Après les flashlights azurés de promesses nostalgiques, comme des balises jalonnant le jeu rétro, le jeu indépendant joue de plus en plus le faire valoir d'une époque révolue, comme un témoin vertical d'une époque à laquelle on prête des qualités formidables. “Avant c'était mieux” comme un mantra que certains appliquent tels des bandages pour résorber les blessures du temps. D'autres s’engouffrent dans la brèche, à la manière de hipsters pensant que tout ce qui a un aspect cubique/8bits fera sensation. Attention rétro ne veut pas dire automatiquement hit en puissance, la preuve avec Galactic Hitman.
Galactic Hitman ne porte pas en lui même les stigmates de cette mode revival, juste qu'il est une de ces conséquences visibles de cet écueil. Celle de l'indépendant sortant coûte que coûte un jeu pour le voir publié sur Steam. Steam n'est pas une bibliothèque (ou ludothèque) compilant les softs pour amateurs de tout genre.
Aujourd'hui Steam est un outil promotionnel indéniable du marché, de ces tremplins qui jouent presque la carte de la Nouvelle Star. Et ils sont nombreux ceux qui se lancent dans l'aventure, peut être même un peu trop. Galactic Hitman est un FPS hyperspatial tout ce qu'il y a de légitime quand on aime se balader dans des couloirs, pétoires létales accrochées en bandoulière autour du torse.
La tradition, c'est aussi ce qui fait l'histoire. L'histoire d'un genre est aussi un ressort pour les développeurs voulant y apposer leur patte. Cependant, il faut pour que ça colle, donner un nouveau souffle, une nouvelle énergie à une base pour la voir grimper plus haut. Ou, si le but est d'en revisiter les couloirs, essayer de construire le jeu de manière efficace, histoire que le référentiel parle aux cortex des joueurs. C'est une chose qu'Every Click Counts Games a semble-t-il oublié.
Dans l'espace personne n'aura envie de vous entendre crier
Perdu dans la galaxie Zeta, le héros de Galactic Hitman part à la chasse aux pirates Dargenziz. Les hostiles baroudeurs de l'espace ont abordé les vaisseaux colonies stationnés en orbite dans cette portion de l'univers. Vous partez donc avec votre gun et votre couteau les déloger de ces espaces confinés, tirés en lignes droites. Galactic Hitman est un jeu horizontal, pour ne pas dire d'une platitude aliénante (sans mauvais jeu de mot).
Les couloirs dans lesquels vous déambulez sont architecturés grâce au moteur Unity et rendent compte de l'atmosphère hyper-spatiale du soft. Quelques shaders, des modélisations acceptables, justifient la plausibilité de ces environnements. Le seul problème, c'est qu'ils sont clonés à l'infini.
Et c'est aussi le problème que les joueurs rencontreront quand ils seront face aux extraterrestres peuplant chaque vaisseau répondant à des noms tous plus anecdotiques les uns que les autres. IA à la ramasse, ennemis indéfectibles de leurs positions, le tout sur-cramé par une difficulté artificiellement augmentée pour donner du punch au jeu. Le développeur divise par zéro ses mécaniques combinatoires et improvise un jeu faussement naïf, surtout lorsque l'on sait qu'il suffit de s'accroupir pour éviter de se faire toucher.
Le feeling des armes est parti en vacances, sans visa, au soleil. D'ailleurs leur nombre est aussi limité que le gameplay du jeu, mis à part une mitrailleuse plasma et le petit pistolet assorti. Il y a peu de choses à se mettre sous la dent. Etrange par ailleurs d'avoir des armes aussi futuristes dans cet univers, couplées à des grenades presque issues de la seconde guerre mondiale. Le génie créatif du développeur certainement qui joue de l'anachronisme comme d'un ressort dynamisant.
Le vital des mobs (ennemis du jeu) est affreusement élevé, en plus de les voir aussi clonés que les environnements de ce Galactic Hitman. La Hitbox attend ses papiers à la frontière de la nébuleuse "Game_PlayX". Il semblerait que sa mère pondeuse se soit cachée dans une matrice générant des bugs de collisions à outrance. A cette vitesse peut-on imaginer l'invention de la téléportation de DLC par énergie motrice quantique ? Rien que d'y penser c'est le frisson nucléaire.
Points forts
- La copie a au moins été rendue
Points faibles
- D'une pauvreté affligeante
- Pas de body awereness, pas d'IA
- Environnement sonore indigne de l'année 2015
- La traque des clones
- Aucune sensation de tir ou d'ambition
Avant c'était peut être mieux, mais c'était uniquement parce que les maestros derrière les softs de l'époque usaient des outils du moment au maximum de leurs capacités pour créer du matériau fictionnel et ludique intéressant pour les joueurs. Ici on est au niveau de la négation du FPS, bêtement lancé pour s'accrocher un peu plus à la fragrance 'oldies" de l'époque. Un jeu ni fait, ni à faire. Sauvez vos deux euros et passez outre, au même prix il y a des dizaines de jeux qui valent la peine d'être découverts.