Complexe aux petits oignons

C'est après plusieurs années d'accès anticipé, théâtre de multiples remaniements et d'équilibrages successifs, qu'Another Brick in the Mall débarque en version définitive sur nos machines. Le principe est simple. Comme mentionné en préambule, il s'agira pour vous de partir d'un petit capital de départ, différent en fonction du mode de difficulté choisi parmi les trois proposés, et de transformer votre petite épicerie en gigantesque complexe commercial. Il faut donc savoir commencer petit dans Another Brick et tout le principe du jeu reposera sur votre recherche de l'équilibre entre affluence, approvisionnement, profit et extension. En résumé, plus vous proposerez de produits différents, plus les clients afflueront, plus ils afflueront, plus vous devrez leur fournir des places de parking, des rayons garnis et pourquoi pas quelques autres commodités (bowling, cinéma, centre de fitness) pour les garder dans votre giron.

En tant que maître à penser du centre commercial, vous devrez le gérer d'un bout à l'autre, à commencer par sa construction. Cette dernière vous demandera d'abord de fixer les fondations du commerce (bâties par des ouvriers à temps plein que vous recruterez) et cette surface nouvellement construite devra manuellement être assignée à une fonction. Une fois, par exemple, l'aire définie comme étant un magasin, vous devrez y associer un stock. C'est là aussi le nerf de la guerre d'un commerce qui tourne à plein régime : les rayons doivent en permanence être approvisionnés faute de quoi les clients ne trouveront pas ce qu'ils recherchent et iront voir ailleurs, eux et leur porte-monnaie. Il faudra donc affecter un manutentionnaire charger d'approvisionner les rayons régulièrement, et s'assurer que le stock et la zone de livraison qui lui est associée ne soient pas à trop longue distance, afin que le trajet stock / rayons soit le plus court possible. C'est sur ce principe que sera dicté l'aménagement de votre complexe commercial et c'est l'un des charmes du jeu, puisqu'il vous appartiendra de construire un stock par magasin ou au contraire, n'en faire que très peu et ériger vos boutiques tout autour, chaque stock pouvant être affecté à différentes boutiques. Mais peut-être voudrez-vous construire un gigantesque bloc d'un seul tenant proposant tous les produits disponibles en jeu (et que vous déverrouillerez grâce au travail de votre bureau de recherche) ? Libre à vous, mais cette option reste trop générale pour un jeu qui permet de s'adapter à des cas particuliers.

Profit 24/7

Les commerces sont aménageables d'une manière très simple : étagères en bois ou en dur accueillent nourriture, boissons et produits de quincaillerie, presse, etc., les tables servent aux produits frais, les palettes à l'électroménager... à chaque support installé correspond sa marchandise, que vous pourrez poser manuellement afin de garantir une vraie diversité de produit dans votre magasin principal. Si la tâche pourrait sembler fastidieuse, Another Brick in the Mall a la bonne idée de pouvoir appliquer à la volée sur plusieurs étagères un même produit et par la suite d'ajuster l'offre en fonction de la demande. Cette fonctionnalité permet alors de multiplier les boutiques et de les spécialiser. Vous constaterez que, pour s'assurer une belle marge de profit, il est préférable de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ainsi, avoir une épicerie générale est une chose, mais par la suite, ouvrir une boucherie, une poissonnerie, une boulangerie peut s'avérer plus rentable puisqu'elle permet de mieux répartir le flux des clients et éviter les queues trop importantes à la caisse. La spécialisation des boutiques se fait par palier, et une boucherie, par exemple, ne méritera cette appellation que si plus de 50% de sa marchandise est constituée de viande fraîche. À vous de jouer avec la répartition des produits dans les différentes boutiques pour vous assurer que les gens se déplaceront bel et bien uniquement en boucherie pour avoir leur viande et pourquoi pas acheter une petite bouteille de vin rouge au passage.

L'extension du magasin se fait donc assez naturellement, mais vous comprendrez vite qu'il faudra aller en profondeur pour ériger un centre commercial plaisant. La satisfaction client est primordiale certes, mais vos profits aussi. C'est aussi là qu'Another Brick in the Mall s'avère très satisfaisant, car il offre un niveau de microgestion plutôt solide. Vous pouvez effectivement agir sur l'amplitude horaire de l'ouverture de vos boutiques, et naturellement sur le planning de vos employés. Cette organisation est dictée par des périodes d'affluence cohérentes. Un seul caissier dans une épicerie de nuit sera suffisant tandis qu'aux alentours de 12h et de 18h, il faudra un plein effectif en caisse. Un restaurant fera plus de chiffre s'il est ouvert le midi et le soir, mais cela suppose d'embaucher plusieurs serveurs, caissiers et cuisiniers pour couvrir tout le créneau d'ouverture. Gérer les plannings est cependant un vrai régal, aidé en cela par une interface assez claire et d'un simple coup d'oeil, vous pourrez adapter vos effectifs en fonction de l'afflux de client, afflux matérialisé par des courbes, mais également visuellement, Another Brick in the Mall permettant très clairement d'identifier les problèmes avec une simple observation directement sur la carte d'une journée standard d'une boutique qui ne tourne pas. Réduire considérablement les horaires de travail d'un manutentionnaire que vous chargerez par exemple de n'approvisionner le magasin que pendant les heures de pointe vous permettra d'éviter de le payer à ne rien faire, et ce simple ajustement de curseur pourra faire passer le déficit en bénéfice sur tout le reste est bien aménagé.

La folie des grandeurs

En somme, dans l'aménagement de la structure du centre commercial, de la diversité de l'offre en fonction de la demande (qui varie en fonction des événements forts : Noël, rentrée des classes, etc.) et de l'équilibre entre affluence et gestion de cette dernière, Another Brick in the Mall s'avère très complet et finalement assez addictif pendant une bonne vingtaine d'heures voire un peu plus. Malheureusement, une fois tous les éléments possibles construits, le titre se résume un peu trop à une simple quête perpétuelle d'extension sur une carte immense, qui ne modifie pas vraiment la boucle de gameplay, l'agrandissement posant simplement des problématiques de diversité de produit un peu moins intéressantes. Si l'on saluera l'ouverture aux mods, qui apportent des scénarios (qui sont peu intéressants dans la version de base), ou d'autres boutiques, nous aurions aimé que le jeu de base intègre une gestion plus complète de certains bâtiments de loisir qui peuvent fonctionner avec le strict minimum (un bowling, par exemple, ne requiert qu'une caisse et une piste pour être opérationnel). Par ailleurs, nous avons encore constaté quelques problèmes de pathfinding pouvant mettre en péril la bonne tenue de votre rotation horaire (un employé bloqué inexplicablement dans sa voiture qu'il faudra licencier pour en embaucher un autre) et avons parfois pesté contre une interface pas toujours très intuitive et assurément peu esthétique, multipliant parfois un peu inutilement les clics pour effectuer une action simple même si heureusement, de nombreux filtres permettent d'aller plus rapidement à l'objet ou la fonctionnalité souhaitée.