Un an et demi après avoir livré au monde entier un Neo-Paris surprenant à travers Remember Me, le studio français DONTNOD revient sur le devant de la scène avec un nouveau titre : Life is Strange disponible sur PC, PS4, Xbox One, PS3 et 360. Pour l'occasion, les développeurs oublient le jeu d'action aventure futuriste et nous livrent un « teen game fantastique » à l'atmosphère surprenante et incroyablement immersive !
A mi-chemin entre l'aventure interactive à la Beyond : Two Souls et le point'n click épisodique à la Telltale, Life is Strange arrive à briller par son ambiance et par sa superbe bande originale plus que par son gameplay qui est disons-le franchement, sous-exploité dans cette introduction. L'aventure nous propose donc d'incarner une jeune adulte de 18 ans : Max Caulfield, étudiante en photographie au lycée Blackwell, d'Arcadia Bay, un patelin qu'elle a habité puis quitté pour mieux y revenir, le cœur rempli de nostalgie et de crainte vis-à-vis de ceux et celles qu'elle avait alors abandonnés.
Notre héroïne devra très vite y faire face à des événements étranges qui marquent d'ailleurs le début de notre épopée. Si le pitch ressemble à s'y méprendre aux aventures d'April Ryan dans The Longest Journey (que je ne vous conseillerai jamais assez), il est extrêmement plaisant de se rendre compte qu'un soin tout particulier a été porté au background et à la cohérence de l'univers présenté. Il faut avant tout voir Life is Strange comme une belle histoire d'ado où l'empathie et la narration priment sur les critères habituels de notation. Malheureusement, cela signifie qu'il faudra une sensibilité particulière pour se laisser porter par le récit et par l'avalanche d'éléments narratifs qui ne sont pas là pour faire avancer l'aventure, mais juste pour que vous y soyez impliqué.
Trailer de lancement de Life is Strange
Observation à outrance
Le joueur est donc constamment invité à être curieux, à lire ou à écouter tout ce qu'il peut trouver dans le décor partout où il se rend. Prenez par exemple le temps d'explorer à fond la chambre de votre rivale dans les dortoirs pour y déceler ses goûts en matière de photo, et laisser ou non votre trace en réorganisant l'affichage des clichés, ce qui aura potentiellement une influence sur l'aventure suivante si l'on en croit l'écran des choix faits par le joueur, par rapport à ceux faits par la communauté. Globalement, on notera 4 choix importants et une douzaine de choix mineurs, pour une durée de vie d'environ 3 heures, ce qui est honnête pour un épisode proposé à 5 €.
Concernant l'immersion, on remarquera surtout le principal outil de narration mis en avant par les développeurs : le journal intime. Max (tout comme l’héroïne de The Longest Journey) y décrit sa vision des choses et exprime son ressenti de manière assez légère et attachante, plaçant çà et là des anecdotes et illustrant les pages de son journal de photos et autres dessins. Le résultat est très réussi et on se prend très vite au jeu pendant plusieurs dizaines de minutes avant de revenir au titre en lui-même. On notera également la présence de différents outils sociaux qui renforcent l'immersion, comme les SMS, les réseaux sociaux, qui renferment tous leurs petites informations parfois utiles à la bonne compréhension des potins qui caractérisent l'époque du lycée, ici fidèlement retranscrite.
Gameplay en demi-teinte
Malheureusement, dans cette session d'observation interactive, on remarquera très vite un gameplay relativement basique, qui se cantonne aux déplacements, aux discussions à choix multiples et à l’interaction sommaire avec différents objets. Notre pouvoir est très timidement exploité et l'on espère que cela ira mieux pour les épisodes suivants. Il sert la plupart du temps à remonter le temps sur simple pression d'une gâchette pour reprendre un dialogue en connaissant l'issue de ce dernier, ou à prendre connaissance de faits sans y prendre part au final. On pourra toutefois citer quelques « énigmes » qui utilisent vers la fin de l'épisode le pouvoir de Max afin de nous faire éviter des pièges. On est encore bien loin d'un gameplay réellement innovant et le tout se révèle être en second plan par rapport à la narration et à l'immersion du soft.
Une esthétique particulière
Vous l'aurez sûrement remarqué, la patte artistique qui anime le jeu ne correspond pas à ce que l'on voit sur les point'n click de Telltale : point de cel shading ici, mais plutôt une esthétique aquarelle parfois grossière mais souvent du plus bel effet. Seul bémol, la synchronisation labiale des personnages nous tire quelquefois du jeu et nous rappelle qu'il s'agit d'une formule « petit budget », malgré de très bons doublages et un format VOSTFR bien traduit. Coup de cœur en revanche pour l'ambiance sonore et la bande originale folk, du plus bel effet.
Ce premier épisode de Life is Strange est une franche réussite malgré ses quelques lacunes au niveau du gameplay, clairement sous-exploité pour cette introduction. L'aventure reste une petite claque d'immersion et d'ambiance avec un background fouillé, gracieusement enrichi par les nombreuses sources d'informations atypiques (journal intime, SMS, réseaux sociaux, affiches...) qui flattent notre curiosité et réussissent à nous tirer hors de l'intrigue pendant plusieurs dizaines de minutes. La réalisation est correcte pour un format épisodique et la mise en scène réussit même à étonner le joueur, notamment au tout début de l'aventure avec « le passage des écouteurs ». La BO, très folk, sert parfaitement l'ambiance et rend le tout aussi singulier qu'attachant. Clairement, on a envie d'en savoir plus !
Note de la rédaction
L'avis des lecteurs (88)
Lire les avis des lecteursDonnez votre avis sur le jeu !Points forts
- Narration de qualité qui donne envie d'en savoir plus
- Background fouillé et très bien exploité via le journal intime et les réseaux sociaux
- 3 heures d'aventure pour 5 €
- Une réalisation correcte qui sait surprendre
- Bande originale folk très réussie
Points faibles
- On est trop pris par la main pour les interactions et l'utilisation du pouvoir qui d'ailleurs est sous-exploité dans cet épisode
- Très peu de challenge ou de réflexion
- Synchro labiale en rade et doublage uniquement en anglais