Si No Man’s Sky proposait d’explorer des environnements inconnus par millions, Journey To The Savage Planet fait le pari inverse, avec un unique monde, dense et varié. Il s’agit du premier titre de Typhoon Studios, formé par d’anciens membres d’Ubisoft, Warner Bros ou encore Electronic Arts. Essai transformé pour l’équipe ?
Vous êtes en mission. Et pas n’importe laquelle : sur vous repose la lourde tâche d’explorer un monde lointain, pour le compte de votre employeur, Kindred Aerospace. La firme, dirigée par l’excentrique Martin Tweed, a envoyé des centaines d’astronautes à travers la galaxie pour faire rayonner l’espèce humaine et récolter un maximum de savoirs scientifiques. C’est ainsi que vous vous réveillez dans votre vaisseau, salement amoché par la traversée de l'atmosphère. Et alors que vous inspectez les environs, vous découvrez un immense bâtiment où se cache une énergie surpuissante. Le sang de Martin Tweed ne fait qu’un tour : “vous devez découvrir ce qu’il y a à l’intérieur”.
Un monde beau et vivant
Vous voilà donc parti à l’aventure ! Une chose saute aux yeux lorsqu’on lance Journey To The Savage Planet : malgré une technique plutôt modeste, le titre à une vraie patte visuelle. Les premiers environnements sont beaux, variés, passant de la neige à la forêt luxuriante, des souterrains aux vallées surplombées par des champignons géants. Et même si Typhoon Studios a misé sur des teintes pop voire criardes, on est loin du gloubi-boulga coloré que nous avait offert The Outer Worlds. Journey To The Savage Planet fait la part belle aux plans marquants, avec une direction artistique qui fait parfois des merveilles. Même si le dernier tiers du jeu n’est pas aussi inspiré, que ce soit artistiquement ou au niveau de son level design.
Autre chose qui saute aux yeux (et c’est même parfois littéralement le cas) : les créatures. C’est un second point sur lequel Typhoon Studios appose sa personnalité. En effet, le monde de Savage Planet est peuplé d’animaux bizarroïdes, qui poussent rapidement à la fascination. Certains d’entre eux cris à longueur de temps et se multiplient quand on leur tire dessus, d’autres flottent élégamment dans les airs et vont où bon leur semble. Mais tous ne sont pas pacifiques. Durant votre aventure, il faudra combattre plusieurs créatures dont trois boss, qui ponctuent les trois tiers du jeu. Au final, si les êtres vivants de la planète ne sont pas particulièrement nombreux (il n’est pas question d’un écosystème complet qui s’autorégule), le tout ponctue agréablement la progression du joueur. Et en terme de progression, Typhoon Studios sait y faire.
Amélioration de l’équipement et progression
Parce que c’est bien beau de faire du tourisme à des années-lumières de la Terre, mais vous avez une mission ! Et pour découvrir ce qu’il y a au centre de cette tour, il faudra pas mal d’équipements. Dans les premiers instants, vous commencerez avec le minimum : une arme de poing (seul et unique moyen de vous défendre sur la dizaine d'heures du jeu) et de quoi scanner la faune et la flore. Le début du titre est ainsi dédié au tâtonnement et à la découverte des règles qui régissent la planète. Une phase particulièrement captivante, car c’est parfois l’environnement lui-même qui nous apprend les règles du monde de Typhoon Studios. C’est en regardant les créatures interagir avec certaines plantes ou substances que l’on comprend leur utilité, comme lorsque des “oiseaux aliens” rebondissent sur une masse verdâtre pour s’amuser. Le jeu nous enseigne ainsi que cette masse permet d'atteindre des plateformes auparavant hors de portée.
Gameplay - Exploration et découverte de deux environnements
Toute la progression de Savage Planet est ainsi basée sur l’utilisation de matières organiques. Il y a donc de quoi créer des trampolines, faire apparaître des points d’accroche ou encore engluer les ennemis. Certaines substances peuvent se ramasser dans la nature et être utilisées immédiatement, et d’autres ont besoin d’objets spécifiques, souvent intégrés à la quête principale, pour être maîtrisés. Il faudra ainsi certaines capacités pour franchir les points clés de l’aventure. La même règle s’applique pour une poignée d’objets (grappin, jetpack, propulseur pour faire une charge au sol) que l'on doit absolument récupérer pour voir la fin du jeu. A noter que ces éléments obligatoires sont aussi soumis à la récolte de quatre ressources (aluminium, silicone, carbone et alliage extraterrestre) dispersés un peu partout sur la planète. Problème, si le joueur n’en a pas suffisamment pour un objet clé, il devra retourner se balader. Une impasse pénible surtout quand c’est l’aluminium, un élément plus rare que les autres, qui manque.
Car oui, nous avons parlé d’ennemis et de boss, et votre arme de poing n’est pas là pour décorer ! Au fil de l’exploration, vous tomberez sur plusieurs créatures, dont certaines vous attaqueront directement. Il faudra donc jouer de la gâchette pour s’en défaire : après avoir récolté suffisamment de ressources, il sera possible d’améliorer la puissance de votre arme ainsi que sa vitesse de rechargement. A noter que les nouvelles substances extraterrestres accumulées au fur et à mesure vous aideront contre les monstres les plus coriaces. Vous débloquerez un équivalent de bombes, de quoi engluer et donc immobiliser votre adversaire, ou encore une graine électrique qui stoppera quelques instants les ennemis les plus rapides. Enfin, les combats gagneront en dynamisme en mesure que le joueur progressera : en plus d’un double-saut, le jetpack permet d’esquiver rapidement sur la gauche, la droite et en arrière. Mais le tout devient vite brouillon quand plusieurs créatures vous entoure.
L’art de renouveler l’exploration
Agrandir son attirail vous servira certes à continuer le jeu, mais surtout à dénicher tous les secrets qu’il renferme. En effet, ayant pioché dans le Metroidvania, le titre de Typhoon Studios propose de revenir sur ses pas pour obtenir des bonus, que ce soient les fameuses ressources évoquées plus tôt ou “la poisse orange”, sorte de quart de coeur extraterrestre, qui sert à augmenter sa vie et son endurance. Une combine utilisée avec parcimonie dans Journey To The Savage Planet, évitant au joueur d’être intimidé par le nombre d’objets qu’il lui reste à obtenir. Et pour éviter les allers-retours trop pénibles, Typhoon Studios a intégré un système de téléporteur pour voyager rapidement d’une zone à l’autre de la planète.
Si revenir en arrière n’est pas la chose la plus fun du monde, se laisser tomber dans les airs et s’amuser avec le grappin est bien plus vendeur. C’est en effet le point fort du jetpack et du grappin, les deux principales améliorations que l’on obtient au cours du jeu. Le premier permet de faire un double-saut et donc de se rattraper juste avant une chute mortelle, ce qui devient de plus en plus évident à mesure où l’on gravit la fameuse tour (exploitant au passage la verticalité du titre). Et le grappin, en plus de pouvoir progresser en hauteur, invite à glisser sur des membranes extraterrestres, histoire d’accélérer et de donner du dynamisme aux déplacements.
Autre bon point de Journey To The Savage Planet : il est possible d’apprécier toute la campagne avec un ami en ligne. Le titre n'offre cependant pas d'émoticones, rendant quasi-obligatoire l'utilisation d'un micro.
Il ne faut d’ailleurs pas d’objets particuliers pour découvrir des secrets dans le titre. Parfois, s’éloigner un tout petit peu de la route principale suffira à trouver une caverne, dont le coeur renferme une énigme et un trésor. Lorsque ce genre de zones est à proximité, un point d’interrogation s’affiche sur le radar du joueur (une simple barre en haut de l’écran, dans la plus pure tradition Bethesda). Ce radar est le seul moyen de se repérer sur la planète. Et c’est tant mieux. Journey To The Savage Planet est en ce sens un pur jeu d’exploration, où l’on se fie davantage à sa curiosité qu’au pointeur de sa carte.
Gameplay - Combat contre des créatures extraterrestres
Pour terminer, il y a une chose que nous n’avons pas évoquée jusque-là : l’humour de Savage Planet, qui fait partie intégrante de son identité. Cette bonne humeur se manifeste dans différentes strates du jeu, de l’intelligence artificielle qui nous suit pendant toute l’aventure aux bruits des créatures, qui oscillent entre absurdité rigolote et mauvais goût (les bruits de pet). Mais c’est sans doute le vaisseau, zone où l’on revient à chaque mort et où l'on créé des améliorations, qui cristallise le plus ce choix de ton. A mesure que le joueur y retournera encore et encore, plusieurs vidéos seront diffusées sur l’écran de bord : des pubs absurdes (et souvent très drôles) des partenaires de Kindred Aerospace, et surtout les messages vidéo de Martin Tweed, PDG de la firme. Une autre bonne idée pour marquer la progression du joueur, avec bonne humeur.
Points forts
- Une vraie patte visuelle...
- Un bon jeu d’exploration
- Des créatures absurdes et fascinantes
- L’humour omniprésent
Points faibles
- ...Qui s'essouffle malheureusement sur la fin
- Un dernier tiers moins intéressant
- Des combats parfois brouillons
Pour son premier jeu, Typhoon Studios livre une expérience agréable et maîtrisée. Journey To The Savage Planet est bon jeu d’exploration, où notre curiosité (et pas un pointeur sur la carte) nous pousse à explorer. Pas irréprochable techniquement mais convaincant sur le plan artistique, le titre est souvent passionnant à parcourir, même si son dernier tiers n’est pas aussi inspiré. Le tout est de plus souligné par un humour qui fait souvent mouche, des combats dynamiques et une progression faisant évoluer le personnage ainsi que notre façon d’aborder les niveaux. Bref, une chouette aventure pour les amateurs d’exploration spatiale et d'univers décalé.