Deux semaines seulement après la publication de notre preview, c'est l'heure du verdict final pour Overwatch sur Switch, le titre est-il jouable confortablement sur la console hybride ? Ou la machine portable de Nintendo est-elle un écrin trop petit pour le shooter étendard de Blizzard ?
Overwatch débarque officiellement sur Switch
Blizzard fait au mieux avec ce qu'il a
Entendons-nous bien, la Nintendo Switch n'est pas vraiment une console adaptée à un jeu comme Overwatch. Ça se voit du côté de la technique puisque le titre ne tourne qu'à 30 fps avec des résolutions downgradées, et ça se voit du côté de l'ergonomie, puisque de par leur forme et de par la petitesse de leurs joysticks, les joycons sont largement inférieurs à une souris ou à une bonne manette.
Ceci étant, Blizzard a fourni un travail aussi honnête que possible. C'est 30 fps certes, mais c'est 30 fps quasi-constants, même dans les teamfights les plus intenses. C'est downgradé certes, mais sur le petit écran de la Switch ça ne se voit presque pas et les maps sont toujours aussi belles. Quant aux modèles des héros, ils sont en effet moins détaillés (ce sont eux qui ont pris le plus gros du downgrade) mais pas suffisamment pour que ce soit gênant. Ayez cependant la sagesse d'éviter la version dockée sur grand écran, où les limites de la console se font bien plus visibles.
Comment y jouer
Il y a beaucoup à dire sur la prise en main d'overwatch Switch. Premièrement les joycons "font le travail", mais essayer d'être précis avec des joysticks aussi petits n'est pas particulièrement agréable. Détacher les joycons vous permet de replier ou d'allonger vos bras tout en restant à la distance qui vous convient par rapport à l'écran, mais vous voici alors forcé de replier vos doigts autour des joycons pour obtenir une bonne prise en main, une position qui s'avère inconfortable si la session dure.
D'autre part, on attendait avec impatience de savoir si l'option "Motion Control" de la switch pouvait être mise à profit pour jouer différemment à Overwatch. Pour rappel, le motion control permet au joueur d'influencer la visée en bougeant physiquement la console. Or ce motion control fonctionne différemment avec les joycons attachés et détachés. Si les joycons sont attachés il faut incliner la switch (à la façon d'un volant) pour faire pivoter le personnage. Ça autorise les "flicks" puisque plus votre mouvement est rapide, plus la réponse du personnage l'est aussi. Cependant le motion control risque d'être peu utilisé sous cette forme, peu de joueurs souhaitant voir l'écran sur lequel ils suivent l'action bouger constamment.
Si les joycons sont détachés, les choses sérieuses commencent : le motion control transforme alors le joycon droit en sorte de wiimote, et votre héros visera là où vous pointez sur l'écran. Dans l'idée, c'est une manière de viser infiniment plus naturelle que d'utiliser un joystick, mais dans les faits, ça fonctionne très peu. Si le joueur penche son poignet sur la droite pour prendre un virage à droite, son personnage se retrouve alors bien face à l'action mais le poignet du joueur, lui, se trouve toujours dans une inconfortable position penchée sur la droite, et si le joueur remet son poignet droit, la console y voit un virage à gauche et envoie le personnage dans le mur. Pire encore : si le joueur entend une tracer surgir dans son dos et plie son poignet pour se retourner, l'échange de tir qui s'ensuit doit être géré avec le poignet plié au maximum. Et si ladite Tracer continue de tourner autour du joueur, impossible de continuer à la suivre, toute l'amplitude du poignet ayant déjà été utilisée pour se retourner. L'unique solution : cesser d'utiliser le motion control et se saisir du joystick pour la suivre du regard, un changement de contrôles que personne ne veut avoir à faire en plein combat.
Pour ceux qui veulent tout de même utiliser le motion control, notamment sur des héros comme Fatale où la visée doit être parfaite, l'unique solution semble être de se déplacer au joystick tout en gardant le motion control activé, et de viser en mode wiimote une fois face à l'action. Mais un long temps d'adaptation sera nécessaire avant que le joueur n'hésite plus entre les situations qui doivent être gérées au joystick et celles qui doivent être jouées au Motion control. Reste la manette Switch pro, supérieure sur quasiment tous les points. La prise en main est bonne, les joysticks sont supérieurs et le motion control peut être utilisé pour des actions simples comme lever et baisser le regard, d'autant plus que, cette fois, l'écran restera fixe puisque c'est la manette, et non la console tout entière, qu'il s'agira de bouger vers le haut ou le bas.
Résultat des courses, le motion control est inutile en mode portable, presque inutilisable avec les joycons détachés et accessoire avec une manette Pro. En ajoutant à tout ça des joysticks peu adaptés à un jeu comme Overwatch, la prise en main est le gros point faible de ce portage. Seul l'achat d'une manette Switch Pro (50/60e) étant à même de vous garantir une expérience vraiment confortable. Quant à l'aide à la visée, elle est toujours présente mais a le bon goût de rester discrète. Le joueur pouvant la sentir mais n'ayant pas pour autant l'impression de tout lui devoir.
Parlons chiffres
En quickplay, on trouve actuellement une partie en quelques secondes seulement à condition de jouer support ou tank. Pour les DPS c'est un peu plus compliqué avec des temps d'attentes allant de 5 à 8 minutes. Un queuing time presque deux fois supérieur à ce qu'on trouve en ce moment sur PC. Côté durée de vie de la batterie, une Switch entièrement chargée tient environ 2h30. C'est bas pour un jeu Switch mais avec un titre aussi gourmand c'est compréhensible. C'est même presque une bonne nouvelle, l'équipe de développement s'étant retranché derrière un prudent (mais peu rassurant) "au moins deux heures" lorsque la question leur avait été posée il y a quelques semaines.
Sachez également que le jeu devra forcément être téléchargé sur la console (l'édition physique ne comportant pas de cartouche...) et que ce dernier pèse 11 Go. Attention : les packs de langue sont gratuits mais doivent être téléchargé en plus, ce sera donc au moins 500 Mo de plus pour le pack français. Enfin, si vous êtes PCiste et habitué à jouer gratuitement en ligne, souvenez-vous que le online sur Switch est payant. Trois mois de Online sont offerts pour l'achat du jeu mais passé ce délai il faudra rajouter 4 euros par mois au prix du jeu, qui part en ce moment pour une trentaine d'euros.
La switch, une contrée isolée
Aucun cross-play entre le port Switch et les autres versions d'Overwatch n'est disponible, ni même prévu. Un état de faits compréhensible vu l'effort technique que ça nécessiterait. Ce qui est beaucoup moins compréhensible en revanche, c'est que la progression (rang, statistiques et surtout cosmétiques) reste strictement séparée par plateforme. Le joueur d'Overwatch qui achète la version Switch pour emmener son jeu préféré dans sa poche, se retrouve a devoir réobtenir toutes les tenues, emotes et autres poses de victoire qu'il a passé des d'heures à obtenir sur PC ou console. Dans un jeu où il est si long d'alimenter sa collection, c'est regrettable.
Points forts
- Vraiment joli en version portable, décent en docké.
- Peu voire pas de chutes de framerate, même en pleine action.
- 2h30 pour vider entièrement la Switch, honnête.
Points faibles
- Les joysticks de la Switch pas vraiment adaptés aux shooters.
- Motion control difficilement utilisable.
- Impossible d'importer les cosmétiques débloqués sur d'autres plateformes.
Ce n'est pas hors du commun mais ça fonctionne. Et c'est au final tout ce qu'on pouvait vraiment attendre de ce portage. Le framerate est bas mais il est stable, l'image est en 720p, mais elle est belle, alors les immenses qualités du matériau de base parviennent à filtrer et l'on s'amuse quand même. Seul la prise en main vient un peu ruiner la fête, l'achat d'une manette pro étant vraiment recommandé. C'est la moins bonne façon de jouer à Overwatch mais on pourrait quand même la conseiller à quelqu'un qui ne joue que sur Switch, car Blizzard a dû abandonner bien des choses pour faire tenir son jeu sur cette console, mais il a réussi à sauver assez pour qu'Overwatch, soit toujours Overwatch.