AdVenture Capitalist est à la fois une satire des travers habituels des free-to-play mais aussi de notre économie capitaliste. Un jeu à la progression volontairement lente et automatique sur fond de musique entraînante où les biftons défilent aussi vite que les minutes passées à regarder nos profits s’envoler vers des sommets indécents. Etes-vous prêts à tout gagner tandis que vous perdrez votre âme ?
Au commencement, il y avait un citron
Disponible sur PC et tout un tas de trucs portables, le titre d’Hyper Hippo fait tout en hyper : hyper léger à télécharger, hyper bien noté sur Steam, hyper facile à prendre en main, mais surtout hyper addictif. Résumons la situation, AdVenture Capitalist est un jeu de gestion aux principes simplistes : engranger encore et toujours plus de pognon. Pour ce faire, il faudra bien commencer quelque part, pourquoi ne pas alors presser quelques citrons ? Le début de la fortune passe en effet par la vente de limonade contre une poignée de dollars à investir par la suite dans la distribution de journaux, puis dans la livraison de pizzas à domicile. Petit à petit, l’investisseur aux dents longues que nous incarnons gravit les échelons et prend la tête de compagnies de pêche à la crevette ou de studios de cinéma afin d’atteindre le Graal ultime du capitalisme exacerbé, la compagnie pétrolière !
L’effet boule de neige opère dès les premières minutes de jeu car tout passe ici par de simples clics sur un tableau de gestion où les profits s’amassent sans cesse. Il est en effet nécessaire de cliquer sur chacun de nos investissements pour déclencher leur production, un processus rapide à ses débuts mais de plus en plus chronophage au fil du jeu. Chaque « nouvelle » industrie apporte considérablement plus d'argent, mais à un rythme plus lent, à moins d’investir de grosses sommes pour la mettre à niveau. Trop occupé à compter mes liasses de billets, il me faut donc automatiser le processus de production. Ni une ni deux, je recrute une armée de managers qui s’occupera de la collecte des fonds à ma place. Voilà, la machine est lancée, ne reste plus qu’à investir dans quelques améliorations aptes à multiplier mes profits et j’atteindrais bientôt le milliard de dollars de bénéfices. Il est grand temps d’aller m’acheter une canne, un monocle et un haut de forme ! Et quand bien même il me prendrait l’idée de tout revendre, ce serait pour repartir de plus belle aidé par des investisseurs impressionnés par mon génie financier ; des Buisiness Angels aptes à accélérer encore plus mes profits lors de ma seconde course à la richesse démesurée.
Si tu n’obtiens pas ce que tu veux avec de l’argent, tu peux l’obtenir avec beaucoup d’argent !
AdVenture Capitalist est donc à la fois une critique de notre système économique et un parfait petit exemple de ses mécaniques attractives, voire hypnotisantes. Sous une couche de jeu de société à l’aspect Monopoly agrémenté de graphismes nonchalants à la PIP Boy de Fallout et d’une musique enjouée qui te restera collée au cerveau tel un chewing gum, le titre s’avance sans prétention mais avec la capacité de vous accompagner en arrière-plan de vos tâches quotidiennes durant quelque temps. Car rien n’arrête le profit dans AdVenture Capitalist, ni un alt-tab, ni l’arrêt du jeu puisque le bougre continue à calculer vos revenus même pendant son sommeil… rien n’arrête le capitalisme. Free-to-play oblige, des achats contre argent réel sont de la partie, on parle ici de gain de temps ou de bosst de profit, mais qui serait assez fou pour aller investir des euros dans un jeu où les dollars pleuvent sans cesse, ni vous ni moi certainement !
Points forts
- Du pognon !
- Encore plus de pognon !
- Une satire assez drôle de notre économie capitaliste
- Rien n'arrête le capitalisme, même la fermeture du jeu !
Points faibles
- Il me faut encore plus de pognon !
- Intérêt stratégique limité, mais est-ce vraiment le but ici ?
AdVenture Capitalist est une ode au pognon facile, un "Clicker" gratuit où les millions se bousculent au portail des milliards. Et comme le dirait un célèbre homme d’affaires : « Fric égal pognon », le titre n’a d’autre intérêt que de regarder son portefeuille boudiné de liasses grossir à vue d’œil. Passé un moment, il n’y a même plus besoin de cliquer, ni même besoin de lancer le jeu, telle la machine folle du capitalisme moderne, le jeu trace sa route dorée hors de tout contrôle et dresse au passage une jolie satire de notre système économique. À essayer !