Quelques semaines après l'annonce de la trilogie Assassin's Creed Chronicles, le premier volet du triptyque est arrivé. Plus de monde ouvert à l'horizon, mais un titre épuré qui se concentre sur un gameplay évoquant furieusement Mark of the Ninja : vue de côté, mécanismes d'infiltration et petit prix. On aura vu références moins flatteuses.
Shao Jun est une jeune femme déterminée qui aura bravé de nombreux dangers pour rejoindre Ezio Auditore, le mentor de la confrérie des Assassins au début du XVIème siècle. Alors jeune retraité, celui-ci va accepter d'aider l'Assassin désireuse de retourner dans son pays avec les outils pour le libérer du joug des Templiers. Ces événements relatés dans le court métrage Embers avaient laissé quelques amateurs de la série sur leur faim, déçus de ne pouvoir profiter plus longtemps de la présence de Shao Jun. L'erreur est désormais réparée avec Assassin's Creed Chronicles : China, sorte de fusion entre l'univers d'un Assassin's Creed et le gameplay de Mark of the Ninja. Si j'évoque pour la deuxième fois ce titre, c'est tout sauf un hasard.
De l'utilisation des mécanismes de diversion à la présence de chiens de garde, d'oiseaux, en passant par l'exploitation des éléments du décor, c'est l'ensemble du titre développé par Climax Studios qui transpire de références "Ninjaesques". Le jeu gagne en qualité ce qu'il perd en originalité et en fraîcheur, ne parvenant que trop rarement à amener sa propre patte à un gameplay déjà éprouvé. Vous l'aurez deviné, tout est ici affaire de discrétion : Shao Jun sait faire face aux gardes si elle est repérée, mais après quelques niveaux tout à fait jouables, la difficulté des affrontements devient plus importante et la jauge de vie famélique de notre Assassin suffit rarement pour y survivre. Trop brouillons, les combats ne nous ont toutefois jamais séduits et c'est tout naturellement que l'on dirigera les joueurs vers l'utilisation des mécanismes d'infiltration, plus travaillés et nettement plus intéressants à mettre en oeuvre.
Le gameplay est surtout axé sur l'infiltration, bien qu'un système de combat soit présent
Chaque niveau est divisé en plusieurs courtes séquences d'infiltration (sans coupures ni temps de chargement) qui seront notées selon votre capacité à utiliser vos compétences. Pour obtenir la médaille d'or en Assassin, vous devrez parcourir la séquence sans être repéré alors qu'une médaille d'or en combattant s'obtiendra via un affrontement maîtrisé avec brio. L'intérêt principal de ce système de scoring réside dans la faculté du joueur à gonfler son équipement et ses capacités s'il parvient à obtenir de bons scores, et ainsi conserver ces derniers en refaisant une partie en mode new game +. Les outils pour éviter les ennemis sont classiques : dagues coupant des cordes et libérant des poids, pétards pour étourdir, sifflements et appeaux pour éloigner ou attirer les gardes, sans oublier les nombreuses cachettes aux propriétés diverses, permettant de simplement se cacher ou de dissimuler également le corps d'un soldat, par exemple. Malgré son apparence en 2.5 D, le titre tire profit de toutes les surfaces en vous permettant de grimper aux planches d'un plafond voire différentes zones disposant d'un minimum d'accroche. Ou si vous préférez, de jouer avec les effets de profondeur pour esquiver le regard d'un garde trop curieux qui se serait penché à la fenêtre.
Des séquences de fuite sont également de la partie pour varier les plaisirs
Le système de détection propose de son côté un mécanisme classique, les gardes disposant d'un cône de vision que vous devez éviter pour ne pas être repéré, avec une jauge d'alerte grandissant à mesure que vous restez dans ce cône. Le système fonctionne bien, d'autant plus que le titre propose des modes new game + plus ardus ou les amateurs du genre pourront triturer les niveaux dans tous les sens, cherchant à s'en sortir par miracle après avoir épuisé leurs pétards et s'être retrouvés isolés dans une cache à la merci de deux soldats aux aguets. On pourra toutefois regretter un démarrage extrêmement long dû aux premiers niveaux d'une trop grande facilité, tutoriel oblige. Tel un bon vin (on tapera davantage dans le rosé pour cet opus), Chronicles : China s'affirme avec le temps en proposant des derniers tableaux au level design plus travaillé et intéressant, que l'on n'aura que trop peu le temps d'apprécier à moins de s'adonner aux objectifs facultatifs : collecte, assassinats et protection d'innocents. Pour un joueur patient et obstiné, une première partie pourra taper dans les 7 heures de jeu, comptez la moitié pour un joueur efficace se désintéressant des objectifs secondaires.
Assassiner un boss tout en discrétion, c'est également possible
Dernier point concernant les parties techniques et artistiques où le titre ne parvient pas toujours à nous séduire. Certes, le design aquarelle fait mouche sur certains plans mais il s'avère nettement moins convaincant dans les environnements intérieurs tirant sur le gris à foison. L'ensemble n'est pas relevé par une technique qui se contente du minimum vital, avec même quelques ralentissements heureusement rarement gênants. Discrète, la musique relève pourtant efficacement le tableau en intégrant des sonorités typiques de la région. Sans prétention, tout en finesse et en simplicité, les sons choisis font mouche et se laissent écouter avec plaisir... Jusqu'à ce qu'un garde vous tire de votre torpeur en vous glissant sa lame dans l'estomac. Vil gredin.
Points forts
- Le personnage de Shao Jun
- Séquences de fuite qui cassent efficacement le rythme
- Bonne rejouabilité
- Une palette de mouvements complète
- Une épuration de la forme pour privilégier le gameplay...
Points faibles
- ...débouchant sur une histoire bien discrète
- Combats sans grand intérêt
- Léger manque de souplesse sur certaines animations
- Direction artistique inégale
- Techniquement faiblard
Qu'il est difficile de noter cet Assassin's Creed Chronicles : China qui ne transpire pas vraiment le génie créatif. Reprenant ce qui se fait de mieux dans le genre (Mark of the Ninja) pour l'intégrer à un univers aux canons déjà éprouvés, Climax nous offre un mariage de raison, celui que personne n'avait osé faire mais qui semblait pourtant évident à réaliser. Le résultat est bon, mais n'atteint jamais des sommets d'excellence à cause d'une absence totale d'inventivité et de prise de risque. A réserver aux amateurs du genre qui, pour une poignée d'euros, trouveront de quoi travailler leurs réflexes d'Assassin pendant quelques heures.