prix très convenable
- Une difficulté adaptable : objectifs bonus vraiment corsés pour les fous de la calculette
Points faibles
- Malgré tout, le concept reste très rebutant
- Pour les néophytes, la fin va vraiment vous labourer le crâne
Si le jeu en lui même ne paraît pas sensuellement excitant, aux premiers abords je précise, on peut quand même saluer l'idée. Faire un jeu sur un sujet aussi complexe que la programmation, et arriver à en extirper un gameplay suffisament équilibré et ludique pour plaire, ça c'est du bon boulot. Et le pire, c'est que ça fonctionne bien : le jeu triture les méninges sans les agresser, et le tout passe avec des graphismes, qui certes ne cassent pas trois pattes à un canard, mais reste élégant. Et juste parce qu'il arrive en moyenne à faire faire presque 8 heures de mathématiques un peu avancés à des gamers, je l'aime bien ce jeu.