1000 ans avant les événements de Skyrim, cinquième opus de la saga The Elder Scrolls, le MMO de Zenimax Online nous propose de découvrir un Bordeciel pour une quête sombre, à défaut d'être complètement dépaysante pour les habitués du jeu.
Retour à Bordeciel
Sur le modèle d'Elsweyr l'an dernier, Greymoor vient définitivement intégrer le scénario Le Coeur Noir de Skyrim démarré en début d'année. Outre l'arrivée d'instances payantes en début d'année, dans le cadre du DLC Harrowstorm, les joueurs ont désormais droit à une toute nouvelle zone, qui n'est pas si méconnue si vous avez passé des centaines d'heures en Bordeciel. Il s'agit en effet de la partie occidentale, que les joueurs de The Elder Scrolls V connaissent bien. Pour autant, il n'est pas question d'explorer les lieux comme si rien ne s'était passé en 1000 ans, et c'est justement ce qui fait le charme immédiat de cette nouvelle extension : donner aux fans ce sentiment de nostalgie, à ceux qui ont sans doute passer plusieurs centaines d'heures à parcourir chacun des recoins de Bordeciel.
En l'état, c'est en effet ce qui se produit à de nombreuses reprises. Vous reconnaîtrez certains lieux, même les moins évidents, tout en apercevant ici et là les modifications apportées par les développeurs du jeu. La capitale des lieux, Solitude, possède néanmoins toujours son design gothique, tout comme la zone qui dispose de sa neige éternelle habituelle. A l'image de Morrowind, sortie en 2017, Greymoor propose alors une trentaine d'heures de contenus non-répétables, allant de la quête principale, que nous allons détailler plus loin, jusqu'aux quêtes plus secondaires. Dans un cas comme dans l'autre, les habitués des grands chapitres de The Elder Scrolls Online retrouveront leurs marques, à défaut d'y constater des nouveautés vraiment marquantes. Les petits nouveaux disposeront quant à eux d'un tutoriel inédit, démarrant évidemment dans une prison - mais en compagnie d'un vampire, pour changer.
Un scénario plus sombre
Greymoor se distingue néanmoins de Summerset et d'Elsweyr - les deux précédentes extensions - de part son scénario très sombre. On a pris l'habitude d'arrêter des guerres depuis quelques années, mais l'atmosphère qui se dégage de Bordeciel à l'époque où se déroule le MMO est particulièrement obscure. Le vieux Haut-roi Svargrim doit en effet faire face à une nouvelle menace : des tempêtes transformant son peuple en créatures féroces, ou inhertes (c'est au choix). Celui-ci nie néanmoins l'évidence, et ce, en dépit de l'apparition de vampires et de loups-garoux dans la zone. Malgré la présence de Lyris Titan, rien ne semble le convaincre de notre bonne foi, provocant de ce fait une longue et sinueuse quête à travers un Bordeciel dévasté.
Retrouver Lyris Titan est toujours plaisant dans l'univers de The Elder Scrolls Online, en grande partie parce que son visage familier a bercé nos toutes premières aventures en Tamriel. Sa quasi-absence des radars depuis déjà quelques années occasionne donc des retrouvailles qui fonctionnent. Le reste de l'histoire, fait d'assassinats, de trahisons, d'humour et de visites dans d'obscures grottes et temples, offre quelques rebondissements plutôt bien trouvés, même si on échappe pas aux poncifs de la franchise, à savoir plusieurs aller-retour (heureusement compensés par les téléporteurs), et des quêtes où il s'agit essentiellement de raser une zone de ses ennemis.
Mais si le cheminement s'avère pour ainsi dire classique pour une extension de The Elder Scrolls Online, l'ambiance globale de Greymoor est un cran plus sombre que ce à quoi nous a habitué Zenimax Online. Les développeurs rivalisent d'ingéniosités pour rendre à son univers la noirceur que les joueurs d'Oblivion connaissent. Le retour des vampires et des loups-garoux, cette obscure peste qui prend la forme d'une tempête rendant ses victimes amorphes ou féroces, apportent à l'ensemble du récit un aspect très sombre, loin du côté elfique-fantaisiste de Summerset, et finalement assez éloigné d'Elsweyr, malgré la menace omniprésente des dragons. Dans le froid de l'hiver comme dans les villes et villages tourmentés de Bordeciel, on est jamais vraiment à l'aise, et c'est sans doute l'un des éléments les plus accrocheur du jeu.
Un renouveau pour les vampires
Cette sensation se poursuit lorsqu'on commence à explorer les cavernes de Griffenoire. A peine explorables dans Skyrim, elles le sont davantage dans Greymoor. La zone accessible est particulièrement grande, permettant de ravir les amateurs d'exploration... et assoiffés de sang.
De sang, il en est en effet question régulièrement, et cela donne aux développeurs un moyen d'excuser l'absence de nouvelles classes (ou de races). La ligne de compétences dédiée au Vampire a en effet été complètement revue. Pour disposer d'elle, il faut au préalable avoir été mordu. Pour ce faire, contactez d'autres joueurs (sur nos forums par exemple), ou passez directement par la boutique aux couronnes. Une fois ceci fait, il ne vous reste plus qu'à profiter des nouveautés. Cette refonte est plutôt bienvenu, d'autant plus qu'elle permet enfin de disposer d'un personnage vraiment efficace au combat. Basée sur l'évasion, cette ligne permet de surprendre vos adversaires et surtout, de se soigner. On peut également réussir de puissants combos grâce à une capacité qui augmente vos dégâts de sorts et d'arme, mais ayant néanmoins un impact direct sur votre barre de vie. La compétence principale de la ligne est quant à elle redoutable si elle est bien utilisée : pendant 20 secondes, elle vous guérit complètement en plus de mettre vos différentes barres de pouvoir au maximum, tout en vous permettant de voir à travers les murs.
En PvE comme en PvP, être un Vampire a quelque chose de jouissif. Mais comme dans tout The Elder Scrolls qui se respecte, cela aura un impact sur votre aventure. Si vous avez le malheur d'utiliser vos pouvoirs sanguinaires en public, les PNJ réagiront d'une manière négative, et les gardes partiront à vos trousses - à l'instar du Nécromancien dans Elsweyr.
De l'exploration antique
Greymoor apporte en outre une nouvelle activité d'exploration. C'est à ce stade que se déploie le véritable intérêt des souterrains. L'extension dispose en effet d'un métier baptisé "Antiquités". Disponible dès les premières minutes de jeu - via une quête dédiée - elle active une sorte de mini-jeu qui prend la forme d'un bac à sable dans lequel on va devoir creuser à divers endroits pour trouver des artefacts, afin de les revendre dans la foulée ou au contraire les utiliser lorsqu'il s'agit d'équipement. Si vous avez de la chance, vous pouvez même y trouver une monture (on se questionnera sur la présence d'une monture dans tout ce sable plus tard) : un loup. Concrètement, vous disposez d'outils et d'une sorte de sonar qui permet de visualiser à quel point votre fouille est proche d'un objet. Le tout est lié à des cartes aux trésors, à l'image de celles dont on dispose dans Tamriel depuis le scénario original. C'est aussi un moyen facile pour les développeurs de vous renvoyer dans toutes les zones déjà visitées.
Si le tout pourra vous prendre plusieurs dizaines d'heures, le système d'Antiquités n'est pas forcément l'activité la plus amusante ni la plus passionnante du jeu. Il intéressera essentiellement ceux qui ont déjà fait tout ce qu'il y a déjà à faire ailleurs, en attendant la sortie de nouveau contenu.
Ce n'est toujours pas un MMO
La nouvelle activité à 12 joueurs, l'Egide de Kyne, apportera quant à elle le quota réglementaire de jeu en groupe. Avec vos amis, l'idée est de mettre un terme au règne de trois boss, qui s'accompagnent de plusieurs dizaines d'ennemis. Si on trouvera l'ensemble pas forcément très original - des hordes d'ennemis successives et un cheminement linéaire, il est amené par un scénario satisfaisant. Les amateurs de lore y rencontreront ainsi le Seigneur Falgravn, tandis que ceux cherchant de l'équipement puissant y trouveront leur compte... à condition évidemment de disposer d'un groupe d'aventuriers chevronnés. Et si vous vous lassez, sans doute irez-vous vous jeter dans les tempêtes faucheuses, ces événements apparaissant à des points donnés sur la carte, et qui prennent la forme de tempêtes aux nuages rouges et menaçants. Génératrices de joueurs, elles apportent une vague de monstres vampiriques et autant de loots.
La présence de ces défis, uniquement jouables en groupes n'empêchera néanmoins pas le constat régulier que l'on dresse de The Elder Scrolls Online. Le MMO de Zenimax Online n'a en effet rien d'un MMO en l'état, et il faut davantage le voir comme un épisode à part de la saga The Elder Scrolls, que l'on jouerait en attendant un hypothétique nouvel épisode canonique. Comme l'expliquait MrDeriv dans son test de l'extension précédente, Greymoor ne fait rien pour véritablement connecter les joueurs entre eux. Que ce soit avec l'upscale de niveau qui permet de démarrer la nouvelle zone à n'importe quel level, ou tout simplement par son aspect ultra-scénarisé et qui fait la part belle aux nombreux dialogues, l'épopée que l'on découvre dans ce nouveau contenu ne change pas d'un iota la formule du titre initiée avec Morrowind en 2017. Il ne faut pas voir cela comme un défaut puisque la qualité d'écriture, le travail sur la mise en scène, les décors et l'aventure d'une manière générale n'a absolument rien à envier aux opus principaux de la franchise, mais quand on se prétend "Online", on essaye de distiller ici et là des éléments qui vont au-delà du simple chassé-croisé de joueurs sur une carte. En cela, le titre aurait mérité un grain de folie, quitte à bousculer les habitués.
Note : Au lancement de cette extension, en raison de l'épidémie entrainant des restrictions de déplacement, Greymoor ne dispose pas de version française pour les voix. Les textes sont toutefois traduits intégralement.
Points forts
- On retrouve Bordeciel avec plaisir
- Un scénario plus sombre qu'à l'accoutumée
- Des environnements réussis dans l'ensemble
- Les souterrains de Bordeciel
- La nouvelle voie vampirique
- La bande originale
Points faibles
- Elsweyr-Summerset-Morrowind-bis
- Un soupçon de folie n'aurait pas été de refus
- Une aventure toujours trop solitaire
- Des bugs graphiques et des soucis de traduction
- Le système d'Antiquité anecdotique
En l'état actuelle des choses, Greymoor fait exactement ce que l'on attend d'elle - pour peu que vous ayez apprécié Skyrim. Mais force est de constater qu'après trois chapitres aussi passionnants que monotones, The Elder Scrolls Online aurait mérité un peu de dépoussiérage, ne serait-ce que pour surprendre les habitués. Si la zone explorable de Bordeciel fait son petit effet, même 1000 ans avant, et que la refonte de la voie Vampirique est de bonne facture, n'attendez pas plus du MMO de Zenimax Online qu'un excellent moyen de vous faire patienter en attendant le sixième opus de la saga. En somme, une aventure réussie, mais manquant néanmoins de piquant.