Parler de déception pour évoquer la sortie de FIFA 15 l'an passé serait encore trop faible. Plombé par des gardiens au comportement imprévisible, une vitesse de jeu ne favorisant pas la construction et une sensation manette en main sans grande saveur, l'épisode s'est rangé au rayon des titres de la série à vite oublier. EA Sports semble avoir cette année mis les petits plats dans les grands pour nous proposer une nouvelle mouture digne de ce nom. Pari réussi ?
Après une série de prises en main multiples datant de début juin et s'achevant avec la démo sortie il y a quelques semaines, nous avons pu jouer en avance à cette version "définitive" (à l'époque des patchs et correctifs rois, le terme reste à prendre avec des pincettes) de FIFA 16. Si l'habituel regain de vitesse était de mise entre la toute première version de juin et celle actuelle, les bonnes sensations entrevues depuis des semaines se sont confirmées à mesure que nos heures grandissaient.
De-fense, De-fense
Entamons ce tour d'horizon par la base de tout bon jeu de football ; le jeu en lui-même. Il s'agit de la plus grosse part du gâteau appellé nouveauté dans cet opus qui se devait, comme nous l'avons déjà souligné, de repartir sur des bases plus convaincantes que celui de l'année dernière. Alors que l'attaque prenait bien trop souvent le pas sur la défense grâce à une différence entre vitesse balle au pied et sans ballon peu visible et une capacité de retournement des attaquants qui frôlait bon le scandale, FIFA 16 choisit de repartir sur une base plus défensive en étoffant la palette de nos avant-derniers remparts.
Les tacles tout d'abord, autrefois exclusivement représentés par la défense debout du fait de la faible efficacité des tacles glissés, disposent de nouvelles animations et d'une place bien plus importante au sein même du gameplay. Contenir le joueur et appeler un deuxième coéquipier pour faire pression sur le porteur du ballon sont ainsi légèrement moins efficaces qu'avant, au profit des tacles appuyés dont la glissade gagne en longueur et en efficience lorsqu'elle est exécutée avec un timing adéquat. De plus, il est possible en cas de loupé de presser une touche pour freiner sa course et se relever plus vite afin d'espérer rattraper le coup dans la foulée. Une excellente idée à l'utilisation encore marginale mais qui densifie l'aspect simulation du titre. En terme d'équilibre, on notera surtout la riche idée de freiner légèrement la vitesse de pointe des attaquants, les ailiers en tête pour tenir compte de la contrainte de la course avec le ballon. Si certains ténors de la statistique (Walcott, Ronaldo...) parviennent toujours à tirer en toute logique leur épingle du jeu, le résultat est moins frustrant pour les défenseurs qui ne parvenaient parfois jamais à rattraper un joueur aux statistiques loin d'être hallucinantes.
Même avec des équipes inférieures, l'amélioration de l'IA est tangible
Le point le plus marquant de la défense reste toutefois l'amélioration tangible de l'IA alliée, bien plus propice à se placer avec efficacité en anticipant et couvrant notamment les zones d'interception. Quelques parties suffisent à se rendre compte de la réduction des erreurs au marquage, qui reste cependant (et fort heureusement) dépendante des statistiques de bases des défenseurs, ainsi que du placement moins erratique de la ligne défensive. Il n'est ainsi pas rare de voir un coéquipier lâcher sa zone habituelle pour compenser un trou, ne pas casser systématiquement la ligne d'une défense jouant le hors-jeu pour faire pression sur un joueur sans la possession du ballon... Un brin d'observation suffisent à saisir toutes les nuances apportées au comportement de la défense et à en apprécier les conséquences directes telles qu'une réduction de l'efficacité auparavant létale des passes en profondeurs lobées. Quand aux gardiens, ils ont gommé une partie de leurs boulettes inexpliquables du précédent opus, c'est un fait. Ils restent toutefois bien inquiétants et nous gratifient régulièrement d'un loupé qui ne prête fort heureusement pas toujours à conséquence. On aurait aimé voir ces derniers gagner un peu en assurance pour nous éviter les habituelles sueurs froides sur les centres et coups de pied arrêtés.
It's in the game...play
"On était solides, bien en place et l'important c'était les trois points". Certes, une bonne base défensive est essentielle, mais pour marquer et prendre les trois points encore faut-il laisser un peu de place à la construction et au jeu d'attaque. La phrase fétiche du footballeur lambda prend toute sa mesure dans FIFA 16, ou l'importance du jeu de passe revient sur le devant de la scène au détriment d'un jeu direct parfois barbant. Plus molles et plus lentes à arriver dans les pieds de votre coéquipier, les passes classiques se font régulièrement voler la vedette par les passes appuyées (R1 ou RB associé à la touche de passe) essentielles dans la construction du jeu. Attention toutefois à ne pas en abuser, celles-ci nécessitent un dosage précis pour éviter que l'action termine en mauvais contrôle ou ne sortent carrément du terrain pour les adeptes des jeux étirés frôlant régulièrement les lignes de touche. Dominantes sans être abusives du fait du doigté nécessaire à leur maîtrise, les passes appuyées devraient rapidement gagner une place de choix dans votre arsenal d'attaque.
Quelques attaques bien placées et c'est le drame
L'autre amélioration la plus tangible de l'attaque concerne les centres. Il est moins facile qu'auparavant de déborder son vis-à-vis pour venir lui coller un centre-tête faisant mouche à tout les coups, à l'image de ce que proposait FIFA 14. En revanche, le degré de qualité du centre selon que le joueur est marqué ou non est bien plus important et se matérialise par davantage de déchet dans ce secteur s'il est gêné par son adversaire. Démarqué, le joueur a tout le loisir d'ajuster son centre et pourra remarquer la sensation moins scriptée de ces derniers, dont la trajectoire varie bien plus selon l'effet imprimé au cuir, qu'ils soit fouetté ou frappé sans courbe particulière. Les têtes semblent plutôt efficaces dans cet opus mais ont le bon goût de ne pas passer aussi souvent qu'il y a deux ans, ne gâchant en rien l'équilibre du jeu lors de nos heures consacrés à ce test. Du côté des frappes, les sensations restent les mêmes avec leur avantages et surtout un inconvénient, celui des frappes enroulées qui ont encore une fâcheuse tendance à passer bien plus facilement que les autres.
Les dribbles sans contact font également une apparition remarquée dans cet épisode mais devraient rester la chasse gardée des puristes ayant déjà retourné les bases du gameplay original de la série. A utiliser avec parcimonie et intelligence, ils permettent néanmoins d'associer une feinte bien sentie à un crochet dévastateur et surprendre l'adversaire dans les zones de décision, tout en continuant l'éternelle quête de réalisme de la jouabilité sans ballon initiée il y a quelques années de cela dans nos jeux de football de salon. Quand aux humiliations en règle des adversaires, elles devraient pulluler dans les parties en ligne pour le plus grand plaisir des adeptes du jeu online. Face à l'IA en légende, les dribbles sans contact auront déjà un peu plus de mal à trouver leur public. Un dernier mot justement sur l'IA adverse, qui semble pour la première fois depuis FIFA 13 gagner en crédibilité ce qu'elle perd en omniscience. Celle-ci s'offre quelques ratés aléatoires (passes manquées, imprécises), étire davantage le jeu via des transversales, n'hésite pas à plus faire circuler le ballon quand vous lui laissez la possession et tire profit de ses ailiers rapides en étirant leur contrôle de balle lorsqu'ils ont le champ libre. Beaucoup de petits ajouts donc, mais qui sont rapidement visibles et appréciables pour les joueurs ne comptant pas s'aventurer dans les joutes en ligne.
Femme icône ou Super femme icône ?
Pour la première fois dans l'histoire de la série, les femmes occupent une place de choix en disposant de 12 sélections nationales et d'un gameplay façonné à l'image du football féminin IRL. Plus lente, moins physique et basée sur un jeu collectif accrocheur faisant la part belle à la technique, la prise en main des matches féminins est séduisante et pourrait même accoucher de quelques parties encore plus convaincantes que celle des équipes masculines si vous privilégiez un style de jeu plus collectif. Les animations des joueuses s'avèrent également réussies, davantage que celles de leurs homologues masculins (nous y reviendrons), au rendu général moins fluide. Au rayon du contenu, on retiendra donc comme mentionné ci-dessus les 12 sélections nationales (Allemagne, Angleterre, Australie, Brésil, Canada, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Mexique et Suède) que vous pourrez utiliser en match amical exclusivement réservé aux femmes, les affrontements mixtes n'étant pas prévus, ainsi qu'un tournoi prenant la forme d'une coupe du monde. On regrettera toutefois l'absence de la sélection du Japon, vice-championne du monde en titre et couronnée en 2011.
Des modes plus chiches en nouveautés
Si sur le plan du jeu pur le titre s'offre un rebond attendu, il stagne davantage dans ses propositions de modes de jeux, leur offrant surtout quelques nouveautés distillées avec parcimonie. Le mode carrière tout d'abord, permet désormais de choisir entre ne pas disputer de matches amicaux d'avant-saison ou participer à un tournoi de pré-saison dont les résultats pourraient influer sur votre budget transfert. Il propose également un système d'entraînement permettant de réaliser 5 séances de jeux techniques par semaine pour améliorer plus rapidement les statistiques de vos joueurs, une révision des systèmes de prêts désormais répartis entre 6 mois, 1 an ou 2 ans et un scouting rendant le rapport sur un joueur efficace pendant un an au lieu de quelques mois auparavant. Ultimate Team s'offre également une petite nouveauté avec FUT Draft, un outil de draft (sans blague) dans lequel vous composez une équipe en choisissant parmi 5 joueurs proposés au hasard pour chaque poste. une fois l'équipe créée, vous pourrez enchaîner jusqu'à 4 matches avec celle-ci afin d'espérer remporter plus de crédits pour le mode Ultimate Team. Une fois la série terminée, il faudra repasser à la caisse pour relancer une Draft. La particularité vient du fait que les joueurs disponibles appartiennent tous à la catégorie des cartes dorées, faisant de FUT Draft un mode adapté aux débutants découvrant le système d'affinité et pouvant saliver à l'avance des futures recrues stars de leur équipe du mode classique d'Ultimate team. Plutôt malin et finalement agréable pour se lancer en douceur dans ce mode impitoyable de la série.
Un petit tour dans les menus du mode carrière, qui reviennent à un ton clair cette année
Se lancer en douceur dans la série, c'est aussi l'objectif du mode coach, activable et désactivable à la volée via une simple pression sur le stick droit. Celui-ci affiche au dessus du joueur les différentes touches qu'il peut exécuter selon son placement sur le terrain, offrant sur le papier un outil d'aide aux débutants désireux de se lancer directement dans le grand bain. Paramétrable à l'envie pour proposer différents degrés d'aide allant de la simple indication de passe et de tir à des commandes plus poussées, celui-ci manque trop de lisibilité pour s'avérer vraiment utile en match. Dommage, l'idée était la mais l'exécution devra être revue. On privilégiera donc finalement ce bon vieil entraînement en passant par les jeux techniques de base, exécutables en quelques minutes et tout aussi utiles pour quiconque souhaite s'offrir un premier contact avec le soft.
Au rayon des autres nouveautés, les amateurs de Bundesliga apprécieront l'arrivée de la licence officielle du championnat Allemand, matérialisée par la présence de l'habillage officiel des rencontres, des modélisations de visages des joueurs plus nombreuses et l'arrivée du stade du Borussia Mönchengladbach, le bien nommé Borussia Park. D'autres stades font également leur apparition comme le King Abdullah Sports City, (Al-Ittihad et Al-Ahli), El monumental (River Plate), le Vitality Stadium (Bournemouth), Carrow Park (Norwich City), Fratton Park (Portsmouth), Vicarage Road (Watford) sans oublier le vélodrome qui se voit mis à jour pour proposer sa version avec toit. Toujours aussi horripilants et similaires depuis des années, les commentaires se voient ici agrémentés de quelques nouvelles phrases notamment en mode carrière ou les transferts des joueurs et évènements extérieurs sont désormais signalés lorsqu'ils sont dignes d'intérêt. Les amateurs de modélisation fidèle noteront l'arrivée de quelques petits nouveaux dans ce domaine y compris parmi les clubs Francais, ou Paris (Kurzawa, Marquinhos), Marseille (Batshuayi, Lemina - parti entre temps à la Juventus) et surtout Lyon (Umtiti, Ferri, Tolisso, Fékir) tirent leur épingle du jeu.
Nous concluerons ce test avec une brève mention de la partie plus technique du titre, qui n'a pas connu ici de changement majeur, qu'il s'agisse de la qualité pure de la modélisation ou des animations uniquement agrémentée des quelques nouveautés évoquées plus haut. On regrette toujours ce manque de liant entre les différentes parties du corps des joueurs, rendant les mouvements moins fluides que ceux de son concurrent direct et même de ceux des équipes féminines fraîchement apparues qui semblent avoir été plus soignées sur ce point. S'il reste un axe d'amélioration pour la série dans les années à venir, c'est bien celui-ci que les équipes d'EA Sports devront creuser en premier, sans oublier de corriger les différents petits défauts de gameplay qui persistent à pointer le bout de leur nez.
Points forts
- Gameplay féminin fluide avec une bonne prise en main
- Vitesse de jeu plus propice à la construction
- Palette d'outils défensifs convaincante
- Le retour d'équipes brésiliennes
- Moins de techniques qui passent à tout les coups
- Allure des centres plus crédible
- Meilleur comportement de l'IA alliée et adverse
- Nouvelles animations et usage accru des tacles glissés
- Les passes appuyées
- Les ajouts du mode carrière
- FUT Draft, bonne introduction à FUT
- IA moins omnisciente qui étoffe sa palette de coups
Points faibles
- Manque de liant entre les animations du corps des joueurs
- Toujours quelques loupés côté gardiens
- Mode coach qui entâche la visibilité, on conseille plutôt les jeux techniques de base aux débutants
- Encore et toujours ces fichus commentaires
- Certains bugs mineurs habituels non corrigés
- Frappes enroulées qui passent trop souvent
- Pas d'énorme nouveauté sur la forme
Les premières impressions étaient bonnes, elles se confirment sur cette version finale de FIFA 16 nettement plus convaincante que son aînée. En offrant une place digne de ce nom à la défense, il parvient à compenser les offensives basées sur la vitesse et l'inertie permissive des attaquants en un-contre-un, sans oublier d'apporter de nouveaux outils à la construction des attaques, centres plus réalistes, alternance du style de passes en tête. Si les sensations sont bonnes manette en main, on pourra lui reprocher une certaine frilosité sur la forme, avec une absence de grosse nouveauté heureusement en partie masquée par l'arrivée convaincante des équipes féminines. La présence peu rassurante des gardiens devrait également déclencher quelques scènes cocasses que l'on retrouve moins souvent que dans FIFA 15 certes, mais que l'on aurait surtout préféré ne plus voir du tout dans cet opus. Bref, il reste encore du travail aux équipes d'EA sports pour proposer la simulation de football ultime, même s'ils nous livrent avec ce FIFA 16 un épisode de bonne facture.