À peine dévoilé sur le dernier Nintendo Direct que Good Job! s'est frayé un petit chemin vers l'eShop, la boutique en ligne de la Switch. Les développeurs hollandais de chez Paladin Studios ont tout de même réussi à convaincre Nintendo d’éditer leur petit jeu. Il faut dire que celui-ci semble se parer d’un capital fun assez élevé. Simple à prendre en main, il pourrait potentiellement rejoindre la liste de ces jeux instantanément efficaces et générateurs de situations toutes plus absurdes les unes que les autres. Voici notre verdict.
L’employé du mois
Tout d’abord, plantons le décor. Votre père, PDG d’une grosse boîte, vous a formé dès le plus jeune âge au métier pour que vous puissiez intégrer l’entreprise en temps voulu. Seulement voilà, vous avez deux mains gauches. Voilà la preuve que le sens des affaires et la fibre managériale n’a rien d’héréditaire. Qu’à cela tienne, le jeu démarre au premier jour de votre carrière. Et même si vous êtes le fils du patron, pas question de commencer tout en haut de la hiérarchie. Non, dans Good Job! vous allez devoir faire vos preuves et parcourir l’ensemble des services pour espérer obtenir de belles promotions. Enfin, faire vos preuves c’est vite dit, puisque contrairement aux autres employés, l'ascension sera rapide et peu exigeante.
Cela ne vous aura pas échappé, le titre mise beaucoup sur son humour et ses situations rocambolesques : peu importe quelle stratégie vous adoptez, vous allez forcément avoir des comportements plus que suspects et parfois rendre les bureaux ou entrepôts invivables. Le tout, dans l’indifférence la plus totale de vos aimables collègues. Il s’agit d’une boîte moderne comme tant d’autres, où le bien être (ou serait-ce la docilité) des employés est primordiale. Un étage dédié à la relaxation et au sport, des salles de jeux et des Nintendo Switch… Pour certains cela aura pour effet de retrouver la bonne ambiance du travail, pour d’autres, cela réveillera une forte envie de saccager tout ce beau paysage coloré. D’ailleurs, le jeu va tester un peu votre culture d’entreprise. Allez-vous réussir à tenir en tant qu’employé modèle sur tous les étages ? Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour réussir votre mission ? Ou bien allez-vous jouer la carte du fils à papa et saccager chacun des services en toute impunité ?
La destruction plutôt que la réflexion
Good Job! s’organise autour de neuf étages soit neuf départements avec pour chacun trois services. Ces derniers débloquent un quatrième niveau qui vous permet de mettre en application tout ce que les précédents stages vous ont enseigné. Le gameplay se montre instinctif, ce qui offre une prise en main instantanée de chaque niveau et même si certains vous demandent de vous creuser un peu plus les méninges, vous ne resterez pas les bras ballants : tout ce qu'il est possible de faire apparaît avec clarté et rapidité. Oh, il faut bien un petit temps de réflexions pour évaluer la meilleure des techniques, mais ça n’a vraiment rien d’insurmontable. C’est plutôt votre maîtrise des mouvements de votre avatar et votre degré de précision qui est en jeu. En un mot, plus l’exécution que la réflexion. D’ailleurs, il existe de multiples possibilités pour arriver à ses fins. La manière douce et l’autre, bien plus forte. Soit vous optez pour l’attitude la plus « corporate » qui soit et ne malmenez ni vos collègues, ni le matériel, soit vous n’en avez que faire des frais que vous pouvez bien laisser derrière vous car, après tout : papa vous couvre et paiera.
En solo, les niveaux s’enchaînent assez bien. Au début, on se plaît parfois à en refaire certains en espérant faire plus smart. Cependant, tous les puzzles ne se valent pas. Certains demandent juste de répéter la même action tout le long du niveau ce qui fait baisser considérablement le pouvoir ludique, jusqu’à nous faire revivre nos expériences professionnelles les plus rébarbatives. Arroser des plantes pendant un quart d’heure n’a rien de bien amusant, tout comme déplacer des colis. Le level design se montre tantôt espiègle, tantôt fainéant. À côté de cela, et malgré vous, vous risquez de prendre un malin plaisir à retrouver les employés déserteurs et les priver de leurs loisirs pour les remettre au travail. Tout comme le câble management, la dépanne du réseau Wi-Fi et le déménagement des meubles prennent ici une dimension ludique inattendue.
Le titre comptabilise un certain nombre de choses durant votre partie : le temps qu’il vous faut pour arriver à bout d’un stage, le nombre d’objets cassés et les frais engendrés par votre maladresse ou votre je-m’en-foutisme. C’est en définitive un système de scoring plutôt satisfaisant et généreux, car c’est avant tout le temps qui compte. Ce qui veut dire que vous pouvez vous amuser à tout casser. D’un côté c’est amusant et ça défoule : faire valdinguer un rétroprojecteur grâce au câble élastique de la photocopieuse, pour l’entendre se fracasser contre une vitre ou un mur… ça soulage. Mais d’un autre côté, ça limite les stratégies et les efforts qui du coup, ne payent pas. La récompense pourrait être la même si le jeu ne vous poussait pas à privilégier la rapidité plutôt que la réflexion. Détruire des murs peut s’avérer être bien plus rapide que de développer une tactique visant à éviter la casse. Il aurait été intéressant d’inclure deux modes : l’un qui encourage justement à opter pour une approche plus stratégique, et une deuxième au contraire plus libre où la casse n’a aucune conséquence. Dans Good Job!, libre à vous de vous déchaîner ou bien de flatter un peu votre égo en cherchant la solution la plus intelligente qu’il soit.
L'autre petit défi, c'est de récupérer des costumes et accessoires disséminés un peu partout dans les niveaux. Pour les atteindre, il faut redoubler d'efforts et de créativité. Certains sont amusants, mais ils n'ont aucune valeur autre que cosmétique. Ce qui limite aussi un peu l'intérêt de se triturer pour mettre la main dessus pour tous les collectionner.
La petite déception du multijoueur
Le mode à deux joueurs semblait avoir un fort potentiel. Malheureusement, les parties ne se sont pas révélées à la hauteur de l’attente. Malgré le titre coopération, difficile de jouer en équipe, car dans la pratique, chacun part dans son coin pour faire ce qui lui semble bon de faire. Le fait que l’écran se divise en deux pour que chacun puisse se déplacer où bon lui semble n’aide pas. C’est assez facile d’oublier que nous sommes deux à jouer. Avec ce parti pris, nous sentons c’est avant tout un jeu pensé pour le solo, bien plus que pour le multijoueur.
Ajouter un deuxième joueur ne débloque pas de nouveaux contenus, mais sert à faire rejoindre un ami en local sur votre propre partie principale. Donc si vous avez déjà fini le jeu ou que vous recommencez des niveaux déjà visités, vous n’aurez aucune surprise ce qui fait perdre en intérêt. Plus que de s’amuser à plusieurs, ce mode coopération sert tout au mieux à « s’occuper » à deux tout en faisant avancer le scénario. Il aurait été plus excitant de mettre un compte à rebours pour pousser la communication entre les joueurs, à la manière d’un Overcooked par exemple. Là, à deux, la meilleure chose qui puisse vous arriver c’est d’améliorer votre record sur le temps, pas vraiment de vous éclater avec votre partenaire. C’est d’ailleurs assez frustrant, avec un tel jeu, nous aurions aimé avoir de quoi se disputer gentiment comme c’est le cas sur de nombreux jeux canapé.
Points forts
- Un gameplay efficace
- Un humour qui fonctionne
- Détruire, un vrai exutoire
Points faibles
- Des puzzles de qualité inégale
- L'intelligence ne paye pas toujours
- Un mode coopération décevant
Si l’on s’amuse avec une bonne partie des niveaux proposés, tous n’ont pas reçu le même traitement. La musique d’ascenseur a de quoi faire sourire au départ, mais devient rapidement lassante. Impossible de ne pas mentionner les quelques chutes de framerate et les petits bugs ici et là notamment de collision qui parfois vous empêche de mener à bien votre tâche et qui, à d’autres occasions, vous sauve la mise. Good Job! est un jeu qui tombe à pic pour se changer les idées et pourquoi pas, s’occuper à plusieurs sur son canapé. Et peut-être pour ceux pour qui le bureau manquerait. Un petit jeu sympathique, mais qui profite surtout de la lumière que lui donne Nintendo.