En seulement trois ans, la série Streets of Rage forte de trois épisodes sortis entre 1991 et 1994 s’est imposée dans le petit monde des Beat’em All. Contre toute attente, la franchise de Sega s’est éteinte avec la fin de la Mega Drive et de l’ère 16-bits. Mais c'était sans compter sur l'éditeur Dotemu et les studios Lizarcube / Guard Crush Games désireux de raviver la flamme. La baston de rue n’a pas dit son dernier mot. Avant de chausser les gants, une question s'impose… Streets of Rage 4 a-t-il les épaules pour prendre la relève d’une trilogie devenue culte ?
Le test ci-dessous s'attarde sur les versions PC, PlayStation 4 et Xbox One... seules versions testées pour le moment. La rédaction de jeuxvidéo.com ne manquera pas de mettre à jour l'article dans les jours à venir.
Upper’culte
Le Beat’em All brille rarement par son scénario et pour cause. Ce n’est pas vraiment ce que les joueurs recherchent avec ce genre de jeu. Le contexte de Streets of Rage est simple (simpliste certains diront) manichen et reflète le cinéma de série B d’antan avec ses preux justiciers et son méchant caricatural au dernier degré. Mr. X mange les pissenlits par la racine depuis la fin du 3. La paix règne enfin sur la ville… pour un temps du moins avant que la corruption gangrène les forces de l’ordre et que la cité ne tombe aux mains des terribles jumeaux Y, les rejetons de feu le leader du syndicat du crime.
Vous l’aurez compris, le scénario de Streets of Rage 4 ne s'embarrasse d’aucun lyrisme et fait dans l’efficacité en forçant volontairement le trait. Les seuls noms des principaux antagonistes et les nombreux clins d’oeil semés ici et là témoignent de cette volonté de ne pas se prendre au sérieux et d’un profond respect du jeu pour ses origines. Ce quatrième épisode est la suite directe de la première trilogie et lui emboîte le pas tout en profitant des avancées vidéoludiques modernes. La narration minimaliste passe en 2020 par une série de cinématiques 2D de bonne facture qui se contente d’exposer la situation au fil de l’aventure sans s’attarder outre mesure sur les personnages pour un résultat punchy à défaut de faire des étincelles.
Gameplay : Axel Stone fait le ménage en solo
L’avenir est un long passé
La décision d’abandonner le pixel art au profit d’un style “comic book” n’a pas fait l’unanimité lors de l’annonce de Streets of Rage 4 et pourtant, face au rendu final, nous ne pouvons que nous incliner. La rétine luit de mille feux sous une pluie d’effets pyrotechniques et profite des traits de crayon tout en finesse des artistes ainsi que que des environnements colorés et hautement clichés. Les visuels de SoR4 transpirent la classe et le goût du travail bien fait sans jamais alourdir le gameplay grâce à découpage méticuleux des animations 2D et une parfaite maîtrise des transitions. Les fans de la première heure souhaitent néanmoins retrouver les graphismes rétro des premiers jeux et leurs prières ont été entendues. Le Beat’em All de Dotemu permet à la volée d’appliquer ou non différents post-traitements (fluo, rétro, rétro CCTV…) pour un retour dans le passé convaincant.
Cette nostalgie contamine également un roster qui s’étoffe au fur et à mesure de personnages aux gameplays différents. Les joueurs débutent avec quatre d'entre eux… les iconiques Axel et Blaze ainsi que les petits nouveaux Cherry et Floyd. Par la suite, d’autres combattants (Adam, Max…) et/ou de nouvelles versions de ces derniers (modernes, SoR1, SoR2…) se déloquent en cumulant des points via un système de scoring, incontournable du genre, qui garantit une rejouabilité exemplaire. Les cinq niveaux de difficulté et les aides disponibles en cas d’échecs répétés, mais divisant indubitablement le score, toisent du regard les amateurs de baston. Le défi que représente ce Beat’em All est à la hauteur de la légende écrite par Sega au début des années 90’s.
Dotemu offre aux fans un voyage dans le temps non seulement visuel, mais aussi sonore, et lie par le son passé et présent. Olivier Derivière (11-11 : Memories Retold, A Plague Tale : Innocence…) s’associe à des artistes japonais de renom pour composer la bande originale de Streets of rage 4. Pour cela, le compositeur français s’entoure de Yuzo Koshiro (Streets of Rage) et Motohiro Kawashima (Streets of Rage) ainsi que Yoko Shimomura (Kingdom Hearts, Final Fight , Street Fighter II : The World Warrior), Keiji Yamagishi (Ninja Gaiden , Onimusha Tactics ), Harumi Fujita (Ghosts'n Goblins , Bionic Commando). Que dire si ce n’est “merci” pour ses instants rétro-électro guidant les héros et motivant les joueurs à persévérer coûte que coûte.
Gameplay : Un raid "rétro" sur le commissariat en duo
Gloire à l’art de rue
Première chose et non des moindres, il se dégage des combats une violence ludique et véritable accentuée par les impacts visuels et les bruitages. Rien à redire sur la forme donc, mais qu’en est-il du fond ? Les studios s’approprient pleinement le gameplay de la saga et modifient certaines mécaniques… pour le meilleur et non pour le pire. Inutile de s’offusquer face aux changements opérés qui ne font qu’améliorer l’existant et intensifier les affrontements de la plus belle des manières. Ce nouvel épisode ne renie pas pour autant ses origines. Il se dégage de ce dernier un fumet très particulier, celui des Streets of Rage première génération, mais réactualisé. Les combos, les attaques Blitz, les sauts, les prises et les culbutes côtoient un système de Super inspiré du second jeu. A la différence de son aîné, SoR4 donne la possibilité aux joueurs de récupérer les points de vie mis en jeu en infligeant des dégâts aux ennemis. Ce principe, simple sur le papier, ajoute au dynamisme des échanges une approche tactique essentielle pour survivre.
Face aux hordes de punks, de cracheurs de feu, d'experts en arts martiaux ainsi qu’aux nombreux boss, les héros de Streets of Rage 4 se doivent de maîtriser l’art du Super qui permet entre autres d’annuler une attaque ennemie ou bien de s’en protéger. Et lorsque la situation l’exige, un Ultime ici nommé “Attaque Etoile” passe outre les priorités pour briser la garde des adversaires et leur asséner d’importants dégâts au passage. Les développeurs ont aussi ajouté le principe de retour à l'envoyeur, un système de rebond des armes qui lorsqu’elles sont lancées peuvent être attrapées au vol. Intensité et technicité, tels étaient les morts d’ordre de Lizarcube et Guard Crush Games, deux studios qui négocient parfaitement le virage moderne de la série.
Tout cela ne sera pas de trop pour venir à bout des 12 stages du mode Histoire ainsi que des modes Arcade, Combat de Boss et surtout Duel (PvP) qui voit plusieurs combattants humains s’affronter pour la postérité. Streets of Rage 4 est jouable de un à quatre joueurs en local (à deux joueurs en ligne) et se révèle pleinement une fois partagé, devenant au passage un bazar fun et désorganisé. Les puristes activeront à n’en pas douter les dégâts alliés (ou Friendly Fire) bien que le niveau de difficulté puisse leur imposer de désactiver l’option pour vaincre SoR4 lors d’un Knockout retentissant.
Gameplay : Un duel pour la postérité, PvP à 3 joueurs
Points forts
- Les combats intenses et tactiques
- Les modes de jeu (Histoire, Arcade, Combat de boss et Duel)
- Le roster de personnages (modernes et rétro)
- La direction artistique “comic book”
- La bande originale néo-rétro électro
- Jouable de 1 à 4 joueurs en local (à 2 joueurs en ligne)
- Le fan service (post-traitements, galerie, clins d’oeil…)
Points faibles
- Un mode Histoire court, malgré ses 12 stages
- Le système de points pour débloquer les personnages jouables
Streets of Rage 4 est le digne héritier d’une franchise qui en son temps a marqué petits et grands sur Sega Mega Drive (ou Sega Genesis). Dotemu, en collaboration avec Lizarcube et Guard Crush Games, dépoussière non seulement la franchise, mais également le Beat’em All. La direction artistique, le fan service et le gameplay frappent avec précision et en rythme pour mettre KO les fans qui devant tant de maîtrise et d’amour pour la baston ne peuvent que s’incliner humblement avant de pénétrer fiévreusement sur le ring. Streets of Rage est bel et bien de retour… Il va y avoir du “Bloodsport” !