Au terme d'une bêta particulièrement courte, Naraka Bladepoint nous avait charmé, et nous défiait en plein été pour de nouvelles batailles. Que reste-t-il de cette surprise printanière, désormais officiellement disponible ?
On l'a déjà dit dans notre preview, réussir à se démarquer dans le petit monde du Battle Royale relève de l'exploit. Ce n'est pourtant visiblement pas un défi impossible lorsque l'on constate la sortie toute récente du nouveau-né de 24 Entertainment, développeur chinois financé par le géant NetEase, et qui compte bien marquer les esprits grâce à Naraka Bladepoint.
C'est un Battle Royale, mais...
Oui, on retrouve dans ce jeu la plupart des poncifs du genre : vous pouvez choisir votre lieu d'apparition (en solo ou en équipe de 3) en début de partie, et vous devez survivre face à 59 joueurs (ou 19 autres équipes de 3) alors que la carte se fait engloutir par un nuage toxique petit à petit. Naraka Bladepoint n'est cependant pas un shooter, bien qu'il aille lorgner du côté d'Apex Legends pour y récupérer un système de classes ici représenté par des personnages charismatiques, et qu'il est possible de personnaliser comme bon vous semble à la manière d'un RPG. Ce n'est pas non plus un builder, comme Fortnite. Naraka Bladepoint est un Battle Royale à part entière, qui tente une approche différente de ce à quoi nous ont habitué des éditeurs en mal d'inventivité depuis le succès du titre d'Epic Games.
Le jeu se distingue de la concurrence par sa propension à davantage axer son gameplay sur les combats au corps à corps, et ce, dans un univers asiatique (chinois même) de toute beauté. Il y a bien des armes à distance, mais elles sont davantage là pour déstabiliser un adversaire avant que le vrai combat ne commence. On entre dans le vif du sujet une fois que l'on se rapproche, et de ce côté, Naraka offre ce qu'il faut aux amateurs de jeux de combat : il y a des katanas, des grandes épées, de petites épées, mais aussi des couteaux, ou encore des lances et vos propres poings. Chacune d'elles dispose de deux coups : un premier, qui fait des dégâts rapides, et le second, qui peut être dévastateur, surtout si on s'amuse à le charger. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le jeu de 24 Entertainment peut s'avérer être le plus frustrant : avant de véritablement contrôler le gameplay, il va falloir mourir, beaucoup mourir. La plupart du temps, si vous vous jetez dans la bataille sans réfléchir, la mort vous attendra au tournant.
La progression dans Naraka Bladepoint est, en effet, particulièrement lente, d'autant plus qu'elle s'ajoute à une multitude d'options de personnalisation. Chaque personnage (ou classe, si vous préférez) peut ainsi grimper en niveau, avec à la clef, des talents qui prennent la forme de glyphes. Et en jeu, vous pouvez là encore récupérer des glyphes de différents niveaux de rareté afin de vous préparer aux combats à venir. Par exemple, vous pouvez augmenter votre barre de vie, ou votre attaque, ou encore votre survie face aux dégâts à distance.
C'est principalement cela qui va jouer sur votre faculté à vous amuser. Les innombrables "tier-lists" déjà disponibles sur internet vous permettront de trouver le ou les personnages qui vous scieront le mieux, même si les premiers joueurs iront tester Viper Ning, probablement la "classe" la plus accessible à l'heure actuelle, mais aussi la plus "faible" en solo si on ne la maîtrise pas totalement.
Un jeu qui n'est pas fait pour vous
Naraka Bladepoint souffle en permanence le chaud et le froid. Il n'est ainsi pas étonnant de voir pas mal de joueurs se plaindre de la trop grande difficulté d'apprentissage, et ce côté très "asiatique" lorsqu'on arrive dans le jeu, avec ses innombrables points d'exclamation dignes des pires gatcha mobiles. Mais en l'état, si le jeu vous paraît trop difficile, c'est peut-être qu'il n'est pas fait pour vous. Si vos heures de jeu sont essentiellement consacrées à des combats fouillis dès que vous rencontrez le moindre joueur, vous faites tout simplement fausse route.
Derrière ses profusions d'effets visuels, le titre met en avant un sens de la patience. D'abord, on n'arrive pas dans un duel sans un minimum de préparation. Pour ce faire, il est obligatoire de récupérer rapidement des objets, qu'il s'agisse de poudre pour reprendre de l'armure ou des baies pour la santé, mais également des caisses permettant de réparer ses armes (qui s'épuisent au bout de quelques combats). Il faut aussi rapidement s'équiper avec des armes et des armures de meilleures qualités, en fouillant les zones plus ou moins importantes (généralement en dorée sur la carte). Votre inventaire peut aussi être amélioré au gré de vos trouvailles, mais aussi de vos achats grâce à une monnaie in-game qui permet d'augmenter sa capacité de port d'armes, objets et glyphes, qui sont elles aussi importantes puisqu'impactant directement sur le gameplay et donc votre survie sur le champ de bataille.
Mais la patience, c'est aussi votre capacité à analyser un combat. Pour ce faire, il est vivement conseiller de récupérer des grappins, puisque ces derniers vous offrent une mobilité importante. Ils sont utiles pour éviter le nuage toxique en avançant au loin, mais aussi pour rejoindre les hauteurs, et ainsi échapper à vos assaillants (qui peuvent toutefois vous rattraper au vol). En outre, vous pouvez également harponner un adversaire et lui infliger de lourds dégâts si vous activez vos attaques au bon moment. Et une fois au corps à corps, il faudra aussi compter sur votre capacité à bien contrer les attaques (sur le principe du pierre-papier-ciseau). Ne jouer que quelques heures à Naraka Bladepoint, c'est donc se couper d'une bonne partie de son gameplay, qui est pourtant l'une de ses plus grandes forces.
Même si 24 Entertainment propose des éléments pour moins frustrer les joueurs plus occasionnels, comme par exemple un token de réapparition avant la fin du premier cercle, la possibilité de se faire sauver par ses amis en jouant en groupe, ou encore des bots (trop) présents dans les premières parties, c'est principalement la patience que vous allez avoir qui va déterminer si vous êtes oui ou non fait pour jouer à ce nouveau Battle Royale.
D'autant plus qu'aux côtés de son gameplay virevoltant et exigeant, Naraka Bladepoint a aussi un univers visuel particulièrement réussi. Plutôt exigeant d'un point de vue config (en dépit d'une prise en charge du DLSS), le titre offre une expérience visuelle riche. La carte est plutôt grande, et les décors qui s'y trouvent sont suffisamment diversifiés pour faire en sorte que votre partie ne soit jamais véritablement la même.
Un modèle économique discutable
Mais comme il y a toujours un "mais", autant le dire : vendu 30€ (minimum), Naraka Bladepoint n'est pourtant pas fait pour être un jeu buy-to-play. En l'occurrence, comme la quasi-totalité des Battle Royale d'aujourd'hui (et même d'autres jeux), on retrouve l'immuable Battle Pass, un pass qui offre des dizaines de paliers dont la progression se fait par le biai de quêtes ou de l'expérience reçue l'issue d'une partie.
À l'intérieur, on y trouve deux lignes : une gratuite, une autre payante (en plus du prix du jeu), avec des éléments de personnalisation (emotes, skins...), et des devises. La soie spectrale est une monnaie que l'on peut ensuite utiliser pour acheter des objets dans la boutique en ligne. L'or est quant à elle achetable contre de l'argent réel. Le problème, c'est que non-content de faire payer ses joueurs plusieurs fois, Naraka ne permet pas, à l'heure actuelle, de récolter assez d'or pour ne pas avoir à payer le Battle Pass suivant, alors que c'est généralement l'usage (notamment sur des Battle Royale free-to-play comme Fortnite ou Apex Legends). Il y en a juste assez pour vous dire que : eh bien, vous n'en avez pas assez ! Vous pensiez recevoir le premier Battle Pass avec une édition "Ultimate", "Asura" ou "Deluxe" ? Râté. Dans ses éditions les plus onéreuses, le titre n'offre que des skins.
Notez toutefois que le Battle Pass "premium" n'a pas de limite de niveau. Si vous allez au-delà du niveau 100, vous pourrez alors débloquer à chaque rang des soies spectrales, ainsi que des Coffre de valeur, des lootboxes possédant contre X tentatives des skins plus ou moins rares. Autant être clair : si le jeu avait été free-to-play, ces fonctionnalités n'auraient été que vaguement évoquées, mais comme il est payant, il était nécessaire de les préciser longuement. Même s'il ne s'agit que de skins.
Conclusion
Points forts
- Un univers visuel éclatant
- Un gameplay solide et exigeant
- Une liberté d'approche importante
- De la personnalisation à tous les niveaux
Points faibles
- De la monétisation à tous les étages
- Il faut être patient pour s'amuser
- Une interface loin d'être claire
Note de la rédaction
Difficile de ne pas être charmé par Naraka Bladepoint. Son approche rafraîchissante du genre Battle Royale saura convaincre les plus courageux, tandis que les moins patients n'auront sans doute pas la témérité d'aller au-delà des quelques heures. Quand on constate les choix de game design réalisés par 24 Entertainment, on ne peut qu'en saluer le culot. Il est donc d'autant plus regrettable de faire face à une monétisation indigne d'un jeu payant, présente à tous les étages, et qui récompensera finalement assez peu ceux qui décideront de vraiment s'impliquer.