Avec son esthétique que l'on croirait tout droit issue de la créativité de Frank Miller et sa volonté manifeste de rendre hommage aux survival-horror à l'ancienne, autant dire que White Night avait plus d'un argument pour attiser la curiosité des joueurs. Développé par le petit studio français OSome, le jeu vous plonge dans la peau d'un détective à l'humeur sombre, et vous transporte directement dans un film noir à l'ambiance musicale jazzy.
L'histoire de départ est on ne peut plus simple : votre héros, passablement, éméché dévore le bitume en ruminant ses malheurs avant de finir sa course droit dans un arbre. Plutôt mal en point, l'homme en imper cherche désespérément de l'aide en essayant de s'introduire dans le manoir avoisinant. C'est là que les ennuis commencent. Manifestement désert et peuplé d'esprits mystérieux, le Manoir sera le théâtre de toutes vos actions et sera l'occasion de révéler un scénario plutôt sympa à découvrir.
Une atmosphère sonore et visuelle très réussie
La première chose qui frappe dans le jeu est incontestablement son esthétique reposant sur du noir et blanc intégral du meilleur effet. Si l'on pense inévitablement à Sin City, un aspect Mad World se fait aussi ressentir, même si la modélisation reste plus grossière et les environnements moins détaillés. L'ambiance sonore est tout aussi travaillée : musique discrète aux accents jazzy côtoient parfois un silence pesant uniquement brisé par le bruit de vos pas sur le plancher ou le grincement d'une porte. En somme, l'atmosphère horrifique de White Night est posée avec beaucoup de talent et l'envie d'explorer les secrets du manoir s'en trouve renforcée.
Vous dirigez votre personnage dans des tableaux dans lequel se répartissent deux à trois plans de caméra fixes. C'est d'ailleurs sur ce point que White Night sera le plus facilement attaquable. Si effectivement le contraste ombre / lumière sert grandement l'atmosphère générale du jeu, il dessert en revanche le confort du joueur puisqu'il ne sera pas rare de perdre le sens de votre orientation en raison de sautes de caméra improbables, dans des environnements peu ou pas éclairés. En outre, le manoir étant parfois peuplé d'esprits hostiles qui ont pour fâcheuse tendance de vous tuer au moindre contact, les phases de fuite peuvent rapidement devenir pénible à mener correctement faute à un angle de caméra gênant.
Bien évidemment, l'exploration du manoir et l'esquive de spectre ne seront pas les seules tâches à mener puisque White Night propose ici et là quelques énigmes basées la plupart du temps sur le système de contraste lumière / obscurité. Le postulat de départ est simple : toute portion du jeu se trouvant dans l'obscurité ne peut révéler ses interactions qu'à partir du moment où vous trouvez une source pour l'éclairer.
Si certaines pièces sont assorties d'interrupteurs en état de marche, c'est essentiellement à l'aide d'allumettes que vous aurez la chance d'éclairer les zones obscures. Bien évidemment, leur durée et leur nombre n'est pas infini. Les allumettes se consument très vite et votre héros n'a manifestement pas assez de place dans ses poches pour en embarquer plus de 12. C'est pourquoi il faudra régulièrement vous réapprovisionner dans les différentes réserves qui jalonnent le manoir, d'autant plus qu'une durée trop prolongée dans la pénombre aura raison de la santé mentale de votre héros, ce qui provoquera sa mort.
Des énigmes réduites à leur plus simple expression
Nous vous le disions plus haut, éclairer une pièce obscure vous permet d'en révéler les différentes interactions vous permettant de progresser dans l'histoire. Cela se passe régulièrement par la résolution de petites énigmes pas spécialement compliquées ni toujours cohérentes. Chercher une clé, trouver un moyen d'allumer un feu de cheminée, la plupart des énigmes sont relativement simples. En somme ce ne sera pas votre matière grise qui sera énormément mise à contribution dans les 5 à 6 heures que dure l'aventure de White Night.
Un système de sauvegarde mal pensé
L'autre souci majeur du jeu réside dans son système de sauvegarde empruntant largement aux mécaniques de Resident Evil . En l’occurrence, pour sauvegarder votre progression, il suffira à votre héros de piquer un somme dans un fauteuil situé dans un raie de lumière. Si ce système a auparavant fait ses preuves et a pour mérite d'inviter le joueur à la prudence, il est ici un peu trop rare pour ne pas provoquer des game over répétés et des allers-retours inutiles. Effectivement, nous l'évoquions tout à l'heure, certains spectres sont hostiles et il ne sera pas rare de croiser leur chemin au détour d'une porte ou d'un couloir.
Malheureusement, le moindre contact sera synonyme de mort pour votre héros. Et lorsque cette mort intervient suite à une caméra mal placée ou un problème de maniabilité vous empêchant de prendre la fuite rapidement, le retour à la précédente sauvegarde vous fera prendre conscience de la quantité de progression que vous aurez perdue si vous n'étiez pas retourné au précédent fauteuil pour sauvegarder votre partie. Ainsi le joueur est tacitement invité à retourner sur ses pas à la moindre action pour être sûr de bien pouvoir conserver sa progression en cas de pépin.
Enfin, au rang des griefs, c'est dans certaines maladresses de narration que White Night finit par décevoir. Si d'un côté, le jeu est généreux avec le joueur en lui proposant énormément de commentaires du héros et de nombreux documents à lire permettant à l'univers ud jeu de prendre plus d'épaisseur, c'est dans le style que White Night sonne malheureusement faux. Effectivement, si l'on sent la volonté de développer un propos noir en hommage aux films du même type des années 40, les auteurs tombent un peu trop souvent dans le cliché à tel point que certaines assertions du héros prêtent à sourire. Si cela ne gâche en rien le plaisir que prendra le joueur à découvrir l'histoire, il est regrettable que la noirceur de l'écriture soit aux abonnés absents.
Notre vidéo-test de White Night
Points forts
- Direction artistique réussie
- L'idée originale d'exploiter les contrastes
- Un vrai hommage au survival à l'ancienne
- Ambiance sonore soignée
- Généreux en contenu à consulter, à dénicher
Points faibles
- Système de sauvegarde mal fichu
- Caméra gênant l'orientation du joueur
- Spectres plus énervants qu'angoissants (mort instantanée)
- Maladresse dans le style et la réalisation
- Trop de frustration née d'un gameplay pas toujours bien pensé
White Night n'est assurément pas le grand frisson que l'on attendait. En raison de trop nombreuses erreurs que l'on mettra sur le compte de la jeunesse du studio (angles de caméra, système de sauvegarde mal pensé, maladresse d'écriture et de réalisation), l'aventure monochrome d'OSome ne s'érige pas au rang d'incontournable de l'angoisse. Toutefois, empruntant beaucoup à l'esprit des vieux survival, White Night pourrait vous séduire par sa direction artistique originale, son atmosphère réussie et la qualité de son habillage sonore.