Chaque année ou presque, c'est la même chose : Bandai Namco offre aux joueurs un nouveau jeu estampillé Dragon Ball, dont la simple annonce suffit à émoustiller les millions de fans de la série d'Akira Toriyama. Il faut dire qu'ils sont tenaces, les fans, et s'il y a bien une qualité que l'on peut leur reconnaître, c'est que jamais ils ne se laissent abattre, pas même avec des titres aussi médiocres que Battle of Z ou Burst Limit. L'éditeur japonais avait mis la barre très haut par le passé, et aujourd'hui la plupart des joueurs, fans ou non, attendent un jeu à la hauteur de Budokai 3, ou de la série des Tenkaichi. Xenoverse change-t-il la donne ? Oui et non, mais on est sur la bonne voie.
En tant que fan de la première heure de Dragon Ball, cela fait maintenant un bon moment que j'ai arrêté d'attendre un successeur à l'excellentissime Dragon Ball Z : Budokai Tenkaichi 3, à mon sens le meilleur jeu jamais conçu à partir de l'oeuvre de Toriyama. Qu'est-ce qui faisait la force de ce soft ? D'abord son roster, d'une richesse pléthorique, ainsi que le système de combat, créé pour le premier Tenkaichi, et qui s'est bonifié avec les deux épisodes suivants. Les affrontements étaient incroyablement dynamiques et, ceux qui ont retourné Tenkaichi 3 dans tous les sens le savent, assez techniques à partir du moment où l'on avait appris à maîtriser le système de contres ainsi que certaines possibilités d'action dont le joueur occasionnel ne pouvait même pas avoir connaissance. La recette parfaite (selon mon opinion, tout du moins), Bandai Namco l'avait, et pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, il s'en est écarté, quitte à créer de mauvais clones d'un jeu qui frôlait presque la perfection. Nonobstant, chaque année ou presque, j'achète le dernier Dragon Ball pour voir où en est la série, sachant pertinemment ce que je vais y trouver. C'est d'autant plus vrai pour Xenoverse puisque j'avais eu la chance de tester le jeu en décembre dernier, lors d'un press tour chez Bandai Namco, directement au siège de l'entreprise. J'étais pourtant assez loin du compte !
Plus qu'un jeu de combat : un MMO
C'est la grosse surprise de ce Xenoverse. Si l'on savait qu'il permettrait aux joueurs de créer leurs propres avatars, et que ce personnage serait au cœur d'un intrigue spatio-temporelle toriyama-esque, on était loin de se douter qu'en fait le jeu se présenterait sous la forme d'une sorte de MMORPG grand public. Eh oui, puisqu'une fois passée la création de votre combattant, vous êtes plongé au cœur d'une petite ville, Tokitoki, à partir de laquelle vous pourrez lancer missions principales, quêtes secondaires, acheter des vêtements, des objets, des techniques pour votre personnage, mais également rencontrer d'autres joueurs. Réunis sur des sessions de 200 joueurs (un nombre qui m'a été donné par Bandai Namco), les guerriers pourront se défier les uns les autres ou accomplir les quêtes secondaires à plusieurs. Franchement étonnant, on n'en attendait pas tant de ce Xenoverse.
On prend donc un certain plaisir à défiler dans Tokitoki, à admirer le look des combattants des autres joueurs humains et à customiser son personnage au fil des missions. Grosso modo, tout ce que l'on peut trouver dans un MMORPG est présent : PvP / PvE, quêtes à plusieurs, système de leveling, création de groupes de joueurs... De quoi rappeler à certains Dragon Ball Online, sorti uniquement sur le marché asiatique.
Alors soyons d'accord : tout cela n'a pas la profondeur d'un World of Warcraft et l'on a vite fait le tour de Tokitoki. Les quêtes secondaires (nommées « quêtes parallèles ») sont pour la plupart de simples combats suivant certains thèmes, si l'on met de côté celles vous demandant de trouver sur Namek des Dragon Ball grâce au radar de Bulma. Mais quand même.
Customisation de personnage
C'est très clairement l'une des forces de ce Xenoverse. On le savait, et c'est effectivement le cas, vous avez la possibilité de créer votre propre personnage, qui pourra ensuite être customisé au fur et à mesure que vous progresserez dans la partie. Cinq races au choix : Humains, Saiyens, Majins (des simili-Bou), Nameks et ceux que certains appellent les Démons du Froid, à savoir la race de Freezer et de sa famille. Il est également possible de choisir leur sexe, sauf pour les Nameks (logique) et le clan de Freezer. C'est ensuite que vous pourrez véritablement commencer la personnalisation de l'apparence de votre combattant. De mon côté, j'ai choisi un Démon du Froid, et j'ai été assez étonné de voir les nombreuses possibilités offertes aux joueurs. Si certains éléments sont directement repris des diverses transformations de Freezer et de Cooler, d'autres ont été créés pour le jeu tout en restant très cohérents avec ce qui avait été pensé par Toriyama himself. Moi qui suis resté bloqué des heures sur la création de personnage du premier Mass Effect, j'ai eu un mal de chien à créer rapidement un personnage pour passer à la suite et avancer dans mon test.
Notez qu'il est possible de créer plusieurs personnages : si jamais vous aviez des envies de changement en plein milieu de l'aventure... c'est plus ou moins possible, il faudra simplement avoir suffisamment avancé dans le jeu. Vous avez également la possibilité de supprimer votre personnage et d'en recréer un autre à la place, sans perdre pour autant votre progression dans l'aventure.
Une fois créé, votre personnage n'en restera pas là car vous aurez la possibilité de dépenser vos Zenis durement gagnés dans le quartier commercial de Tokitoki, où vous pourrez acheter des vêtements, des accessoires, ou même des techniques de combat. Mais puisque l'on parle ici de l'aspect visuel de votre personnage, sachez que vous aurez notamment la possibilité de lui faire porter des armures saiyennes (allant de celle de Radditz en passant par celle du Commando Ginyu), des épées (Yamcha, Trunks...) et tout un tas de costumes inspirés par l'univers de Dragon Ball. Bien entendu, plus vous avancerez dans le jeu et plus les boutiques auront de choses à vous proposer, ce qui, pour les amateurs de personnalisation, poussera constamment à progresser dans les quêtes secondaires ou, bien entendu, dans l'aventure principale.
La Police du Temps
Votre personnage, sur la demande de Trunks, intègre la Police du Temps, chargée de veiller à ce que cette dimension si particulière ne soit pas modifiée par le pékin lambda... ou un puissant démon. C'est justement ce qui arrive dans Xenoverse (à la surprise générale : si Police il y a, ne s'est-elle jamais doutée que de tels événements pouvaient se produire ? Enfin, passons.). Trunks et la Kaio Shin du Temps (qui s'inscrit dans cette grande tradition des Kaio Shin réputées si puissants, mais qui réussissent à se montrer prodigieusement inutiles) ne savent pas ce qui se passe, mais manifestement quelqu'un cherche à modifier le cours du temps pour causer des ennuis à Goku et à sa bande de joyeux compagnons. Votre mission, si vous l'acceptez : aller leur coller une raclée maison et leur demander d'arrêter leurs bêtises, parce que bon ça va bien 5 minutes mais faut pas pousser.
Honnêtement, j'avais un gros doute quant à l'intérêt réel de ce nouveau scénario, qui me semblait être un moyen relativement superficiel de revisiter l'histoire ultra-connue de Dragon Ball. Et là encore je m'étais fourvoyé. Si je m'attendais simplement à affronter Cell, Bou et tous les autres affreux, rendus plus puissants et brillants en violet comme une vache Milka qui se serait abreuvée un instant près de Fukushima, j'ai vite revu mon point de vue. A vrai dire, les événements changent véritablement, parfois pour le meilleur (affronter un Satan ultra-puissant au Cell Game, élu instant LOL de ce début d'année 2015) comme pour le pire (Freezer qui passe directement à sa forme ultime, on ne peut s'empêcher de penser « ah, ils ont eu la flemme de créer plusieurs Freezer », comme sur un Tenkaichi hm hm, je dis ça je dis rien) ; mais globalement c'est toujours plutôt bien vu, et l'on a souvent hâte de poursuivre l'aventure et voir ce que nous concocte la suite du jeu. Sauf que c'est à ce moment qu'interviennent les deux faiblesses de Xenoverse.
Des combats franchement ennuyants, voire frustrants
Lorsque l'on s'apprête à jouer à un jeu Dragon Ball, on s'attend à vivre des joutes nerveuses et dévastatrices, une impression que reproduisaient parfaitement les trois Tenkaichi (eh non, Ultimate Tenkaichi ne compte pas, désolé). Dans Xenoverse, l'impression est plus... timorée. Non pas que les combats soient mauvais, loin de là. Coups faibles, coups forts, choppe, téléportation, vol, tout est là, mais l'on sent rapidement une sorte de raideur assez peu agréable ; une sensation largement due à l'utilisation de certains sons, notamment lorsque vous frappez un adversaire en garde, à des enchaînements / combos qui se répètent vite et à des déplacements peu aisés. Il est assez difficile de foncer sur un adversaire, surtout s'il est en mouvement, une chose assez insupportable lorsque l'on a connu les Tenkaichi. La garde est pratiquement anecdotique, puisqu'elle sort beaucoup trop lentement et, globalement, les téléportations sont assez peu précises. Alors soyons d'accord, ce n'est pas mauvais, mais les combats sont sans doute la seule vraie faiblesse du jeu. C'est dommage puisqu'ils sont au centre du jeu, mine de rien !
Et cela peut vite devenir frustrant. D'abord parce que la caméra est assez navrante, se déplaçant dans tous les sens et vous faisant louper un paquet de trucs, allant de vos charges à certains coups spéciaux. Des coups spéciaux qui ont manifestement un effet « bouclier » chez vos adversaires. Imaginez : Cell se trouve en face de vous et vous envoie au pif un Kamehameha des familles. Alerte, vous esquivez le tir et, pendant que la vague d'énergie continue de déferler, vous contournez l'obstacle pour vous placer pile dans le dos de l’androïde. Et là, PAF ! "Paf", ce n'est pas le bruit que fait la nuque de Cell, mais celui du coup invisible que vous prenez puisque, manifestement, lorsqu'un ennemi est en train de tirer (que ce soit un Kamehameha, un Canon Garric ou toute autre attaque du genre) il faut soit se trouver pile dans son dos (et cela se joue au millimètre), soit attendre qu'il ait fini, réduisant à néant l'intérêt d'une contre-attaque. C'est vraiment, vraiment frustrant. D'autant que la difficulté de Xenoverse semble assez mal dosée. Le jeu est souvent assez exigeant, ce qui n'est pas pour me déplaire. En revanche, il y a un véritable problème d'équilibre : si certaines missions vont vous demander de combattre un ennemi en particulier, supposément hyper-puissant (Vegeta, Mira...), vous n'aurez pratiquement aucun mal à les mettre à terre, alors que vous pouvez tout à fait avoir à combattre 5 ou 6 Bou en même temps, tous beaucoup plus puissants que les deux vilains sus-mentionnés ; c'est franchement frustrant, puisqu'on a la sensation de perdre non pas parce que l'on n'est pas suffisamment bon, mais parce que le jeu nous en demande beaucoup trop, à moins de jouer comme un truand. Cela devrait pousser pas mal de monde à aller effectuer les missions secondaires pour engranger de l'XP et améliorer ses stats.
Un mot sur le Versus
Curieusement (ou pas), dans Xenoverse tout est regroupé dans Tokitoki, y compris le mode Versus classique que l'on s'attend à trouver dans n'importe quel jeu Dragon Ball. Que ce soit en online ou en local, ça fonctionne plutôt bien, même si cela reste extrêmement limité. Bandai Namco a pensé aux amateurs de combats puisque d'ici quelque temps, les Championnats du Monde seront accessibles, et devraient permettre aux jouteurs de briller aux yeux du monde entier. Notez en revanche que l'arène Championnat du Monde fonctionne sans la règle voulant qu'un concurrent tombant du ring (ou touchant les tribunes ou quoi que ce soit en dehors du ring) soit éliminé. Dommage, cela ajoutait du sel aux affrontements.
Notre vidéo-test de Dragon Ball : Xenoverse
Points forts
- Un petit MMORPG Dragon Ball, ça ne se refuse pas
- Pas mal de choses à faire
- Le scénario, plus poussé que prévu
- La création et la customisation de son personnage
- On peut jouer en solo, sans se connecter à un serveur multi
- Le jeu peut se montrer exigeant
- On peut prendre la pose du Great Saiyaman
- Sans doute le jeu Dragon Ball le plus intéressant depuis Tenkaichi 3
Points faibles
- La caméra complètement folle dès qu'on s'approche d'un élément du décor
- Des décors pas franchement jolis, justement
- Difficulté mal calibrée par endroits
- Les combats pas super passionnants
Dragon Ball Xenoverse est une bonne surprise. Si le roster et les combats sont moins intéressants que ceux d'un, disons, Tenkaichi 3 (au hasard, vraiment), l'aspect MMORPG du jeu était tellement inattendu et finalement si attractif que n'importe quel fan de Dragon Ball devrait passer un bon moment vissé à sa console. On veut débloquer plus de costumes, d'accessoires, de techniques de combat, et les missions de la Police du Temps ont un petit goût de « reviens-y » qui n'est pas désagréable du tout. D'autant qu'il y a pléthores de choses à faire dans le jeu, en local ou connecté aux joueurs du monde entier. Néanmoins, les combats ne sont pas hyper-attrayants et certains défauts, notamment les problèmes de caméra et la difficulté mal dosée, peuvent rendre le jeu assez énervant. Si l'on ajoute à ça des graphismes corrects et toutes les références faites ici et là à l'oeuvre d'Akira Toriyama, on n'obtient certes pas le meilleur jeu Dragon Ball de tous les temps, mais une production bien au dessus de ce qui a été fait ces dernières années au sujet de Goku et sa bande, et qui devrait satisfaire bien des fans.