Quelques mois après son arrivée sur PS3 et 360, Assassin's Creed Rogue débarque sur PC dans une version légèrement remaniée. A-t-elle sa place aux côtés de Unity qui fait figure d'opus principal cette année ? Apporte-t-elle quelques éléments nouveaux et intéressants aux fans ? C'est ce que nous allons voir !
On le sait depuis l'annonce, Assassin's Creed Rogue nous permet d'incarner un certain Shay Patrick Cormac, un Assassin qui deviendra Templier à l'aube de la guerre de Sept Ans. Si on ne nous dit à aucun moment comment on se retrouve dans les bottes de ce personnage qui n'est clairement pas dans la lignée de Desmond, on sait que le but de cette nouvelle expérience dans l'animus est de réaliser un clip de propagande pro-templière montrant « le vrai visage des Assassins ». Quoi qu'il en soit, et sans trop spoiler, il s'agit surtout là d'exposer un nouveau regard sur des figures bien connues des fans, puisque Rogue se déroule entre Black Flag et Assassin's Creed 3, ou pour être plus précis, entre la séquence Haytham et la séquence Connor d'AC 3.
Assassin's Creed 4.5
Dans les faits, il faut avouer que ce point de vue du côté templier paraît un brin artificiel. Les rôles et tenues ont en effet simplement été inversés avec des Assassins qui sont prêts à prendre les vies de milliers d'innocents pour vaincre les Templiers et sont même parfois enclins à bafouer la liberté. C'est notamment le cas lors de séquences de libération de prisonniers d’apparence classique mais durant lesquelles les Assassins n'hésiteront pas à tuer leurs captifs amérindiens dès lors que vous êtes repéré. Un comble ! Cela dit, il faut avouer que malgré ces incohérences scénaristiques, Rogue devrait enchanter les fans de la série grâce à ses nombreuses références, ses éclaircissements sur certains points encore un peu troubles et surtout sur sa capacité à assurer la transition entre Black Flag et Unity. Difficile ici de vous transmettre mon enthousiasme sans spoiler, mais sachez simplement que vous ne pourrez pas comprendre Unity correctement sans jouer à Rogue. Vous pourrez l'apprécier, certes, mais il vous manquera quelques petits éléments expliquant une grande partie de l'intrigue. Ce côté fan service et ces multiples petites attentions ne manqueront pas de séduire les amateurs qui découvriront là quelques belles surprises.
Le problème de Rogue est qu'en dehors de ces révélations, il n'apporte quasiment rien à la série. La période historique est ainsi déjà vue, tout comme la ville principale du jeu : New York. Alors certes, l'intrigue se déroulant avant le grand incendie, un quartier supplémentaire est disponible, mais on aurait tout de même aimé un peu plus d'originalité. On est également amené à visiter certains lieux connus comme le domaine Davenport. La seule originalité vient donc de 2 nouvelles zones navigables : la River Valley et l'Atlantique Nord. Cette dernière bénéficie d'ailleurs d'environnements enneigés avec des icebergs à casser à grands coups de boulets et de la glace par endroits à fendre grâce aux nouvelles capacités du navire de Shay. Cela change un peu, mais ce n'est pas non plus d'une nature à couper le souffle. Pour le reste, on retrouve donc dans les grandes lignes ce qui se faisait avant : le free run est toujours une source énorme d'arrachage de cheveux, les armes sont grosso modo les mêmes (à ceci près que les fléchettes sont projetées par un fusil à air comprimé aussi capable de lancer des grenades furie, soporifiques ou à fragmentation), les batailles navales se déroulent de la même façon avec simplement l'arrivée de feu grégeois pour ralentir des ennemis censés pouvoir aborder (ce qui ne concerne en réalité qu'un nombre extrêmement limité de navires de la faction des Assassins), etc. On a donc l'impression de jouer à Black Flag dans l'univers d'Assassin's Creed 3, avec ce que cela implique d'éléments agaçants : IA des gardes affligeante, phases de piratage dans le présent pas bien intéressantes, combats trop faciles, gestion de la difficulté très mal pensée, notamment au niveau des objectifs secondaires, etc.
Des missions variées
Il est donc clair qu'Ubisoft Sofia n'a pas réellement axé son développement sur le perfectionnement des petits ou gros défauts de la série. Mais cela a visiblement permis de dégager un peu de temps afin de proposer des missions un poil plus variées que dans Black Flag. On sort parfois du triptyque infiltration, filature, course-poursuite, ce qui n'est clairement pas pour me déplaire. Rogue se permet même de nous proposer des séquences aussi originales qu’inattendues qu'il me serait malheureusement impossible d'évoquer sans spoiler. On peut toutefois parler des libérations de zones d'Assassins qui comprennent quelques éléments intéressants. Déjà, il faut faire attention à des rôdeurs qui ont tendance à se cacher dans les tas de foin, les buissons, ou sur les toits, et qui n'hésiteront pas à vous éliminer si vous passez un peu trop près. Le seul moyen de les repérer est d'écouter les murmures produits et de se fier à une boussole identique à celle des modes multijoueurs qui peuplaient, il fut un temps, les épisodes d'Assassin's Creed. Cette petite recherche peut être des plus plaisantes d'autant que les rôdeurs sont susceptibles de se cacher dans toute la ville. Mais tout ceci a malheureusement un prix puisque Ubi a visiblement privilégié la variété à la quantité, ce qui se traduit par une durée de vie assez faiblarde. Comptez ainsi environ 10 heures pour voir le bout du jeu en ligne droite, ce qui paraît un peu juste. Bref, ce Rogue alterne le chaud et le froid, mais s'avère finalement plus plaisant qu'il n'y paraissait de prime abord.
Attardons-nous un instant sur cette version PC et ses apports. Evidemment, on a droit à des graphismes améliorés, à des textures plus fines et plus détaillées, mais aussi à une meilleure gestion des contrastes, une meilleure distance d'affichage en plus des traditionnels anti-aliasing et Vsync. Ne vous attendez toutefois pas à un rendu à la Unity, on est clairement face à un portage, plutôt réussi certes, mais un portage tout de même. Des efforts conséquents ont toutefois été apportés à l'optimisation qui se révèle être excellente (sans doute une des meilleures de la série). Même tout à fond sur une machine qui a aujourd'hui plus de 6 ans, on tournait de notre côté à près de 60 fps constants. Techniquement, Rogue est donc une franche réussite sur PC.
Nos Gaming Live de la version PS3 / Xbox 360 de Rogue
Points forts
- Scénario qui révèle quelques belles surprises
- Missions assez variées
- Beaucoup de fan service
- Les rôdeurs qui se cachent un peu partout
- Le personnage de Shay est plutôt intéressant
- Optimisation très correcte sur cette version PC
Points faibles
- Aucune vraie nouveauté de gameplay
- Le comportement pas vraiment crédible des Assassins
- Plus de multi en ligne
- Assez court (environ 10-12 heures en ligne droite)
- Free run toujours aussi agaçant
Qu'il est difficile de noter cet Assassin's Creed Rogue ! Si en termes de gameplay il n'apporte strictement rien à la série et se contente de reprendre une vieille recette plus vraiment au goût du jour, il faut avouer qu'au niveau du scénario, et notamment des révélations, on a droit à quelques belles surprises. En ce sens, il fait quasiment office d'indispensable pour tout fan hardcore de la série capable de faire fi de nombreuses imprécisions de gameplay, d'une durée de vie assez faiblarde et d'une absence totale de multijoueur.