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Test Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

Bloodborne, retour en vidéo-test sur cette expérience sanglante

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...
219 599 vues
Profil de mrderiv,  Jeuxvideo.com
mrderiv - Journaliste jeuxvideo.com

Bloodborne est une promesse, une promesse de From Software et plus particulièrement de son responsable Hidetaka Miyazaki. Un contrat signé d’une empreinte sanglante entre le studio et des joueurs attendant une suite spirituelle à la saga des Souls. Combats impitoyables, technicité, maîtrise du level design et ambiance ciselée forment le coeur palpitant de l’expérience proposée par le studio japonais depuis quelques années. Et si l’éloignement d’Hidetaka Miyazaki sur le projet Dark Souls 2 s’est fait ressentir, l’homme revient ici à la tête d’un titre exclusif à la PlayStation 4. Et mine de rien, son influence est palpable dès les premières heures de jeu. Bloodborne puise la plupart de ses mécanismes dans les licences Souls, dépoussière le tout et nous livre une aventure sanglante et mémorable.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

Né dans le sang, mort dans le sang…

Si vous êtes habitué au gameplay des Souls, attendez-vous à quelque peu repenser votre façon de jouer. Bloodborne adopte le parti pris de laisser au placard la relative passivité induite par le gameplay défensif de ses prédécesseurs. Adieu la campouze derrière son bouclier, pour être efficace, il faudra la jouer nerveux et offensif. Le jeu récompense d’ailleurs cette prise de risque et permet de récupérer une portion de vie perdue en effectuant une attaque peu après avoir subi des dégâts. Plus que jamais, tout est question de timing dans les esquives et les fenêtres d’attaque. Annoncé comme plus accessible pour les néophytes, Bloodborne demeure tout de même assez technique à prendre en main. Oh, vous en mangerez des coups de griffes, des attaques de hachoir géant, des mandales capables de vous one shoot et les potions de santé couleront à flots lors des premiers essais sur de nombreux boss. Adieu fioles d’Estus, From Software adopte pour cette fois un système de potions à récupérer sur pas mal d’ennemis ou à acheter contre des échos de sang, la monnaie du jeu au fonctionnement similaire à celui des âmes des Souls. En cas de mort, vous ne récupérerez pas votre stock initial de ce précieux breuvage… Il faudra donc farmer, parfois durant de longues heures, afin de vous constituer un stock de sécurité.

Une phase de farm à Yarnham - Un peu de gameplay maison

Un point sur la création de personnage

Oui, mon personnage ressemble à Harry Potter… La phase de création de l’avatar de Bloodborne accroît une nouvelle fois le nombre de paramètres de personnalisation disponibles. Si Dark Souls 2 rajoutait de la pilosité faciale, le jeu opte ici pour une personnalisation bien plus avancée. De la voix à la carrure en passant par les détails du visage, la création d’un avatar masculin ou féminin permet de laisser libre cours à son imagination. On choisira un archétype de base parmi une liste de builds favorisant pour certains la force, pour d’autres l’agilité ou partir sur une classe aux stats équilibrées. Notez que la magie disparaît du jeu, et si les ennemis n’hésiteront pas à vous balancer une tripotée de sorts, vous puiserez dans un arsenal de gadgets pour pallier cette absence : cocktails molotov, dagues empoisonnées, lance-flammes, etc.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

Le mécanisme de farm est similaire pour les balles d’argent de votre pistolet / tromblon / fusil. Car si les boucliers disparaissent (enfin pas totalement), ils cèdent leur place à des armes à feu aux usages multiples : attirer un adversaire, gratter quelques dégâts ou, et c’est là toute l’utilité de la chose, effectuer un contre bien placé en tirant peu avant qu’un adversaire vous touche. Il en résulte la possibilité de déclencher une attaque dévastatrice à même de calmer les ardeurs de la plus imposante des créatures. Particulièrement utile sur certains boss, la technique est à maîtriser au plus vite afin d’éviter quelques mauvaises surprises et d’afficher votre maîtrise de l’art du combat. Bloodborne parvient à retranscrire avec brio le côté bestial des affrontements autant du point de vue des sensations manette en mains que dans le chara design des ennemis. Imposants, agiles, grotesques, dérangeants, animés avec soin, le panel d’adversaires bénéficie en plus d’un sound design flippant à souhait. Il n’y a qu’à entendre le cri bestial de certains boss pour s’en rendre compte. Dommage que le lock automatique provoque encore bien trop souvent de gros soucis de caméra coincée dans le décor ou dans le corps des créatures.

Le premier boss du jeu, où l'avantage d'utiliser son arme à feu

Du côté des armes, le catalogue est moins étoffé que l’arsenal de ses aînés. Bloodborne décide une nouvelle fois d’emprunter une voie différente. On débutera l’aventure par un choix : un couperet-scie, hache ou une canne épée. Toutes trois possèdent un moveset différent, les deux premières sont plutôt destinées au build force, l’autre aux chasseurs favorisant leur compétence (le nom de la dextérité en jeu). Quelques heures après viendront s’ajouter d’autres armes comme la lance-scie, l’épée-marteau ou quelques babioles uniques. La grande originalité réside dans le fait que chacune de ces armes dispose d’un second mode d’attaque modifiant le style de combat. Si par exemple le couperet-scie déploie sa lame pour augmenter sa portée au détriment de sa vitesse, l’épée-marteau change radicalement de forme en devenant une énorme masse de pierre capable d’infliger de lourds dégâts contondants. Ce switch ouvre donc de nombreuses portes aux combos durant les attaques. S’ajoute à cette nouveauté tout l’aspect de personnalisation des armes via des runes à dénicher à travers le monde. Votre arme disposera à terme de trois emplacements à sertir de gemmes, capables de modifier certaines statistiques de dégât ou de régénération. Dans les faits, Bloodborne est plutôt avare en loot d’équipement, l’accent a été mis sur l’amélioration et la personnalisation de chacune des armes de base ou l’achat de nouveaux modèles auprès du “marchand” du hub central.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...
Quid de la difficulté ?

Considérons deux catégories de joueurs ici. D’un côté les habitués de la saga Souls et de l’autre les joueurs néophytes intrigués par l’expérience Bloodborne. Les premiers prendront quelques heures pour s’habituer à la rapidité des animations et pour perdre quelques habitudes héritées de leur passif. Bloodborne ressemble quelque peu à un Dark Souls mis sur avance rapide. Tout y est plus vif, plus nerveux, et finalement plus différent. Le lock est toujours de la partie et permet d’effectuer des esquives / dash avec une certaine classe. Hormis l’endurance, aucune statistique ne viendra influencer cette nouvelle façon de combattre. Miyazaki promettait un jeu plus accessible, est-ce vraiment le cas ? D’une certaine façon oui car la perte de la “lourdeur” darksoulienne devrait convaincre de nombreux nouveaux joueurs à se laisser tenter par l’expérience. Toutefois, les combats s’avèrent toujours aussi corsés et impitoyables face à la moindre erreur de timing. Jamais frustrant, Bloodborne nous pousse sans cesse à retenter notre chance même face au plus coriace des adversaires.

Du porte-à-porte à Yarhnam

Car à la manière de Demon Souls, le jeu s’articule autour d’une zone centrale où l’on retournera à intervalles réguliers afin de monter nos statistiques, d’upgrader nos armes, et de débloquer les donjons Calices. Et ce havre de paix, le rêve du chasseur de son petit nom, est pour ainsi dire nébuleux, une île flottant au milieu d’une mer de nuages entrecoupés de gigantesques piliers où vivent une poupée qui parle et un vieux hyper mystérieux en fauteuil roulant. Bref, ne vous attendez pas à comprendre tous les tenants et les aboutissants du scénario dès votre arrivée dans le monde. Tout ce que l’on sait c’est que la chasse est ouverte, qu’une mystérieuse église a mis au point une thérapie basée sur le sang et que tout le monde semble avoir plus ou moins pété un boulon dans la cité de Yarhnam. Le jeu distille une atmosphère oppressante chargée de symboles religieux et de cris étouffés dans la nuit.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

From Software peint un tableau tout en noirceur et confère à l’ambiance de Yarnham et de ses environs un cachet indéniable. Un constat s’impose après quelques heures de jeu : Bloodborne dispose d’un univers fascinant à mi-chemin entre une version encore plus sombre d’un Van Helsing et une esthétique victorienne à la fois dérangeante, captivante et cohérente à souhait. La direction artistique du jeu est de très haute volée, les équipes de From Software ont fait preuve d’un souci du détail de tous les instants comme pour les taches de sang persistantes sur le personnage, la modification du climat impactant le comportement de certaines créatures ou l’architecture globale des bâtiments. L’effet “wahou” opère à de nombreuses reprises tant certaines zones en mettent plein la vue. Cerise sur le gâteau, le jeu est sombre, très sombre même. Une obscurité survendue dans Dark Souls 2 et ruinée au final par une luminosité ambiante à faire passer une caverne pour un centre de luminothérapie. Reléguée à quelques énigmes disparates dans DS2, la torche fait ici son grand retour pour notre plus grande joie.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

On conserve d'ailleurs cette cohérence de level design propre aux productions From Software. Chaque zone fourmille de recoins à explorer, de pièges à éviter, et de raccourcis à débloquer. Plus que jamais, la philosophie du chemin annexe à débloquer fait office de fil rouge dans la progression. Les feux de camp (Bonfire) sont ici remplacés par des lanternes faisant office de checkpoint et de téléporteur vers le repos du chasseur. Notez enfin que les ennemis réapparaîtront à chaque mort ou téléportation, ceci sans limite de repop, contrairement à Dark Souls 2, c’est bien utile pour farmer certaines zones riches en xp et en potions par exemple. Comme à son habitude, l’équipe d’Hidetaka Miyazaki a distillé des bribes de scénario dans le décor, l’architecture, la description des objets et sur des notes manuscrites laissées ici et là. Il faudra donc faire l’effort de déchiffrer les pièces d’un puzzle nébuleux éparpillé entre rêve et réalité.

J’ai d’ailleurs été plutôt surpris par le grand nombre de voix dans le jeu. Si le sentiment de solitude pèse encore sur nos épaules, l’aventure est bien plus loquace que ses prédécesseurs. De nombreux PNJ nous parlent à travers les portes de la ville, les ennemis hurlent leur désespoir en plein combat et on retrouve aussi tout le panel de PNJ amicaux à recruter ou à abattre froidement selon l’humeur du moment. Pour la première fois, un jeu From Software se dote d'un doublage en français. Habitué à l’interprétation mesurée teintée d’un fort - mais classe - accent british des Souls, la chose aura de quoi déstabiliser à la première écoute. Non pas que le travail fourni démérite, mais l’ambiance dégagée par le doublage anglais conserve plus de charme à mon goût. Pas de panique, le jeu a la bonne idée de proposer de modifier sa langue via son menu, à vous les joies de Bloodborne en espagnol donc, olé !

Toc toc, y'a quelqu'un ?!

Alors, c'est fluide ?

Techniquement maintenant, la PlayStation 4 parvient à supporter l’abondance d’effets et d’éléments affichés dans le décor avec un framerate plutôt stable à 30 images par seconde. Des chutes se font tout de même ressentir à intervalles réguliers. Non, elles ne viendront pas ruiner votre expérience de jeu mais auront de quoi agacer les amateurs de performance. Il y a toutefois plus grave à l’heure où j’écris ces quelques lignes : la durée des temps de chargement ! Diantre qu’ils sont longs. Comptez entre 40 secondes et 1 minute 15 pour recharger la partie. Le problème serait minime si ces derniers étaient peu fréquents, or ils sont très nombreux. Car si la carte est en fait un open world tortueux, mourir (et vous périrez souvent laissez-moi vous le dire), retourner au hub, reset une zone pour farmer rimera avec un bel écran noir orné du logo du jeu à admirer pendant un laps de temps devenant très vite agaçant. Le studio indique être au courant de ce problème majeur et annonce travailler sur un prochain patch correctif dont la sortie n’est pas prévue day one. À tous les joueurs de demain, vous êtes prévenus, prévoyez un truc à bouquiner entre chaque fail…

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...

Les cloches du multijoueur

Bloodborne conserve aussi la philosophie du multijoueur propre aux productions du studio. La base ne bouge pas d’un iota, on peut toujours consulter ou laisser au sol des messages d’aide et les marques de sang permettent encore de revoir la triste fin d’un joueur moins chanceux que vous. La coopération se déclenche cette fois-ci par l’intermédiaire d’une petite cloche à faire tinter afin d’appeler à l’aide un partenaire. Ce dernier exprimera son souhait de vous rejoindre en faisant résonner une autre clochette dans sa partie. Le mode multijoueur prendra fin si vous mourez ou si le boss de la zone est vaincu. On reste donc en terrain connu pour les joueurs des Souls. Toutefois, l’expérience multi gagne quelque peu en souplesse avec l’arrivée de salons privés protégés par un mot de passe à communiquer à la personne de son choix. Fini les ruses à base d’anneaux spéciaux ou de timing précis à la Dark Souls, Bloodborne entrouvre la porte de plus de flexibilité dans son mode online. L’ensemble demeure certes encore compliqué à appréhender pour un débutant, mais l’effort mérite d’être souligné. Le mode PvP est lui aussi présent mais nous n’avons pas pu nous y frotter suffisamment pour vous livrer un avis pertinent, le test sera donc prochainement mis à jour avec nos impressions sur la question.

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Porte / Monstre / Trésor, en route pour les donjons Calices

Largement médiatisés avant la sortie du jeu, le mode Calice apparaît comme une tentative de From Software de prolonger la durée de vie du titre. Il s’agit en fait de donjons souterrains générés aléatoirement que le joueur pourra explorer en solo ou en multi. Leur structure se révèle assez simple, voire simpliste : quelques salles à nettoyer, un levier à actionner pour ouvrir une porte puis un boss à tuer. Cette formalité expédiée, on passe ensuite au niveau supérieur et la difficulté augmente. Ces donjons optionnels à l’esprit Rogue-like assumé introduisent sur le papier une part d’aléatoire apte à bouleverser nos repères de joueurs. Mais dans les faits, le level design des lieux s’avère décevant dans l’ensemble, les salles s’enchaînent sans surprise et le ratio temps / expérience gagnée n’est pas à l’avantage des lieux. Mieux vaut donc les vivre en coopération pour passer un moment sympathique à tuer des boss en chaîne loin de toute considération scénaristique.

Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...Bloodborne, né dans le sang, mort dans le sang...
Quid de la durée de vie ?

C’est une interrogation justifiée de la part des joueurs, en combien de temps se termine le jeu ? Les développeurs indiquent 40 heures de durée de vie. C’est effectivement à peu de choses près le temps nécessaire pour boucler l’aventure sans trop tergiverser sur le farm ou l’exploration. Mais que les choses soient claires, cette durée dépendra finalement de nombreux paramètres à prendre en compte : votre skill, votre capacité à trouver votre chemin, votre envie / besoin de farmer, le temps passé en donjons Calices optionnels, etc. Tous ces éléments impactent de façon directe la durée de vie de Bloodborne. J’ai personnellement passé de nombreuses heures à chercher mon chemin une fois le quatrième boss vaincu et farmé des loups-garous un bon moment pour gagner en expérience. D’autant que finir Bloodborne ne signifie pas ranger son blu-ray ou le revendre, le premier run ouvre les portes du new game plus considéré par de nombreux joueurs comme le véritable début du périple. Bref, le titre possède tout ce qu’il faut pour vous occuper durant de très longues heures.

Notre vidéo-test de Bloodborne

Conclusion

Points forts

  • Direction artistique sublime, tout simplement
  • Le design des créatures, des boss, leur animation bestiale et flippante
  • Une leçon de level design !
  • Une relecture plus nerveuse du gameplay technique des jeux From Software
  • Bande-son et doublage de qualité, en anglais et en français
  • Le mode coopération, toujours aussi intelligemment intégré en jeu
  • Une bonne durée de vie, agrémentée de modes new game +

Points faibles

  • Des temps de chargement beaucoup, beaucoup trop longs en l’état (le studio indique travailler sur un correctif)
  • Une caméra encore trop souvent dans les choux en mode lock automatique
  • Des chutes de framerate à intervalles réguliers
  • Des donjons Calices peu inspirés dans leurs mécanismes

Note de la rédaction

18

La PlayStation 4 se dote avec Bloodborne de l’un de ses titres majeurs de l’année 2015. Attendu par de nombreux fans de la saga des Souls, mais aussi par beaucoup de nouveaux joueurs, le titre puise sa richesse dans tous les éléments propres au savoir-faire de From Software. Mais Bloodborne parvient à se forger sa propre identité via un ambiance plus sombre, des combats plus rapides et un sentiment général plus viscéral. Le tout est servi par un level design d’une cohérence absolue au service d'une direction artistique à couper le souffle. On regrette tout de même un framerate parfois à la ramasse et des temps de chargement horriblement longs en l’état. Il serait tout de même dommage de se laisser refroidir par ces défauts car Bloodborne nous prouve que From Software maîtrise son sujet.

16.9

L'avis des lecteurs (607)

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